samedi 20 février 2021

#Haïti, tentative permanente de coup d’Etat ou la persistance des pratiques du RÉSEAU FOCCART.-

[ Car, le problème des acteurs politiques haïtiens, c’est l’absence de perspective historique. Ils agissent en fonction du “primum vivere”, sans considérer le temps long. ]

Pour mieux comprendre ce qui se passe actuellement en Haïti, il faut lire l’histoire du fameux “Réseau Foccart” en Afrique.

Jacques Foccart, un ancien agent français du Service d’action civique (SAC), a privatisé la diplomatie française en Afrique.


Ce que dit la France ouvertement, sa diplomatie officielle, n’a été qu’une apparence trompeuse. Sans valeur. Seul comptait ce que décidait le puissant homme d’affaires blanc, originaire des Antilles et proche des dirigeants  politiques de France.


Les coups d’État, les guérillas, les massacres, les millions de civils africains tués ont tous été financés et équipés par ce monsieur qui a manipulé la politique française en Afrique. Souvent au profit des intérêts privés. Une diplomatie dans la diplomatie, un État dans l'État. 


Le retour de Winter Etienne aux Gonaïves, cet agent agitateur très connu pour ses prouesses dans l’Artibonite, puis exfiltré, n’est pas un hasard. Ce n'est pas  une mince affaire. 


C’est connu! Le président Jovenel Moïse est en conflit ouvert avec de puissants hommes d’affaires proches de la France. Ces derniers sont capables de manipuler la diplomatie française en Haïti et surtout d’utiliser à des fins privées, les “assets” français en Haïti; c’est-à-dire tout le dispositif humain, équipement et réseau dont dispose le renseignement extérieur français dans ce pays.


J’ai vu et je connais encore beaucoup d’éléments dans le camp adverse. Ce sont des agitateurs et des professionnels de la déstabilisation, de la guérilla urbaine, d’opérations de sabotage et d’intimidation.


Parmi les ennemis du Président Jovenel, vous avez les Vorbe. Les connexions entre cette famille et la diplomatie française en Haïti sont connues. C’est d’ailleurs un cas général en Haïti. Par des postes de Consul Honoraire, la bourgeoisie haïtienne prend en otage la politique étrangère de plusieurs pays dits “amis d’Haïti”; une position stratégique pour désinformer les grandes capitales du monde, facilitant les choses pour certains membres de l’oligarchie, même lorsqu’ils sont fautifs.


Boulos est devenu l’un des ennemis jurés du Chef de l’État. Mais, avec les Vorbe, il a des liens familiaux. D’autres entreprises françaises qui ont vu leurs marges de bénéfice réduire suite à certaines décisions du président Jovenel agissent dans l’ombre. C’est le cas de certains importateurs de produits pétroliers qui répandent le mensonge sur le Chef de l’État. Ils sont aidés par des Services de Relations Publiques et des journalistes étrangers métamorphosés en agents d'influence; même quand ils prêchent - hypocritement - la neutralité journalistique dans le but de neutraliser leurs collègues haïtiens trop incompétents pour découvrir leur petit jeu.


Il se développe ainsi une complicité entre oligarchie, représentation diplomatique et presse étrangère. La solidarité entre expatriés l’oblige. Alors, on s’intoxique, on se fait l’écho de ce qui est dit dans les milieux bourgeois d’Haïti, les restaurants de Pétion-ville, dans des hôtels, sur la plage, etc.



Actions pratiques de déstabilisation 


Je ne peux pas dire si les actes de déstabilisation auxquels nous assistons en Haïti sont autorisés par la République française. Mais, je peux affirmer que certains membres de l’oligarchie utilisent les mêmes “assets” du renseignement français en vue de déstabiliser le gouvernement du Président Jovenel Moïse.


Le retour de Winter Etienne;

la reconstitution des groupes armés à Raboteau;

des gangs un peu partout dans l’Artibonite;

deux anciens officiers de l’armée d’Haiti, dans l’Artibonite ou dans la capitale haïtienne;

certains groupes armés dans la zone métropolitaine de Port-au-prince, surtout ceux de Martissant, dans la zone de Carrefour, des territoires habituellement occupés par des opérateurs généralement au service de la France;

sont autant d'éléments qui justifient notre conclusion. 


On peut ne pas connaître tous les secrets d’une opération clandestine. Mais, les hommes utilisés, les équipements et surtout le mode opératoire, peuvent aider à détecter la vérité. 


En 2004, ils avaient aussi utilisé des éléments de la police pour déstabiliser l’institution Policière. #Fantome509 est un nom nouveau, mais pas une stratégie nouvelle. Ils vont aussi essayer d’infiltrer le Palais National. De faire le maximum de destructions possibles en vue de forcer la main aux américains. 


