Thèmes de l'Emission de la semaineOrlando le 28 mai, 2010Actualités Politiques : Grandes LignesBonsoir chers auditeurs. Vous écoutez sur les ondes de Radio Classique Inter, l'émission Actualités Politiques, Grandes lignes, animée par Robert Bénodin.
Nous avons avec nous, sur les ondes de Radio Classique inter, Le Dr. Georges Michel, opinant sur la présentation du PSSN à New York, le 16 mai 2010.
Georges Michel, nous vous souhaitons la bienvenue sur les ondes de Radio Classique Inter.
1-0000000 RB : Vous avez participé à la présentation du Plan Stratégique de Sauvetage National à New York. Pouvez-vous nous donner une définition du PSSN ?
GM : C'est un Plan Stratégique de Sauvetage National cohérent qui prépare une sortie de crise, adressant l'ensemble des problèmes du pays, la faim l'analphabétisme, l'énergie, l'infrastructure, la santé, l'éducation, le transport, la reforestation, etc. C'est un plan qui n'a pas de couleur politique. Peut importe la tendance de l'équipe qui accède au pouvoir, les problèmes ne changent pas. Ils demeurent les mêmes. Particulièrement après le 12 janvier, il faut forcément l'apport de tous. En fait, le PSSN a été conçu avant le 12 janvier. Présenté sous forme de livre, c'est un document de travail sérieux, un bon programme de gouvernement, pour n'importe quelle équipe qui accéderait au pouvoir. Le PSSN montre des pistes et des directions.
2-0000000 RB : Quelle est la différence entre le PSSN et le Plan de l'ONU présenté le 31 mars 2010 ?
GM : Le PSSN est un plan préparé pour les Haïtiens, par des Haïtiens. Ce que nous avons en Haïti, ceux sont des fonctionnaires de l'ONU, qui vont et viennent et n'ont aucun attache, aucun intérêt, aucun état d'âme. On n'a pas confiance dans ces fonctionnaires. Un grand homme de France, Barnave avait dit que, « On ne demande pas justice à ceux qui sont injuste. » L'ONU s'était arrangée avec Clinton pour détruire le pays pendant l'embargo. Ils ont voté une résolution contre nous en avril 1994. Il y avait dans le conseil de sécurité, le Rouanda qui opérait, à ce moment là, un génocide chez-lui, a voté contre nous et aussi le Nigéria qui était gouverné par le général putschiste, dictateur Sani Abacha. Pire ceux sont deux pays noirs de l'Afrique qui nous ont causé ce tort. Je n'attends rien de l'ONU. Pour que je puisse appuyer l'ONU dans quoi que ce soit, ce ne sera qu'après analyse. Le PSSN n'est pas l'œuvre d'un homme. C'est un plan qui a été conçu par une équipe d'Haïtiens. C'est le fruit d'une réflexion haïtienne. C'est un plan de valeur.
3-0000000 RB : Est-ce que la différence ne vient pas du fait que le PSSN est un plan de gouvernance, mais celui de l'ONU n'est qu'un plan de reconstruction ?
GM : Oui ! C'est un plan qui est antérieur au 12 janvier. Il exprime ce que des Haïtiens veulent pour leur pays, comment l'organiser. Mais aussi il y a des points communs entre ces deux plans.
4-0000000 RB : A la présentation du PSSN faite à New York, ce qui avait retenu l'attention de l'audience, c'est le fait que vous avez introduit le PSSN comme fils de la constitution de 1987. Pouvez-vous élaborer sur cette notion ?
