jeudi 22 mai 2008

La communauté internationale attend impatiemment l’installation d’un nouveau gouvernement en Haïti.

Le secrétaire général adjoint de l’OEA, Albert Ramdin

Le Secrétaire Général Adjoint de l’Organisation des Etats Américains, Albert Ramdin, est intervenu sur le dossier d’Haïti ce mardi à Washington.

Albert Ramdin a déclaré que la communauté internationale était à la recherche d’un partenaire devant diriger normalement le processus de gestion des aides destinées aux populations démunies du pays.

Albert Ramdin a dit par ailleurs attendre impatiemment l’installation d’un nouveau gouvernement dans le pays.

Le responsable de l’organisation régionale demande en ce sens aux acteurs d’agir vite en vue de la poursuite du programme d’aide de l’OEA en Haïti.

mardi 20 mai 2008


L’OEA encourage le président haïtien René Preval à désigner un nouveau Premier ministre.

Washington 22-05-08—Dans une interview accordée, cette semaine, à la Voix de l’Amérique, le secrétaire général adjoint de l’OEA, Albert Ramdin, a exhorté le parlement haïtien et le pouvoir exécutif à choisir un nouveau Premier ministre pour éviter la répétition des récentes émeutes à Port-au-Prince.

Selon Albert Ramdin, le choix d’un Premier ministre dans le plus bref délai est impératif pour sortir Haïti de l’impasse ou elle se trouve aujourd’hui.

« La communauté internationale a besoin d’un partenaire avec qui travailler, un partenaire qui a l’autorité nécessaire pour coordonner l’aide internationale et distribuer l’aide alimentaire », a-t-il conclu.

Le secrétaire général adjoint de l’OEA s’est, par ailleurs, réjoui de la ratification de la loi électorale par le parlement Haïti tout en admettant sa non-viabilité sans sa publication dans le journal « Le moniteur ».

« Sans un gouvernement légitime pour la publier il devient difficile de continuer avec le processus électoral », a-t-il admis. Il a toutefois appelé à la tenue des élections sénatoriales partielles aussi tôt que possible tout en soulignant que la communauté internationale suit la situation en Haïti avec beaucoup d’attention et de préoccupation.

JP Leroy
mercredi 21 mai 2008

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L’ambassadeur de France regrette le retard dans la formation d’un gouvernement


L’ambassadeur de France à Port-au-Prince, Christian Connan, reste perplexe devant la lenteur des autorités haïtiennes dans la mise en place d’un nouveau gouvernement. " Le chef de l’état avait donné l’assurance au ministre de la coopération qu’un premier ministre serait désigné dans le meilleur délai, ceci a été fait mais la chambre basse n’a pas ratifié le choix du président", rappelle t-il.

Le diplomate français est d’autant plus préoccupé que de nombreux projets de développement sont bloqués en raison de l’absence d’un gouvernement légitime.

Selon l’ambassadeur Connan plusieurs programmes importants faisant partie du plan quinquennal, Document Cadre de Partenariat signé en janvier 2008, sont bloqués. " Il est impossible de poursuivre l’exécution de ces projets importants parce que les ministres sont dans l’impossibilité de prendre certaines décisions lorsqu’ils sont astreints à liquider les affaires courantes", explique t-il.

Tout en faisant remarquer que l’enveloppe de la coopération française a été multipliée par deux au cours de cette année (12 à 24 millions d’euros), le diplomate français craint qu’on ne pourrait peut être pas augmenter cette enveloppe l’année prochaine. " L’année prochaine nous avions prévu 28 à 30 millions d’euros mais en raison de la situation on se demande si ce sera possible", argue t-il.

Christian Connan souhaite la formation d’un nouveau gouvernement dans le meilleur délai en vue de normaliser la situation.

En ce qui a trait aux critiques touts azimuts des anti-néolibéraux contre les bailleurs de fonds internationaux, le diplomate français invite les haïtiens à analyser et à redéfinir le cadre de coopération avec la communauté internationale..

