lundi 8 juin 2009

Selon Nawoon Marcellus, Gérard Jean-Juste a été assassiné…


Par Cyrus Sibert
Radio Souvenir FM, 106.1 : souvenirfm@yahoo.fr
Le Ré.Cit. (Réseau Citadelle) : www.reseaucitadelle.blogspot.com

Cap-Haïtien, le 08 Juin 2009

Invité du journal local RTV (Radio Télé Vénus), dans le cadre des funérailles symboliques de Père Gérard Jean-Juste organisés le samedi 06 Juin 2009, Nawoon Marcellus l’ancien Député Lavalas de la Grande Rivière du Nord a affirmé que le Père Gérard Jean-Juste a été assassiné par les « forces anti-changement ». Le chef de file de l’aile radicale du parti de Jean Bertrand Aristide dans le Nord, a insisté sur le bien fondé de ses déclarations et dénoncé les agissements de ceux qu’ils appellent les « ennemis du peuple ».

Même quand Nawoon est connu pour un irresponsable producteur de déclarations émotives et méchantes, de telles affirmations suscitent des questionnements divers : Qui aurait assassiné le Père Gérard Jean-Juste, candidat à la présidence de Fanmi Lavalas à quelques mois des élections présidentielles de 2010? Comment Nawoon Marcellus a pu faire une telle déclaration sur un média de la presse locale ? S’agissait –il d’une déclaration irresponsable de plus ? Comptait-il juste semer le trouble dans le département en manipulant, comme d’habitude, les partisans du parti ou a t-il craché la vérité par inattention?

Ce n’est pas le premier prêtre, théologien de la libération, qui meurt apres s’etre proposé comme remplaçant d’Aristide. De plus, le Président à vie de Fanmi Lavalas réclame que son Parti ne cautionne plus ce qu’il appelle le « Coup d’Etat de 2004 » : Fanmi Lavalas doit attendre, les candidats aussi.

Si les allégations de Nawoon Marcellus sont correctes, Jean-Juste a –il connu le même sort que Roger Lafontant, Mireille Durocher Bertin ou d’autres duvaliéristes qui refusaient de comprendre que la partie était finie, qu’un nouvel agenda international était en application en Haïti ?

Comme nous l’avons signalé dans nos précédents textes, tôt dans la matinée du Le vendredi 6 janvier 2009, sachant que les résultats du Conseil Electoral Provisoire n’étaient pas en faveur du Parti d’Aristide, des forces de la communauté internationale accompagnées de la Police nationale d’Haïti avaient pris position devant le Bureau du Conseil Electoral Provisoire (CEP). Les membres du Conseil ont attendu toute une journée avant de rendre public le résultat. Dans l’après midi du même jour, soit quelques heures avant l’expulsion de Fanmi Lavalas, le Président René Préval rencontra Mme Hilary Clinton, Secrétaire d’Etat Américain des Affaires Etrangères, représentante du clan Clinton et des hommes d’affaires ayant des intérêts en Haïti au sein de l’Administration d’Obama. Rien n’est filtré de cette rencontre, l’information qu’on pouvait distiller pour le grand public fait état d’une demande de soutien budgétaire de la part de René Préval. Dans la soirée, du même jour, soit quelques heures après la visite du Chef de l’Etat haïtien au State Department, le Conseil Electoral Provisoire (CEP) publie la liste des candidats habilités à participer aux élections : Fanmi Lavalas est expulsé. On peut en déduire que ce jour là, Préval négociait l’avenir de Fanmi Lavalas et d’Aristide au State Department. Sachant que le Chef de l’Etat n’a jamais refusé un diktat des étrangers, il est clair que si Hilary Clinton s’était opposé à la décision du CEP, René Préval serait d’accord et ordonnerait aux Conseillers Electoraux de revoir leur travail.

Suite logique de la rencontre Préval/Clinton, quelques jours après, l’ancien Président Américain Bill Clinton, le Secrétaire général de l’ONU Bann Ki Moon et des hommes d’affaire américains visitent Haïti dans l’objectif de stimuler le développement économique. Le Secrétaire Général de l’ONU, l’ancien Président des Etats-Unis, le Président René Préval ont ainsi signé un protocole d’accord en ce sens. Bill Clinton en profite pour signifier aux incrédules que la partie est belle et bien finie qu’ils devaient oublier le passé et regarder l’avenir. Finalement, Bill Clinton est nommé Envoyé Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour Haïti…une possibilité d’agir directement sur les dossiers d’Haïti en qualité de diplomate influent de l’ONU. De plus, M. Kenneth H. Merten, un nouvel ambassadeur vient d’être nommé en Haïti. Dans la dépêche, on lit : « … le prochain ambassadeur des Etats-Unis à Port-au-Prince. M. Merten est actuellement l'assistant de la secrétaire d'état, Hilary Clinton », donc un élément en plus du puzzle Clinton, pas un diplomate ordinaire.

La partie semble belle et bien terminée. Le Président Préval semble avoir le feu vert pour nettoyer les écuries d’Augias. Il vient d’organiser les élections sans le Parti Fanmi Lavalas. Les Lavalassiens modérés seront casés et/ou classés dans les multiples commissions présidentielles. Ils y évolueront mains dans la main avec les anciens ennemis de la Convergence Démocratique. Les plus radicaux seront pourchassés, persécutés et/ou isolés.