GM : Je vais essayer de la résumer très rapidement. Ma présentation a deux parties. La première, c'est l'explication de ce qu'est la constitution de 1987 et le contexte dans lequel elle a été élaborée. Et le deuxième volet ceux sont les liens qui montrent que le PSSN soit sorti de la matrice de la constitution de 1987, dont il est un produit. En substance, j'ai dit qu'à partir du 14 juin 1957, le général Kébraud prend le pouvoir dans le sang. Donne le pouvoir à Duvalier dans une mascarade électorale. Et entre le pays sous une dictature de 30 ans. C'est Antonio Kébreaud qui est le vrai père de cette dictature ! Dès la prise de pouvoir par Kébreaud les libertés publiques sont foulées au pied. Pendant 29 ans tant en Haïti qu'en Diaspora, des intellectuels réfléchissaient sur la solution constitutionnelle légale à apporter au pays. Lorsque l'assemblée constituante de 1987 s'est réunie, les idées étaient déjà là. Ce qui a permis que la constitution n'a pas pris de temps pour être rédigée. La constitution de 1987, c'est le fruit de 29 ans de maturation et de réflexion. Ce n'est pas lors de la première réunion de l'assemblée que les réflexions ont commencé. Il y a deux axes dans cette constitution : -La limitation du pouvoir personnel -La garantie des libertés fondamentales et des libertés publiques. On a aussi aboli les visas d'entrée et de sortie, pour mettre fin à l'exil. Ce que le gouvernement de Duvalier exploitait pour maintenir des citoyens en exil. La protection pour le journaliste contre la révélation de ses sources d'information. Les libertés d'association, d'opinion, de réunion, de manifestation pacifique, sont garanties par la constitution. Il y a un autre pilier qu'offre cette constitution contre un problème qu'Haïti a souffert depuis 1918, l'instabilité constitutionnelle. La constitution de 1889 est restée jusqu'à l'arrivée des Américains en 1915, qui l'a remplacée. Ils nous ont introduits dans un autre cycle d'instabilité constitutionnelle, qui a pris fin avec la constitution de 1987, malgré les manœuvres que le pouvoir en place et ses associés sont en train d'entreprendre pour remplacer la constitution de 1987. C'est la 3e constitution qui a duré le plus longtemps dans l'histoire du pays depuis 1804, après celle du président Hyppolite en 1889 et celle du président Pétion en 1816. C'est la constitution qui a duré le plus longtemps au XXe siècle. C'est la seule que nous ayons au XXIe siècle qui a survécu déjà 10 ans. Le PSSN sort du projet de société que la constitution de 1987 a apporté. L'un des aspects nouveaux apportés comme innovation par la constitution après les 29 ans de Duvalier, c'est la décentralisation administrative et économique en Haïti. Le gouvernement actuel dit qu'il l'appuie officiellement. Mais il est en réalité en train de bloquer la décentralisation effective. On doit profiter de la reconstruction après le tremblement de terre, pour entreprendre la décentralisation en vérité. Le PSSN est d'accord avec les limitations du pouvoir personnel, avec les principes démocratiques, avec le respect des libertés publiques, avec la liberté des élections et le respect de leurs résultats. Le PSSN est pour la stabilité constitutionnelle.
5-0000000 RB : Parmi les points qui suscitent le plus de controverse, c'est la double-nationalité, particulièrement l'article 15 de la constitution de 1987. Le PSSN se positionne-t- il par rapporte à cette controverse ?
GM : Le PSSN veut récupérer la Diaspora. Mais la double-nationalité suscite beaucoup de débats en Haïti. Ce n'est pas certain que l'on puisse obtenir la double-nationalité . Et je ne crois pas que la Diaspora ait besoin de la double-nationalité . En revanche la constitution n'empêche pas le cumul de nationalité. La diaspora peut très bien fonctionner avec le cumul de nationalité. Quel est la différence qui existe entre la double-nationalité et le cumul de nationalité ? C'est une différence très simple. Dans le cas de la double-nationalité , l'État reconnaît l'autre citoyenneté. Dans le cas de cumul de nationalité, on peut avoir 50 citoyennetés, l'État ne s'en soucie pas. L'État les ignore. Dans le cas du cumul de nationalité, l'État haïtien vous reconnaît comme Haïtien sur son territoire, peu importe le nombre de citoyennetés que vous auriez pu accumuler. Ce que vous faites en dehors des frontières d'Haïti, ça n'intéresse pas l'État haïtien. Comme nos lois s'inspirent du droit français, la France ne reconnaît pas la double-nationalité . En revanche le droit français reconnaît le cumul de nationalité. La Diaspora peut obtenir le cumul de nationalité rapidement. Parce que la constitution n'a jamais interdit le cumul de nationalité.
6-0000000 RB : Comment faire pour obtenir le cumul de nationalité ?