Il y a aussi ces zones contrôlées par des groupes armés qui rappellent le Mouvement de Pernal. Ces faux mouvements de militaires démobilisés. Cette stratégie consistant à placer des groupes armés sur des artères stratégiques comme les grands axes routiers, au bord de mer, dans l’environnement de l’aéroport. Les commandos mobiles qui attaquent des postes de police ou des bureaux de l’État à l’Arcahaie, à Mirebalais et dans le Sud.


En tant que patriote, on ne peut pas accepter la répétition sans cesse de mouvements de déstabilisation de notre pays juste parce que certains membres de l’oligarchie refusent de considérer Haïti comme un État-Nation, mais plus comme une plantation, leur plantation...


Car, le problème des acteurs politiques haïtiens, c’est l’absence de perspective historique. Ils agissent en fonction du “primum vivere”, sans considérer le temps long. Notre histoire de peuple indigène! Cela les entraîne dans des acrobaties destructrices de notre pays, notre patrie. 


L’étranger s’associe à la bourgeoisie apatride et voleuse pour nous manipuler, en nous dressant les uns contre les autres. Et, plus j’étudie l’histoire des colonies, plus je suis conscient de cette manipulation constante visant à garder mon pays Haïti et mon peuple dans un chaos permanent.


Il ne faut pas sous-estimer l’histoire. Aujourd’hui, le monde n’est plus orienté vers des confrontations idéologiques de gauche ou de droite, mais plutôt des conflits entre civilisations, basés sur l’identité, sur le temps long. 

Emmanuel Macron, le Président français se voir comme défenseur de l’occident gréco-romaine;

Rajic Erdogan de Turquie, comme défenseur de la civilisation ottomane;

Vladimir Putin, comme défenseur de la Grande Russie de Pierre Legrand;

Donald Trump, se réclamant de Andrew Jackson, se voit comme leader des États-Blancs-Unis, un pays fondé par des planteurs blancs pour des blancs;

Le PCC (Parti Communiste Chinois) est plus un Parti pour la Civilisation Chinoise; les leaders chinois s’étant donnés comme mission de rétablir la suprématie de leur civilisation;

L’Angleterre abandonne l’Union européenne pour retourner à son ancienne vision d’Empire global de Commonwealth;


Alors, nous autres haïtiens devons aussi penser en temps long. Car, trop longtemps, nous avions utilisé des revendications conjoncturelles pour agir et détruire sans considérer le temps long. C’est ce que font ceux qui exécutent ce projet secret de mise en échec de la révolution de 1804. 


La majorité des intellectuels haïtiens semblent ignorer que les démons du colonialisme existent encore. Si les puissances européennes ont clamé leur ambition en Amérique du Sud et dans la Caraïbe, c’est grâce à la Doctrine de Monroe suivie de la Guerre des États-Unis contre l’Espagne. Deux siècles, c’est deux jours dans la vie d’une nation. Nous devons être vigilants. Pas de négativité, ni d’agressivité. Mais de l’intelligence !


Si vous croyez que c’est fini, rechercher dans un dictionnaire français le mot “Vertières”. On ne parle pas de la bataille de Vertières dans les manuels d’histoire français. Depuis la naissance de notre État, un président français a visité notre pays Haïti en 2010, soit 206 ans après, suite au tremblement de terre du 12 janvier 2010. Une visite obligée face à l’ambiance de tristesse au niveau international pour ce qui est arrivé en Haiti. D’ailleurs, vu qu’il y a plusieurs policiers, militaires, diplomates et coopérant français sous les décombres, on peut se demander s’il était venu pour les haïtiens ou pour les français victimes.


Personnellement, je regrette les manifestations qui ont été organisées le 1er janvier 2004, lors de la célébration du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti. Je me réjouis du fait qu’au Cap-Haitien nous n’avions pas profané le bicentenaire de la bataille de Vertières. Il n’y a pas eu non plus de manifestation, le premier janvier 2004. Mais, dans d’autres villes du pays, aux Gonaïves et dans la capitale haïtienne, il y a eu des manifestations. Cependant, soyons honnêtes de reconnaître que nous avons souhaité leur succès comme preuve de résistance.  Toutefois, nous devons avoir le courage de reconnaître que c’était une erreur grave. Je l’ai dit mainte fois à des amis et compagnons de lutte.