Par ailleurs, l’ambassadeur de France assure que le gouvernement de Jacques Edouard Alexis avait réalisé de nombreux projets même si nombre d’entre eux ne sont pas encore visibles. " Elaborer des projets et construire des infrastructures nécessitent du temps, mais dans les prochains jours on verra beaucoup d’activités qui sont les résultats des efforts réalisés au cours de ces deux dernières années", explique t-il.


Les Etats-Unis sont préoccupés par la crise haïtienne

L’ambassadeur des Etats-Unis à Port-au-Prince, Janet Ann Sanderson, se déclare préoccupée par le retard dans la formation d’un nouveau gouvernement. " Il faut un gouvernement pour répondre aux besoins des haïtiens et nous attendons une décision dans un meilleur délai", dit-elle rappelant que la communauté internationale ne peut coopérer avec un gouvernement non légitime.

Tout en indiquant qu’il revient aux haïtiens de prendre des décisions politiques, Mme Sanderson rappelle que les Etats-Unis, en tant que voisin et ami, souhaite le développement d’Haïti.

La diplomate américaine a également annoncé une aide alimentaire de 20 millions de dollars en faveur d’Haïti touché par une crise alimentaire.

Elle explique que cette aide sera acheminée par le biais du Programme Alimentaire Mondial ( PAM) et d’autres réseaux de distribution présents en Haïti.

Cette annonce est intervenue alors qu’une délégation de 13 congresmen a effectué une visite de quelques heures dans la capitale haïtienne.

Les membres de la délégation présidée par Carolyn Kirckpatrick ont eu des entretiens avec le président René Préval et d’autres membres du gouvernement sur les efforts à entreprendre pour faire face à la crise alimentaire.

Mme Kirckpatrick révèle qu’une nouvelle législation votée récemment permettra de créer plus de 50 000 emplois dans le pays.

De son coté, Barbara Lee, membre de la délégation, soutient que les élus américains sont préoccupés par la situation haïtienne. " Nous évaluons la crise afin de savoir comment réagir ", dit-elle envisageant une stratégie à long terme incluant la relance de la production agricole nationale.

Les élus américains sont également préoccupés par le trafic de la drogue en Haïti. Ils rappellent que le congrès a récemment voté une enveloppe de 2,5 millions de dollars pour lutter contre le trafic de la drogue en Haïti.


Le Canada est préoccupé par les retards dans la formation d’un nouveau gouvernement

L’ambassadeur canadien à Port-au-Prince, Claude Boucher, affirme que le pays fait face à un moment de vérité dans le cadre du processus de reconstruction nationale. " Le vide est préoccupant au moment où le pays est confronté à une crise alimentaire ", dit-il espérant que les acteurs unissent leurs forces pour sortir de la situation.

Intervenant à la rubrique " Invité du jour" de radio Métropole, le diplomate canadien a fait remarquer que les récents événements constituent un obstacle à l’élan de reconstruction de ces deux dernières années. Il révèle que le ministère canadien des affaires étrangères était sur le point de changer l’avis de restriction pour les voyageurs vers Haïti quand les violences ont éclaté. " Ce n’est pas dans l’intérêt d’Haïti et nous souhaitons un retour à la stabilité", insiste t-il.

Le diplomate canadien ne veut pas s’immiscer dans les affaires haïtiennes mais soutient qu’on doit se demander avant chaque décision si elle vise la défense des intérêts de la population. " Les membres des institutions constitutionnelles doivent comprendre les responsabilités qui leur sont déléguées et doivent agir dans l’intérêt des haïtiens", dit-il précisant que les institutions doivent jouer leur rôle pour éviter l’intervention de la rue.

Claude Boucher plaide pour la formation d’un gouvernement dans le meilleur délai arguant que le vide entraîne de lourdes conséquences. " Un mois sans gouvernement est un hypothèque très lourd pour le pays", dit-il rappelant que la communauté internationale ne peut réaliser des projets avec un gouvernement démissionnaire. " Les délais sont scandaleux et on connaît les enjeux ", lance le diplomate canadien espérant un sursaut des acteurs politiques pour normaliser la situation.