GM : Le gouvernement haïtien doit passer des instructions à ses consuls et à ses bureaux d'immigration pour délivrer des passeports haïtiens à tous ceux qui en feraient la demande. Il y a un article de la constitution qui dit qu'en obtenant une autre citoyenneté, vous perdez la citoyenneté haïtienne, c'est vrai. Pour tempérer la rigueur de cette loi, il faudrait d'une autre loi qui dit qu'il faut en faire la déclaration officielle à un greffe avec pièce à l'appui. Tant que vous n'en aurez pas fait la déclaration officielle, l'État l'ignore. Ce serait une façon de contourner l'article sans le violer. On l'assortit d'une formalité qui empêche sa violation. On trouvera des gens qui ne veulent plus de la citoyenneté haïtienne. Ils n'auront qu'à en faire la déclaration. On a des cas d'enfants nés de parents haïtiens qui prennent naissance à l'étranger, parce que les parents ont décidé d'avoir les accouchements à Miami par exemple. Pour les États-Unis l'enfant est un Américain. Mais pour Haïti, c'est un Haïtien qui a pris naissance à Miami. L'enfant n'a rien d'un Américain. Voilà quelqu'un qui se trouve en situation de cumul de nationalité. C'est le cas du sénateur Rudolph Boulos, né de père et de mère haïtiens. La loi américaine est le jus soli. L'article 13 du code civil haïtien dit que : Est Haïtien tout individu né en Haïti ou ailleurs d'un père haïtien ou d'une mère haïtienne. Le lieu de naissance n'intéresse pas l'État haïtien. Si Haïti ne reconnaît pas cet enfant comme Haïtien, cela veut dire qu'Haïti accepte que la loi haïtienne soit inférieure à la loi américaine. La loi haïtienne est égale à la loi américaine. C'est le principe de l'égalité juridique des États, en droit international. Un autre exemple, un Haïtien qui épouse une Suissesse. Pour la Suisse quiconque épouse un Suisse ou une Suissesse, devient Suisse automatiquement. Un autre cas extrême, le Monseigneur Joseph Lafontant par exemple l'archevêque A.I. de Port-au-Prince, le Pape le nommerait secrétaire d'état ou assistant-secré taire d'état au Vatican. Monseigneur Lafontant devient un citoyen du Vatican. Perd-il sa nationalité haïtienne ? Le cumul de nationalité est une situation de fait que l'on constate. L'État en question n'a aucune emprise sur le cumul de nationalité. On peut se trouver en situation de cumul de nationalité sans le vouloir. Une simple décision administrative peut accorder le cumul de nationalité. Si vous voulez lire à propos du cumul de nationalité, lisez le livre par Pierre Maillard et Vincent Heuzé. Je n'invente rien. Voyez la loi française sur la nationalité sur l'Internet à www.diplomatie. gouv.fr . On peut laisser l'article 15 de la constitution tel quel. La constitution n'a jamais interdit le cumul de nationalité. On a deux lois qui admettent implicitement le cumul de nationalité. C'est la loi Voltaire 2003. Et la loi du 6 novembre 1984 qui a été abrogée. Le cas de perte de nationalité a été abrogé. Mais l'esprit du texte et la démarche judiciaire de cette loi n'a pas été abrogée. La Diaspora doit se mobiliser plutôt pour obtenir le cumul de nationalité en lieu et place de la double-nationalité. Il faut organiser le cumul de nationalité avec une nouvelle loi, mais pas un amendement de la constitution. Ce qui est terrible, c'est qu'il y a des gens de l'équipe en place qui savent ce qu'est le cumul de nationalité, mais qui ne veulent pas en parler. Ils veulent se servir de la Diaspora comme moyen de pression pour amender la constitution pour abroger l'article 15, mais en associant à la pression de la Diaspora d'autres amendements qui servent leurs intérêts. S'il y a à Port-au-Prince une volonté politique en faveur du cumul de nationalité, ça ne prendre pas plus d'une semaine pour l'avoir.
7-0000000 RB : Ne faudrait-il pas aussi tenir compte de l'attitude xénophobe en Haïti ?
