Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti
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Les marchands de la ville du Cap-Haïtien comptent organiser une nouvelle manifestation contre le gouvernement en place ce mercredi 16 janvier 2008. Ils entendent maintenir la pression sur les autorités haïtiennes qui rendent leur vie impossible avec des mesures douanières injustifiées visant à décourager les petits importateurs et à centraliser le commerce par le renforcement des monopoles proches du pouvoir central.
Dans une intervention sur Radio Kontak Inter, Cap-Haïtien, les petits marchands importateurs ont été très critiques à l’encontre du gouvernement en place. Le bateau dénommé Caribbean Express qui transporte en majorité des biens usés collectés aux Etats-Unis n’arrive pas à débarquer sa cargaison. Des inspecteurs de la douane, sous prétexte de lutter contre la corruption, empêchent aux petits marchands de dédouaner leur marchandises. Après chaque bordereau payé, la brigade anti-contrebande ajoute des frais supplémentaires et ce petit jeu dure environ 3 mois.
En conséquence, les petits marchands importateurs qui ont emprunté l’argent de la banque assistent avec impuissance au pourrissement de leur marchandises. Les marchands qui sont en règle subissent les retards imposés par les douaniers. Ces derniers n’autorisent pas le bateau à débarquer. L’affréteur du navire devra payer pour chaque jour de retard. Quant aux petits marchands ils devront verser des indemnités financières à la banque.
Les petits marchands importateurs se disent en difficulté. Ils entendent réagir.
Au marché de la rue 3, les gens se plaignent de cette situation. Grossistes, petits détaillants, transporteurs, tout le monde critique cette façon de procéder des inspecteurs de la douane dépêchés dans le Nord. A travers la brigade anti-contrebande, ils sont un Etat dans l’Etat et agissent arbitrairement. Les plaignants n’ont aucune voie de recours.
Yolette LAMOUR, l’une des responsables de l’ASOSYASYON MACHAN’N OKAP, nous dit : Ce sont des marchandises, souvent des produits périssables. Pourquoi ils ne fixent pas le montant à payer. A chaque fois ils ajoutent des suppléments. De plus, ils violent la loi en ouvrant nos boites à notre insu. Dans cette circonstance, on peut, facilement, accuser n’importe qui d’avoir importé un objet illicite.
Et pour répondre aux propos du Délégué Georgemain Prophète, insinuant ceux qui manifestent de contrebandiers qui refusent de payer, une autre marchande enchaîne :
Nous disons au délégué : nous sommes des citoyens honnêtes. Nous payons toujours les taxes. Aux Etats-Unis nous payons ce qu’on nous demande de payer. Le problème ici, les représentants de l’Etat travaillent plus à nous décourager qu’à exiger le respect des tarifs douaniers. Ce gouvernement cherche à enlever au peuple les acquis économiques. Avant, les gens du peuple ne pouvaient pas importer. Aujourd’hui, nous voyageons et nous importons sans intermédiaires. C’est là le problème ! Et, les riches profitent de Préval et d’Alexis pour nous ramener en domesticité. Ils veulent de nous des servantes au service de leurs femmes. Cela ne passera pas !
Le marché de la rue 3, où l’on vend des biens usés - [souvent des biens en état jetés par les pays de l’abondance] - représente le centre commercial du Grand Nord. Plus de 80% de la population de la région sont concernés par ce secteur. Les couches les plus vulnérables dépendent des importations faites par ce secteur. Face à la misère, ce marché joue on rôle important. Il permet aux pauvres de prendre part à la circulation de la monnaie. On y trouve des étudiants, des anciens fonctionnaires de l’Etat, tout le monde. Rue 3 est aussi un lieu de transit pour les jeunes en attente d’un avenir meilleurs en Amérique du Nord.
On se demande pourquoi le gouvernement Préval/Alexis attaque-t-il, simultanément, tout le monde ? Pourquoi monopoliser les importations ? On dirait que le gouvernement en place travaille pour les extrémistes. Car les politiques gouvernementales ne prennent pas en compte les couches les plus vulnérables. Nous pensons que toutes les conditions objectives sont réunies pour une révolte populaire. Le milieu rural connaît une misère atroce renforcée par les intempéries de l’année 2007. L’embargo sur les produits avicoles dominicains met sur le banc de touche une grande partie des masses qui résistaient en vendant des œufs bouillis, des sandwiches, des spaghetti et des saucissons. Connaissant les connexions du premier Ministre Jacques Edouard Alexis avec des groupes d’aristidiens extrémistes, on se demande s’il ne recherche pas une révolte populaire anti-Préval? Pourquoi gouverne-t-il au mépris des pauvres ?
En tout cas, ce mercredi 16 janvier 2008, les marchands manifestent à travers les rues de la ville du Cap-Haïtien. Même quand il n’y a pas un leadership considérable oeuvrant dans le sens d’un chambardement total, provoquer inutilement les masses miséreuses au point de les porter à organiser des manifestations ça et là, est un risque gratuit. Gratuit ! Vu qu’on connaît les contrebandiers. Aux dires de Charles Henri Baker : il y a à Port-au-prince un homme fort débiteur de l’Etat pour plus que dix millions de dollars de taxes non payés alors que les représentants de cet Etat s’amuse à emprisonner des créateurs d’emplois pour vingt mille dollars. Ce créateur d’emplois était concurrent à l’appel d’offre pour l’acquisition par l’Etat haïtien de plusieurs dizaines d’autobus. On a profité de son emprisonnement pour l’écarter, au nom de la lutte contre la corruption. Préval et Alexis devraient commencer par récupérer les millions à recevoir et mettre en place les structures capables de faciliter le payement des taxes, sans troubler le commerce fragile qui nous aide à survivre.
Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
15 janvier 2008
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