vendredi 21 mai 2010

Lettre ouverte aux leaders politiques de notre pays.

Chers collègues et amis,

Le Parti « Action Démocratique pour Bâtir Haïti (ADEBHA) a l'honneur de vous saluer patriotiquement et éprouve un immense plaisir de s'entretenir avec vous au sujet de notre chère Haïti.

Les circonstances néfastes de la catastrophe du 12 janvier 2010 devraient être une occasion pour notre pays de rompre avec les vieilles pratiques politiques du passé. Même s'« il n'est jamais facile pour une société d'accepter de modifier ses habitudes, de réviser ses références. »

C'est une nécessité historique de nous regrouper, à partir d'un projet politique rénovateur, pour reconquérir la confiance populaire. Notre lutte doit aller au-delà de nos mesquineries lesquelles ont façonné toute notre existence de peuple et nous empêchent, à chaque tournant de l'Histoire, de cerner les problèmes d'une nation en citoyen responsable.

Devant la faillite des institutions démocratiques établies par la constitution de 1987, le plus important aujourd'hui consiste à recréer les conditions du rassemblement des forces sociales du pays pour décider démocratiquement et valablement de la destinée de la patrie commune.

Si le soutien du peuple nous fait aujourd'hui défaut dans la lutte combien nécessaire pour la construction d'une nouvelle Haïti, nous ne saurions ignorer les réalités, ni nous montrer têtus malgré l'évidence des faits. L'obstacle sur lequel nous butons est bien connu : Le peuple est fatigué de nos incohérences, de notre individualisme à outrance, bref de notre façon jugée malsaine de faire de la politique.

Depuis 1994, la façon délétère de gérer le pays, nous place sous une tutelle étrangère qui se renforce chaque jour davantage avec le règne des Conzés. Quel projet a notre opposition pour permettre au pays de recouvrer sa souveraineté politique et économique ?

Nous n'allons pas inventer ce projet, il est inscrit noir sur blanc dans les grandes réformes prônées par notre charte fondamentale :

1- Réforme au niveau de l'appareil étatique ;

2- Réforme du Droit de la Famille ;

3- La décentralisation ;

4- Réforme agraire ;

5- Réforme de la Justice ;

6- Démocratisation des structures étatiques ;

7- Réforme au niveau des finances publiques ;

8- Réforme de l'Université ;

9- Réforme économique ;

10- Rénovation de l'enseignement et rationalisation de la langue créole ;

11- Réforme dans la façon d'organiser des élections.

Aucun des gouvernements qui se sont succédé à la tête de l'Etat n'ont eu la volonté politique nécessaire pour entreprendre ces réformes lesquelles ont pour but de garantir les droits fondamentaux des citoyens.

Aujourd'hui, l'opposition à laquelle nous faisons partie a le devoir, par le biais d'un vaste programme d'éducation citoyenne, de convaincre le peuple à marcher dans la logique constitutionnelle.

Le débat aujourd'hui doit porter sur le besoin sans cesse accru de valoriser l'Haïtien par le travail pour le rendre apte à servir dignement sa patrie. Un projet politique qui n'en tient pas compte est à la fois inhumain et inconstitutionnel.

Sans chercher à user d'artifices, ADEBHA invite les forces sociales et politiques du pays à se regrouper dans un vaste mouvement de réprobation nationale pour trouver une solution à tous les maux qui n'ont cessé, depuis notre indépendance, de ronger la République. Nous devons nous refuser à sacrifier au jeu l'avenir de notre jeunesse frustrée, désespérée et soumise en conséquence à toutes formes de séductions attentatoires à son épanouissement.

Pour bien s'acquitter de sa tâche, ce regroupement devrait pouvoir agir dans un cadre formel d'organisation.

Pour montrer qu'effectivement, nous avons renoncé aux vieilles habitudes du passé, ADEBHA souhaite la désignation par tous les partis politiques d'un Chef d'opposition chargé des actes officiels et des prises de parole au nom du Regroupement.

Toutefois, il est souhaitable que le Chef de l'opposition soit interdit de se porter candidat à une quelconque fonction élective pendant le temps qu'il occupe ce poste.

En revanche, si l'opposition vient à remporter la victoire aux prochaines élections présidentielles ou législatives, son Chef sera l'aspirant privilégié à la fonction de Chef de gouvernement. Ainsi finira la comédie de plus de deux siècles du pouvoir rétrograde dans ce pays.

Patriotiquement vôtre.

Mercredi 19 mai 2010

René Julien, Juriste et Homme Politique

Président de l'ADEBHA

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