mardi 24 août 2010

Un conseil à la diaspora : Des réformes structurelles en Haïti...mieux que l’électoralisme.

Un conseil à la diaspora : Mieux que l'électoralisme, des réformes structurelles en Haïti.


Par Cyrus Sibert, Cap-Haïtien, Haïti.
Radio Souvenir FM, 106.1 :
souvenirfm@yahoo. fr

Le Ré.Cit. (Réseau Citadelle) : www.reseaucitadelle .blogspot. com

La décision du Conseil Electoral Provisoire de mettre tous les candidats de la diaspora hors jeu est une preuve que le système traditionnel ne fera pas de cadeaux. Malgré les belles déclarations de bonnes intentions des gouvernements Lavalas Préval-Aristide qui ont le plus bénéficié de la diaspora haïtienne, rien n'a changé. Utiliser le Certificat de résidence en Haïti comme moyen d'exclure des compatriotes de la diaspora les plus actifs dans la reconstruction du pays, alors qu'on viole la constitution pour accepter des candidats sans décharges montre jusqu'où peut aller l'audace des dirigeants haïtiens. Le problème est clair : le statu quo a peur de la diaspora. Les groupes monopolistiques qui dominent l'économie nationale chercheront par tous les moyens à maintenir leurs mainmises sur le système économique et le régime politique. Leurs marionnettes au CEP, au Palais National, au Palais de Justice ou au Parlement feront tout pour protéger le système corporatiste néocolonialiste qu'ils ont installé depuis 1804. Un système planifié et négocié le 18 mai 1803 à l'Archaie en des termes consistant à maintenir la majorité nationale dans l'exclusion. Une exclusion institutionnalisée par le caparolalisme agraire de Boyer et aggravée par la centralisation du pays avec l'occupation de 1915 d'où la création de la « République exclusiviste de Port-au-Prince ».


A ce stade du combat pour le changement en Haïti, la diaspora haïtienne doit comprendre que la solution ne passe pas par des approches électoralistes. Seule l'ouverture de l'économie peut contraindre les traditionnels à s'adapter à la concurrence sur le marché des biens, des services et de la main d'œuvre. Une ouverture qui passe par des réformes en profondeur au niveau de la structure de l'Etat et des institutions. Tel est le point stratégique sur lequel toutes les forces progressistes d'Haïti, de l'intérieur comme de l'extérieur doivent converger leurs énergies et ressources afin d'éclater le statu quo ante et de faire bouger le pays.


A RESEAU CITADELLE nous observons avec tristesse qu'aucune organisation haïtienne du secteur privé ou de la société civile de l'intérieur ni de la diaspora n'a appuyé le rapport du Sénateur américain Richard Lugar réclamant des réformes en Haïti. La société civile à l'intérieur comme à l'extérieur n'a rien fait pour réclamer et encourager des réformes dans le pays. On devrait profiter de ce rapport de la commission sénatoriale des affaires étrangères pour exiger des pressions internationales sur le gouvernement et la classe dirigeante d'Haïti en vue de voir opérer des réformes en profondeur dans les domaines comme la justice et la loi, le droit de propriété, le système bancaire, la douane, l'administration publique… Seules des réformes sur ces points pourront créer les conditions favorables pour des investissements étrangers en Haïti, la libre concurrence qui condamnera les traditionnels à s'adapter en modernisant leurs entreprises ou à disparaitre. Seule cette concurrence libre pourra faire d'Haïti un espace d'intégration où l'haïtien sera perçu suivant ses capacités et ses mérites sur le marché. La société civile haïtienne détruite et appauvrie avec les 30 ans de Duvalier et les 20 ans de Lavalas pourra retrouver sa dignité suivant ses capacités sur le marché. Ce sera aussi le cas pour les masses défavorisées des bidonvilles et de la campagne. Car une augmentation de revenu entrainera un renforcement des capacités économiques et intellectuelles de la majorité des haïtiens qui deviendront économiquement autonomes et politiquement indépendants.


Telle est la voie à suivre par la diaspora haïtienne que nous croyons de bonne foi et cela, même ceux qui se sont laissés manipuler et exploiter par les régimes populistes et démagogiques de ces 20 dernières années.


Cette mission n'est pas impossible. L'exemple de la compagnie Digicel est une preuve par neuf de la faisabilité d'un tel combat pour le changement. Avant la Digicel, les monopoles sur la téléphonie mobile condamnaient les consommateurs à payer des appels reçus, un appareil de téléphone cellulaire coutait très cher, c'était un luxe ; seul un petit groupe de privilégiés participait au marché de la communication. L'arrivée de la Digicel a tout changé. Elle a chambardé les monopoles et démocratisé la communication. Aujourd'hui, les prix ont baissé ; le téléphone cellulaire est accessible à une grande majorité de la population; à chaque coin de rue un petit marchand vend des cartes de recharge ou des minutes, des techniciens s'activent à dépanner des cellulaires– plus de personnes de classes sociales diverses participent au marché ; le peuple envoie des messages textes par SMS – une activité intellectuelle qui consiste à lire et à écrire tous les jours ; sans compter les activités promotionnelles comme DIGICEL Stars qui met en valeur des jeunes artistes, le financement du Football national et de petits projets de développement social, des bourses d'étude, etc. Les autres compagnies qui dans le temps exploitaient sans pitié la population sont ainsi contraintes de s'adapter et adoptent des mesures similaires. Le marché a ainsi rendu justice au peuple.


