Jean Erich René
30 mai 08
« Comme tous les groupements politiques qui l'ont précédé historiquement, l'Etat consiste en un rapport de DOMINATION de l'homme sur l'homme fondé sur le moyen de la violence légitime » affirme Max Weber. Il n'existe aucun Etat sans une force de coercition qui assure le respect des lois réglementant la vie en société. Toute faiblesse des dirigeants conduit irrémédiablement vers une crise sociétale. La dynamique interne et externe conditionne le niveau et l'intensité de la Force Publique pour maintenir la barque nationale à flot. Il n'est pas question de laisser toute une population à la merci d'un groupe de petits parvenus présomptueux profitant de la décomposition de l'Etat haïtien.
« Tout Etat est fondé sur la force » reconnaît Trotski. Si les citoyens pouvaient s'autogérer on n'aurait pas besoin d'un Président, d'un Premier ministre ni de la PNH. Par contre le laxisme du Chef d'Etat, l'absence d'un Gouvernement depuis le 12 avril 2008, la démission de la Police, le laisser-faire de la MINUSTAH expliquent principalement la recrudescence de l'insécurité dont le kidnapping des écoliers est la consécration ultime Il ne nous appartient pas de juger, mais notre conscience citoyenne nous oblige, sans rien espérer en retour, à braquer nos lampes sur certains coins d'ombre de la scène politique haïtienne.
En analysant la physionomie des civilisations du monde, l'Etat détient le monopole de la violence physique légitime. Si un groupe particulier s'impose par la violence c'est parce que l'Etat le tolère. « L'ETAT EST LA SOURCE UNIQUE DU DROIT A LA VIOLENCE. » (Max Weber : Le savant et le Politique p.125, Edition 10/18). Il y a toujours une lutte constante au niveau de tous les Gouvernements pour la distribution du pouvoir. De l'Etat primitif jusqu'à l'Etat moderne les collaborateurs du Prince, au niveau des postes-clés, sont toujours recrutés dans le cercle de ses amis intimes. Le choix d'un Premier ministre est d'abord politique. La désignation de Robert Manuel par René Préval est légitimée par son dévouement à son chef, son héroïsme et les qualités prodigieuses dont il le croit investi pour sortir le pays du pétrin. Soulignons que Robert Manuel a démobilisé l'Armée Rouge, grâce à l'aide de Guy Philippe, le filleul de Pierre Denizé son cousin qui partageait le même toit que lui à Pétion avec Alix Fils Aimé du DDR. Il faut bien positionner les acteurs pou comprendre comment la toile des événements est tissée.
Le pouvoir charismatique bâti sur la démagogie qu'exerçait le prophète a laissé une structure sociale vermoulue. Il faut rétablir l'autorité de l'Etat selon un statut légal exigeant l'obéissance de tous. Une telle
soumission nécessite la présence d'une force de coercition. Cette approche est privilégiée par la Communauté internationale, de plus en plus inquiète du fiasco de son intervention dans le dossier politique haïtien. Ainsi s'explique le retour de René Préval au Palais National en 2006. Contrairement à ce cliché de frère jumeau d'Aristide, le cordon ombilical s'est rompu. A l'insu du Grand Public se déroule actuellement entre les deux compères un bras de fer très dangereux pour la survie de la nation. Le conflit a éclaté à cause de la détermination de Jean Bertrand Aristide, pressuré de laisser le territoire de l'Afrique du Sud. Jacob Zuma le nouveau favori de l'ANC, le remplaçant de Mbequi, s'est soulevé contre les frais de séjour d'Aristide, au coût de 29 mille dollars par mois, puisés à même les fonds publics.
Le Président René Préval qui a vécu l'enfer, au cours de son Premier Mandat sous la pression d'Aristide et de ses sicaires, refuse de lui jeter un regard compatissant Ingratitude, s'écrient Aristide et ses partisans.
Mais rappelons que la mission secrète de Préval est d'en finir avec le régime totalitaire de Lavalas qui n'a laissé que ruine et désolation. Le principe du vaccin est donc mis à profit en inoculant au malade le même microbe dans son système afin de l'immuniser. Pour combattre l'agent pathogène Préval utilise son droit régalien en faisant appel à un homme d'une trempe d'acier. Mais la faim justifie-t-elle les moyens employés par le Président René Préval. L'insécurité est surtout économique, alimentaire. Le virus politique ne fait qu'exploiter cette porte d'entrée.
Il revient au Chef de l'Etat, mandaté par le Peuple, de choisir son Etat-major administratif compte tenu des priorités de l'heure. La sécurité publique, le faciès le plus important du pouvoir, légitime le choix de
Robert Manuel, l'homme capable de mettre hors d'état de nuire la horde lavalassienne téléguidée par Jean Bertrand Aristide. Cette décision a soulevé un tollé. L'accusation la plus caustique pour le Premier ministre
désigné concerne sa participation à l'assassinat du Colonel Jean Lamy. Est-ce vrai ?
