Des électeurs dans un état cholérique 24 novembre 2010 Amélie Baron HAïTI - Le peuple ne comprend pas l'urgence de tenir des élections, seulement dix mois après le séisme Crispations Pourtant dans trois jours, 4,7 millions d'électeurs seront appelés aux urnes pour élire 98 députés, 11 sénateurs et le nouveau président de la République. Quand en juin, les autorités avaient pris la décision d'organiser ce 28 novembre les élections, elles savaient que les défis seraient de taille. La situation s'est aggravée avec l'épidémie de choléra, qui a fait plus de 1 400 morts en un mois, mais l'Etat veut poursuivre le difficile processus électoral. Depuis le départ de Duvalier en 1986, Haïti a toujours connu des crispations à l'approche des élections. Cette année n'a pas échappé à la règle : la crise humanitaire a exacerbé la colère. Au Cap-Haïtien, la population a violemment manifesté contre les casques bleus, soupçonnés d'avoir apporté le choléra dans le pays. Les confrontations ont causé la mort de deux personnes. Depuis, les barricades ont été levées dans la deuxième ville du pays mais la tension reste forte. Et dans la capitale, ce que redoute la population, ce sont des manifestations violentes. Premières concernées : les milliers de familles qui vivent sur le Champ-de- Mars. A l'approche du jour du vote, Ketline Cadet craint pour sa vie. « A chaque élection, le pays est sens dessus dessous. On est toujours pris au milieu des tirs, les murs de nos maisons étaient marqués d'impacts. Mais maintenant nous sommes devant le palais national, sous les tentes.» Son plus jeune fils dans les bras, elle oscille entre désespoir et colère. « Une seule cartouche suffira pour percer les bâches. J'ai peur parce que je n'ai aucun endroit pour m'endormir en sécurité. » Une grande inconnue, la participation Déjà les partis politiques se livrent une bataille acharnée : pas un mur de la ville qui ne soit recouvert d'innombrables affiches des candidats. Les enjeux du pouvoir n'ont sans doute jamais été aussi importants : l'équipe qui sera au pouvoir à compter de février aura à charge, avec la Commission intérimaire pour la reconstruction (coprésidée par le Premier ministre actuel, Jean-Max Bellerive, et l'ancien président américain Bill Clinton), de gérer les milliards de dollars d'aide venus de l'international après le séisme. Mais avant même de penser à l'avenir du pays, avec la crainte des violences, la psychose du choléra, la grande inconnue reste la participation des Haïtiens au vote. La reproduction, la redistribution ou la syndication du texte ci-dessus, dans son intégralité ou en partie, nécessitent l'autorisation préalable et expresse de 20 Minutes. ____________________ "La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles? Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation prend la forme de monopole au 21e Siècle. WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.) |
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