vendredi 27 juin 2008

Cap-Haïtien : La police défère le pédophile Américain au Parquet.


Par Cyrus Sibert

Le lundi 16 juin 2008, il est 9hres30 du matin, le téléphone sonne. L’inspecteur Joseph Jean-Myrtil, No.2 de la Brigade de protection des mineurs (BPM) vient d’arriver. Il nous annonce sa présence dans la ville du Cap-Haïtien. De l’aéroport étant, il téléphone pour nous annoncer l’évènement : La BPM, encadrée de la MINUSTAH vient au Cap-Haïtien pour faire le dépôt de son rapport d’enquête sur la pédophilie au centre Pierre Toussaint pour les enfants de rues de Cap-Haïtien. L’enquête policière est convaincante. La BPM souhaite introduire le dossier par devant la justice en le déférant au Parquet : la BPM a assez d’éléments pour demander une enquête judiciaire sur les pratiques de Douglas Perlitz. Ce dernier est indexé par les enfants démunis pour les avoir abusé sexuellement.


Bonne nouvelle ! Car enfin, nous pouvons briser le silence négocié avec la BPM sur le dossier. Car en janvier 2008, lors de sa première visite au Cap-Haïtien, les policiers enquêteurs nous avaient demandé de ne rien écrire pour ne pas influencer l’enquête. Naturellement, nous avions coopéré. De plus, nous avions fourni les renseignements de base.

Bonne nouvelle ! Le prestige de notre investigation sur le Projet Pierre Toussaint est renforcé. Les informations publiées à partir de notre premier texte "Cap-Haiten, le Pédophile et son Centre d'Acceuil pour ''Enfants de rue'' .1, publié le 19 Aout2007, deviennent plus authentique.


Comme annoncé, un dossier de 12 pages a été remis ce 16 juin 2008 au Parquet du Tribunal civil du Cap-Haïtien. Le commissaire Chavanne Etienne a reçu le document des mains du No. 2 de la BPM et de Gilles Savard un policier Canadien spécialisé dans la protection des mineurs, membres de la UNPOL, la police des Nations Unies en Haïti.


Le parquet du Tribunal civil de Cap-Haïtien devra juger de l’opportunité de la poursuite. Normalement, le dossier doit être transféré au bureau du Doyen Alix Fucien qui formellement demandera au juge d’instruction pour enfants de mener une enquête judiciaire. L’enquête de la BPM étant préliminaire.


C’est sûr que le Commissaire Chavanne Etienne, en sa qualité de membre du parquet protecteur des enfants, le pire, des enfants vulnérables de rue, transfèrera le dossier au cabinet d’instruction.


D’après les déclarations du policier Canadien Gilles Savard, la BPM (Brigade de la Protection des Mineurs de la Police Nationale d’Haïti) a fait un travail professionnel. Les jeunes policiers haïtiens ont fait preuve d’intelligence et de professionnalisme dans le traitement des dossiers. Lors des déplacements à travers le pays – la MINUSTAH offre le service transport à la BPM – on n’a pas eu l’impression de transporter des vacanciers. Les policiers travaillent très tard dans la nuit. Ils arrivent à visiter tout le monde et bien faire leur interview dans un temps record et, si nécessaire, à retourner dans la zone pour approfondir leur enquête.


Le No. 2 de la BPM, l’inspecteur de police Joseph Jean Myrthil nous présente quelques points forts de son enquête :


Nous avons voyagé trois fois dans le Nord : Janvier, Mars et Juin 2008. Nous avons mis environ 5 mois pour questionner toutes les personnes concernées : les enfants victimes, les employés, des Sœurs catholiques qui connaissaient Douglas et l’avaient supporté à son arrivée au pays au début des années 90. Nous avons été à Milot pour interroger une jeune victime. Nous avons rencontré ses parents. Ils nous ont fourni beaucoup de renseignements. Nous avons réussi à mettre les enfants en confiance, à les faire sortir de leur peur. Ils m’appellent chaque jour, surtout la nuit. Nous étions au courant de tout. Et, le pire, même durant l’enquête Douglas continuait à abuser des enfants sexuellement. Nous avons aujourd’hui une infrastructure humaine capable de nous renseigner de tous ses faits et gestes. Nous avons réalisé des interviews avec des enfants isolés des autres, parce qu’ils sont actuellement en prison. Tous ont dénoncé les abus de Douglas Perlitz.


