Cyrus Sibert,
AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti48, Rue 23 -24 B
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Nous avons suivi avec beaucoup d'intérêt les différentes interventions sur l'affaire Boulos. Nous avons pu constater que notre peuple n'a pas progressé, nos élites non plus. Au pays des scandales et de l'émotion on aborde tout avec légèreté. Les questions de principe sont traitées avec un esprit de règlement de compte. Alors que le Sénat n'arrive toujours pas à prouver la nationalité étrangère du 1er Sénateur du Nord-Est, on observe toutes sortes de précipitation. Le président du Sénat semble avoir plus d'intérêt dans l'expulsion de Boulos que de faire la lumière sur les points d'ombre qui entourent le dossier. On brandit la menace de prise de corps pour faux, alors que les documents déposés ont été émis par l'administration publique. Bref, on joue mal, on laisse entrevoir une sorte de ''mercenariat parlementaire'' qui consiste à affaiblir les institutions démocratiques au profit de la Prévalocratie.
Nous avons pris du temps pour intervenir dans le débat sur la nationalité de Rudolph Boulos parce que notre appréciation pour ce citoyen est publique et connue de tous. Nous sommes contre toutes formes de ressentiments anti-bourgeois et/ou anti-mulâtres. Nous sommes contre toutes idées d'exclusion, car il n'y aura pas de développement national sans l'intégration de tous les secteurs de la vie nationale. Même les étrangers doivent se sentir en confiance sur la terre de Dessalines. Alors que nous rejetons nos ressources comme les allemands le faisaient avec Hitler, des pays comme la République Dominicaine et le Canada les accueillent en vue de renforcer leur situation.
En 1804, Dessalines, avec son maigre niveau, avait la capacité de se dépasser quand il s'agissait de traiter les questions d'Etat. Il a octroyé la nationalité haïtienne à tout étranger qui avait apporté une contribution quelconque à la conquête de l'indépendance. Des polonais de Cazale ont été adoptés comme citoyens haïtiens sans exclusion. Et cela n'empêchait pas à l'empereur de garder ses opinions sur l'émancipation des noirs.
Nous avons une grande appréciation pour Rudy Boulos parce qu'il a un discours moderne, une vision évoluée du devenir national. Dans ses interventions sur la situation du pays, il propose des solutions rationnelles et pragmatiques. Jamais il ne se plaigne avec les paysans du Nord-Est de la réalité du pays. Il n'est pas fataliste, encore moins arriviste.
De plus, ses paroles sont suivies d'actes. Plusieurs projets ont été réalisés dans le Nord-Est: des puits, des ponceaux, plusieurs centaines de boursiers à l'Ecole Professionnelle Saint-Esprit (Cap-Haïtien) et dans des écoles classiques pour ne citer que ceux là. Les détracteurs du candidat Boulos (Boule 32) qualifiaient ses réalisations de farce électorale arguant qu'après, Rudy Boulos ne sera plus perçu dans le Nord-Est.
Ce fut le contraire. Après les élections, on a observé une intensification des projets avec des idées claires : 1- Fort-Liberté doit être une zone touristique. A court terme, il compte faire venir des touristes de la République Dominicaine. Des contacts ont été établis en ce sens. 2- Trou du Nord pour l'Agro-industrie. 3- Ouanaminthe pour le commerce et la sous-traitance ( zone franche) 4- Les mornes de Carice de Vallière, de Mont-Organisé et de Sainte-Suzanne pour la production agricole intensive et le reboisement.
De tous les élus du nord, nous n'avons jamais entendu des idées aussi cohérentes et réalistes. Nos funestes Sénateurs se contentent de traverser le pays en voitures tout terrain (4x4) sans vision ni projet.
Quand on nous dit que Boulos est un bourgeois, un riche millionnaire basé en République Dominicaine, nous l'apprécions encore plus. Car nous savons qu'il pouvait, sans grandes difficultés, tirer les ficelles des mauvais coucheurs qui n'attendent que cela. S'il s'est battu sur le terrain pour remporter en trois reprises le poste de 1er Sénateur du Nord-Est, c'est qu'au moins il est sincère avec lui-même. Il joue le jeu démocratique. Il est prêt à respecter les règles. Au lieu de donner son argent à des ''politiciens'' de bas étage au nom du peuple, il s'adresse au peuple, apprend son langage et ses problèmes. Il est ainsi maître de sa vision et de son action.
Boulos est un mulâtre !