L'exemple de modernisation du marché de la téléphonie mobile en Haïti n'a pas été volontariste. La compagnie Digicel a été objet de sabotages. Certains de ses sites ont été endommagés par des inconnus à la solde du statu quo monopolistique qui naturellement comptait résister au changement. La force de cette compagnie internationale, ses capacités financières et managériales ont permis de vaincre les féodaux faibles, sans imagination ni esprit de créativité. Telle est la leçon à tirer de cet exemple.


Ne croyez pas que le peuple haïtien ne saisit pas la situation. Lors des émeutes de la faim en avril 2008, la majorité des entreprises de la DIGICEL a été épargnée. Des observateurs rapportent que dans une rue où toutes les entreprises ont été pillées ou saccagées, une succursale de la DIGICEL était restée intacte.


Nous concédons cette publicité gratuite à la DIGICEL pour aider nos lecteurs de la diaspora et de la société civile progressiste haïtienne à comprendre la situation.


Les féodaux n'accepteront pas que leurs privilèges monopolistiques soient menacés ou même questionnés. Ils ont ainsi conclu un pacte avec Préval - ils l'ont d'ailleurs toujours conclu avec l'élite politique : grader le pouvoir autant que vous pouvez, et laisser nous dominer l'économie grâce aux monopoles de familles et de clans que l'Etat nous aidera à consolider, cela, même si la majorité des haïtiens doit crever dans la misère la plus abjecte dans les bidonvilles, dans les villes de province et depuis le 12 janvier 2010, dans des camps de tentes crasseuses.


La culture pirate et esclavagiste de la classe dominante d'Haïti l'empêche de participer volontairement à la modernisation du pays. Il faut briser leurs reins par l'ouverture du marché haïtien et la concurrence libre. Les haïtiens de l'intérieur comme ceux de l'extérieur doivent exiger des réformes en Haïti. La solution ne passe pas par une augmentation de l'aide étrangère qui ne servira qu'à enrichir les groupes monopolistiques et leurs laquais de la classe moyenne qui d'ailleurs n'agissent pas différemment. Les barrières administratives mises en place pour empêcher l'intégration des jeunes médecins haïtiens revenus de Cuba, de la république dominicaine et d'ailleurs est un exemple du système d'exclusion pratiqué par la classe moyenne. La majorité des boursiers haïtiens du gouvernement cubain sont obligés de s'expatrier vers la République Dominicaine, en Amérique du Sud, en Amérique du Nord ou en Europe – surtout Espagne – où ils travaillent sans difficultés en qualité de techniciens qualifiés.


Il faut organiser une plaidoirie pour des réformes structurelles et institutionnelles en Haïti auprès du Conseil Economique et Social des Nations Unies. Ce plaidoyer doit s'étendre à l'OEA, le Cariforum, UE-ACP, l'Organisation Mondiale du Commerce et devant tous les autres forums du monde. La diaspora haïtienne doit structurer son combat sur ce point. Un seul message, un seul discours : Des réformes en Haïti au niveau des douanes, de l'administration publique, de la justice - la refonte des lois, du système bancaire ; le respect du droit de propriété, la libre concurrence… Financer Haïti dans les conditions actuelles i.e. sans des réformes en profondeur ne servira qu'à renforcer le statu quo, les pirates, les néo féodaux, les néo esclavagistes cachés derrière des noms de soi-disant grandes familles dominantes de Port-au-Prince qui méprisent la personne humaine et n'ont aucun respect pour la vie.


La diaspora haïtienne doit comprendre que son droit de cité sur la scène nationale est le résultat de sa contribution économique au profit des exclus. Cette tache reste pour le moins naturelle, puisqu'il n'y a aucune différence entre un oiseau qui apporte à manger à ses petits et les centaines de millions de dollars transférés chaque année. Cette solidarité n'est jusqu'à présent basée que sur des instincts naturels que l'on retrouve aussi chez les animaux. Ce qui pourrait faire la différence est une pensée économique et politique, une vision, une stratégie et un plan d'action. La modernisation de l'économie haïtienne doit-être cet objectif de base de la diaspora haïtienne.


RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 23 Aout 2010, 15 heures 50.

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"La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert
Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles?
Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation prend la forme de monopole au 21e Siècle.
WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.)

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