Selon Claude Boucher la crise actuelle suscite des interrogations de la part des autorités canadiennes désireuses d’accompagner le pays sur la voie du progrès économique. " Il faut répondre à ces interrogations par des actions telles le vote de la loi électorale et la ratification du premier ministre", argue t-il. " Les responsabilités appartiennent aux haïtiens, le Canada est là pour accompagner, nous ne pouvons pas prendre de décision, on n’a pas de candidat a la primature", assure M. Boucher.
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Le Matin, édition du mardi 20 mai 2008

Haïti à nouveau dans le radar politique de Washington

Par Daly Valet

Washington D.C, Correspondance

Il est rare de rencontrer à Washington un spécialiste des questions haïtiennes impliqué, à un titre ou à un autre, dans le processus institutionnel gouvernemental de prise de décisions, à n'avoir pas fait l'expérience de ce qu'on appelle ici: "the Haïtian fatigue". Même les experts des agences internationales d'aide au développement semblent succomber à la contagion. A coté des questions de procédures organisationnelles, ils évoquent, à l'envi, la "fatigue des donneurs" pour expliquer les lenteurs bureaucratiques dans le traitement du "dossier Haïti" au sein de ces agences. D'où les longs délais dans le déblocage des fonds promis à Haïti et le déficit de continuité et de soutenabilité dans la politique américaine envers Haïti. Il faut reconnaitre que la volatilité de la réalité sociale du pays et l'incertitude persistante qui pèse sur les processus électoraux et politiques confortent nos partenaires internationaux dans leurs réticences à s'investir durablement dans la modernisation politique d'Haïti et son décollage économique. Tant que la transition démocratique haïtienne continue de se déployer sur le mode chaotique, une certaine normalisation institutionnelle – réelle ou de façade - demeure la priorité de la communauté internationale dans son agenda haïtien.

Cette normalisation semblait se consolider depuis les élections présidentielles et parlementaires de 2006. Ils y ont investi du temps, des troupes et des dollars. Même si, à l'investiture de l'actuel locataire du Palais National, les Etats-Unis se sont fait représenter par une délégation présidentielle intermédiaire composée de l'ex Gouverneur de Floride, Jeb Bush, de l'Ambassadrice Janet Ann Sanderson et de M. Rony François du Département de la Santé de l'États de Floride, Washington allait initier plus tard une série de dialogues de haut niveau avec Port-au-Prince. Le 9 mai 2007, le président George W. Bush avait, ainsi, reçu son homologue haïtien, René Préval, en audience privée à la Maison Blanche. Des lieux de pouvoirs aux couloirs des organisations internationales, tout Washington, à l'époque, résonnait de propos élogieux à l'endroit de Préval II, une version revue et corrigée qui paraissait contraster avec Préval I et qui semblait ne pas- ou plus- être l'ombre portée d'Aristide. En dépit de son copinage en début de mandat avec les radicaux gauchistes latino-américains et tout ce que les Etats-Unis comptent de bêtes noires dans le sous-continent, Mr Préval avait la faveur des politiques américains aux commandes. Elle ne fut pas naturelle. Encore moins automatique. Cette faveur s'est plutôt imposée par défaut au pragmatisme américain. Les décideurs ici voyaient en Préval un allié dans leurs politiques anti-narcotiques. Un allié dans la stabilisation politique et sociale d'Haïti après la chute d'Aristide. Un partenaire dans la mise en ordre des finances publiques haïtiennes après les gabegies aristidiennes sur fond de pratiques clientélaires. D'autant que l'ex-retraité de Marmelade a pour lui l'avantage de "n'être pas réputé corrompu". Un Mr Clean, quoi ! Vrai ou faux, il s’agit d'un atout politique non négligeable dans le Washington puritain et chrétien de George Walker Bush.

