L’AVENIR DES MEDECINS ET LES PROFESSIONNELS DU DROIT EN HAITI.- (Texte de Cyrus Sibert)
Les médecins, les avocats, les juges haïtiens — en un mot les professionnels du droit, doivent comprendre qu’il est dans leur intérêt que leur profession évolue, que la population haïtienne leur fasse confiance, et que les oranges pourries comme les charlatans, les négligents ou les gens inaptes soient expulsés de leur domaine, pour ne pas ternir leur image, leur réputation et éroder leur clientèle.
Il est temps pour chaque professionnel de considérer son domaine de compétence comme un business, une entreprise, un fond de commerce sur lequel repose son avenir économique et celui de sa famille.
Il faut cesser avec cette approche corporatiste, cette solidarité aveugle basée sur une confrérie inconditionnelle, entre medecins, entre magistrats, entre avocats qui est la cause des discrédits jusqu’à provoquer l’exode de la clientèle.
Car, avec la globalisation, l’internet, la modernisation des moyens de transport, nous vivons la libre circulation des personnes, des biens et des services. Les gens solvables ont accès à l’information globale; ils peuvent se rendre ailleurs pour se faire soigner, établir des entreprises, acquérir des biens et avoir une vie tranquille et de qualité.
Je me demande, si ces professionnels ont une idée des statistiques concernant le nombre de personnes qui ont voyagé pour des raisons de santé. Le nombre d’haïtiens de la diaspora, étant à la retraite, qui ont préféré s’établir en République Dominicaine et en Floride, au lieu de venir affronter les médecins haïtiens, les banques haïtiennes et les professionnels du droit — les notaires haïtiens, les avocats haïtiens, les juges haïtiens, les huissiers haïtiens, réputés à tort ou à raison pour leur manque de déontologie dans l’exercice de leur profession.
Comme un entrepreneur exige une étude de marché en vue de bien évaluer ses chances de succès, un professionnel libéral haïtien doit se situer dans une perspective de réussite socioéconomique.
En ce sens, ils ont intérêt à protéger leur profession des charlatans, des mauvaises pratiques tout en encourageant sa modernisation. Pourtant, si l’on considère le nombre de scandales par rapport à la quantité des professionnels sanctionnés, on pourrait en déduire qu’Haiti est le pays où il existe les meilleurs médecins et les meilleurs professionnels du droit au monde.
Car, il parait que ces gens ne se rendent pas compte, du nombre de patients qui se rendent en République Dominicaine, à Cuba ou aux Etats-Unis chaque année pour se faire soigner par un médecin, faire des tests de laboratoire, acheter des médicaments… Ce qui constitue un manque à gagner considérable pour les professionnels haïtiens.
Comme nous l’avons dit tantôt, c’est aussi le cas pour les professionnels du droit. A cause de l’“insécurité judiciaire ou juridicolégale“ un nombre important d’haïtiens à la retraite préfèrent rester en Florida ou en République Dominicaine. Tandis qu’avant, les gens du 3e âge de la diaspora haïtienne, prenaient plaisir à revenir au pays pour se reposer et passer de bon temps.
Les gens savent que la loi ne garantie plus les droits en Haiti. Car, vous pouvez vous retrouver en prison sans avoir été informé de l’accusation ni de la condamnation, les biens “légalement” confisqués. Les multiples scandales qui entourent la justice haïtienne, déconseillent les gens pourvus de ressources financières de rentrer au pays. Après 30 ou 40 ans de dur labeur, personne n’aimerait prendre le risque de se retrouver embrouillé dans des litiges avec des avocats sans scrupules qui arrangent des procès au détriment de leur client, avec des employés de justice qui trafiquent tout, même les corps du délit…
Pourquoi, je prends le temps de faire cette remarque?
Après avoir publié mon dernier texte sur “La mafia du droit”, un ami juge m’a appelé pour me dire qu’il se sent touché par l'article. Je lui ai répliqué qu’il n’y a pas moyen de confondre un Magistrat connu pour son honnêteté avec les juges et les parquetiers corrompus. Ce qu’il savait mieux que moi. Mais, en Haiti, les gens ne comprennent pas encore que ceux qui font du mal à leur profession, ce sont les corrompus, les charlatans, les paresseux, les négligents, les gens cupides et vénaux qui commettent des forfaits sans se soucier de l’image ni de la réputation de la corporation à laquelle ils appartiennent. Donc, il ne faut pas les tolérer.
Aussi, les réactions de médecins extrêmement compétents après la publication de mon texte sur les patients victimes de mauvaises pratiques orthopédiques, sont-elles similaires à celle de mon ami Magistrat. Ils cherchent plutôt à noyer la vérité dans des explications techniques, des questionnements mettant en avant le comportement des malades, le diagnostique, toute une série de raisonnements logiques acceptables, pour ne pas aller au fond du sujet : comment résoudre ce problème de mauvaises pratiques médicales qui affecte la réputation de la médecine haïtienne et empêchent aux professionnels de santé de réussir pleinement grâce à leur profession?
C’est comme pour le problème des prêtres pédophiles. Pour sauver l’Eglise, il faut appliquer une politique tolérance zéro : les expulser et les reporter à la police.
Le droit et la médecine sont deux professions réservées aux élites de la couche supérieure de classe moyenne. C’est une réalité universelle. Dans tous les pays, être avocat, être juge ou être Magistrat sous-entend intelligence supérieure, sérieux, sens de responsabilité, honnêteté, intégrité, beaucoup d'aptitudes, grande culture… tout cela est positif. Alors, si les professionnels du droit et les médecins haïtiens veulent vivre correctement de leur profession, ils doivent imposer une discipline de fer pour l’exercice de leur profession. Sinon, ils seront obligés de se réfugier dans les professions du bluff, dans la criminalité ou de fuir le pays, pour ne pas se retrouver au bas de l’échelle sociale.
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
22 juillet 2017
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