GM : Cela nous amènera à une discussion technique, ou à une polémique. On ne peut pas traiter de la même façon quelqu'un qui volontairement adopte une citoyenneté et un autre qui est saisi par une autre loi nationale involontairement. Un enfant né dans ces circonstances, ne peut pas être tenu responsable des conditions de sa naissance. Les articles 11 et 13 de la constitution demandent seulement que l'on ait au moins un auteur né Haïtien, le père ou la mère, pour avoir la nationalité haïtienne. Voilà ce que la loi exige pour que l'on puisse jouir des droits civils et politiques en Haïti. Un enfant né dans ces circonstances est très clairement dans un cas de cumul de nationalité. Avec cette condition de cumul de nationalité, il faut aussi créer une procédure de renonciation. On ne peut pas créer une procédure de renonciation à la nationalité étrangère, parce qu'elle n'engage pas un État étranger. La renonciation à la nationalité américaine par exemple, par devant un juge haïtien, n'a aucune valeur pour les États-Unis. Je viens de lire sur l'Internet que la loi française dit que les autres nationalités sont sans effet sur la nationalité française. Je vais faire des recherches supplémentaires. Parce que nous suivons les lois de ce pays, qui est notre ancienne métropole, souvent nous copions ses textes. Haïti peut dire aussi que les autres nationalités sont sans effets sur la nationalité haïtienne, quand ces autres nationalités sont de droit. Un exemple frappant, c'est le cas de Siméus candidat à la présidence, qui est volontairement dans un état de cumul de nationalité. Son cas est différent de quelqu'un qui se trouve dans un état de cumul de nationalité involontaire, parce qu'il est né sur une terre étrangère de père et de mère haïtiens. Les gouvernements grec, français, italien, etc. acceptent le cumul de nationalité. Les pays qui reconnaissent la double-nationalité , sont très peu, les pays du Commonwealth par exemple. La majorité des Etats acceptent le cumul de nationalité. Le cumul de nationalité n'est pas interdit par la constitution de 1987.
8-0000000 RB : A quoi doit-on s'attendre comme opposition en Haïti, à la demande d'acceptation du cumul de nationalité ? Quelle sera l'argument contre ?
GM : On peut trouver une opposition politique et de mauvaise foi contre la double-nationalité . Tandis que le cumul de nationalité qui n'est pas interdit par la loi, ne peut pas provoquer de problème. Même s'il y aurait des opposants, la Diaspora a la constitution sur laquelle elle peut s'appuyer, parce qu'elle n'interdit pas le cumul de nationalité. C'est à la Diaspora d'exiger le cumul de nationalité. Tout refus de l'accorder sera une preuve de mauvaise foi contre la Diaspora.
9-0000000 RB : Ne peut-on pas présenter l'argument que la constitution est muette sur le cumul de nationalité ?
GM : Tout ce qui n'est pas interdit est permis. Pour empêcher l'acceptation du cumul de nationalité, il faudrait d'une loi le prohibant. Ce serait une loi immorale qui diviserait les Haïtiens, alors que l'on essaie de les unir. Tous les enfants haïtiens nés à l'étranger, dont leurs parents ont pris la décision d'avoir des accouchements en terre étrangère, sont exclus, si le cumul de nationalité est rejeté. Ils sont innombrables ! La loi haïtienne n'est pas liée par la loi américaine du jus soli. La loi haïtienne du jus sanguinis est égale à la loi américaine du jus soli. Voilà l'argument, le point de loi que je défends ! Il n'y a pas que les Haïtiens vivant en Diaspora à avoir intérêt dans le cumul de la nationalité. Bon nombre d'enfants haïtiens de toutes les classes et de plusieurs générations sont nés en terre étrangère. Ces enfants sont la relève d'Haïti !
10-0000000 RB : Vous venez de démontrer que le cumul de nationalité soit possible. Avec le cumul de nationalité quels sont les droits récupérables par la Diaspora ?
GM : Elle a touts les droits. En cas de cumul de nationalité, Haïti ne reconnaît qu'une seule nationalité, la nationalité haïtienne. On ne peut pas non plus exiger aucune renonciation de nationalité étrangère. L'autre citoyenneté n'existe pas interdite par l'article 15 de la constitution. Le cumul de nationalité est une situation de fait, qui se constate, qui ne dépend pas de l'État qui l'octroi. Ce qui se fait en dehors des frontières d'Haïti ne concerne pas Haïti.
11-0000000 RB : A supposer que le cumul de nationalité soit un fait accompli. Vivant en Diaspora, l'Haïtien peut-il voter aux élections haïtiennes ?
GM : Il y a un danger dans le vote fait en Diaspora. Il serait mieux qu'on entre en Haïti pour voter. Le danger existe dans les possibilités de vol du vote de la Diaspora. Un consul peut aisément augmenter les résultats du vote en faveur de tel ou tel candidat. On n'a aucune garantie sur le niveau de sérieux de l'opération électoral en Diaspora. Ils peuvent aisément fausser les résultats. C'est un risque additionnel pour les élections qu'il faudrait éviter. Ce n'est pas que je veuille pénaliser la Diaspora. Je crois qu'il serait mieux qu'elle entre en Haïti pour voter. C'est un problème d'honnêteté. C'est un problème d'intégrité. C'est un problème d'homme. On n'est pas encore à ce niveau là. C'est une nouvelle opportunité qui s'offre pour la confiscation des élections. En fait le combat politique pour l'année 2010, c'est précisément d'empêcher que l'on vole à nouveau les résultats des élections ! La récupération du droit de vote de la Diaspora, pour qu'elle compte, devra se faire en Haïti, pour éviter le pire ! On ne peut pas se fier aux consuls !