En ce temps laà, des leaders plus expérimentés avaient dit aux jeunes : c’est une bonne décision de transformer le bicentenaire de notre indépendance en période de combat, à l’instar de nos ancêtres il y a 200 ans. Mais cette fois, c’est pour une nouvelle révolution fondée sur un Nouveau Contrat Social. Mais, au lendemain du départ du président Aristide, le 29 février 2004, nous avons constaté que beaucoup d’entre eux nous mentaient. 


Les anciens colons ont utilisé le sale caractère d’Aristide et ses agissements d’apprenti dictateur comme moyen de provocation pour nous pousser à saboter la célébration du bicentenaire de notre indépendance, le tout couronné par le déploiement de soldats français que nous avions accueilli en libérateurs. 


Cela ne devrait pas se produire. Nous nous sommes laissés manipulés par ceux qui ont toujours voulu l’échec de notre révolution anti-esclavagiste, de notre indépendance comme première République noire indépendante.


Depuis lors, nous assistons à l’effacement de l’ épopée nationale. Toutes les fêtes nationales sont systématiquement profanées par des manifestations motivées par des litiges conjoncturels, ignorant leur dimension historique. C’est facile à reproduire! Car, il y aura toujours une nouvelle génération frustrée à soulever contre de nouveaux dirigeants. Surtout quand ces dirigeants sont de plus en plus incapables, incompétents ou impuissants. Donc, à la fin de ce siècle, aucun haïtien n’aura le souvenir d’une célébration nationale grandiose de la bataille de Vertières.


Et si Aristide était un élément provocateur, sélectionné à son insu, sur la base de ses dossiers cliniques, pour justement nous entraîner dans une situation de chaos permanent?


En 1990, Jean-Bertrand Aristide est arrivé au pouvoir à la faveur des français. On rapporte qu’un émetteur clandestin, placé dans l’enceinte de l’Ambassade de France l’avait déclaré vainqueur des élections du 16 décembre, avant même que l’on finisse de compter les bulletins. S’il n’y avait aucun doute qu’il allait remporter le scrutin, il faut prendre en compte la motivation française. 


Lors du coup d’État de 1991, Aristide, a été secouru par Monsieur Jean-Raphaël Dufour, l’Ambassadeur français en Haïti qui a risqué sa vie pour le récupérer des mains des militaires en colère. En 1994, son retour a été négocié à Paris; d’où le fameux “Accord de Paris”. Donc, la France a activement soutenu un prêtre défroqué, anarco-populiste, au détriment d’autres leaders plus rationnels et plus stables comme Me Gérard Gourgues, Leslie François Manigat, Professeur Victoire Benoit, Professeur Serge Gilles, etc.


Cet apprenti dictateur materné par la France a été à la base de l’humiliation lors de la célébration du bicentenaire de notre révolution. Étrangement, après 2004, la France et Jean-Bertrand Aristide qu’on croyait ennemis, donnent l'impression d’avoir trouvé un accord de non-agression. La Fanmi Lavalas n’exige plus la restitution de la “Dette de l’indépendance”, et la France n’agite plus les mauvais dossiers contre Jean-Bertrand Aristide dans les milieux diplomatiques.


De plus, tous ces agents, les intellectuels qui proposaient un Nouveau Contrat Social, les agitateurs, ceux qui nous ont manipulé en tant que jeunes, ont trahi leur promesse, une fois Jean-Bertrand Aristide renversé. Ils ont profité du pouvoir de façon éhontée. 



Ma cause!


C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de contrecarrer ces agissements insurrectionnels, surtout quand les gouvernants ne sont pas aussi abominables que Jean-Bertrand Aristide.


Cela doit cesser! Il faut mettre un terme à ce cycle infernal de chaos permanent visant à garder Haïti à sa place, et l’empêcher d’évoluer. Il est temps d'être un pays normal.


Ceux qui sont dans le camp d’en face, doivent échouer dans ce nouveau projet de coup d’État. Cet échec leur permettra de comprendre que 2004 n’a pas été uniquement une question d’actes violents de quelques militants frustrés, aigris, assoiffés de pouvoir; mais un mouvement de jeunes qui espéraient instaurer un Nouveau Contrat Social en Haïti. Il y avait aussi des intellectuels et surtout des jeunes intellectuels qui par leur réussite professionnelle prouvent qu’ils pouvaient contribuer grandement au développement de leur pays, si les leaders avaient tenu leur promesse.


Je le répète! Certes, les leaders nous ont trahi. Ils étaient plus motivés par des franchises douanières, des rentes, des privilèges… Mais, leur échec aujourd’hui représentera une forme de justice aux yeux de tous les déçus. Comme Napoléon à Waterloo ou Hitler dans la campagne de Russie, ils doivent échouer. Cela leur permettra de se réévaluer. Et en termes de perspective historique, leur échec aidera à stopper le cycle de l’instabilité en Haïti.


