Dans une ambiance de présidentialisme excessif, de culte de la personne peu-démocratique, à la salle de départ de l’Aéroport du Cap-Haitien à destination des Etats-Unis, sur un petit écran de télé, des spots publicitaires ou publi-documentaires sur les réalisations du président Moise Jovenel tournent en boucle, sans répit. On dirait une salle de lavage de cerveau en URSS, en Corée du Nord ou en Chine, lors de la révolution culturelle de Mao Tse-tung.
Pressurés par leur obsession de plaire le au Chef de l’État, les stratèges de la communication du gouvernement en place n’arrivent pas à comprendre le caractère agressif et même contre-productif de l’opération.
Vraiment ! Même quand on peut-être un supporter ou curieux de se renseigner sur les activités et les réalisations du gouvernement haïtien, ce mode de diffusion est lassant.
En effet, les meilleures techniques de propagande dans une société démocratique — non totalitaire i.e. où on ne peut pas contraindre le citoyen — recommandent de faire passer le message subtilement, en provoquant l’intérêt du destinataire, suivant une logique d’intérêts composés ou liés.
On pourrait diffuser de bonnes musiques haïtiennes et à chaque pause; soit, après 2 ou 3 cliques, lancer le message du pouvoir. Cela passerait mieux.
Mais, des spots de propagande en continu, sans un break, c’est pas trop intelligent.
De plus, la musique de fond utilisée pour produire ces messages est funèbre. On dirait une musique conçue pour la production d’histoires tristes.
Le bon sens et le peu de compréhension de la réalité haïtienne vous diront qu’il y a un blocage… quelque chose ne va pas?
C’est contre-productif, il faut le repenser!
Ce qu’il faut comprendre… ce procédé est contraire aux discours démocratiques véhiculés par le président de la République. Alors que Jovenel Moise parle de démocratie, n’importe quel diplomate, intellectuel, universitaire ou journaliste avisé, peut en déduire — à tort, que le pays est sur une mauvaise pente.
Je doute que cela soit l’intention réelle du Chef de l’État. Pensons plus aux excès des courtisans qui n’arrivent pas à comprendre que la démocratie fonctionne selon des critères et de toute une série de valeurs. Tout signal contraire peut provoquer embarquements et/ou emmerdements.
Ce culte de la personnalité “Président Jovenel” “Président Jovenel” “Président Jovenel” pour le peu qu’on présente, diffusé sous contrainte à des voyageurs obligés d’écouter un discours sans répit, nous place à la limite de la ligne démocratique à ne pas franchir.
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
#LeReCit @ReseauCitadelle
reseaucitadelle@yahoo.fr
www.reseaucitadelle.blogspot.com
10 avril 2019
https://twitter.com/reseaucitadelle/status/1115987381834924034
Or, le problème avec cette technique dans une société démocratique —- non fasciste et non totalitaire —- dans laquelle on ne peut pas contraindre les citoyens à “adhérer”, c’est qu’elle provoque la résistance chef la majorité des personnes ciblées.
Dans le livre PROPAGANDA de Edward Bernays, réédité en 2005 par Noam Chomsky, au chapitre 4 titré “The psychology of public relations”, on parle de nouvelles méthodes de relations publiques:
«...dealing with men in the mass through their group formations, to set up psychological and emotional currents which will work for him.
Instead of assaulting sales resistance by direct attack... (better) in removing sales resistance...(by creating) circonstances which will swing emotional currents so as to make for purchaser demand.» page 77.
« ...is one of the functions of the public relations counsel to discover at what points his client’s interets coincide with thoses of other individuals or groups.» p. 81
« The ideas of the new propaganda are presicted on sound psychology based on enlightenment self-interest.» p. 82
La consommation forcée ne correspond pas à une société démocratique; c’est aussi une preuve de manque d’imagination. Au lieu de forcer le public, rendez le produit ou le message intéressant, amusant; travaillez sur les facteurs de résistance au message.
N.B.: Ce n’est pas par fantaisie nous aimons publier des citations et même des photos de livres. Pour nous, ce sont des arguments d’autorité visant à faire taire les mauvaises langues, à clouer au sol les gens de mauvaise foi. #LeRCit
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