mardi 27 septembre 2016

#MassiMadi : Quand un spectacle se heurte à la réalité des homosexuels en Haiti.- (Texte de Cyrus Sibert)

Les difficultés rencontrées par les homosexuels haïtiens pour organiser leur festival dénommé MassiMadi exposent au grand jour une réalité complexe en Haiti. Ce festival MassiMadi est une décision prématurée. Il faudrait d’abord un travail d’éducation sur le phénomène homosexuel qui est aussi vieux que l’humanité. Il faut éviter de répéter l’erreur de l’imposition de la Démocratie en Haiti sans éducation sociale préalable ni respect des droits et liberté. Comme nous le constatons, plus d’un quart (1/4) de siècle après la chute de Duvalier, notre démocratie piétine. Elle engendre l’instabilité qui enfonce le pays dans la misère et le marasme économique parce qu’elle n’a pas été fondée sur le droit. Il fallait institutionnaliser l’Etat de droit qui naturellement engendrait un système démocratique viable. Le mot démocratie n’existe pas dans la constitution américaine. C’est l’institutionnalisation de l’exercice des libertés qui fait des Etats-Unis l’une des plus grandes démocraties au monde.
En ce qui concerne le Mouvement MASSIMADI, des ONGs à la recherche de financements étrangers ont programmé un festival, sans avoir franchi les étapes d’éducation et de respect des droits des homosexuels. Elles les poussent à l’aventure ignorant que le groupe cible évolue dans une société qui ne maitrise pas le sujet. On se demande où sont passées ces ONGs quand des homosexuels sont lynchés, bafoués, méprisés et maltraités en Haiti. Pourquoi faut-il toujours que l’international cherche à imposer un état de fait sans tenir compte du développement réel, endogène du pays?
L’incompréhension sociale.
La confusion et l’incompréhension dominent le débat autour de l’homosexualité en Haiti. Tout d’abord, c’est démagogique d’indexer ceux qui ouvertement se déclarent homosexuels, les accusant de mettre la famille en danger. Car, l’homosexualité a toujours existé. Elle est relatée dans la Bible, dans les livres d’histoire sur la Grèce, Rome; le vodou haitien en a même fabriqué des explications mythiques d’esprit mâle prenant possession du corps d’une femme ou d’esprit femelle utilisant le corps d’un homme; il y a aussi l’idée de châtiment d’une force mystique contre un serviteur ou une servante désobéissant (e). Dans chaque ville, dans chaque village d’Haiti, il y a des personnalités connues comme “fanmòt” (des hommes efféminés), des “bougalo” (des hommes hétérosexuels qui offrent le service de pénétration à d’autres hommes homosexuels), des personnalités sombres pratiquant l’homosexualité dans l’ombre — ces dernières sont souvent des prédateurs d’enfants mâles évoluant dans leur environnement immédiat.
Ce n’est qu’en 1995, lors d’une conférence à l’Université Quiskeya que j’ai pu comprendre la différence entre :
1- Homosexualité génétique — De pauvres innocents nés avec un corps différent de leur pulsion sexuelle… Ce qu’on appelle chez nous “Fanmòt”, “Gason Makòmèt” ou “Flannè femèl” (les trans-sexuels);
2- Les travestis qui parfois ne sont pas des homosexuels, mais des individus qui aiment se faire passer pour le sexe opposé surtout lors d’activités festives;
3- Les curieux sexuels, hédonistes à la recherche du plaisir, souvent bi-sexuels prêts à tout expérimenter jusqu’à l’homosexualité. Ils sont souvent échangistes, sadomasochistes, zoophile…;
4- Les prostitués homosexuels qui sont des gens s’adonnant à l’homosexualité pour de l’argent, des privilèges, le pouvoir ou des connexions sociales.
Si pour les deux (2) derniers, il se pose un problème moral interpellant le rôle de l’église et de la famille; pour les catégories 1 et 2, le principe chrétien de la compassion est requis.
