Une nouvelle page s’ouvre ce mardi dans la vie politique chilienne. Si les rues de Santiago étaient plutôt calmes, en revanche, à Valparaiso, située à plus d’une centaine de kilomètres de la capitale, l'atmosphère était un peu surchauffée. L’événement du jour a eu lieu devant le Congrès chilien où devait se tenir la cérémonie de prestation de serment du nouveau président du Chili.
Une pléiade de chefs d'Etat latino-américains, de chefs de gouvernement sont présents pour l’événement. Les Etats-Unis sont représentés par son vice-président, Joe Biden, et Haïti par le Premier ministre Laurent Lamothe. Pour ce dernier, Michelle Bachelet, 62 ans, vêtue d'un sobre tailleur noir, est une « grande amie d’Haïti ». Celle qui a visité le pays en tant que présidente et aussi à titre de directrice exécutive d’ONU-Femmes. « C’est quelqu’un qui a beaucoup d'appréciation pour Haïti, qui a toujours supporté le pays, soutient le Premier ministre haïtien. Nous allons compter sur elle pour une coopération fructueuse, notamment en matière des bourses d’études aux étudiants haïtiens. »
Si la coopération entre Haïti et le Chili était plutôt faible il y a une décennie, elle s’est renforcée ces dernières années. « Le Chili a octroyé cette année 80 bourses d’études à des étudiants haïtiens, souligne Laurent Lamothe. La coopération au niveau sécurité est aussi très intéressante. Beaucoup de policiers ont été formés au Chili. »
Apparemment, le Premier ministre, accompagné, entre autres, du sénateur Fritz Carlos Lebon, n’entend pas coopérer que sur ces deux aspects. Voulant développer le secteur minier haïtien, le chef du gouvernement mise sur l’expertise chilienne pour le développement dudit secteur, Haïti ayant très peu d’expériences dans ce secteur. Et, en avril prochain, les résultats d’une étude d’évaluation sur le potentiel minier du pays devraient être rendus publics. Avec les recettes douanières et d’autres potentielles ressources, le Premier ministre vise l'autosuffisance du pays à un certain niveau. « Nous ne pouvons pas être toujours dépendants de l’aide internationale, dit-il. Nous devons nous renforcer pour pouvoir voler de nos propres ailes, avancer avec nos propres recettes… »
Au Chili, l’un des pays latino-américains ayant le plus de soldats au sein de la Minustah, le Premier ministre haïtien n’y est pas seulement pour assister aux cérémonies officielles. Il est venu certes remercier Michelle Bachelet pour son support à Haïti, mais le chef du gouvernement entend solliciter de ce pays déchiré par des inégalités sociales la poursuite de son support à la première république noire du monde.
Si le successeur de Sebastian Piñera est toujours populaire quatre ans après son premier mandat, la réalité politique a bien changé. Celle qui a été torturée pendant la dictature du général Augusto Pinochet doit faire face à de nombreux défis pour son retour à la Moneda (le palais présidentiel). Michelle Bachelet, médecin de formation, confie toutefois avoir tiré des leçons de ses échecs du passé. Elle entend travailler pour « un pays plus juste, plus égalitaire et sans discrimination ».
La nouvelle présidente du Chili, qui était en larmes devant ses sympathisants, admet que ses 100 premiers jours seront décisifs. Le président sortant ne cache pas d’ailleurs son ambition de succéder à Michelle Bachelet dans quatre ans. La démocratie en vaut la peine. « C’est un bon signal de l’alternance démocratique », admet le Premier ministre.
Valéry Daudier
vdaudier@lenouvelliste.com
Le Nouvelliste,
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