12-0000000 RB : Quelle est la procédure à laquelle la Diaspora doit s'engager pour récupérer ses droits civils et politique à travers le cumul de nationalité ?
GM : Que la Diaspora demande aux autorités haïtiennes de prendre une position claire sur le cumul de nationalité. Qu'elles passent des ordres de délivrer des passeports haïtiens à ceux qui en font la demande. Arrivé aux ports d'entrée en Haïti, quel que soit le passeport que vous présentez ont mettra le sceau dessus, etc. L'essentiel, il faut qu'on se mette d'accord que la constitution n'interdit pas le cumul de nationalité. Le cumul de nationalité n'engage pas Haïti.
13-0000000 RB : Que voyez-vous comme plan compétiteur au PSSN ?
GM : Le gouvernement a un plan provisoire qui m'a été remis sous enveloppe. Je ne l'ai pas encore lu. Tous les problèmes sont posés. Quelque soit le plan, il devra adresser les mêmes problèmes. Je sais que le PSSN s'appuie sur les valeurs et les principes de la constitution de 1987.
14-0000000 RB : Quel a été l'effet de la présentation du PSSN à New York ?
GM : L'effet à New York a été extrêmement important et positif. On avait une audience choisie. C'étaient les leaders de la société haïtiano-américaine de New York et des environs qui ont participé. Je souhaite que l'on fasse une présentation à Miami, à Chicago ou à Boston. C'est une affaire importante que la présentation ait eu lieu.
15-0000000 RB : Quelles sont les topiques développées au cours de la présentation ?
GM : Il y a eu 5 intervenants : -Rony Desroches ; Vue globale du PSSN. -Georges Michel : Contexte constitutionnel et ses liens avec le PSSN. -Marie Carmelle Paul Austin : Exposé technique sur l'éducation. -Jean Hervé Charles : Le rôle et l'implication de la Diaspora dans le développement d'Haïti. -Sauveur Pierre Etienne : L'aspect politique du PSSN.
16-0000000 RB : Quel a été l'impact des présentations ?
GM : L'audience a été très satisfaite. Sauver Pierre Etienne qui est intervenu en dernier a fait une présentation spectaculaire, très applaudie. Les autres intervenants ont été aussi très appréciés et applaudis.
17-0000000 RB : On est passé de l'acte politique de protestation dans les médias à l'action politique sur le béton. Il y a des prises de positions éparses. Il y en a qui ne veulent pas d'élection avec Préval. D'autres qui veulent un autre CEP. Vers où allons-nous ?
GM : Essayons de disséquer le problème. Lorsque Préval a voulu obtenir du parlement son mandat de 5 ans en plein, la prolongation des 96 jours. Il y a deux aspects, un aspect technique et légal et un aspect politique. L'aspect technique, 96 jours ce n'est pas la fin du monde. Il y a des députés et des magistrats qui ont pris leurs mandats en plein. La pratique constitutionnelle le permet lorsqu'il y a un vide. Mais il y a un problème politique là dedans qui le rend inacceptable. Préval a répété constamment qu'il laisserait le pouvoir le 7 février 2011. Et à la fin du mandat des députés, il a demandé cette prolongation. Cette demande est inquiétante d'autant plus que ce soit l'Exécutif qui l'a exigé lui-même. Il aurait dû attendre que ce soit un député qui le demande. L'effet de la demande est sans aucun doute détestable. Mais il y a aussi une question encore plus grave, celle de la confiance. Pourra-t-il faire des élections ? Ou fera-t-il des sélections. Se nommera-t-il un successeur. On a des doutes sérieux sur la capacité de Préval de faire des élections crédibles. Il a ruiné, par sa faute, la confiance que l'on aurait pu avoir en lui. Il a un déficit de crédibilité qui lui empêche de faire des élections crédibles, peu importe la bonne foi dont il en serait animé. Il y a aussi une inquiétude valable. Si arrivé le 14 mai 2011, on ne peut pas faire des élections, ayant les pleins pouvoirs, est-ce qu'il ne prendra pas un décret pour rester au pouvoir pendant les 18 mois de l'état d'urgence ? S'il reste au pouvoir, il passera 8 mois de misère, harcelé chaque jour par des manifestations