République Dominicaine/ Manifestation anti-haïtienne
Des manifestants dominicains empêchent la tenue d'une activité prévue
à l'occasion de la commémoration de la mort de Jean-Jacques Dessalines à l'Université Autonome de Santo Domingo
(Suite aux pressions des secteurs fascistes, les autorités de la UASD
ont été obligées de retirer l'autorisation pour le deroulement
de la cérémonie d'hommage à Dessalines).
SANTO DOMINGO - Une cérémonie planifiée à l'initiative de la Fédération Haïtienne des Associations et Organisations de la République Dominicaine (FEDAYODEH-RD), en vue de rendre un hommage au héros de l'indépendance haïtienne Jean-Jacques Dessalines, à l'occasion de la commémoration du 208eme anniversaire de son assassinat, n'a pas pu se dérouler comme prévu le jeudi 10 octobre à l'auditorium Manuel del Cabral de l'Université Autonome de Santo Domingo (UASD).
Les chanteurs invités Joël Lorquet et Marjorie Cajuste en provenance d'Haïti, n'ont donc pas pu offrir leur spectacle dans le cadre de ce grand rassemblement qui visait principalement à faire connaître l'importance historique de ce héros de la lutte pour la liberté du peuple haïtien.
En effet, un groupe de Dominicains notamment de la Fuerza Nacional Progresista/ Force Nationale Progressiste (FNP), se sont présentés avec des drapeaux et pancartes en mains et ont organisé une manifestation devant l'endroit ou devait se dérouler la cérémonie en signe d'opposition à cette commémoration de la mort d'un héros haïtien, sur le sol dominicain.
On pouvait lire sur les pancartes: «Nous exigeons un referendum pour la déportation massive d'Haïtiens». «Nous rejetons l'Haitianisation du pays», ou encore: «La junte des voisins dénonce: Les Haïtiens sont insupportables pour les habitants de Gazcue».
A noter que les autorités de l'académie de l'Etat de l'Université Autonome de Santo Domingo (UASD), ont annoncé avoir révoqué quelques heures auparavant l'autorisation qui avait été accordée à la Fédération Haïtienne des Associations et Organisations de la République Dominicaine (FEDAYODEH-RD), d'utiliser l'auditorium Manuel del Cabral de la bibliothèque Pedro Mir pour le déroulement de la cérémonie socioculturelle. En effet, vers midi, le jeudi 16 octobre, le président de la FEDAYODEH-RD, Patrick Moise a reçu un appel téléphonique du Vice-recteur, Rafael Nino Feliz, l'informant du retrait de l'autorisation d'utilisation de l'auditorium. M. Feliz devait prononcer une allocution à la cérémonie, en tant qu'ami du peuple haïtien, dit-il.
La décision, qui bénéficie également du soutien du doyen, a été adoptée hâtivement suite aux pressions des secteurs ultranationalistes-fascistes dominicains qui considèrent le déroulement de cette activité comme étant «une infraction» et ont décidé de la boycotter.
Cependant, pour plusieurs étudiants d'origine haïtienne, cette mesure des autorités universitaires est incompatible à la philosophie de la UASD et à sa tradition d'organisation de solidarité du monde universitaire avec le peuple haïtien.
En effet, l'article 6 de la Constitution de la UASD stipule que «la vie universitaire doit se dérouler dans un esprit de démocratie, de justice et de solidarité humaine. Elle sera ouverte à tous les courants de pensée, qui seront présentés et analysés d'une manière scientifiquement rigoureuse».
Les dirigeants de FEDAYODEH-RD ont été obligés de se poster à l'entrée de la Bibliothèque Pedro Mir pour s'excuser auprès du public qui avait fait le déplacement en grand nombre pour prendre part à l'événement.
La cérémonie intitulée: «Proposition et dix discours historiques» visait principalement à faire connaître l'importance historique de ce héros de la lutte pour la liberté du peuple haïtien.
(fin de texte)
(Source : «Hey Magazine», Santo Domingo)
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