Enfin, l’Inspecteur Myrthil et le Canadien Savard regrettent l’inefficacité de l’IBERS (Institut Bien-être Social) qui normalement devrait suivre le fonctionnement des centres d’accueil pour enfants dans le Nord. Ils souhaitent que les citoyens se montrent vigilants à ce niveau pour que le dossier puisse poursuivre sa route. Car les pressions sont énormes. Douglas utilise beaucoup de moyens en ce sens. Il a en sa faveur notre tendance à banaliser les violences faites sur les enfants.


Selon nos informations, Douglas Perlitz ne fait plus partie de la Fondation Pierre Toussaint donc il ne dirige plus le projet en Haïti. Aujourd’hui, il n’est plus perçu en Haïti, car le conseil d’Administration du Projet (le board) décide de l’écarter du projet. Beaucoup de personnes qui l’ont soutenu aveuglement ont été expulsées de la Fondation qui se trouve aux Etats-Unis. C’est le cas de Father Paul, un ancien prêtre jésuite. Bryan, le Président a donné sa démission pour cause de maladie. Il ne peut pas supporter les pressions qui entourent ce dossier. Il n’arrive pas à sécher ses larmes. Au niveau local, le projet est administré provisoirement par Robenson, un cadre haïtien qui assistait Douglas.


Ce dernier n’entend pas abandonner le combat. Il continue de crier au complot. Il a engagé un cabinet d’avocats aux Etats-Unis pour exiger dédommagements de la Fondation Pierre Toussaint. Il exerce beaucoup de pression, appelle chaque jour certains enfants du Centre.


Son homme de main connu sous le nom de Jha Castel, employé fidèle et sans scrupule, est placé aux Iles Bahamas. Douglas lui a préparé un abri sur au cas où… Libéré de certaines préoccupations, cet homme fait le va et vient entre Cap-Haïtien et les Bahamas. Il est au service de son ami fidèle, le Pédophile.


Comme un feint manipulateur, Douglas organise une pression psychologique continue sur les enfants. Il leur fait des promesses accompagnées de menaces : le projet sera fermé ; Je compte revenir avec un autre projet ; j’en ai les contacts. Douglas cherche à soulever les enfants contre l’administration intérimaire. Il est sur tous les fronts.


Sur l’avenir du Projet Pierre Toussaint, nous saluons le niveau moral de la BPM qui a respecté les clauses négociées jusqu’au bout. Lors de la première visite des enquêteurs de la DCPJ (Direction de la Police Judiciaire) /BPM au Cap-Haïtien, au mois de janvier 2008, nous avions conditionné notre coopération en ces termes : vu que Douglas utilise la fermeture du projet pour faire pression sur les enfants, étant donné que les enfants de rue ont beaucoup de difficultés et que le projet représente pour eux un moyen de survie et une chance de réussite, considérant que nous leur avions promis de défendre l’existence du projet, nous devons respecter notre parole.


La BPM nous avait donné la garantie absolue que le projet sera protégé ; qu’il n’y aura pas de descente des lieux brutale ; qu’elle consultera les instances concernées pour une prise en charge du projet. S’il le faut, elle contactera la Fondation aux Etats-Unis pour leur demander de planifier une transition avant toute chose, si c’est nécessaire.


Ainsi, au mois de mai de l’année en cours, nous avions reçu la visite d’une commission d’enquête privée déléguée par le Conseil d’Administration de la Fondation américaine responsable du Projet Pierre Toussaint. Elle était composée de deux membres, une représentante de CRS (Catholique Relief Service) et d’un enquêteur d’une compagnie de sécurité. Il s’agissait d’aider le ‘‘Board’’ à avoir une autre version des faits, à rassurer les enfants de la continuité du projet.


Les enfants se sont sentis libérer. Ils en ont profité pour témoigner des mauvais traitements subis de la part ce Douglas qui les exploitait sexuellement.


Nous n’avons pas un rapport de l’enquête de la Commission, mais nos renseignements nous disent que les conclusions sont les mêmes. Pour preuve, la Fondation américaine responsable du Projet Pierre Toussaint est aujourd’hui au coté des enfants, donc, face à Douglas Perlitz et c’est à ce niveau que le citoyen haïtien de l’intérieur comme de la diaspora doit agir.


Notre engagement comme journaliste est fondé sur l’approche suivante : si rien ne marche en Haïti c’est la faute des citoyens. En six (6) ans nous avons fait l’expérience d’un journalisme engagé, citoyen et responsable. Sans ressources, nous avons mené des enquêtes, dénoncé plusieurs cas de violation des droits humains, de corruption et aujourd’hui nous travaillons sur le kidnapping au Cap-Haïtien.