En politique haïtienne le mensonge, la médisance sont des armes efficaces. La lecture du livre de Jean Florival : « La Face cachée de Papa DOC »(Mémoire d'Encrier) inspire le dégoût de la politique haïtienne. Nous sommes vraiment déçus d'apprendre comment Gérard Daumec a causé la fusillade des 19 officiers, pour une simple lutte d'influence auprès du Président. Jean Florival, témoin oculaire rapporte qu'avec une fausse lettre, bourrée d'arsenic, Daumec a pu convaincre Duvalier, déjà très suspicieux, du complot que tramaient certains officiers. Il a même préparé la scène du carnage de Fort Dimanche en dictant certaines consignes. La politique haïtienne fait souvent d'innocentes victimes. Il faut se garder d'avaler n'importe quelle pilule, saupoudrée de sucre, sans tenir compte de la crédibilité de l'ordonnance médicale et de la validité du diagnostic posé.
Nous ne sommes pas l'avocat du diable. Cependant il est malhonnête et immoral de se servir d'un prête-nom pour faire porter des crimes crapuleux concoctés dans un laboratoire politique connu. Guy Malary, Antoine Izmery, Jean Marie Vincent, Jean Lamy, Jean Dominique etc. sont tous victimes du même tueur en série. Sa signature est identifiable par n'importe quel fin limier. Le style est le même. A la fin de son premier mandat en 1999, René Préval était un homme déprimé, défait après la mort de son père d'une crise
cardiaque en apprenant l'arrestation de son protégé Ernest Bennett, la tentative d'assassinat de sa sœur Marie Claude Calvin Préval paralysée, la torture de son chien dont le cou fut coupé et le sang projeté sur les murs du Palais National, laissait lire en filigrane ce message stressant : Le prochain ce sera vous. Robert Manuel dont les nerfs sont à fleur de peau, rouge de colère disait à Préval : C'est fini ! Je vais à Tabarre
pour arrêter Aristide. Le Président René Préval a désisté. Peu de temps après Jean Lamy tombe au coin de la Ruelle Berne. On ne sait sur quels indices se basent le colonel Dany Toussaint, Jean Claude Nord et René Civil pour identifier, de manière précipitée et consensuelle, le criminel en arguant que Jean Lamy allait remplacer Robert Manuel. Bingo! C'était un coup monté pour effacer Robert Manuel de l'Organisation des élections et permettre à la Famille Lavalas de gagner la totalité des postes électifs.
(Voir ARCHER, Edouard : Au rythme trépidant des jours p. 512-513, Presses de l'Imprimeur II, 1998-2000.)
Par une ironie du sort, ce même Dany Toussaint qui avait accusé Robert Manuel fut inculpé à son tour arbitrairement de l'assassinat de Jean Dominique parce qu'au cours d'une émission Jean Dominique dénonçait la présence de Dany Toussaint devant le local de Radio Haïti Inter à Delmas. Dany Toussaint prenait les enfants du Bon dieu pour des Canards Sauvages. Je retournerai en exil avec ma femme et mes enfants, scandait-il sur Haïti Inter. Le tueur en série s'est servi de cet alibi. Il est étonnant de remarquer que tous les suspects retenus dans l'assassinat de Jean Dominique ont été tués soit par la foule devant le Tribunal, soit en prison. Au cours d'une autopsie le cadavre de l'un d'entre eux a même disparu. Crimes
parfaits ! A qui profitent-ils ? Remontons les filières pour mieux reconstituer le puzzle afin de comprendre le panorama politique peint par l'ange du démon pour nous donner le change et détourner notre attention.
En 1999 on préparait les élections et Robert Manuel était le Secrétaire d'Etat à la Sécurité Publique. Le Président René Préval souhaitait que Jean Dominique assurât sa succession. Ainsi fut créé le KOZE PEP dont Charles Suffra servait de Leader comme paravent. Les paysans de l'Artibonite criaient déjà le nom de Jean DO. Une telle percée énervait le prophète qui jetait l'anathème sur cette nouvelle dynamique qu'il
appelait le mulâtrisme populiste qu'il voudrait combattre à tout prix. Les cibles visés sont: Jean Dominique, Robert Manuel, Pierre Denizé. La boucle des Ti Rouge fut bouclée avec l'assassinat de Jean Dominique, l'accusation gratuite de Robert Manuel et son départ pour l'exil, l'insulte faite par un chimère en pleine Cathédrale de Port-au-Prince, en présence de Jean Bertrand Aristide, en lançant au visage de Pierre Denizé, Directeur Général de la Police, un morceau de papier avec lequel il vient juste d'essuyer son cul en baissant son pantalon mais qui par une ironie du sort tombait sur le visage de Mme Aristide. ((Voir ARCHER, Edouard : Au rythme trépidant des jours p. 514, Presses de l'Imprimeur II) Voir Sauveur Pierre Etienne: L'énigme Haïtienne, p. 315-316, Mémoire d'encrier)
Le Parlement ne doit pas tomber dans le piège de l'accusation arbitraire et injustifiée. Robert Manuel n'est pas un enfant de chœur certes, mais dans le cas de Jean Lamy il n'est que le dindon de la farce. Aucune décision judiciaire n'a été prise contre lui. En revanche, le président René Prévale menace de dissoudre le Parlement en agitant le dossier de la drogue dans lequel sont mouillés certains mandataires du Peuple parmi les opposants les plus bruyants. La DEA n'attend que son signal. Parlementaires Halte là ! Prochainement un Premier ministre sera imposé sans vous ni Préval.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire