La suite du texte ci-dessous se trouve à l'adresse: www.action-municipaliste.com/journal/a3.pdf NOEL D'ENFANTS AU CAP-HAITIEN DANS LES ANNEES 1940 par Gérard Bissainthe Je dédie ce texte à ma marraine Mathilde Lucas qui m'a beaucoup aimé et à la famille Davoust Gilles avec laquelle, j'ai vécu au Cap-Haïtien parmi les plus belles heures de mon enfance; en particulier à Thérèse et Mano Gilles qui nous ont quittés trop tôt. C'était une toute autre époque. Régnait dans le pays une sécurité individuelle quasi-parfaite. N'importe qui pouvait se promener à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, quasiment n'importe où dans le pays sans courir le risque d'être tué ou enlevé. Bien sûr, existait une insécurité que l'on peut appeler politique: les luttes chroniques pour le pouvoir local ou national donnaient lieu parfois à des affrontements qui pouvaient être sanglants. Mais c'était épisodique et les victimes se comptaient, en général, parmi les antagonistes eux-mêmes. L'homme de la rue, comme nous disons, le citoyen Lambda loin de vivre dans la peur circulait partout, saluant tout le monde respectueusement ou fraternellement, connus et inconnus, d'autant plus que tout le monde allait à pied, ce qui créait sinon un sentiment, au moins une impression d'égalité passagère dans notre société par ailleurs assez stratifiée. En tout cas pour les enfants c'était un monde heureux. Ils se promenaient partout, garçons et filles, sans aucune crainte, redoutant seulement, lorsqu'ils faisaient des bêtises (que nous appelions "dézod"), que les "gran-moun", peu importait leur milieu, qui tous les surveillaient, comme s'ils avaient reçu un mandat formel de leurs parents, leur administrent une bonne raclée au ceinturon, quand ils étaient pris en faute. La plupart du temps d'ailleurs, arrivés chez vous, vous receviez une seconde édition de cette raclée, car vos parents avaient été avertis, vous ne saviez trop comment, qu'à telle heure à la Fossette ou à la Petite Guinée ou ailleurs on vous avait surpris, par exemple, en train d'envoyer des pierres sur un manguier. Vous n'étiez pas un voyou pour autant, puisque tous les enfants, plutôt de sexe masculin en général, de tous les milieux, en faisaient autant. Sauf les handicapés, bien entendu. Pour ce monde des petits, enfants et adolescents, pour lesquels les barrières que se donnaient les grands, n'existaient pas ou peu au Cap-Haïtien, Noël était une fête unique.... |
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