PROJET DE SOCIÉTÉ
Après tant d'années d'incertitudes de toutes sortes, le peuple haïtien, dans sa soif ardente d'une paix démocratique stable, se cherche un représentant authentique à qui confier, selon le vœu constitutionnel, les rênes du Pouvoir Exécutif ; un représentant authentique qu'il aura jugé digne de sa confiance, apte à défendre ses intérêts, soucieux du patrimoine culturel et spirituel de la nation et, enfin, déterminé à améliorer le sort de tous les Haïtiens généralement quelconques, sans tenir compte de leur appartenance politique, culturelle, sociale ou autre.
Il est navrant de constater que certains hommes politiques, qui ont été investis de cette confiance à un moment crucial de notre histoire de peuple, aient préféré desservir l'intérêt national en faveur de leurs petits intérêts individuels mesquins. Violant par ainsi les règles du jeu démocratique qui veut que des élections honnêtes et crédibles viennent sanctionner le choix du peuple. Quoiqu'il en soit, les uns comme les autres désirent un changement réel aux conditions de vie de l'Haïtien. C'est là le grand objectif. Pour atteindre cet idéal, il faut détecter les maux qui affectent notre corps social, dont le tissu se détériore de jour en jour, et prendre les mesures qui s'imposent pour endiguer et enrayer le mal.
C'est à cette tâche, particulièrement difficile, que la KLÉ va s'atteler. Des investigations nous ont permis, à la KLÉ, de réaliser que, pour contrer et renverser l'ordre des choses en Haïti, il faut au prime abord considérer notre économie et partant bâtir en fonction des conditions du moment le plan d'une politique de développement qui prend en compte le développement humain tout en ayant à l'esprit que pour créer une société nouvelle, il faut des dirigeants remarquables, douées d'une dureté, d'une vision, d'une détermination et d'une intelligence au-dessus de la moyenne.
Une économie moderne repose essentiellement sur la force de travail du milieu et le développement économique d'un pays quelconque se fait à partir des ressources disponibles dans le dit pays. Dans notre cas, notre ressource nationale la plus abondante reste et demeure notre main-d'œuvre qui doit être maintenue à un niveau compétitif sans pour autant l'exploiter de façon dégradante, en ayant à l'esprit que les services attendus par la population, au seuil de ce 21ème siècle ne sont autres que les travaux d'infrastructure, l'exécution des programmes de santé et d'éducation. Ces activités ne peuvent être laissées aux seuls soins du secteur privé dont la vocation n'est pas de penser à la philosophie d'action du gouvernement dans les domaines précités, par exemple, mais de coopérer, en ajustant leur action aux besoins du peuple et du pays selon le plan intégré du développement de l'économie nationale,
A ce carrefour de notre histoire, pour ramener la paix dans les cœurs et les familles, pour juguler les problèmes socio-économiques qui entravent notre avancement vers le progrès et le bien-être, pour instaurer dans nos mœurs politiques les mesures et les principes démocratiques indispensables, il nous faut avoir une vision claire, honnête, objective et complète de nos besoins, de nos problèmes, de nos droits et de nos devoirs ; il nous faut un leader visionnaire qui comprend les maux dont est affecté notre pays et qui, résolument, avec un réel esprit de sacrifice, veut se mettre au travail ; il nous faut un leader national responsable de l'honneur, de la grandeur et de la souveraineté d'Haïti et respectueux des principes démocratiques, ayant la grandeur d'âme requise pour s'élever au-dessus de la mêlée et sauver ce pays colonisé par ses propres fils
Ce gouvernement se donnera des priorités pratiques:
• pour alléger la pauvreté des grandes masses rurales et urbaines, pour consolider les acquis de la démocratie, pour réduire le coût de la vie,
• pour moderniser les structures de production nationale (agricole, industrielle et agro-industrielle),
• pour procéder à une vraie réforme judiciaire,
• et, enfin, pour assurer la sécurité des biens et des personnes sur l'ensemble du territoire national.
Ce programme se veut ambitieux, mais pragmatique. Nous le mettrons en marche avec nos propres moyens, et poursuivrons avec l'aide de la coopération internationale qui ne ménagera pas ses efforts dès que nos actes auront convaincu de notre bonne volonté, de notre sérieux et de notre détermination à promouvoir une gestion rigoureuse dans la transparence la plus complète.
A. LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ
La lutte contre le paupérisme et la réduction de la misère des grandes masses urbaines et rurales constitueront la priorité des priorités de notre gouvernement. La promotion du développement économique et social constituera l'objectif essentiel de la présidence.
