Jamais président n'a été si froid, si passif et si lointain de la misère extrêmement atroce du peuple qu'il dirige. Les pauvres sont devenus plus pauvres, perdant ce qu'ils avaient de plus cher : leurs familles et leurs résidences. La classe moyenne a été, dans son ensemble, pulvérisée par le puissant tremblement de terre qui n'a pas pardonné même aux couches dominantes. Les Haïtiens n'en mouraient pas tous; mais tous étaient frappés, y compris ceux qui vivent à l'étranger.
Depuis le jour infâme du 12 Janvier 2010, les populations affectées sont littéralement livrées à elles-mêmes, dans des camps de fortune où leurs conditions de vie se détériorent de plus en plus. Au fond de leurs malheurs, plus de 70% des personnes sinistrées regardent impuissamment l'aide humanitaire passer sur leurs têtes sans pouvoir en bénéficier. N’était- ce pas la présence d'esprit des coopérants de l'ALBA, la situation des sinistrés de Carrefour, de Léogane et de Jacmel serait encore pis. La marée humaine des victimes, condamné es à passer le jour sous le soleil et à dormir à la belle étoile, n'a même pas eu le bonheur de recevoir la visite du Président de la République ou celle du Premier Ministre. Jamais le président n'a jugé bon d'adresser un message solennel à la nation face à la plus grande catastrophe qui ait jamais frappé le pays.
Ce n'est que le 8 Février, 26 jours après le séisme qui a directement affecté un tiers de la population générale que Mr René Préval s'est adressé, dans une bande magnétique, à la nation. La veille de son voyage en Equateur où les leaders de l'Amérique du Sud s'étaient donné rendez-vous pour examiner leur coopération avec Haïti, le chef de l'Etat a délivré un discours froid comme le marbre à la nation.
Pendant sept (7) minutes, il a parlé pour ne rien dire sinon pour renouveler ses condoléances aux familles éplorées et adresser ses remerciements à des personnalités pour les bonnes œuvres qu'elles avaient accomplies en ces circonstances exceptionnellement tragiques.
Lui, sa femme, ses conseillers et les flatteurs qui rôdent autour d'eux, nul n'a compris qu'il aurait fallu mettre l'emphase sur l'esprit de fraternité et de solidarité entre les Haïtiens qui ont remué les décombres avec leurs ongles pour secourir leurs compatriotes. Mr Préval n'a pas compris non plus que cet esprit de solidarité n'a jamais délaissé les personnes âgées, les enfants, les estropiés et ceux qui sont trop faibles pour affronter le désordre et le chaos caractérisant la distribution de l'aide humanitaire dans plusieurs points de la capitale. Et quoi dire de Léogane, de Grand-Goâve, de Petit-Goâve, de Jacmel et autres endroits affectés? Il faut le comprendre : Mr Préval est un président lointain qui a ressenti plutôt le besoin de remercier son entourage immédiat.
C'était un discours désuet qui n'apportait aucune réponse aux préoccupations urgentes du peuple qui a établi domicile dans les rues depuis environs un mois. On a le droit de savoir s'il y a quelque part un plan élaboré et méthodique pour loger près de 2 millions de sans-abris avec un minimum de décence. Le président n'a annoncé aucun programme, aucune mesure relative à l'emploi, à la reprise des classes ou à la normalisation de la situation dans le pays. En un mot, Mr René Préval qui a exhorté la nation au calme n'a rien dit ou fait pour calmer les esprits. Au contraire, son incapacité de s'élever à la hauteur des défis de l'heure aura pour conséquence directe et immédiate d'augmenter le niveau de frustration de la population qui doit confronter bientôt la saison des pluies.
La vérité est que cela va mal avec Préval. La communauté internationale et les couches dominantes le savent. Les masses le savent aussi. Les décideurs internationaux ne seront jamais les premiers à lever le petit doigt pour corriger cet état de situation. Les couches dominantes et leurs alliés étrangers adorent les solutions de pacotille qui masquent très mal la réalité. Seules les masses rurales et urbaines ont l'autorité, le pouvoir, les ressources et l'immunité nécessaires pour renverser le désordre organisé et créer des conditions favorables à la Révolution culturelle et politique, la seule solution pour Haïti.
Harry E. Jean-Philippe
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