constantes. Il se peut aussi qu'il y ait une mobilisation qui le force à quitter le pouvoir avant le 7 février 2011. De toute façon, il va se trouver dans une situation intenable. Il n'est plus digne de confiance. Il n'a pas le respect de la parole donnée. On va rester dans la généralité. Ce dont le pays a besoin, ceux sont de bonnes élections. Si l'équipe qui est au pouvoir ne peut pas faire de bonnes élections, il faut s'en remettre à une autre équipe pour faire de bonnes élections. On ne peut pas accepter des élections telles que celles qui ont fait de John Joël Joseph un sénateur. Un gouvernement installé dans de telles circonstances, sera contesté dès le 8 février 2011 et contribuera à la déstabilisation du pays. On n'a pas besoin d'aller au-devant de cette crise. Si l'équipe de Préval ne peut pas faire des élections, il est préférable qu'il termine sont mandat jusqu'au 7 février 2011. On aura un gouvernement provisoire avec Georges Moïse comme président provisoire désigné par l'article 149 de la constitution et un premier ministre intérimaire. Mais pas un onusien comme Gérard Latortue. On choisira un personnage indépendant crédible, neutre qui n'appartient à aucune mouvance politique. Qui viendra diriger le pays pendant 6 mois ou un an. Quant Préval s'en ira, il le fera avec toute son équipe. Il faudra une équipe neutre pour organiser de bonnes élections.
18-0000000 RB : Que pensez-vous du choix des conseillers du CEP utilisant l'article 289 de la constitution ?
GM : Il y a une perversion de la constitution de 1987. Lorsque Prosper Avril avait établit un conseil électoral permanent, Pierre Labissière un ministre de madame Trujillo s'était empressé de l'abolir, bien qu'il aurait pu remplacer les membres, pour retourner au conseil provisoire. Je crois qu'il faut que l'on retourne à l'article 289 de la constitution. Mais essentiellement, pour qu'il y ait des gens crédibles comme conseillers au CEP, il faudrait d'une concertation. C'est la société civile qui devrait nommer le CEP, des gens qui ne sont pas impliqués dans la politique. Il faut des critères. Il faut aussi des droits de récusation. Pour ne pas tomber dans le cas de scandale récent du délégué de l'église catholique.
19-0000000 RB : Est-ce que ce que vous venez de proposer est acceptable en Haïti ?
GM : Dans le milieu haïtien de gens sérieux, on est convaincu du besoin d'avoir de bonnes élections, pour qu'il n'y ait pas de contestation le 7 février 2011. Pour que le gouvernement qui sera installé à cette date, ait une légitimité réelle. Si non, on entre dans une crise plus aigue que celles de 2001 et de 2004.
20-0000000 RB : En guise de conclusion.
GM : J'aimerais que le bon sens et la modération prévalent. J'aimerais que le PSSN serve de plan directeur à l'équipe qui accède au pouvoir. Je souhait que l'on ne touche pas à la constitution de 1987. Parce qu'on ne l'amendait pas pour l'améliorer, mais pour la détruire. Je souhaite que le pays ait de bonnes élections. L'équipe qui est là ne pouvant pas faire d'élections crédibles, il faut remettre le pouvoir à une équipe neutre. Je ne crois pas qu'il y ait d'élection possible avant novembre 2011. Matériellement, les 6 mois qui restent pour organiser de bonnes élections sont insuffisants.
RB : Je suis d'accord. Des élections en 2011 correspondent au plan de reconstruction de la Banque mondiale et au transfère d'autorité du CIRH à l'ADH venant du nouveau gouvernement.
GM : On a besoin de deux entités immédiatement. Un comité de citoyens pouvant donner des idées, un comité de réflexion, des gens de la société civile. Un autre comité ayant des comptables des financiers, des banquiers, pour contrôler l'argent. Il n'y a pas seulement des Haïtiens à être des voleurs. Les étrangers sont aussi des voleurs. Il faut un contrôle sérieux des fonds de reconstruction.
RB : Je vous remercie pour votre participation à l'émission et à bientôt.
GM : A bientôt. |
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