vendredi 13 juin 2008

Haiti-Kidnapping : Pourquoi ignorer la vérité ? A qui profite ce crime ?

Par Cyrus Sibert

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En moins de trois jours, trois nouveaux cas de kidnapping ont été signalés au Cap-Haïtien. Il s’agit d’un greffier du Tribunal civil de la Grande Rivière du Nord mardi soir (sur la route de Milot zone Pont Blanc) et d’une jeune fille de 14 ans (du coté de Petite-Anse) et le Dr Harold Durand (à Morne Rouge) mercredi soir. Les bandits ont ainsi débordé le périmètre de contrôle de la PNH , vu qu’à l’intérieur de la Ville , les patrouilles fixes se multiplient. Les citoyens commençaient à reprendre confiance.

Selon nos sources, le kidnapping à travers le pays est facilement maîtrisable. Les personnes connues pour être des trafiquants de drogue sont pour beaucoup dans ce phénomène. Avec la baisse dans la circulation de la cocaïne, les trafiquants utilisent leurs infrastructures pour perpétrer d’autres actes allant dans la logique de la culture ‘‘obtenir de l’argent facilement’’. Chaque trafiquant en situation difficile a autour de lui des tueurs à gage, des prostituées et le matériel nécessaire pour se livrer à des actes de kidnapping. La personne de la victime remplace les kilos de cocaïne des temps anciens.

Tous les crimes commis au Cap-Haïtien peuvent être facilement retracés. Les capois connaissent les gangs. Dans des rues spéciales, des têtes de pont établissent leur base, draguent les filles, se livrent à la prostitution. Comme en Floride, chaque bande a son monde.

C’est connu de tous que ces jours-ci les choses sont difficiles pour les trafiquants. Ils n'arrivent pas à liquider des immeubles acquis pour des sommes faramineuses. Les chefs (Les BOSS) perdent leurs femmes. Ils n’arrivent plus à financer les sorties exorbitantes. Les maîtresses les plus fidèles ne circulent plus à bord de ces voitures de luxe. Elles apprennent à mener une vie modeste dans l’espoir que le bon vieux temps reviendra, dans l’espoir que le vent de la Colombie soufflera encore dans leur voile.

Malheureusement pour le citoyen honnête, ces BOSS en faillite ont leur ramification au niveau de l’Etat. Quand les jeunes policiers de la base veulent agir, ils sont retenus par des officiers supérieurs, anciens bénéficiaires de la période grasse. De plus, les BOSS avaient financé la campagne électorale de la majorité des élus au pouvoir.

C’est ce facteur que les dirigeants font semblant d’ignorer : Le BOSS a des charges. Ils souffrent. Ils avaient consenti un dernier débours dans l’espoir (LESPWA en créole) de nouvelles possibilités, mais jusqu’à présent les choses sont difficiles. Le gouvernement semble avoir créé un monopole sur le trafic illicite des stupéfiants. Car, si beaucoup de BOSS sont en difficulté, on ne peut pas parler de réduction du nombre de kilos de cocaïne qui transitent par Haïti.

On peut finalement comprendre la situation, il est plus facile de gagner de l’argent dans le kidnapping que dans les stupéfiants. Aux yeux du Boss-en-faillite, le gros problème avec les stupéfiants est la DEA , la police américaine. Ayant maîtrisé beaucoup de policiers de la PNH , étant propriétaire de moyens matériels dont des armes à feu et de vastes maisons dans des endroits reculés autour des grandes villes, disposant d’hommes de main et des prostituées expérimentés dans l’art de contourner le dispositif des policiers honnêtes, le BOSS qui aujourd’hui n’arrive pas à vendre des immeubles acquis contre des sommes exorbitants se livre au kidnapping.

C’est le témoignage des citoyens. Les BOSS constituent le gros des kidnappeurs.

Alors, c'est stupide quand la PNH installe des points de contrôle dans la ville donnant l’image d’un pays en guerre alors qu’elle devrait enquêter sur les BOSS, perquisitionner leur maison, contrôler l’identité des hommes de main, suivre le niveau de leurs dépenses, leur mouvement, leur communication, etc.

Nous apprenons que les kidnappeurs utilisent des produits de beauté pour changer la couleur de leur peau. Aux autorités de prendre note.

Qu'est ce qu'elles attendent pour renforcer la présence de la police dans les communes, les sections et les habitations qui avoisinent les grandes villes en vue de créant ainsi un cordon de sécurité ? Le dernier barrage, une fois franchi, les bandits n'ont rien à craindre. Les paysans désarmés sont bien obligés de coopérer.

A bon entendeur :

Ça finira par chauffer. Les citoyens sont aux abois : cela risque vraiment de chauffer.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti

14 juin 2008

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