Durant ces trois dernières années, les limites et les revendications de l'opposition - un tant soit peu compréhensibles – ont accentué et mis à découvert toutes les pathologies des pouvoirs antérieurs : le discrédit de la classe politique, conséquemment, l'absence de leadership individuel et d'alternative programmatique au niveau des partis politiques, la personnalisation à outrance des luttes politiques, la corruption généralisée, l'affaiblissement de la société civile, la reproduction des vieux schémas du passé (improvisation, propagande gouvernementale, manipulations, confusion des pouvoirs, népotisme, clientélisme), le renforcement de la tutelle, etc.
Plusieurs questions nous préoccupent en ce qui a trait aux deux prochaines années. Quoi qu'il en soit, est-ce qu'il y aura des changements substantiels dans la trajectoire de l'opposition ? Quand donc aurons-nous une opposition «normale», arc-boutée au sacro-saint principe du respect du mandat présidentiel, dominée par des leaders politiques responsables et crédibles ? Quand donc aurons-nous un pouvoir «vertueux», respectueux des normes et principes de la bonne gouvernance, capable d'éviter les crises et les scandales ? Avec la question litigieuse de la formation du Conseil électoral, reflet grimaçant de cette conjoncture explosive, la classe politique est en train de revivre des cauchemars semblables aux déconvenues et crises lavalassiennes (Aristide et Préval). Et quelles sont les raisons qui peuvent expliquer une si obsessionnelle répétition ?
Si l'opposition qui a, comme à l'accoutumée, une conception guerrière du jeu politique n'arrive pas à trouver une stratégie unitaire – au-delà des clivages idéologiques et des luttes de personnes – pour mettre en œuvre «la politique de ses moyens» ou «les moyens de sa politique» (c'est selon), elle risque gros, car la population et l'opinion publique, fatiguées et excédées par tant d'années de crises politiques destructrices, ont très bien compris que ce sont nos luttes antérieures et constantes qui ont débouché sur l'instabilité politique, la perte de la souveraineté nationale, la détérioration des institutions, le désenchantement collectif, la pauvreté extrême et les incertitudes électorales que nous vivons actuellement.
Ce n'est pas évident pour les protagonistes eux-mêmes et cela s'est pourtant produit : après plusieurs années d'ardente opposition, alors que le pays c'était littéralement figé sous la pression continuelle de l'agitation populaire dans de nombreuses provinces, il y eut quand même des élections, certes contestées, que les groupes politiques les plus radicaux ne tardèrent pas à boycotter, comme en 2000 ou en 2010. Et puis ? Peu importe la réponse, car l'histoire ne laisse aucune alternative à ce qui s'est réellement passé.
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