La tache est ainsi répartie : Les Etats-Unis utiliseront la lutte contre la drogue pour poursuivre ceux qui représentent un danger pour le nouvel agenda international, car pour des leaders comme Guy Philippe et Jean-Bertrand Aristide il y a toujours un tribunal de Miami pour leur rappeler de leur passé. Le leader haïtien René Préval s’activera à continuer la pacification du terrain.

Conséquences, l’ancien commandant de rebelles qui avaient saboté Aristide en 2004 et Président du Front pour la Reconstruction Nationale (FRN) est dans la tourmente à Pestel, une localité située dans le Sud du d’Haïti. Les opérations contre sa personne sont en nette augmentation. Le Ministre de la Justice Jean-Joseph Exumé a confirmé l’existence d’un mandat d’arrêt contre Guy Philippe. La DEA, la police antidrogue des Etats-Unis a des accusations contre lui. Quant à l’ex-Président Jean-Bertrand Aristide, le Journal Miami Herald du 29 Avril 2009 fait état d’ouverture d’une enquête sur le leader de Fanmi Lavalas « soupçonné d’avoir perçu de l’argent issu du trafic illicite de stupéfiants ». Aussi, la presse américaine fait-elle état d’un procès contre deux hommes d’affaire américains pour corruption avec la compagnie haïtienne d’Etat de téléphonie, Téléco. On connait bien l’implication des Clinton dans la Téléphonie en Haïti et surtout l’appétit de Jean-Bertrand Aristide pour les revenus de la Téléco. Un scandale avait démasqué un responsable de campagne du candidat républicain Mc Cain pour sont implication dans la corruption avec la Téléco durant le mandat d’Aristide. Le leader de Fanmi Lavalas semble avoir trahi les Clinton au profit d’hommes influents de l’Administration Bush dans le cadre de sa stratégie Lobbyiste pour le contrôle du pouvoir en Haïti. Des dossiers contre lui, classés sur l’administration Bush, pour des raisons d’intérêts bipartisans, risquent de refaire surface. Car les Clinton font preuve d’une volonté de main mise totale sur Haïti.

Quant à l’objectif de pacification du terrain, aidé de la MINUSTAH, ce ne sera pas difficile pour le Chef de l’Etat. René Préval se connait en répression, il est d’ailleurs, un homme d’expérience. Ayant participé à la destruction politique, économique et sociale des Duvaliéristes et des militaires putschistes, il connait bien la méthode et en profitera pour châtier ceux qui ont osé se réjouir de son cancer de prostate. D’ailleurs ayant été Premier Ministre d’Aristide durant les trois (3) années du coup d’Etat (1991 -1994) il est lié aux engagements pris en 1994 par Aristide au Pentagone et à la Maison Blanche. En conséquence, il est le mieux placé pour livrer la marchandise et réformer Lavalas à partir d’une sorte de PERESTROIKA HAITIENNE. D’ailleurs, il a de son coté un mandat populaire et une légitimité internationalement reconnue.

C’est cette lecture qui motive les lavalassiens modérés. Des cadres du mouvement comme Yvon Neptune étant plus formés et plus intelligents, ont tenté sans succès de convaincre les membres du Parti Fanmi Lavalas à se prendre en charge.

Des extrémistes incrédules comme Nawoon Marcellus, René Civil et consorts, discrédités, sans idéologie et désespérément accrochés à leur leader déchu comme bequille politique, risquent de connaitre la Croix du Calvaire, s’ils ne sont pas déjà à Gethsémani.

Bref, si comme Nawoon Marcellus l’a annoncé, Le Père Gérard Jean-Juste a été assassiné, son cas doit être comparé à celui de Me Mireille Durocher Bertin (Elimination d’un élément gênant pour la suite d’un agenda) ou de celui de Père Jean Mary Vincent (Elimination d’un élément qui risque de récupérer la fraction populaire qui constitue la clientèle du mouvement Lavalas et d’enterrer le leadership d’Aristide). Rappelons que Jean-Bertrand Aristide a récemment demandé à ces partisans d’attendre le résultat de l’enquête du congrès américain sur les événements de 2004 et de ne pas prendre part aux élections. Le Père Gérard Jean-Juste était considéré comme candidat à la Présidence de Fanmi Lavalas pour 2010.

Jean-Juste pouvait-il bloquer l’agenda clintonien ou représentait-il un allié sur qui Bill pouvait compter comme directeur d’opinion au sein de la diaspora haïtienne ? Nawoon Marcellus semble avoir plus d’explications sur ce sujet.

P.S. : Nous invitons le lecteur de ce texte à lire l’Editorial de Berthony Dupont du Journal Haïti Liberté (vol. 2 N0. 42 / du 06 au 12 Mai 2009) titré « Aristide veut-il retourner en Haïti ? », pour mieux comprendre les contradictions et luttes intestines qui traversent la Famille Lavalas, les épreuves de forces entre le Leader à vie Jean-Bertrand Aristide, des cadres du parti et les groupes de militants appelés Base du Parti.

RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 08 Juin 2009, 16 heures 50.

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