En attendant que la France mette de l’ordre dans sa politique envers Haïti, nous avons l’obligation historique de combattre les agissements de ces hommes d’affaires, ces politiciens, agitateurs, mercenaires, travailleurs de presse, qui habituellement agissent sous les ordres de ses services secrets. 



La bonne nouvelle !


 Aujourd’hui, la Police Nationale d’Haïti est mieux entraînée et mieux équipée qu’en 2003. Ce n’est pas la même situation d’une police sous-équipée, mal-entraînée, paralysée par des hommes de gangs indisciplinés placés en son sein et commandée par des officiers non-qualifiés. Après 13 années d'entraînement, de formation et de renforcement institutionnel par la Mission des Nations Unies,  #MINUSTAH, la Police haïtienne est capable de s’imposer sur dans son espace opérationnel. Et, grâce aux réseaux sociaux, nous sommes à l’heure de la guerre hybride. Ce qui signifie que la communication a une influence considérable sur la fin des évènements. Les médias traditionnels n'ont plus le monopole dont ils jouissaient. Et surtout, l’actuel Président Jovenel Moïse n’est pas un lâche, prêt à abandonner, ni à se faire humilier dans des négociations interminables et infructueuses.


Ainsi, toutes les conditions sont réunies pour leur flanquer une bonne leçon, une correction historique pour un nouveau départ!


Cyrus Sibert,

#LeReCit @reseaucitadelle

reseaucitadelle@yahoo.fr

6 février 2021

WhatsApp : + 509 3686 9669


Texte publié au soir du 6 février 2021 sous le titre : #Haiti- Tentative de Coup d’État : Des agents français remarqués dans les rangs des insurgés.- #LeReCit

https://reseaucitadelle.blogspot.com/2021/02/haiti-tentative-de-coup-detat-des.html

vendredi 19 février 2021

Le peuple haitien comprend mal la solidarité des USA et de l’ONU face à une justice dysfonctionnelle qui viole ses droits et l'emprisonne sans jugement.-

[ Que serait la situation aujourd'hui aux États-Unis si les juges nommés par le président Donald Trump avaient décidé d’adopter une position partisane et politicienne après les élections de novembre 2020? ]

 

Si la justice élève une nation, l’injustice ou l’absence de justice peut la détruire.


C’est malheureusement le constat central qu’on peut faire dans le dernier rapport du secrétaire général des Nations-Unies sur Haïti. C’est d’ailleurs un constat récurrent. Car, dans tous les rapports de l’ONU sur Haïti, les missionnaires décrivent la même situation :

“Les institutions de l’État de droit ont été mises à rude épreuve par les grèves répétées du personnel judiciaire, qui ont pesé sur le fonctionnement du système judiciaire et empêché la libération des prisonniers qui remplissaient les conditions voulues, alors que les prisons sont surpeuplées, avec un taux d’occupation alarmant de 315 %, l’un des plus élevés au monde.” ( Rapport du Secrétaire général, 11 Février 2021, Page 6 )

https://binuh.unmissions.org/sites/default/files/s_2021_133_-_sg_report_on_haiti_-_french.pdf


En 2008, des experts au sein de la MINUSTAH (mission des Nations Unies en Haïti), avaient même envisagé de faire venir des juges de pays francophones surtout d’Afrique pour aider à administrer la justice haïtienne. On avait soulevé ce point lors d’une discussion au Cap-Haitien organisée par une commission citoyenne dirigée par le professeur Michard Gaillard. 


Certes, la réaction a été le nationalisme des juges haïtiens qui s’étaient sentis scandalisés par une telle idée. “La justice est souveraine, elle ne peut pas être sous la tutelle d’aucune mission internationale” disaient-ils. Pourtant, ils n’ont rien fait pour changer la situation. Et, Dieu seul sait si elle n’est pas sous la coupe des trafiquants de drogue, des corrompus de la société civile, de la bourgeoisie, de l’État ou de certains éléments de la classe politique. 


Le scandale dans le dossier Dadou Jean-Bart accusé d’exploitation sexuelle des joueuses du football haïtien, condamné par la FIFA moins de 24 heures après qu’il a été innocenté par la justice haïtienne, est le plus médiatisé. Chaque jour cette justice libère des trafiquants de drogue, des pédophiles, des tueurs membres de gangs, des criminels pris en flagrant délit, la main dans le sac et surtout qui ont avoué avoir commis des crimes crapuleux. 


La majorité des criminels qui aujourd’hui tuent, procédant à des enlèvements, dans la capitale haïtienne, ont été arrêtés par la Police puis libérés par la justice haïtienne.