Durant leurs rencontres de printemps 2007, les deux hommes avaient discuté de renforcement des institutions démocratiques haïtiennes, et des préconditions à la stabilité économique. Printemps 2008. Le ton change. Les crispations à l’ancienne ont resurgi. Haïti a renoué avec la violence. Emeutes de la faim. Dysfonctionnement institutionnel. Vide gouvernemental. Incertitudes électorales. Le transparent Préval re-devient l’impénétrable. Ses desseins de Chef d'Etat? Un puzzle.

De quoi son demain et celui de son pays en dégénérescence seront-ils faits ? Tout est possible sur le moyen ou le long terme. Mais il y a aussi les urgences de l'immédiat. Le problème de la faim. Le remplacement de l'actuel gouvernent démissionnaire. Bien qu'ayant délibérément délégué la responsabilité du maintien de l'ordre en Haïti à des puissances régionales comme le Brésil, tout en réussissant à faire de la question haïtienne un enjeu subcontinental, les autorités américaines savent que les cargaisons de cocaïne latino-américaines ne sont pas destinées au marché latino-américain, et que les boat-people haïtiens n'ont pas le Brésil, le Chili ou l'Argentine dans leur itinéraire. En ce sens, Haïti demeure géopolitiquement un problème américain. Et certaines des responsabilité s américaines ne peuvent point se déléguer. Logique post-911 ou pas. Washington consulte et se met à l'écoute.

La visite de la délégation parlementaire haïtienne dans la capitale fédérale américaine la semaine dernière ne peut se comprendre que dans cette nouvelle dynamique qui replace Haïti dans le radar politique des décideurs américains. Les Sénateurs haïtiens Edmonde Supplice Beauzile, Rudolph Boulos, Evelyne B. Cheron se sont entretenus à la Maison Blanche le jeudi 15 mai dernier avec l'Assistant du président Bush pour l'Amérique latine, Mr Dan Fisk. Ils étaient accompagnés des députés locaux Américains Ronald Brise de Floride et Jean Jeudi du New Hampshire, de l'observateur électoral Gerald Goudain de Haïti Democracy Project, et de l'Ambassadrice Vicki J. Huddleston du Brookings Institution et ex-chargée d'Affaires américaine en Haïti de 1993 à 1994. Les échanges ont notamment porté sur la non-tenue des élections partielles pour le renouvellement du tiers du Sénat en dépit du financement international, et les risques de caducité qui pèsent sur le parlement haïtien. Au Congres américain, la délégation a rencontré John Conyers, Gregory Meeks, Corinne Brown et Sheila Jackson, tous membres du Black Caucus. Les parlementaires haïtiens ont fait valoir devant leurs homologues noirs américains la nécessite d'assister Haïti dans ses plans de lutte contre la faim et de relance de la production nationale. L'emphase a été mise sur le microcrédit aux petites marchandes et la distribution d'intrants agricoles aux agriculteurs de la paysannerie. La délégation a également eu des échanges avec des officiels de l'USAID, de la BID et de l'OEA. Les discussions se sont globalement articulées autour du nécessaire accompagnement du processus démocratique en Haïti par l'International, et de son engagement résolu et non équivoque dans la stabilisation économique et sociale de la République Caribéenne.

Ces échanges entre officiels haïtiens et américains ne sont pas nouveaux. Ce qui les rend importants dans la conjoncture de crise actuelle, c'est le sérieux avec lequel ils se sont engagés et la reconnaissance qu'Haïti semble renouer avec ses anciens démons. Sur le volet social, ces démons prennent la forme de turbulences alimentées par des conditions d'existence de plus en plus précaires. Au plan politique, ils ont pour noms instabilité gouvernementale, panne de leadership, défaillances institutionnelles. Si ces spectres hantent le sommeil de Washington, Port-au-Prince n'a aucune raison de continuer à dormir sur ses lauriers instables.

Daly Valet


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