C'est ce qui fait bondir le peuple. Il voit en lui un homme nouveau capable de mettre fin à cette prise d'otage opérée sur les pauvres par les ‘‘politichiens’’ de toujours, les prétendus représentants des pauvres. Car au lieu de se confiner dans sa tour d'ivoire pétion-villoise, il se donne la peine d'arpenter tous les coins et recoins du Nord-Est en vue de s'enquérir de la situation réelle des paysans. Il est toujours présent et cela dans des villages oubliés par des officielles du pouvoir exécutif. Il y a dépensé de l'argent, prouvant aux hommes de sa classe que cela ne sert à rien d'enrichir des petits crétins autoproclamés leaders, des caciques qui ne respirent que par le maintien du statu quo.
Boulos a prouvé, durant son bref passage, que les plus pauvres sont aussi des humains en quête d'un minimum. Il suffit de leur prouver votre bonne foi en réalisant le peu que possible pour qu'ils vous acceptent et se mettent à discuter avec vous, l'avenir de ce pays en voie de disparition qu’est Haïti.
Mais le Président René Préval voit cela très mal. D’ailleurs il n’est pas le seul. Sur ce point, il y a unanimité. Car les politiciens corrompus donc les ''poli Ti Chiens'' n'entendent rien changer. Au détriment des ‘‘avancés concurrentielles’’ des hommes d'affaires de la classe moyen et surtout des villes de province, ils sont prêts à renforcer les monopoles économiques pourvu que la bourgeoisie respecte leur mainmise sur l’espace politique. En conséquence, des hommes comme Charles Henri Baker ou Rudy Boulos doivent être combattus, et cela, même quand l'Etat n'arrive pas à faire la preuve de ses accusations.
C'est malheureux que la haine, l’ethnocentrisme, et dans le cas de Rudy Boulos : l'anti-Boulos, puissent empêcher plus d'un à suivre les manœuvres du Président Préval. Jean Erich René l'a si bien décrit dans son texte ''Mort de la 48e Législature'' accessible sur notre blog à l’adresse : http://reseaucitadelle.blogspot.com/2008/03/mort-de-la-48e-lgislature.html
René Préval utilise l'unanimité sur le monopole politique des ''Poli ti chiens'' pour noyauter le parlement. A ce niveau il a un expert de poids, un homme d'expérience : le Sénateur Kelly Bastien, l' ''homme des scandales''.
On oublie trop vite les agissements de ce dernier contre la 46e législature lorsqu'il était Député Président de la chambre basse. L'homme de main de René Préval ou le fossoyeur de la 46e législature que dominait l'O.P.L. (Organisation du Peuple en Lutte) est de nouveau à l'œuvre. Il compte appliquer la résolution du Sénat. Cet homme ne fait pas honneur à l’Université française où il a appris récemment le fonctionnement d'un parlement. Car une résolution a une définition et un rôle. Kelly Bastien ferait mieux d'appliquer la résolution du Sénat sur la SOCABANK ; résolution pour laquelle plusieurs milliers de dollars ont été empochés.
L'anti-Boulos ne doit pas vous empêcher de voir clair. La tyrannie présidentielle emploie tout pour affaiblir le parlement. Au Sénat il y a les Sénateurs-soumis qui se contentent de mendier dans les ministères, les Sénateur-piégés, les Sénateur-mercenaires et les Sénateur-indépendants. Préval cherche par tous les moyens à propulser les Sénateurs-mercenaires. Pour le faire, il utilise ceux qui sont empiégés par leur casier judiciaire : trafic de drogue, corruption et crime. Ces derniers sont bien obligés de dégager la voie des Sénateurs-mercenaires ou de participer activement à l'expulsion des Sénateurs-indépendants. Comme contrepartie, ils sont autorisés à continuer tranquillement leurs activités, ce qui constitue l'une des causes de l'augmentation des cargaisons de drogue. Les Sénateur-mendiants eux ne cherchent pas de problèmes. Ils s'alignent suivant les consignes du Palais national. C'est la même chose à la chambre des députés.
Mais de toute façon, l'arroseur sera arrosé. L'objectif final est le parlement. Kelly Bastien n'y voit aucun problème pourvu qu'il soit casé comme la dernière fois : bourse d'étude, un job juteux en attend un retour au pouvoir. Le Sénat est en danger. Les jours de la democratie représentative sont comptés. Tout le monde sera obligé de prendre des vacances anticipées. Car la prévalocratie n'accepte pas de parlement. Tout doit se faire entre René Préval et ses partenaires étrangers.