Car, là où la société voit un homme, la personne en question porte en elle des gènes qui font d'elle une femme. Un enfant de sexe féminin qui depuis le berceau se comporte comme un garçon n’est coupable de rien. Le Sénateur Jean Renel Sénatus et Me Danton Leger peuvent le considérer comme un homme, dans sa tête, dans son esprit, dans sa mentalité, il se sent femme. Ce ne sont pas les décisions de justice, ni les lois qui changeront cette réalité. Ce citoyen risque d’être malheureux toute sa vie; car, il n’aime pas les femmes. Il est plutôt attiré par les hommes. Son esprit dominant n’obéit pas à son apparence physique.
Il se pose là un problème sérieux à étudier, à comprendre et à vivre avec, puisque ces transsexuels sont aussi des citoyens, des descendants de Toussaint, de Dessalines, de Christophe et Pétion.
Comme nous l’avons expliqué plus haut, la société haïtienne a déjà produit un cadre logique pour évoluer avec ce genre d’individus membres de son tissu. S’il est requis de faire évoluer leur processus d’intégration sociale, cela ne peut pas se faire par décret, par communiqué encore moins par un festival MASSIMADI qui risque de provoquer un choc avec des conséquences imprévisibles sur la vie de cette catégorie de citoyens qu’on prétend défendre. D’ailleurs, les églises évangéliques ne contribuent pas à apaiser les esprits. Elles adoptent souvent des positions simplistes et/ou démagogiques. D’ailleurs, qui connait les pratiques sexuelles du pasteur, du prêtre, du diacre, et des diaconesses?
Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Les homosexuels sont nombreux dans ce bas monde depuis la nuit des temps. Ce que nous assistons est le refus de reconnaitre une réalité humaine. Nous réagissons contre ceux qui se disent ouvertement homosexuels mais pas contre l’homosexualité. Nous nous acharnons contre de pauvres individus efféminés qui dans les marchés publics cherchent à survivre tandis qu’au Parlement, au gouvernement, dans les milieux des affaires, dans la magistrature, dans la force publique, des relations homosexuelles se créent, se développement et se transforment en société secrète avec des agendas inavoués et/ou inavouables.
Pour finir, je pense que chaque personne a le droit de décider de sa vie sexuelle. Je suis contre les débauches sexuelles effrénées (sans limite) et surtout contre les pervers qui se livrent à la prostitution homosexuelle pour de l’argent, le pouvoir et des accointances sociales. Je pense que l’émancipation passe par l’éducation, le travail et la discipline. Cependant, cette catégorie d’enfants de Dieu qui se sont vus naitre avec des impulsions incompatibles à leur apparence physique ont aussi le droit de vivre. Leur exclusion les condamne à la misère, à la mendicité, à la promiscuité et à la prostitution. En Haiti, on ne verra pas un seul dans l’administration publique, impossible de rencontrer un homosexuel déclaré travaillant au niveau des banques, des barreaux, de la magistrature, de la force publique, du corps médical et enseignant. L’exclusion est totale. Ainsi, au nom de la justice sociale et de la charité chrétienne, quelque chose doit-être faite pour faciliter l’intégration sociale de ces citoyens exclus, les libérer des bourreaux sexuels qui profitent d’eux tout en clamant haut et fort leur haine et dégoût pour l’homosexualité. Car, en matière d’homosexualité, il est déconseillé de suivre ceux qui accusent sans répit.
Le travail des ONGs comme FOKAL doit d’abord être une contribution à l’éducation sociale sur le sujet et à l’intégration de cette catégorie sociale : Les droits des homosexuels dans le système éducatif; les droits des homosexuels sur le marché du travail. Un festival en vu de provoquer un choc servira peut-être l’objectif des étrangers, mais aura un effet contre-productif dans les circonstances actuelles.
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti // 27 septembre 2016
reseaucitadelle@yahoo.fr // @reseaucitadelle

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