Pour lutter contre la pauvreté, nous comptons sur l'épargne nationale, en tout premier lieu, mais, aussi sur la contribution des Haïtiens vivant à l'extérieur. Eux aussi, ils ont leur rôle à jouer dans la reconstruction, la restructuration et la modernisation de notre pays meurtri ; de même, il sied que la classe possédante comprenne son rôle dans la cité et sa place dans la réalisation de ce programme ; leur plus grande collaboration est réclamée ; si, jusqu'à cette date, ils ont été amenés à se considérer comme de passage en Haïti, nous les invitons à réclamer leur place comme membre à part entière de la société haïtienne. Pour mettre en place cette politique de lutte contre la pauvreté, nous ne nous croyons pas téméraire de compter sur la coopération technique du Programme des Nations-Unies pour le Développement et des Institutions spécialisées de Breton-Wood (Banque Mondiale, Fonds Monétaire International). Nous voulons croire que ces Institutions Internationales pourront partager avec nous l'expérience vécue ailleurs dans d'autres pays en développement afin de bénéficier de leurs expériences et ne pas refaire peut-être les mêmes erreurs que d'autres pays du Tiers-Monde auraient déjà faites dans la mise en place d'un programme cohérent contre la pauvreté.
Elle inclura également les institutions européennes, dans le cadre de notre appartenance à la Convention de Lomé. Elle embrassera aussi la coopération bilatérale avec nos partenaires traditionnels, tels que les Etats-Unis, l'Allemagne, la France, le Canada, le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, etc…
Nous profiterons de cette opportunité pour favoriser la coopération Sud/Sud, c'est-à-dire, entre pays en développement. Nos voisins de la régions des Caraïbes, tels que la République Dominicaine, la Jamaïque, la Barbade, Trinidad et Tobago et la Guyane, avec lesquels nous partageons tant de points communs ne seront pas négligés. Nous veillerons, en ce sens, au strict respect des engagements internationaux auxquels notre pays est partie.
B. CONSOLIDATION DES ACQUIS DE LA DÉMOCRATIE.
Le rétablissement du Président Aristide dans ses fonctions, le 15 Octobre 1994, devrait contribuer à la consolidation de notre jeune démocratie encore dans les langes ; malheureusement, nous sommes obligés de constater le contraire.
Nous sommes déterminés à faire tout ce qui est possible, avec l'aide des populations, des syndicats, des organisations patronales et des organisations non-gouvernementales pour consolider les acquis de cette jeune démocratie dans le développement de laquelle nous nous investirons entièrement. Notre action, dans ce domaine, se fera autour des principaux axes suivants :
a) Institutionnalisation de la démocratie ;
b) Protection et respect des droits de l'homme ;
c) Egalité devant la justice ;
d) Transparence dans la gestion des affaires de l'État ;
e) Recrutement dans la fonction publique sur la base de la COMPÉTENCE, de la CONSCIENCE et de la CONNAISSANCE ;
f) Respect de l'opposition et leur reconnaissance officielle dans le cadre d'une Charte de l'opposition ;
g) Organisation d'élections libres préparées en consultation avec les partis politiques légalement reconnus et/ou autres intéressés ;
h) Liberté totale de presse et respect de l'opinion des autres ;
i) Respect du principe de la séparation des trois Pouvoirs.
C. RÉDUCTION DU COUT DE LA VIE
Dès notre installation au Pouvoir, le gouvernement se penchera sur la question du coût de la vie. C'est un fait que, pour un pays qui importe presque tout, et dont la monnaie nationale perd chaque jour une partie de sa valeur, ce ne sera pas une tâche facile, c'est sûr. Il ne faudra pas espérer des résultats immédiats très importants.
Pour seconder les efforts du gouvernement en ce sens, un comité mixte où seront représentées les diverses couches de la société (gouvernement, secteur privé, syndicats, etc…) sera formé en vue d'étudier les mesures appropriées à entrer en vigueur dans le plus court délai possible.
Il est de toute façon indispensable que des mesures spéciales soient considérées pour réduire le prix du riz, de l'huile, du maïs, des haricots, du ciment, de l'eau, du transport public, des soins de santé et du logement. Notre gouvernement recherchera avec tous les acteurs les meilleurs moyens pour éviter toute frustration quelconque de personne. La KLÉ veut que tout le monde profite du changement qui ne devra être réalisé aux détriments de qui que ce soit, mais au profit et à l'avantage de tous (commerçants et consommateurs).