On peut conclure que le dysfonctionnement ou l’absence de justice est l’élément central de la descente aux enfers que nous constatons en Haïti. Et, on dirait que l’internationale le souhaite ainsi : Laissez la justice dysfonctionnelle alimenter le chaos en Haiti.


Qui peut le moins en veut plus!


Comme on peut le constater, les derniers événements politiques entourant la date du 7 février 2021 place le pouvoir judiciaire haïtien au cœur de l’actualité. Ces juges qui n’arrivent pas à faire fonctionner la justice haïtienne veulent diriger le Pouvoir Exécutif. Et cela, en violation de la Constitution en vigueur qui annule toute possibilité légale pour un Magistrat d’accéder directement à la Présidence de la République sans passer par des élections.


Paradoxalement, pour des raisons inavouées et inavouables, des membres de la Communauté ont été tentés de supporter une telle démarche illégale, inconstitutionnelle et anti-démocratique.


Alors on se demande, que serait la situation aujourd'hui aux États-Unis si les juges nommés par le président Donald Trump avaient décidé d’adopter une position partisane et politicienne après les élections de novembre 2020? On serait sans doute au milieu d’une deuxième guerre civile américaine. La neutralité des juges face à la crise politique a sauvé l’Unité des États-Unis en 2020. Sinon on aurait une guerre fratricide entre les États-Rouges (Red States) contre les États-Bleus (Blue States).

Pourtant, certaines voix aux États-Unis refusent à Haïti de jouir de cette même neutralité. Quelle est l'utilité d’un Juge de la Cour Suprême qui en violation de la Constitution accepte de mettre son nom sur la liste des personnes prêtes à remplacer le président en exercice, alors qu’il est clair qu’un tel scénario n’existe plus dans la Constitution en vigueur?


Le symbolisme Thémis de la justice est clair. Seuls des magistrats aux yeux bandés peuvent juger! Le président de la Cour de Cassation, Me René Sylvestre, leur avait pourtant conseillé de rester loin de la politique. Il avait même réclamé leur démission. 


Au lieu d’obtempérer, de se ressaisir, d’écouter la raison et leur sagesse de magistrat, ils ont continué dans leur manœuvre allant jusqu'à bloquer la prestation de serment des membres du Conseil Électoral Provisoire (CEP) pour empêcher l’organisation des élections, faire dérailler le processus démocratique, créer une vacance présidentielle qui leur permettra d’accéder à la présidence d'Haïti sans passer par des élections. Voici la vérité que des mains invisibles cherchent à occulter.


En réaction, le Président de la République Jovenel Moïse, en consultation avec le Président de la Cour de Cassation, le Juge Sylvestre, les a libérés de leur fonction de Magistrat pour leur permettre de mieux exercer leur droit de faire de la politique. Trois juges ont été sélectionnés sur une liste soumise par le Sénat de la République. Car, la Constitution prévoit que les juges de la Cour Suprême doivent-être choisis sur une liste de Magistrats de carrière soumise par le Sénat de la République.


Comme disait le Président américain Joe Biden, l’Amérique doit guider (lead) ce monde par la force de l’exemple. L’exemple d’une justice apolitique et d’organisation d'élections devrait servir à montrer la route à tous ces haïtiens qui cherchent à accéder au pouvoir en dehors des élections. Mais, malheureusement, les couloirs des grandes institutions de ce monde sont truffés de lobbyistes et d’agents d’influence qui arrivent aisément à désinformer. On se demande si les responsables de l’ONU ou de la diplomatie américaine prennent le temps de lire  les rapports sur la justice haïtienne?


Car, ce qui est important, c’est d’exiger que les autorités judiciaires fassent leur travail, que la justice fonctionne correctement afin de libérer les prisonniers qu’ils gardent en détention trop longtemps sans jugement, et qu’elle tranche sur les dossiers en souffrance parce qu'ils sont en attente de jugement — impossible — à cause des grèves, de la paresse ou de l'incapacité professionnelle des fonctionnaires du système.


Faut-il rappeler, le dysfonctionnement de la justice en Afghanistan fut à la base de la montée des tribunaux islamiques. En Haïti, certes nous sommes loin du scénario islamiste, mais on voit des tentations de “Tribunaux Populaires” appliquant une forme de justice pour calmer l’ardeur de la population. Cela prend déjà la forme de lynchage public, de règlements de compte, des assassinats, une justice privée qui se répand dangereusement.


Que faire!