Nos petites actions ont permis de démasquer la corruption au sein de la Direction Départementale Nord de l’Agriculture, les violences contre caroline Charles la femme d’un prisonnier qui a été agressée sexuellement par un agent de la prison du Cap-Haïtien, les agressions d’agents de l’Administration pénitentiaire en règlement de compte sur les habitants de Nan Bannan Lafossette, les harcèlements de hauts gradés de la PNH à l’encontre des femmes postulantes, l’emprisonnement injuste de trois (3) jeunes de Carénage dans l’enquête sur l’assassinant d’un policier français au Cap-Haïtien, sans oublier la défense de la population de Trou du Nord dans ses protestations sur la route Cap-Haïtien –Ouanaminthe, pour ne citer que ces cas.


Les enquêtes administratives menées ont toutes confirmé nos informations. Par exemples, dans le dossier Caroline Charles, un émail de Nahomie Jean Rilus, Accompagnatrice à Kay Fanm nous dit :


« Kay Fanm a le plaisir de vous informer que le dossier de Caroline Charles a été finalisé au niveau de l'inspection Générale à Port-au-Prince. Les conclusions de l'enquête au niveau de l'IGPNH ont reconnu coupables l’agent Stanley Jean Bart, ainsi que le nommé Wildolphe Philippe, le chez de poste. Ce dernier avait donné de fausses déclarations aux inspecteurs. Les deux ont donc été sanctionnés. Ils seront transférés tous deux dans un autre département. Le dossier doit être cependant cheminé au parquet du Cap pour les suites pénales. »


De plus, une source proche de la Direction Générale de la PNH nous révèle l’arrestation imminente d’un Haut Gradé pour harcèlement sexuel sur des femmes postulantes de la police. Notre article ‘‘Les rapports entre FEMMES POSTULANTES et HAUTS GRADÉS de la Police Nationale d’Haïti’’2 publié le 23 janvier 2007, a attiré l’attention des autorités policières sur certaines pratiques malsaines au sein de l’institution.


N’en déplaise à ceux qui n’aiment pas la PNH et/ou la MINUSTAH, ce sont les institutions les plus sensibles aux dénonciations de la presse. Il y a toujours un suivi quand nous dénonçons une mauvaise pratique au sein de la police ou de la MINUSTAH. Et nous appelons les citoyens à en profiter pour renforcer la PNH. Nous conseillons l’organisation de cellules, pour une INTELLIGENCE CITOYENNE en appui à la PNH. Car, la sécurité est, d’abord, une question citoyenne.


L’engagement citoyen, la recherche de la vérité et le souci d’informer peuvent forcer les autorités à agir et à faire preuve d’engagement pour le respect absolu des droits fondamentaux. Ce sont des armes et moyens redoutables capables de faire bouger les choses dans le sens du bien commun. Il suffit de rester accrocher aux principes et aux valeurs universellement reconnus ; il suffit d’être vigilant comme nos ancêtres. Et pour avoir observé de près les conséquences et les retombées de la manifestation pacifique de 17 novembre 2002 au Cap-Haïtien, nous y croyons.

Comme Pharaon exigeait le retour des juifs en captivité, Douglas cherche à maintenir nos enfants en esclavage sexuel. Comme les colons français avaient exigé indemnités pour les pertes encourues à cause du mouvement anti-esclavagiste, le Pédophile indexé par les enfants de rues dans trois (3) enquêtes exige réparations. Le Conseil d’Administration du projet Pierre Toussaint est aujourd’hui au coté des enfants. Il subit des pressions de toute sorte. Aux citoyens d’Haïti et de la diaspora de faire pression pour que justice soit faite aux enfants victimes du prédateur Douglas Perlitz.


La police Nationale d’Haïti (PNH), la MINUSTAH, le Conseil d’Administration du Projet Pierre Toussaint et votre serviteur Cyrus Sibert ont fait leur devoir. Le Ministère de la justice, l’Ambassade des Etats-Unis, l’IBERS, UNICEF et LE PROTECTEUR DU CITOYEN sont autant d’instances touchées par le dossier. Depuis le 16 juin 2008, la justice capoise est saisie de la question. Le rapport d’enquête policière est aux mains de Me Chavanne Etienne.

Citoyen, vigilance !

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
24 Juin 2008


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1. http://reseaucitadelle.blogspot.com/2008/06/cap-hatien-le-pdophile-et-son-centre.html
2. http://reseaucitadelle.blogspot.com/2008/06/les-rapports-entre-femmes-postulantes.html

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