La loi est une pour tous, les procédures aussi. On ne saurait accepter qu'un vote au parlement soit plus fort que le vote populaire. Aucun Sénateur ne doit pas avoir peur d'un ''vote de renvoi'' de la part d’une majorité folle et insensée. Le CEP doit être le seul juge en matière électorale. Ce n'est pas au Sénat de décider qui sera Sénateur ou pas. Tout le débat est centré sur la détention d'un passeport américain. Rudy Boulos dit le contraire et brandit un passeport haïtien avec un visa américain. Le Sénat doit fournir la preuve de ses allégations. Gabriel Fortuné doit cesser de pérorer. Avec ses lunettes de fin de mandat, il doit pouvoir prouver les faits avancés. D'ailleurs, avec son mentor Chef d'Etat, il a les moyens de sa politique.
On ne peut accepter qu’une majorité juge fonder une allégation pour que le mandat d’un parlementaire soit déclaré caduque ou non existant. Durant la campagne présidentielle de 2006 nous avions vécu une situation scandaleuse. La propagande déclarait Charles Henri Baker citoyen américain. Elle était tellement forte que le doute s’installait au sein de plusieurs membres du comité de campagne dans le Nord. Quand il a fallu prouver que la mère de Charlito fut une haïtienne d’origine dont les parents se trouvaient dans la commune de Pilate, miraculeusement, la page du cahier au greffe du Tribunal Civil du Cap-Haïtien était fraîchement arrachée. Un adversaire farouche a du infiltrer le greffe pour détruire le document. On a du recourir au registre de l’Archevêché pour trouver un extrait capable d’étayer la nationalité haïtienne de Charlito.
Le pouvoir exécutif produit à volonté des documents pour accuser ou disculper qui il veut. Donc dans tout conflit entre l’Exécutif et un citoyen dans un pays à tradition répressive comme Haïti le démocrate doit supporter le citoyen. Surtout, si l’Etat ne peut pas prouver ses accusations. Dans le cas de Boulos, ils sont obligés de recourir aux menaces de prises corps. Car un passeport américain étant la prérogative exclusive du gouvernement américain le gouvernement haïtien ne peut pas le produire. Sinon on aurait demandé au service de l’immigration de fabriquer un passeport pour condamner Rudy Boulos. C’est ce qui explique l’utilisation des bruits de Gabriel Fortuné et les menaces de Kelly Bastien et consorts.
Le Sénat doit prouver que Rudolph Boulos n’est pas un citoyen haïtien. Toute action en dehors de cette ligne est intimidation contre un élu du peuple dans l'exercice des ses fonctions, une menace pour la démocratie et la stabilité en Haïti, un retour au passé récent. Ce qui constitue l’opportunité d'un mouvement citoyen pour sauvegarder la démocratie naissante. Le président Préval et ses laquais étant contre le fonctionnement séparé des 3 pouvoirs d'Etat, sa présidence devient une menace pour la stabilité politique en Haïti. Ce qui ne justifie plus le consensus autour de ses 48% des voix obtenues à l'élection présidentielle de 2006.
Les attaques contre le parlement sont multiples. René Préval ne conçoit pas un parlement souverain avec des Sénateurs autonomes. Lors de l'interpellation du 1er Ministre Alexis, on pouvait voir sur le petit écran des partisans menacer les parlementaires. Ils scandaient ''Si Alexis ale n'ap mete dife''. Une preuve que le feu est encore dans leur esprit. Le gouvernement Préval/Alexis fait le contraire de ce qu'on attendait en Haïti : le renforcement des institutions démocratiques pour une modernisation irréversible du système politique. Nous sommes dans une situation de retour au passé récent. Lavalas sous toutes ses formes ne peut pas instaurer la démocratie représentative. Quant aux traites qui, parlementaire, contribuent à affaiblir le parlement nous disons : vous ne serez pas considérés par l'homme qui vous utilise. Car il connaît le vieux dicton : le traître trahira encore.
Alors que le Sénateur Kelly Bastien, après avoir érigé le parlement en tribunal populaire, ne voyant plus loin que son nez, se régale de sa victoire à la Pyrrhus, Rudolph H. Boulos a pris le large. Comme Aristide ne voyait pas le danger qui résulterait des fraudes électorales de l’année 2000, en envoyant illégalement le 1er Sénateur du Nord-Est, le Président René Préval s’est créé une opposition. Et nous le disons à qui veut l’entendre : Comme un Sous-marin, en haute mer, Rudy Boulos est redoutable. Ils avaient intérêt à le garder au port.
Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
26 Mars 2008
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