Il est temps de considérer la justice haïtienne comme une source de déstabilisation de la région. Les différentes missions des Nations Unies se sont concentrées sur le renforcement de la police. Résultat, on assiste à une police capable, plus opérationnelle qu’avant. Pourquoi? Parce que pendant 13 ans la MINUSTAH a organisé des formations pour les policiers, par des agents de la UNPOL, la Police de l'ONU, supervisé le travail des commissariats, consulté les registres pour vérifier si les procédures sont respectées. Il y a eu des réunions avec des responsables de la Police. Des pressions ont été exercées quand il y a violation flagrante. Pendant ce temps, on n’a rien fait du côté de la justice et des partis politiques. Alors, que des rapports internationaux condamnent les policiers pour leurs violations des droits humains, on passe sous silence celles -- les violations — commises par des juges. Les détentions illégales, les violations du droit de propriété qui paralysent les investissements.


En 2008, lorsque des experts de la MINUSTAH envisageaient de faire venir des magistrats francophones pour superviser la justice, des avocats, des juges et des greffiers avaient brandi la souveraineté nationale. Pourtant, la souveraineté nationale interdisait aussi que des étrangers armés portent des armes sur le sol national. A ce moment-là, il y a avait 6,000 soldats étrangers sur le territoire sans compter les UNPOL et d’autres contractuels civils. Qui pis est, il n’ont rien fait pour corriger la situation et rendre leur justice fonctionnelle. Huit ans après la création formelle du CSPJ (Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire) au sein duquel les Barreaux, les organisations des droits humains et la société civile sont représentés, la justice est devenue encore plus dysfonctionnelle. 


Sur le plan sociologique et historique, ce secteur cristallise toute la mentalité néo-féodale, les préjugés, l’apartheid d’Haïti. Ces membres sont plus motivés par les privilèges et les rentes qui vont avec leur position. Ils ne changeront rien, ils ne feront rien pour moderniser le secteur. Ce n’est pas sans raison que les paysans et le citoyen lambda vous disent “avoka se volè” (les avocats sont des voleurs). Certes tous les avocats et tous les juges ne sont pas des voleurs. Mais, cette phrase est un constat qui traverse toute l’histoire d'Haïti. La justice haïtienne est anti ou a-démocratique, défenderesse du statu quo. D’où l'alternative “Justice des mornes” dans la mentalité des paysans à croyance.


Donc, c’est une erreur de croire qu’il pourra s’amender, se moderniser et/ou s’adapter sans pression venant de l’extérieur. On doit commencer par dénoncer et sanctionner les acteurs de la justice qui violent les droits humains. On ne peut pas faire de la Police ou du gouvernement des boucs émissaires en ignorant ces bourreaux, prédateurs de droits humains.


Cyrus Sibert,

#LeReCit @reseaucitadelle

reseaucitadelle@yahoo.fr

19 février 2021

WhatsApp : + 509 3686 9669

vendredi 12 février 2021

Nicolas Charles Manigat : 5 novembre 1930 – 8 février 2021.-


La ville du Cap-Haitien et l’Institut Universitaire des Sciences juridiques et du Développement régional (INUJED) sont en deuil de l’une de leurs personnalités les plus marquantes qu’ils aient connues, comme individu, professeur, avocat, dentiste, ministre, administrateur, et surtout, Doyen. Nicolas Charles Manigat fut la charnière de la lutte pour le renouveau national. Son intellect, enseignement, et dévouement viennent d’être rappelés. Personnage d’envergure hors-pair, nous ne pouvons que tenter d’imaginer, en quelques traits, l'image qui restera de lui dans notre mémoire.

Il mourut dans sa lutte de doter le Cap-Haitien d’un institut d’enseignement supérieur. Il a tenu tête à des demandes multiples, se battant corps, cœur et âme, et après une bataille longue de neuf décennies, le corps a cédé. 

Dans les années 30s, le Doyen fréquenta l'école des Frères de l'Instruction chrétienne, puis le Lycée National Philippe Guerrier. Sa jeunesse fut marquée par les moments forts de l’occupation américaine, suivie de la Deuxième Guerre mondiale. De ce fait, il fut traversé par les idéaux des grands courants tels que la négritude qui cristallisèrent ses élans révolutionnaires et nationalistes. Courageux, Doyen Manigat s’est battu contre les déviances du pouvoir politique haïtien au fil des années. 

Saisi de corps, Charlie connut le triste sort d’être ligoté, suspendu à l’inverse, malmené, et torpillé par les tontons macoutes, mais s’accrocha fermement à sa conviction que la barbarie politique peut s’imposer qu’éphémèrement par la force, et la raison ne doit jamais céder à l’humiliation, aux sévices, et à la force brute. Des séquelles qu’il en a souffertes, héroïquement, jusqu’à sa mort. L’exil fut inéluctable. Il regagna le Canada où il s’engagea dans l’enseignement des langues telles que le français et le latin. 