D. MODERNISATION DES STRUCTURES DE PRODUCTION
Si le coût de la vie est tellement élevé chez nous, c'est principalement parce que l'on ne produit pas assez ; par ailleurs, ce que nous produisons est très cher, du fait que le taux de productivité de nos entreprises est très bas. Nos entreprises ne sont pas compétitives ; notre coût de production est trop élevé.
Il nous faudra donc mettre en place une stratégie et formuler une politique visant à la modernisation de nos structures de production, tant dans l'agriculture que dans l'industrie et l'agro-industrie.
Dans l'agriculture, le taux de productivité est extrêmement bas quand nous considérons la production mondiale. C'est, par exemple, le cas du riz, produit dans la région de l'Estère et de Dedunes. Il nous faudra aborder ce problème avec beaucoup de sérieux, sans faire intervenir des considérations de personnes et/ou d'intérêts individuels. La modernisation du secteur agricole constituera également pour notre gouvernement une priorité parce que notre pays a été et sera encore pendant longtemps un pays à prédominance agricole. Dans le cadre de cette modernisation, toutes les barrières au développement du secteur agricole devront être abaissées dans le but de mettre en œuvre les réformes indispensables, surtout en ce qui concerne les points suivants :
a) Intrants industriels nécessaires à l'augmentation de la productivité, tels que engrais, insecticides, pesticides, etc…A la vérité, il faudrait tenir compte de la tendance des consommateurs privilégiés à opter pour une alimentation naturelle, sans intrants chimiques ;
b) Formation et assistance technique au paysan ;
c) Érosion et protection des terres ;
d) Système d'irrigation ;
e) Commercialisation, y compris construction et entretien des routes vicinales reliant les centres de production aux centres de distribution ;
f) Construction de marchés ruraux bien organisés dans les principales régions ;
g) Transformation de nos paysans en véritables entrepreneurs agricoles.
Dans l'industrie, un effort spécial doit être réalisé pour favoriser l'éclosion d'une nouvelle classe d'entrepreneurs haïtiens beaucoup plus engagés dans la problématique du développement industriel et artisanal. Nous sommes décidés à assurer la promotion des petites et moyennes entreprises sur toute l'étendue du territoire national. La décentralisation devra s'étendre à tous les niveaux.
Le gouvernement accordera toute son assistance, et encouragera également ses partenaires à agir dans le même sens, à la création d'entreprises privées dans le pays. Bien entendu, le rôle de l'État sera limité. Notre gouvernement s'efforcera principalement à favoriser une atmosphère qui facilitera les investissements, qui encouragera tous ceux qui décident d'investir au lieu de consommer leur épargne. Si l'épargne nationale n'existe pas, mais existe la capacité d'investir (capacité technique, professionnelle, etc…) ; le gouvernement, en coopération avec les institutions bancaires nationales et les bailleurs de fonds internationaux, prendra toutes les mesures à sa portée pour garantir le financement nécessaire au maximum.
Toujours, afin de faciliter et d'encourager la promotion des investissements, notre gouvernement entreprendra des réformes profondes dans les domaines suivants :
a) Système légal et judiciaire ;
b) Système fiscal ;
c) Formation professionnelle générale ;
d) Réforme du code du travail afin d'encourager la flexibilité dans l'offre d'emplois ;
e) Modernisation des systèmes de communication et d'information technologique ;
f) Mise en place d'une politique énergétique qui favorisera les entreprises de production ;
g) Adaptation, acquisition et transfert de technologie ;
h) Modernisation des services de douanes et de dépôt/entrepôt dans les ports et aéroports ;
i) Formation professionnelle spécialisée selon la nature des investissements pour lesquels un financement est obtenu ;
j) Construction de zones franches dans certaines régions du pays, surtout dans le Nord et le Nord'Est ;
k) Révision des lois sur les sociétés anonymes afin de réduire au strict minimum les formalités à remplir pour obtenir l'autorisation de fonctionnement.
E. MODERNISATION DU SYSTÈME JUDICIAIRE
Notre histoire est jalonnée de ces périodes où les défavorisés ont trop souvent été victimes d'injustice. C'est pourquoi, la population réclame à cor et à cri que la justice soit la même pour tous. Toutes les injustices, dont la population a été la victime résignée, remontent chaque jour du fond de la conscience pour lui montrer la vraie face de la société traditionnelle haïtienne. Ces injustices se manifestent tant sur le plan social que sur le plan économique et culturel.
