#Haiti : Et si Bois-Caïman était un événement œcuménique dans une logique de “vivre ensemble”? (Texte de Cyrus Sibert)
[ Psaume 24:1 “A l'Eternel la terre et ce qu'elle renferme, le monde et ceux qui l’habitent.” ]
A l’occasion de la célébration du 226 anniversaire du Bois-Caïman, le débat s’est intensifié sur la nature religieuse de cet événement majeur qui a déclenché la révolution anti-esclavagiste à Saint-Domingue (ci-après, #Haiti). Si les vodouisants interprètent cette rencontre suivant une approche ethnocentrique visant à la considérer comme un grand miracle vodou, des occidentaux racistes, colonialistes ou anti-haïtiens l’utilisent pour conclure que notre peuple a passé un pacte avec le diable. Or, comme nous l’avons vu dans l’analyse de la prière rapportée par des historiens, l’organisateur s’est adressé à un Dieu unique, le Dieu créateur du ciel et de la terre, le Dieu du bien et de la justice. En ce sens, il est clair qu’on n’invoque pas ce Dieu là quand on réalise des rituels diaboliques ou maléfiques. Il est clair que les esclaves présents à cette cérémonie ont prit position pour le Dieu du bien.
En parlant de Bois-Caïman et des idées religieuses qui marquent l’esprit collectif haïtien, il est à remarquer cette pratique chez nous de répéter “Si Dieu le veut”, après chaque souhait, après chaque promesse, chaque planification ou rendez-vous? Dans le monde, les musulmans sont connus pour leur fameux “Inch’Allah” qui signifie « si Allah le veut »; deux expressions presque identiques. Comme les haïtiens répètent “Si Dieu le veut”, les musulmans disent “Inch’Allah” pour les mêmes raisons et dans les mêmes circonstances.
Certes, le sacrifice du cochon pose un problème de taille pour ceux qui voient en Bois-Caïman une cérémonie dirigée par des musulmans. Car, le cochon étant un animal maudit pour les adeptes de la religion islamique, on les voit mal organiser une cérémonie de ce genre. Toutefois, les expressions courantes dans le langage populaire “Bondye Gran” (Dieu est Grand) et “Si Dye vle” (Si Dieu le veut), sont à étudier.
Certains chercheurs vont jusqu’à établir un lien entre le Sénégal (musulman) et une grande partie des esclaves transplantés à Saint-Domingue. En plus de croyance vodou, la population d’esclaves devrait-être traversée par d’autres croyances religieuses. Boukman a t-il été un musulman contraint d’observer des esclaves vodouisants sacrifier leur cochon ou, a t-il été un hougan comme rapporté dans des livres d’histoire?
D’autres chercheurs rejettent l’interprétation littérale “Book-Man”, “homme au livre (coranique)”. Selon eux, Boukman est un nom étrange, comme tous ces noms imposés aux esclaves par leur maitre, de patronymes souvant liés à leur parcours.
Mais, n’est il pas troublant d’avoir dans ce seul fait historique deux (2) éléments dont les interprétations peuvent se référer à l’islam?
1- Boukman qui serait un homme venu de la Jamaïque avec un Coran qui lui aurait valu le nom Book-Man;
2- Bois-Caïman qui pourrait être “Bwa Kay Imam”, un hypothétique refuge d’un Imam, ces pasteurs musulmans.
Faut-il noter que dans le Nord d’Haiti, dans la ville Borgne, il y a aussi “Bassin Caïman”. On ne sait pas si cela signifie “Bassin Kay Imam”. Les chercheurs ont beaucoup à élucider.
En résumé,
1- Dans un premier temps, nous avions analysé cette prière monothéiste récitée lors de la cérémonie. Même quand on y voit aucune référence à Jesus ni à la vierge Marie, il n’y a aucun doute sur l’influence du christianisme ou du catholicisme dans la colonie en 1791;
2- Ensuite, il y a le sacrifice du cochon des vodouisants, des preuves de la performance de mambo Cécile Fatima;
3- Les musulmans qui attribuent certains éléments de l’histoire à leur religion: a) Boukman (Book-man), le nom du principal organisateur de la Cérémonie ou du congrès politique ; b) Bwa Kay Imam, le nom du lieu de la rencontre.
En conséquence, on se demande si nous ne sommes pas devant une cérémonie œcuménique, comme les cérémonies des francs maçons auxquelles toute personne, indépendamment de sa confession religieuse, peut participer, pourvu qu’elle partage l’objectif du mouvement.
Nous savons que la situation à Saint-Domingue avait atteint son point culminant. Les contradictions entre les classes sociales avaient fait de la colonie un espace extrêmement violent avec des atrocités qui annoncèrent même l’extermination totale d’un groupe par un autre. Il est clair que dans de tels contextes, la logique de survie prime à un point tel que des esclaves peuvent accepter de se réunir dans ce lieu — Bois-Caïman ou Bwa Kay Imam — pour sceller ce Pacte de révolte générale.
En conclusion, il peut s’agir d’une rencontre œcuménique pour un changement radical; L’exemple parfait de l’application du principe de l’autodétermination des peuples.
Une cérémonie œcuménique n’était pas impossible à Saint-Domingue. Car, ils sont nombreux les preuves de dépassement fournies par nos ancêtres. Ils avaient une capacité à transcender quand il s’agissait d’atteindre leur objectif final à savoir la fin du système esclavagiste.
- Toussaint Louverture n’avait-il pas opéré des revirements politiques en vue de créer l’Armée indigène?
- Dessalines, n’avait-il pas rencontré ses ennemis mulâtres à l’Arcahaïe dans le but d’unifier le commandement militaire de la guerre de l’indépendance?
- Après l’indépendance, les pères fondateurs, n’avaient-ils pas accordé la nationalité haïtienne à tous les étrangers qui ont contribué à la victoire?
- Par une fiction juridique, la Constitution Impériale de l’Empereur Jacques Premier, n’avait-elle pas résolu le problème de couleur en considérant comme noirs tous les citoyens de la nouvelle République?
Nos ancêtres avaient un sens de grandeur et de dépassement qui nous manquent aujourd’hui.
A bois Caïman, les esclaves avaient mis en valeur tout ce qu’il y avait de Bien, de juste et de bon, en vue de déraciner le mal absolu. Peu importe la religion des invités, il suffisait d’adhérer au mouvement de révolte générale pour le chambardement total du système esclavagiste. Et, sur ce point, on doit reconnaitre que les vodouisants qui sans doute furent majoritaires à l’événement, sont très tolérants en matière religieuse.
Une étude approfondie de Bois-Caïman peut nous aider à saisir la grandeur de ce peuple qui a forgé notre belle histoire. La “Constitution américaine aux Etats-Unis” , la “Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 en France” et la “Cérémonie du Bois-Caïman en Haiti”, sont des événements marquants de la grandeur des valeurs qui sont à la base des trois (3) grandes révolutions de la fin du XVIIIe siècle.
BOIS-CAÏMAN fut une convention pour un PACTE POLITIQUE, ARCAHAIE pour un PACTE MILITAIRE, malheureusement nous avions rejeté la réforme agraire de Dessalines, ce Pacte économique qui aurait pu contribuer à la justice sociale, la stabilité et la paix. L’absence de PACTE DE GOUVERNANCE a entrainé une opposition fratricide entre Christophe et Pétion; ce qui a ouvert la voie à de perpétuelles luttes pour le pouvoir, à la manipulation internationale et du résultat actuel.
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
17 Août 2017
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