Haïti-élection : Impossible de proclamer Célestin des le 1er tour, René Préval dans la tourmente. Par Cyrus Sibert, Cap-Haïtien, Haïti. Le Ré.Cit. (Réseau Citadelle) : www.reseaucitadelle.blogspot.com Les élections programmées pour le 28 novembre prochain risquent d'être un vrai désastre pour le régime en place. Le candidat à la présidence de la Plate-forme INITE n'arrive pas à décoller dans les sondages qui normalement devraient rendre plausible son élection dès le premier tour. Avec un score entre 13 et 21%, les « Grands électeurs » du Conseil Electoral Provisoire auront du mal à justifier les fraudes massives planifiées sur le terrain avec des distributions d'armes un peu partout, la reconstitution de certains gangs et l'élargissement de bandits en conflit avec la loi. Des candidats de base i.e. aux législatives, qui normalement devraient défendre le parti dans les communes et les sections communales, se lancent dans le «sauve qui peut ! ». Beaucoup d'entre eux entretiennent des pourparlers avec d'autres partis. Jacques Edouard Alexis en est l'un des plus sollicités par cette base confuse et qui fait preuve de manque de confiance. Le candidat au Sénat de l'INITE Nawoon Marcellus vient d'abandonner la branche de son parti au Limbé pour adopter Frandy Louis alias Ti-Fab, le jeune candidat très populaire à la députation du parti LAVNI de Yves Cristallin dans la circonscription. A 26 jours du scrutin, c'est la panique dans le camp des grecs. La campagne massive d'affiches, de billboards et de spots publicitaires, semble ne pas suffire pour faire décoller Jude Célestin. Pour les 18 autres candidats à la présidence, c'est difficile de dresser un tableau différent. Mise à part les 5 candidats qui présentent une certaine constance dans les sondages, ils sont inconnus et/ou mal-connus par la population. Nombreux sont ceux qui se laissent piller par des bandes de jeunes qui promettent la même chose à tout le monde dans le seul but de leur soutirer de l'argent. On voit les mêmes visages avec Jacques Edouard Alexis et avec Charles Henry Baker ; ils montent aussi la garde devant la résidence de Nawoon Marcellus en attente de l'argent de l'INITE ; ils étaient aussi avec Jean Henry CEANT au Feu-Vert Night Club, il y a deux semaines : une vraie confusion. Ce qui traduit le désarroi d'une jeunesse continuellement au chômage, condamnée à la mendicité, d'une catégorie sociale qui grossit avec les désastres en cascade qui ont détruit ce qui restait de cellules familiales en Haïti. Toutefois, entre un régime qui n'arrive pas à propulser son candidat afin de garantir la continuité de la mainmise de ses groupes monopolistes néo-féodaux rétrogrades sur le pouvoir politique et les 18 autres candidats qui se font rançonner par des groupes de jeunes affamés, sans attachement réel, il y a une réalité en deux points. 1- Le pouvoir en place ne pourra pas proclamer son poulain dès le premier tour. Ses fraudes viseraient seulement à éviter que Jude Célestin ou l'un des alliés de rechange comme Leslie Voltaire ne soit pas éliminé le 28 novembre prochain. 2- Si le CEP arrive à le sauver de la catastrophe en repêchant l'un des candidats de la continuité, au 2nd tour, il y aura forcément l'un des (4) quatre candidats supportés en majorité par la classe moyenne et les entrepreneurs indépendants : Myrlande Manigat, Charles Henry Baker, Michel Martelly ou Jean Henry Céant. Et même quand Jacques Edouard Alexis ou Yves Cristallin serait, par surprise, le candidat qui affronterait Jude Célestin au 2nd tour, Haïti est sur le point de revivre l'affrontement électoral de 1957 qui avait opposé de façon radicale la classe moyenne et la bourgeoisie traditionnelle. Le Chef de l'Etat sortant ayant été durant tout son second mandat une marionnette de la bourgeoisie monopolistique clintonnienne, son dauphin ne peut être perçu comme un élément progressiste capable de défendre les intérêts de la classe moyenne et des masses. Les intempéries, la tornade, le choléra, les ouragans et/ou les cyclones, nous rappellent tous les jours notre situation précaire. Ils gardent présent le bilan négatif du régime en place et nous interpellent. Avec la décapitalisation de la classe moyenne suite au séisme du 12 janvier 2010, les bourgeois ''Vrais et Faux'' ou ''Volè Fini'' ne sont pas les seuls à vouloir faire fortune à la faveur de la reconstruction. D'ailleurs, leur implication sans réserve dans les distributions d'armes à feu est contre-productive et tend à radicaliser l'électorat. Une situation qui embarrasse les militants du régime et pousse des CASEC et des ASEC à se désolidariser publiquement avec Jude Célestin. Les élections de novembre 2010, risquent de devenir un espace de lutte de classes capable de polariser Haïti jusqu'à des affrontements meurtriers susceptibles d'évoluer en guerre civile - de basse intensité, les forces militaires de l'ONU étant sur le terrain. Les militants de la continuité seront considérés comme de traites au service de l'Elite la plus répugnante du monde. Dans ce cas, la planche de salut du régime reste une faible participation de l'électorat. L'implication de la population étant de plus en plus croissante, il ne reste que la violence comme option pour convaincre les électeurs à rester chez eux. Faut-il se rappeler de la déclaration du Président de la République annonçant, une faible participation au scrutin du 28 novembre 2010. Malgré tout, René Préval risque d'obtenir une continuité dans la tourmente. Sa situation n'est pas plus garantie avec Jude Célestin qui, selon des informations, serait plus sous le contrôle des ''Seigneurs du Sud'' accusés de trafic de drogue. Pour un homme habitué à une multitude de femmes et d'enfants, une simple filiation naturelle est loin de représenter une obligation de fidélité. Il va s'en dire que ces élections qui devraient nous embarquer dans la voie de la stabilité vont tout simplement basculer le pays dans une impasse avec des confusions, des rivalités ouvertes pour le contrôle du pouvoir et de la manne de la reconstruction. RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 02 Novembre 2010, 18 heures 22. ____________________ "La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles? Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation prend la forme de monopole au 21e Siècle. WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.) |
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