Ici, le gouvernement mettra tout en œuvre pour que tous les citoyens soient traités de la même manière devant la justice. Des groupes de travail seront formés pour étudier et faire des recommandations pratiques sur un certain nombre de problèmes dont la solution peut contribuer à rendre la société haïtienne plus juste envers tous les citoyens. Parmi ces problèmes, on peut mentionner notamment les suivants :
a) Langue de travail dans les tribunaux ;
b) Refonte du code civil, du code de commerce, du code pénal et du code du travail ;
c) Opportunité de faire fonctionner des tribunaux spécialisés (Tribunaux terriens, tribunaux de commerce, etc…)
d) Formation des juges et magistrats par spécialité ;
e) Traitement et condition de travail des juges et autres magistrats ;
f) Système pénitencier ;
g) Réorganisation de la Faculté de Droit et de l'enseignement du droit dans le pays ; critères pour accréditation des Écoles Libres de Droit dans les principales villes du pays ;
Notre gouvernement considérera la réforme et la modernisation de notre système judiciaire comme une condition préalable sine qua non à la consolidation de la démocratie ainsi qu'à la promotion des investissements dans le pays.
F. SÉCURITÉ DES PERSONNES ET DES BIENS:
Aucune démocratie ne peut vraiment survivre et se développer si elle n'a pas la capacité et les moyens d'assurer la sécurité des personnes et des biens de l'ensemble du pays.
La Police Nationale d'Haïti assurera et garantira cette sécurité. Elle sera formée en conséquence. Notre gouvernement n'acceptera aucune forme d'abus de la part de la police contre les citoyens. Et les citoyens devront, de leur côté, assister les policiers de leur mieux au besoin. La devise de la Police Nationale d'Haïti sera d'être au service de tous et de chacun en particulier. Tout violateur de ce principe sera poursuivi, jugé et puni conformément à la loi.
Voilà, dans ses grandes lignes, le projet de société que la KLÉ veillera à instaurer dans le pays. Il reste entendu que le gouvernement s'engagera à assurer le fonctionnement normal des institutions et des services généralement rendus aux citoyens tels que l'éducation, la santé et la protection civile.
Dans le domaine de la santé tout particulièrement, un vaste programme devra être mis en place pour permettre à nos écoliers de bénéficier d'un minimum de soins médicaux. C'est dans ce sens que les dispositions suivantes seront adoptées dès l'installation du gouvernement :
1) Il faut augmenter les efforts de prévention et les actualiser
a) par un programme d'éducation sanitaire mettant l'accent sur l'alimentation, l'eau potable, l'hygiène publique, etc…
b) la vaccination ;
c) la lutte contre la drogue et les maladies sexuellement transmissibles.
2.- Il faut promouvoir la santé
a) par l'éducation de l'enfant à l'école et la diffusion de messages à la radio en direction des analphabètes ;
b) par l'enseignement des normes de santé à l'école ;
c) par le développement d'un système de santé communautaire et ambulatoire ;
d) par la construction de centres de formation pour les femmes-sages, les matrones et les agents de santé ;
e) par la construction d'une nouvelle école en santé publique et en santé communautaire prise en charge par l'Etat et intégrée au sein de l'Université de l'État d'Haïti ;
3) Il faut réduire les inégalités dans les soins de santé
a) par une législation sur le fonctionnement des hôpitaux (publics et privés) ;
b) par l'établissement d'un système d'assurance-santé à la portée de tous ;
c) par le financement d'un programme de santé ;
Enfin, dans le domaine de l'éducation, l'attention du gouvernement se fixera sur les points suivants :
a) La campagne d'alphabétisation commencée sous les gouvernements précédents, se poursuivra en se généralisant ;
b) Le niveau éducatif et civique des écoles nationales sera relevé ;
c) La décentralisation de l'Université d'Etat deviendra une réalité avec des branches dans les grandes villes ;
d) Des écoles techniques et professionnelles et des ferme-écoles seront construites dans plusieurs parties du pays pour encourager la formation d'ouvriers qualifiés et compétents ;
e) Le secteur prive s'occupant d'éducation sera appelé à offrir un travail plus satisfaisant; ce qui contribuera à lutter contre l'ouverture d'écoles non représentatives ;
f) Il sera mis fin a la fuite des rares cadres formés qui nous restent encore, et en particulier dans le domaine éducatif et professionnel ;
Les points développés dans ce document constituent essentiellement les innovations et les changements que nous voudrions apporter dans la conception du Pouvoir et le rôle de l'Etat, durant notre passage à la Présidence de la République.
Trois soucis majeurs guideront notre action durant notre mandat :
En tout premier lieu, le développement économique et social du pays avec son corollaire naturel l'offre d'emplois. Le peuple a faim. Le peuple est dans la misère. Dans beaucoup de régions du pays, il ne dispose même pas du strict minimum sanitaire.
