lundi 24 mars 2008

Mort de la 48e Législature



Jean Erich René
23 mars 08

Le mode de fonctionnement des Institutions politiques haïtiennes est symptomatique d'une crise de démocratie. De l'Exécutif en passant par le Législatif pour aboutir jusqu'aux Partis politiques la dictature s'écrit en lettres majuscules. Les discours politiques diffusés puent l'anarchie. La première caractéristique de la crise parlementaire actuelle c'est le décrochage institutionnel auquel on assiste avec tristesse. On ignore complètement la Constitution de 1987 et les lois de la République pour exécuter le plan de René Preval d'amender la Constitution en vue de passer le pouvoir au moment venu à son successeur. Tout ce bruit de casserole autour de la nationalité d'origine, en prenant comme cobayes Rudolph Boulos et Ultimo Compère, vise à troubler les esprits et tailler une écharpe présidentielle sur mesure.

Une telle initiative s'oppose à l'esprit des législateurs de 1987 qui voudraient doter Haïti d'Institutions démocratiques en prônant la séparation des 3 pouvoirs. Les manœuvres souterraines de René Préval en méprisant la légitimité du collectif par le biais de leurs représentants font de lui un Souverain captif. Lors de la dernière séance législative il était écourant de constater la platitude des débats. On sentait la présence de l'Exécutif par les interventions des parlementaires aguerris de Lespwa La séance était tout à fait personnalisée et les articles de la constitution bafoués. Jean Jacques Rousseau nous met en garde contre la désintégration des Institutions politiques en diagnostiquant comme conséquences : la décomposition de l'ordre social et le repli sociétal. Déjà il est pénible de constater le retrait immédiat de Victor Benoît qui hier encore soutenait le Sénateur de la Fusion. L'ex-Président du CEP Max Mathurin, comme Pilate, s'empresse de se laver les mains.

On ne joue pas avec le destin d'un Peuple. Le drame qui se déroule actuellement en Haïti n'a pas seulement pour théâtre le Palais Législatif, il va se poursuivre à travers nos Départements géographiques. René Préval, sans se rendre compte, par son entêtement de mule vient de mettre le feu à la poudrière. Dans la conjoncture actuelle ou la vie chère, la famine, l'insécurité, le kidnapping s'affirment, il est inconvenant de soulever le problème de la nationalité d'origine. Ce n'est pas une priorité de l'heure ! Est-ce une façon de détourner les esprits des vrais problèmes du pays ? Peut-être ! Entre-temps il se passe dans les couloirs du Palais National des scènes macabres que le Grand Public ignore.

Le Parlement haïtien est en train de subir l'hégémonie des préoccupations politiques mesquines de l'Exécutif. Le but de René Préval est d'affaiblir au possible la 48 e afin de la dompter et la porter à voter une nouvelle Constitution. D'où son obsession maladive à traquer les opposants éventuels à son projet de refonte. L'ordre formel a été donné au Commissaire du Gouvernement Me Claudy Gassant de procéder à l'arrestation du Sénateur Rudolph Boulos à sa sortie du Parlement. Cette fois-ci le pauvre Commissaire a hésité. Actuellement Gassant est en disgrâce pour avoir refusé d'obéir aux ordres de ses supérieurs hiérarchiques. Malgré tout, il a été forcé de rédiger un mandat d'arrestation qu'on devrait délivrer à Rudolf Boulos dans sa résidence à Pétion Ville.

Nous ne savons quelle mouche a piqué Boulos pour flairer le danger qui le guette après la séance. Contrairement à l'attente de ses bourreaux, il a laissé brusquement la salle d'audience pour se retirer en lieu sûr. Voilà comment il a semé ses poursuivants. Il pourrait même en résulter mort d'homme. Quand l'Exécutif manifeste la volonté de couper la tête du Législatif par la voix pénale et fait du Commissaire un simple exécutant, il n'existe aucune garantie de sécurité contre l'arbitraire du pouvoir qui perd ipso facto toute légitimité. Préval, pour décomposer l'Ordre établi, a opté pour l'efficacité du totalitarisme et l'arbitraire policier en déployant une audace sans précédent dans le dossier de la double nationalité. Face à cette débandade du pouvoir doit s'affirmer, sans coup férir, la solidarité des citoyens de l'intérieur comme de l'extérieur.

Actuellement le Laboratoire Politique de Lespwa est en train de concocter une Nouvelle Constitution aussi toxique pour la Nation que la ciguë. Pour obtenir la majorité à la Chambre Basse, les députés seront élus par commune. Cette nouvelle architecture politique aura pour but d'affaiblir le pouvoir des Parlementaires trop influents dans leurs circonscriptions respectives afin d'inaugurer le dirigisme constitutionnel. Si au point de vue de la comptabilité, l'arithmétique du nombre permettra au Gouvernement Préval/Alexis de faire le contrepoids afin d'infléchir en sa faveur les décisions du Parlement, une erreur de calcul a été commise. La nouvelle structure organisationnelle ne pourra pas supporter le poids de cette chimérique architecture politique. Non seulement il se posera un problème de rémunération d'un échafaudage aussi alourdissant mais ce nouveau design organisationnel sera une source permanente de brouilles avec les maires de nos communes. En management, il est définitivement admis que les structures formelles horizontales sont conflictuelles, compte tenu de leurs composantes discrétionnaires en situation temps/espace et de la diversité des jeux de rôle. La défenestration du Sénateur Rudolph Boulos, sous l'excitation d'un Pouvoir ambitieux et totalitaire, est un antécédent grave et périlleux qui annonce la mort de la 48e législature.

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