Entretemps en Haïti, le déclin institutionnel, politique, et économique s’intensifiait. Le combat pour la justice, le progrès socio-économique, et notamment, contre l’État féodal l’habita désormais. Après la chute des Duvalier, une troupe des expatriés regagna le pays avec la même ferveur de faire sauter les verrous de l’État archaïque dont la gestion entraînait inexorablement la paupérisation des masses. Dr. Manfred et M. Claude Moise sont des rares survivants de cette cohorte. Jérémie Rouchon, Luc Colas, Jacques Saint-Surin, Cary Hector, Rony Bony et le Doyen sont tous partis pour l’au-delà. La stratégie consistait à conduire une résistance révolutionnaire par l’éducation. Désormais le Cap dispose d’une batterie d’universitaires standards qui travaillent à relever le niveau académique de la région et revigorer la société civile capoise d’où émergea, à travers la dialectique, une lutte crédible contre les atrocités politiques qui marquèrent la vie nationale au début des années 2000.

Charlie brigua sans succès le Sénat au début des années 90s, période marquée par de grandes tendances démocratiques et de sentiments renouvelés du progrès social. Il continua la lutte pour la sensibilisation et la conscience démocratique dans l’enseignement. Les forces traditionnelles opposèrent une résistance brutale au sein de la faculté de Droit de l’Université d’État d’Haïti, entité qu’il tenta de révolutionner. Les angoisses, conflits d’intérêts, pratiques de corruption, hésitations et la peur de l’incognito, transformés en protestations dures, le poussèrent à abandonner ce projet – et d’où la genèse de l’INUJED. Là, l’ensemencement allait produire, grâce à ses efforts quotidiens, souvent au détriment du bien-être familial, un ensemble d’hommes de loi qui, aujourd’hui, foisonnent dans les cabinets, cours et tribunaux. Son enseignement et son combat pour l’intégrité devraient avoir un impact positif et immédiat sur la société dans l’hypothèse où les produits combattent pour la justice, l’état de droit, la défense de la veuve et de l’orphelin.  

Nous pleurons le départ d’un homme de haute stature tant dans la force de son caractère que celle de sa pensée, son franc-parler, son amitié franche et authentique, sa loyauté certaine, et ses conseils sûrs, forts et éclairés. Ce départ plonge dans le deuil sa famille, ses amis, et la communauté estudiantine élargie. Pourtant, stoïque, il ferait objection à ces larmes. On doit s’armer du courage ! 

C’est à sa propre perte, celui qui a eu la chance de côtoyer le Doyen ou de bénéficier de son enseignement, et n’a pas su en profiter. Source inépuisable d’inspirations, il est tout naturel pour ses élèves, devenus disciples, d’exprimer leur émerveillement et leur gratitude au Doyen.  

En la personne de Charles Manigat, le Cap a perdu un fils exceptionnel et dévoué, sa famille et ses proches un patriarche, et ses élèves un guide, une source intarissable de connaissances, des moments forts de la pensée universelle. Les guerres puniques, les guerres romano-carthaginoises, les vêtues grecques et romaines ; le courant libéral, marxiste et keynésien ; les classiques tels que Schumpeter, Hayek, Althusser, Sir Lewis, Max Weber, Hume ; les néoclassiques : Adams Smith, Walras, Ricardo ; le rôle de l’État ; la quête de la justice au niveau de l’évolution de la pensée ; le contexte, les forces en présence, les implications pour l’homme à travers les âges, sont parmi les grands axes de son enseignement. 

De culture classique, son savoir couvrait, précisément, le parcours de l’humanité en termes d’histoire des idées politiques et économiques. En lui, on avait l’humanité à portée de la main. Notre bibliothèque est partie. Sa curiosité porta sur différents errements de l’homme au fil des ans. Qui d’entre nous n’a pas été ébloui lors d’un voyage dans l’antiquité et de revisiter les guerres puniques, la mythologie grecque, ou de lire les notes érudites sur Machiavel, Karl Marx, Hobbs, Locke, Montesquieu, Rousseau ? Exultés, ses étudiants, avaient examiné tous les textes fondateurs assortis de ses notes magistrales produites avec netteté, précision, et passion. Ces cours étaient conçus de manière à forcer l’élève à dégager une conscience sociale – une vision de l’Homme.

Un jour, observant des travailleurs de la voirie, il s’exclama : « Quelle est notre philosophie de l’homme au point de demander à un être humain, non-équipé, de descendre dans les égouts pour évacuer les eaux usées ? » Sa clinique dentaire, tout comme celle du Dr Volmar, a été un vrai projet communautaire – un espace de réflexion.

