mercredi 22 avril 2009

Haïti-Élection : La ville du Cap-Haïtien ne vaut plus rien.

Cyrus Sibert
Radio Souvenir FM, 106 :
souvenirfm@yahoo.fr
Le Ré.Cit :
http://www.reseaucitadelle.blogspot.com/

Cap-Haitien, le 22 Avril 2009

L’état des rues défoncées de la ville du Cap-Haïtien reflète malheureusement le niveau de conscience des citoyens. Ce dimanche 19 Avril 2009, les citoyens sont restés chez eux. Ceux qui s’attendaient à un vote massif pour contrer le candidat officiel ont du constater avec amertume, une ville indifférente On est loin de ces mobilisations du temps de Jean-Claude Duvalier, car au début des années 80, la ville entière s’était mise debout contre Claude Vixamar, Préfet/Secrétaire d’Etat et candidat officiel pour le renouvellement de la chambre des députés. Alexandre Lerouge était le candidat du peuple. En masse, le Cap avait défié le régime d’alors à travers les urnes. Ce fut d’ailleurs, le cas lors des élections municipales de 2006. Le Maire Lavalas actuel est élu avec 3,500 voix.

Le 19 Avril dernier, la multitude qui encourageait Moise Jean-Charles dans son rêve de devenir Sénateur et empochait ses millions, n’était pas, non plus, au rendez-vous. Si l’on considère cette foule qui l’avait accompagné au Bureau Electoral Départemental du Nord lors de son inscription, la déception ne peut être que grande dans le camp du candidat officiel.

Où sont passés ces gens qui, d’un ton agressif, criaient ‘‘Moise Senatè’’ ‘‘Moise ou Lanmo’’ ?

Cela fait penser aux hordes d’Aristide. Malgré leur promesse de défendre Lavalas au prix de leur vie, quelques combattants convaincus suffisaient pour les mettre en déroute.

La misère et la précarité transforment négativement notre peuple. Mentir, bluffer, trahir, voler, ramper sont devenus des vertus. Le double jeu est très répandu. Il traverse toutes les couches sociales. Car ceux qui se disent intellectuels, se contentent de critiquer pour mieux cacher leur incapacité, leur manque de courage et absence de solidarité. Ainsi, le peuple comprenant bien que les élites dirigeantes de la classe moyenne et de la bourgeoisie ne sont en fait que des affairistes, se conforme à la réalité. Car l’exemple des élites est concluant : Leur mobilisation n’est motivée que par des objectifs primaires comme conserver un poste honteux ou de se frayer un passage : une affaire de ventre et de bas ventre se cache derrière des clichés comme Macoute, Lavalas, Diaspora, citadins, paysans, etc.

Conséquence, les élections (si on peut les appeler ainsi) se jouent en milieu rural. Dans le milieu paysan, il est plus facile de trouver des militants honnêtes pour faire face aux défis. Car, en 2005 sur une population départementale de 168,574 la ville du Cap-Haitien comportait 96,395. Aujourd’hui avec 110,000 électeurs inscrits, la 2ème ville du pays dispose de la moitié de l’électorat départemental. Donc, il était possible de remporter les sénatoriales à partir de la ville du Cap-Haitien où, généralement, le climat est calme et serein lors des scrutins. Quel est le poids réel des organisations de femmes ? La ville du Cap-Haitien en comporte plusieurs dizaines.

Lavalas dans sa logique « qui perd, gagne » revendique la faible participation aux sénatoriales. Il lui faudra attendre d’autres élections partielles pour réussir une grève générale, car le 1er Avril dernier son mot d’ordre de grève n’a été qu’un poisson d’avril. Les citoyens avaient boudé le mot d’ordre du Parti Fanmi Lavalas qui comptait ainsi protester contre la tenue des sénatoriales du 19 Avril 2009.

On se souviendra de ces militants de ‘‘La Scierie’’ qui se sont faits massacrer au lieu de trahir leur conviction. Même quand on ignore ces jeunes qui ont payé de leur vie le prix de la Liberté ; même quand ceux qui les avaient encouragés à se battre, négocient autres choses au lieu d’exiger que justice leur soit rendue, l’histoire retiendra que Haïti, plaque tournante du trafic de la drogue où vit un peuple paupérisé, dirigé par des opportunistes immoraux et sans grandes convictions a connu des combattants courageux.

Les combattants sont devenus de plus en plus rares. C’est ce qui nous vaut notre situation de peuple sous protectorat international, méprisé par les états minuscules de la Caraïbe.


RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 22 Avril 2009, 14 heures 19.

1 commentaire:

  1. Je vis en Republique Dominicaine... Je suis du Cap.
    Je trouve assez insensé L'entete de votre Article.

    "Boycott de l'aeroroport de Port-au-Prince en passant par Saint Domingue."

    Il est temps de changer cette façon surannée de penser

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