dimanche 16 janvier 2022

Haiti : "Accord 11 Septembre", "Accord El Rancho", l'obsession d'une démocratie sans élections ou la stratégie de blocage des revendications populaires de changement.-


Après six (6) mois de réflexion et de négociations, l'opposition radicale qui a préparé l'opinion à l'assassinat du Président Jovenel Moïse propose un Conseil de cinq (5) Présidents pour diriger Haïti. Quant à ceux qui ont fait main basse sur le pouvoir d'Etat à travers un gouvernement lié aux assassins du Chef de l'Etat, ils sont tellement désorientés qu'ils ont
décidé de s'offrir un week-end de retraite gouvernementale sur la plage, au bord de la mer en vue de réfléchir sur les décisions à adopter. Décidément, ces élites traditionnelles ne savent pas quoi faire avec le pays.

En ce début de janvier 2022, les Etats-Unis viennent de publier un “Travel Warning” demandant à leurs citoyens de ne pas voyager en Haïti à cause du COVID-19. Donc, en six (6) mois, Haïti est passé d’un gouvernement qui savait ce qu’il voulait, à un gouvernement qui ne sait pas ce qu’il doit faire. Aussi, notre pays est-il passé de “modèle à suivre” sur la scène internationale, en matière de gestion du COVID-19 sous le leadership du Président Jovenel Moïse, à un échec à éviter.

Certes, les supporters du pouvoir de facto nous diront, “mais la situation est plus apaisée ces jours-ci en Haïti". Alors, allons nous remettre le pouvoir politique partout dans le monde à des agitateurs, à des extrémistes violents, à des terroristes, pour qu’ils se calment, même quand ils ne savent pas quoi faire avec ?

Le Premier Ministre de facto Ariel Henry, accusé dans l’assassinat du président Jovenel, a passé tout le mois de décembre 2021 à organiser des cérémonies de “vœux de noël et de fin d’année” ; au début du mois de Janvier 2022, il est occupé à recevoir des Prix “Honneur et mérite” de la part des Unités de la Force Publique, politisant ainsi la sécurité rapprochée des représentants de l’Etat. Il s'amuse à organiser des événements qui justifient des décaissements. C'est tout !

Ce qui se passe aujourd’hui en Haïti rappelle ce qu’on a vécu en 1986 et en 2004. Une élite critique, subversive, appuyée par la France qui par ses couloirs diplomatiques paralyse la diplomatie Américaine, ce qui lui donne le temps d’assurer la survie du système néocolonial raciste, d'apartheid économique d’extraction des ressources et d’exclusion de la majorité nationale noire qu’elle a mis en place dans son propre pays face à son impossibilité d'y rétablir l'esclavage. Pour cela, cette élite utilise des monstruosités.

En 1986, après le départ de Jean-Claude Duvalier, alors que la République Dominicaine et tous les autres pays de l'Amérique latine s’activaient à démocratiser leur système présidentiel, la France a permis à cette élite francophile "répugnante" d’imposer à Haïti un système monstrueux, une fabrication hybride qui n’existe dans aucun livre de Science politique ni de Droit Constitutionnel, à savoir

- un Parlement tout puissant qu'on ne pas dissoudre,

- un Premier Ministre tout puissant, une Constitution dans laquelle ils ont introduit l’article 192 excluant une frange de la population du jeu politique,

- un Président Mineur et des parlementaires couverts par l'immunité qui deviennent les principaux acteurs du délit de trafic d’influence, de gabegie administrative, de chantage et de corruption.

En 2004, alors que les couches populaires, spécifiquement les jeunes, attendaient le "Nouveau Contrat Social" promis par ces élites politiques et de la société civile qui s'activaient à déstabiliser le président Jean-Bertrand Aristide, les classes dirigeantes ont préféré se battre pour des franchises douanières, des contrats sans appel d'offres, des pots de vin….

En 1986, le chef de file des oligarques était Madame Gladys Lauture qui imposait ses quatre volontés. A cette époque, les membres de cette oligarchie corrompue, rétrograde, épicurienne, hédoniste et nihiliste agissaient habilement pour détourner le mouvement populaire basé sur les revendications de “Justice, transparence et de participation”. Ils en ont profité pour défendre le système néo-colonial français en Haïti. De fait, le système néo-féodal monopoliste d’extraction est resté intact.

C’est toujours le même scénario. Une période de transition pour permettre à la clientèle néocoloniale de la France de se refaire une économie, d’assurer la continuité du système d’extraction des ressources économiques et financières mis en place depuis 1820, durant la présidence de Jean-Pierre Boyer.

A ceux qui croient que la méchanceté des colonialistes français contre Haïti est une histoire ancienne, nous rappelons que ce n’est qu’en 1983, le président François Mitterrand a décidé de ne plus recevoir l'argent odieux que devait verser Haïti comme dette de l'indépendance. C’est-à-dire, durant tout le 20ème siècle, jusqu’en 1986, nous avons dû payer pour l’absence des esclaves qui n'étaient pas dans les champs parce qu'ils avaient pris leur liberté le 1er Janvier 1804.