Dans sa tête se trouvait un schéma de l’évolution de l’humanité. Cette schématisation savait se manifester, avec une aisance particulière, au travers de l’histoire des idées politiques et économiques, la pensée du droit, la philosophie, et les sciences du développement. Il imposa une lecture variée, engagée, équilibrée, intensive, rigoureuse, et surtout constructive. Jamais, il ne fut perturbé des plaintes des élèvent de ses exigences académiques. Nombreux furent ceux qui comprirent et visèrent l’excellence. Et une invitation du Doyen pour enseigner ou accorder un séminaire à l’INUJED constituait un réel sceau d’approbation intellectuelle.

Ce fut un grand Doyen et encore plus, un Capois fier ! En réalité, en silence, il a lancé un défi aux générations montantes. Peu d’hommes auront une marque indélébile sur cette ville et sa progéniture. L'on sait avec quel dévouement il poursuivit l'achèvement des travaux de construction de l’INUJED. Il étendit le curriculum et élargit les disciplines. Sa plus grande passion : la formation de citoyens capables et honnêtes, où sa réelle humanité s'exprimait avec autant de force que d'efficacité. Pour ses plans d'expansion, aucun effort n’est ménagé. 

Pour lui le grand vide dans le droit haïtien fut l’absence de la philosophie du droit et la carence de compétences en droit public. Il associa alors le droit et le développement communautaire, le renforcement des régions et des municipalités. 

En tête-à-tête, il traita tout le monde avec respect et haussa ses épaules face à l’absurdité. À l’affût de nouvelles théories, il déclina les idées reçues, revisita les anciennes conclusions, et les plaça en fonction des forces en présence et leurs implications pour l’homme. Par la force de la pensée, la modestie, la démarche cartésienne, il façonna le paysage académique et marqua la société de son empreinte. Ils sont nombreux ceux qui ont eu la chance d’aborder les sujets les plus variés avec cette éminente personnalité, et qui ont su trouver en lui un guide, un ami et un père. Soucieux autant de nos besoins intellectuels, que de notre réussite globale, il enseigna la modestie aussi bien par la force de sa vie exemplaire que les valeurs qu’il cherchait à inculquer. Aux étudiants exhibant des difficultés de langage, il les confia à Eva, sa femme, compagnon de lutte, qui en novembre dernier nous a quittés.

Après le bref départ d’Eva, nous étions, à tort, rassurés, par son stoïcisme et sa continuelle activité pour la construction d’un bâtiment pour l’INUJED. Ce soldat ne baissa jamais l’étendard jusqu’à ce que la mort le lui arrachât. Durant sa brève visite à l’hôpital, le vieux lion ne se soucia que de l’INUJED. Lorsque les signes de fatigue se présentèrent, il travailla davantage pour en sortir victorieux. 

Apôtre de la justice sociale et de l’équité, il défendit les idéaux qui lui parurent justes et féconds. Nous faisions confiance à son jugement, et étions rassurés par ses verdicts sur n’importe quel sujet. Il apaisait les angoisses et enseignait la prudence et la modération. Quand en 2001, le président haïtien convoqua ses ennemis du Cap-Haitien au palais national, il redouta l’étiquette « ennemi du pouvoir » : les appels rencontrèrent le silence. Lors de la réunion au palais avec les prétendus ennemis du pouvoir, un groupe de bandits venus du Cap se cacha derrière les rideaux. Coïncidence ou non, dans les jours qui suivirent le coup d’État raté de juillet 2001, les maisons de tous les participants à cette fameuse réunion au palais furent incendiées. Un fait reste certain, il était évident pour tous, que le Doyen a fait preuve de sa grande sagesse coutumière en déclinant l’invitation. 

Lutteur, travailleur inlassable, les besoins du changement l’emportèrent sur la nécessité du repos. Le combattant contre l’impossible, à l’assaut du changement par l’éducation, est maintenant au repos ! Ô Doyen, véritable souffle d'épopée, tes œuvres, à elles seules, ont leur éloquence. Tu as ensemencé. Inlassable, aujourd’hui, tu as réclamé ton repos. 

A son fils Ti Charles, son petit frère Claude, et à sa famille, à ses amis, nous apportons les sincères sympathies de tous ses élèves, anciens et nouveaux, amis proches pour qui il restera un exemple de probité intellectuelle, de courage, d'activité et de dévouement : son image et son enseignement de valeurs intellectuelles et humaines ne s'effaceront point. Adieu, Charlie ! Repose en Paix !

Isaac Marcelin