samedi 13 septembre 2008

Analyse hebdomadaire du Doyen Gérard Etienne

LA REVOLUTION (TRANQUILLE) HAITIENNE (193)

RENE PREVAL, l’ANARCHISTE.

HAITI OBSERVATEUR. SEMAINE DU 10 sep.08.

Dr Gérard Etienne.

A la question de savoir s’il faut, pour le pays et pour l’étranger, SITUER un individu qui , sous prétexte de faire de la politique, ne donne aucune apparence logique aux actes qu’il pose et qui livre au peuple et à son entourage des idées sous forme brouillonne ou sous forme de formules lapidaires; à la question de savoir comment , diantre ,définir un individu en prenant comme base de cette définition des actions qui relèvent davantage de pulsions (ou de fantasmes)que d’une méthode rationnelle d’agir et de gouverner, la psycho sociologie met à notre disposition des instruments théoriques concernant « des personnalités » qui perdent le sens des pôles à chaque fois qu’elles sont confrontées à un problème social lequel, pour être résolu, demande de l’intelligence, de l’ordre et de la méthode .Retenons bien cette hypothèse :une personnalité agissant selon ses pulsions (de crime, de haine, de vengeance, de puissance) ne peut que produire la paralysie d’un régime ou mieux l’effondrement de l’État qu’elle est censée commander»De là une première thèse :les grandes mutations sociologiques qui ont produit des régimes politiquas se sont combinées avec des systèmes d’idées qui sont la résultante d’un travail intellectuel sinon individuel du moins collectif. Nous avons, à plusieurs reprises, souligné dans cette chronique l’impossibilité d’aboutir en Haïti à un régime politique ayant pour fondement une théorie d’évolution à la hauteur de la formation du peuple. Cette thèse soulève tout de suite une antithèse, à savoir qu’on aura beau relever au pays des travaux d’envergure en sciences politiques qui pourraient jouer un rôle sur le plan de l’évolutionnisme et du progressisme, on se heurtera toujours à un obstacle soit le comportement DU PLUS GRAND CHEF qui ne peut que susciter des crises sociales vu que toutes les mesures prises pour donner à un État quelques directives ne peuvent pas accommoder l’expérience collective à cause de l’anarchie. Il y aurait donc, à la base de la société haïtienne, un DESORDRE qui dériverait de l’absence d’une doctrine dont les premiers éléments seraient appris très tôt à l’école. Sinon comment expliquer l’exploitation d’un père par un fils, d’un soi-disant ami par un ancien camarade de classe qui au lieu de le protéger le jette entre les mains d’une mafia pour le dévorer. L’anarchie décelée chez le grand chef (en l’occurrence le sieur Préval) doit être posée comme un élément culturel, une façon de vivre ou d’amasser des sous, un mode d’évolution puisqu’une méthode rationnelle de comportement imposerait des normes à suivre qui iraient à l’encontre d’une praxis économique souterraine.

Donc Préval en procès pour anarchie? Les preuves ne manquent pas. La dernière au dossier : le bras de fer entre le président des latino-américains et le Parlement. Autant la chambre haute marche sur des tessons de bouteille fidèle au code de déontologie et aux normes constitutionnelles, autant Préval fait son Roi ne voulant rien savoir qui eût rappelé l’ordre constitutionnel à suivre pour bien gouverner. Après avoir choisi un CEP à son image et à sa ressemblance, le petit homme de Marmelade tient absolument à mettre le grappin sur le gouvernement. Intellectuels et penseurs de la diaspora auront beau disserté sur les ambitions démoniaques de l’homme et sur la manière d’assouvir sa haine en torturant ses adversaires, Préval a quand même mis la patte sur les ministères les plus importants. Cela veut dire qu’avec un PM qui fera ses quatre cent volontés l’homme vient de réaliser un grand coup, celui d’être le Maître absolu d’un exécutif dont il attend les fraudes et les mots d’ordre pour le balayage des circonscriptions aux élections de 2009.Alors qui est-il ce Préval? Un petit dictateur, un psychopathe, du type de JBA ? Un totalitaire, un fasciste qui veut imposer à Haïti un régime politique stalinien? A s’en tenir à un postulat de Raymond Aron pour lequel : « l’adoration des pouvoirs ou plus encore la prétention des pouvoirs à être adorés se retrouve à la source de toutes les tyrannies.» (R. A. Études politiques, p.78) le Préval synthétiserait tous ces personnages qui ont une relation causale avec les régimes politiques inhumains. Mais par-delà ces types qui poussent le machiavélisme jusqu’aux extrêmes limites au point d’affirmer : « (…la souveraineté du peuple est une formule qui, comme toutes les formulas politiques, dissimule une réalité tout autre : l’exercice de l’autorité par UNE MINORITE PRIVILEGIEE (nous soulignons) » convient-il de risquer pour l’individu une thérapie de comportement avec pour point de départ « ce désordre résultant d’une absence ou d’une carence d’autorité» La boucle est bouclée. René Préval est donc un anarchiste. Savoir « partisan de l’anarchisme : membre d’un parti se réclamant de cette doctrine (…) Personne qui rejette toute autorité, toute règle.» En effet depuis 1986 toutes les décisions politiques du mouvement dont Préval assume une partie du leadership ont toujours manifesté un refus inconditionnel d’obéir à une norme de conduite. Qu’on pense à l’incendie d’une Cathédrale vieille de deux siècles, à la destruction des postes militaires de l’Acul du Nord, de Matissant, de Carrefour, de Bel-Air, à l’incendie du super Market de Cléomin Jean Pierre (Cap-Haïtien)à l’incendie des bureaux et résidences des leaders d’opposition; qu’on pense également aux génocides des habitants de Raboteau, de la Scierie, au meurtre crapuleux de 2000 innocents et de 189 policiers par des chimères de Préval et l’on comprendra pourquoi nombre d’entre nous ont des hommes de pouvoir de ce pays une opinion qui révèle plus la frustration d’être né dans un pays où la logique ne conditionne pas les actes des gouvernants.

Dans les JUSTES de Camus, un personnage laisse tomber : « Même dans la destruction, il y un ordre, il y a des limites. » Il n’y a pas de limites, répondrait un René Préval en se frappant la poitrine. A mon commandement d’incendier la vieille Cathédrale de Port-au-Prince (200 ans) les esclaves obéissent et tous les intellectuels se préparent à faire savoir au peuple que je détiens la morale éclatante de Marx pour aller si loin dans l’anarchie. Oui il n’y a pas de limites renchérirait le danseur de polka. Et ses intellectuels, ses journalistes, ses bourgeois applaudiront.

Alors que faire pour libérer le pays des griffes des anarchistes. Il faudrait peut-être commencer par l’expérience historique de Marx, fonder des formations sociales et leur confier, dans la cité, des tâches bien définies. Ces formations peuvent bien s’aligner sur des méthodes ayant l’anarchie comme négation d’une part. D’autre part nous sommes arrivés à un moment de notre histoire où nous nous demandons si toute la société haïtienne, de la basse au sommet, ’n’est pas régie par des courants anarchiques. Car on peut se poser la question de savoir s’il existe dans ce pays des organisations qui soient de parfaits exemples dans l’art d’organiser selon des règles et des principes. Prenons conscience, une fois pour toutes, de cette plaie qui ronge notre société : l’ANARCHIE.

Dr Gérard Etienne.

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