Cette situation ne peut plus durer, il faut la changer et c'est notre souci majeur. Il faut trouver au peuple du travail et des emplois pour l'habituer à subvenir lui-même à ses besoins essentiels de nourriture, de logement, de santé et d'éducation, etc… Notre gouvernement lancera un vaste programme de lutte contre la pauvreté avec le concours de tous les Haïtiens, ceux de l'étranger comme ceux de la mère-patrie, les patrons comme les ouvriers. Ce vaste programme de lutte va se construire sur ces trois termes de référence, à savoir : COMPÉTENCE, CONNAISSANCE, CONSCIENCE.
En second lieu, l'attention a été retenue par la soif de démocratie de toute la population…Nous devons lui donner satisfaction. Nous devons consolider et institutionnaliser notre démocratie naissante, trop fragile encore pour la laisser faire seule ses premiers pas. Nous devons mettre les garde-fous nécessaires pour éviter tout dérapage que ce soit à droite, que ce soit à gauche. Nous voulons d'une démocratie où chaque droit correspond à un devoir, où la notion de droit fait pendant à celle de devoir. Si nous voulons travailler au développement économique du pays, l'instauration de la démocratie est indispensable, car c'est par elle que doit passer le développement économique.
A la base de toute démocratie, de tout système démocratique, se rencontre la justice ; la justice qui doit être une pour tous. S nous voulons nous attaquer de façon résolue au développement économique de notre pays commun, nous devons travailler parallèlement à l'instauration d'une vraie démocratie ; et, si nous voulons instaurer la démocratie, il faut veiller à ce que tous ceux qui vivent à l'intérieur de nos frontières puissent bénéficier d'une saine et égale justice. Il faut que nous nous rendions tous compte que nous avons tous besoin l'un de l'autre pour forger une vraie nation oû chacun exerce ses droits et exécute ses devoirs en toute liberté : le patron a besoin de l'ouvrier pour produire afin de satisfaire les consommateurs ; l'ouvrier, de son côté, a également besoin du patron pour avoir du travail et faire face à ses obligations familiales et/ou autres. Nous devons enfin prendre la seule décision qui vaille la peine d'être prise : se serrer ensemble les coudes pour construire ensemble notre pays réduit en lambeaux. Et nous restons persuadés que la communauté internationale sera toujours à nos côtés chaque fois qu'elle aura constaté que nous aurons pris conscience de notre responsabilité de peuple et de dirigeants responsables.
Enfin, nous devons refaire nos structures politiques, économiques, sociales et culturelles. Elles sont toutes archaïques et surannées ; il faut les moderniser.
Sur le plan politique, nous devons apprendre à vivre avec nos adversaires, car, eux aussi restent et demeurent des Haïtiens à part entière, même s'ils défendent une position différente de la nôtre. C'est par leur intermédiaire que nous pourrons relever nos erreurs de gestion.
Sur le plan économique, nous devons revigorer notre secteur privé, lui donner confiance en soi, cette confiance en soi qui charrie le dynamisme qui est essentiel au développement économique de tout pays. Si nous voulons vraiment changer la face économique de notre pays, il nous faut avoir un secteur prive fort, dynamique, déterminé, fonceur et progressiste. Un investisseur, un capitaine d'industrie prend nécessairement des risques.
Sur le plan social, nous devons faire disparaître les inégalités trop criantes. Tout le monde ne peut être appelé à être chef d'entreprise, ou Président de la République ; chacun a un rôle à jouer, chacun à son rôle à jouer pour que notre projet de société devienne une réalité. Nous voulons favoriser une ambiance de fraternisation nationale.
C'est ensemble que nous pourrons arriver à développer notre pays. Nous devons encourager tout ce qui peut nous rapprocher de notre but et chasser tout ce qui est de nature à nous en écarter. Nous devons concrétiser enfin notre devise : « L'union fait la force »
Nous savons qu'il ne sera pas facile de réaliser ce Projet de Société ; mais, nous sommes déterminés à prendre toutes les mesures nécessaires pour en faire une réalité ; et surtout, nous n'oublierons jamais que pour faire une société nouvelle, il faut des dirigeants remarquables, doués d'une dureté sans faille, d'une vision de chef, d'une détermination à toute épreuve et d'une intelligence au-dessus de la moyenne. Nous y parviendrons, si nous le voulons vraiment, car, Dieu sera avec nous.
KONBIT LIBERASYON EKONOMIK
Klé solisyon pou Hayti, Octobre 2009
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