Aussi, disons-nous, le comportement récent du peuple haïtien suite à la montée du prix du carburant prouve que la violence et les destructions qu'ont connues Haïti autour de ce sujet étaient l’œuvre d'agitateurs de l’opposition politique radicale, monnayée par l’oligarchie corrompue qui tient le pays en otage ; cette même oligarchie qui aujourd’hui utilise la violence des gangs qu’elle a financés et armés, comme un argument justifiant leur refus d'organiser des élections générales en Haïti.

Mais, l’opinion publique internationale sait très bien que c’est faux. Car, on a pu organiser des élections en Irak, en Afghanistan, en Libye, au Liban, dans les Balkans, dans les zones de non-droit d'Amérique latine où des gangs défient l’Etat. D'ailleurs, la Mission de l'ONU MINUSTAH a organisé plusieurs élections en Haïti, malgré la présence des gangs. Il existe toute une expertise sur les stratégies à suivre en telles circonstances. Lisez le livre "Maîtriser la violence" du Général Loup Francart, Éd. Economica, 2002.



Ce que veulent les oligarques corrompus d'Haïti, c'est une démocratie sans vote populaire, une démocratie contrôlée, démassifiée, à l'instar des régimes autoritaires, anti-démocratiques et répressifs que les Etats-Unis maintiennent sous sanctions internationales ; une forme d'apartheid politique protégé par des gangs qui terrorisent la population et assassinent des élus récalcitrants. Tel est le projet politique que les oligarques d'Haïti qui étouffent le peuple, l'empêchant de vivre dans son pays, proposent à l'administration américaine du Président Joe Biden de cautionner.

Il est temps de mettre un terme à ce jeu cynique et macabre. Et, la solution est simple : Il suffit de mettre en place un régime de sanctions contre tous les acteurs de la vie sociale et politique en Haïti qui refusent de respecter le jeu démocratique.

Car, si la guerre des Etats-Unis contre l’Espagne a affranchi la Caraïbe et l'Amérique latine de l’influence des anciennes métropoles colonialistes européennes, en Haïti, la France profite du manque d'intérêt des Etats-Unis pour refaire surface et défendre son système néocolonial. Ses agents provocateurs et agitateurs manipulent les élites et imposent au pays une subversion permanente et continue en vue d'affaiblir l'Etat. A chaque fois que le peuple haïtien se crée une opportunité de changement, la France obtient des Etats-Unis un temps de répit appelé transition qui permet à ses hommes - souvent des haïtiens écervelés - de réparer les brèches.

La solution passe par la destruction totale du pilier du système d'extraction néocoloniale qu’est le monopole économique. Les patriotes progressistes doivent faire front commun contre cette cible dont la destruction provoquera l’effondrement du système qui détruit Haïti et ouvrira les portes à l'intégration des centaines de milliers d'haïtiens -- anglophones de USA/Canada, hispanophones et lusophones de l'Amérique latine -- de la diaspora qui rentreront en compétition directe avec cette oligarchie rétrograde et arriérée qui maintient notre pays dans la pauvreté et le sous-développement.

Comme le dit clairement Alvin Toffler à la page 294 de son livre "Les Nouveaux Pouvoirs” (Powershift) « Tout système exige une certaine adéquation entre la manière dont un peuple produit de la richesse et celle dont il se gouverne. Si le système politique est en trop forte discordance avec le système économique, l’un des deux finira par détruire l’autre.»

L'auteur démontre l’incompatibilité entre un système économique rétrograde et le système moderne qu’est la démocratie. En Haïti, l’international représenté par la Mission de l'ONU @BINUH_UN et le club pervers dénommé #CoreGroup prétend supporter un système démocratique sans changer l’économie monopoliste et néo-féodale basée sur la rente donc incapable de créer de la croissance ni le plein emploi.

C’est impossible !

« Si le système politique est en trop forte discordance avec le système économique, l’un des deux finira par détruire l’autre. » nous dit Alvin Toffler.

Donc, pas de nouveau système politique, sans un nouveau système économique. Pour passer de la dictature à la démocratie, il faut passer d’une économie monopoliste d’exclusion à une économie participative inclusive, de libre concurrence.

En ce sens, l’instabilité en Haïti est fondamentalement causée par la résistance du statu quo économique que l’international fait semblant d’ignorer au point de le protéger, tout en nous parlant de "démocratie en Haïti".

Détruisons le système de monopole ! Telle est la cible de la guerre totale pour le changement en Haïti. L'insécurité et les gangs ne sont que des épiphénomènes souvent instrumentalisés par les professionnels de la subversion et/ou par ceux qui cherchent à provoquer une transition longue en vue d'exercer le pouvoir sans passer par des élections libres et démocratiques.


 Cyrus Sibert,

#LeReCit @reseaucitadelle

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16 Janvier 2021

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