Haïti-Pédophilie : Le Ministre Evans Lescouflair, toujours sur le banc des accusés.
Par Cyrus Sibert, Cap-Haïtien, Haïti. Le Ré.Cit. (Réseau Citadelle) : www.reseaucitadelle.blogspot.com
Personne ne saura la vérité sur les accusations de viol et de pédophilie portées contre le Ministre Evans Lescouflair par M. Dor et d'attouchement sexuel sur son neveu de 16 ans. Le classement sans suite du dossier de l'acte d'accusation contre l'homme fort du ministère de la Jeunesse et des sports ne fait que renforcer le doute sur son innocence. Les manifestations des membres du parti politique KOMBA, sans compter les supporteurs qui à longueur de journée intimident les plaignants qui ont porté plainte sont plus que tendancieuses. Le mineur de 16 ans qui est à la base de ce scandale doit surement se sentir terrorisé. Le déferlement de supporteurs menaçants arguant que ceux qui se disent victimes font partir d'un complot ourdi par des sénateurs de l'opposition contre le pouvoir en place a altéré le principe d'égalité devant la justice. La mise en scène d'un ministre exemplaire prêt à répondre au juge sur une accusation portée contre lui n'a pas atteint son objectif. Le classement sans suite du dossier faute d'évidence dans le certificat médical du plaignant pourrait être interprété comme une fuite en avant pour éviter une enquête en profondeur et un jugement de l'accusé pour les faits qui lui sont reprochés. Car nous savons tous, les difficultés techniques pour un médecin haïtien de diagnostiquer ce genre de cas. Dans le dossier Douglas Perlitz, le médecin était incapable de dire si le sang aperçu au niveau de l'anus d'une victime hospitalisée, après avoir été sodomisée, était d'origine anale, rectale ou abdominale. Aux journalistes de Connecticut Post, il avait déclaré : « Nous ne pouvons pas dire avec précision l'origine du sang, nous n'avons pas des équipements appropriés. Parfois, nous sommes obligés de faire une touchée qui n'apporte pas trop de précision sur la localisation de la lésion ». Aussi, est-il possible que le jeune terrorisé décide de porter plainte après plusieurs rapports. A ce moment, il peut ne pas y avoir des lésions visibles, ni d'hémorragie. C'est la raison pour laquelle les enquêteurs dans le dossier Perlitz ont beaucoup mis l'accent sur le parcours de l'accusé, ses fréquentations, ses rapports avec d'autres jeunes et ses vices cachés, sa vie en générale.
Un observateur averti ne comprendra pas cette logique du Parquet de Port-au-Prince à vouloir nous faire croire que le certificat médical est l'unique preuve matérielle capable de justifier le transfert du dossier au Cabinet d'instruction. La concordance des témoignages recueillis de sources diverses devrait en être une. Et le seul moyen d'arriver à percer l'écran de fumée habituel érigé par les prédateurs sexuels est de lancer une enquête approfondie. Que fait-on des mobiles de ceux qui ont porté plainte ? Comment expliquer que deux hommes, dont un mineur, acceptent d'affronter les stigmates liés à l'homosexualité pour accuser un ministre ? Pourquoi a-t-on préféré classer le dossier au lieu de mener une enquête sur la vie et l'environnement du ministre, sur les témoins, sur la vie et l'environnement des plaignants… ? Il serait utile d'établir les liens qui existent entre les plaignants et les membres de l'hypothétique complot contre Lescouflair. La révocation pour détournement de fonds au Centre d'appui à la jeunesse qui aurait motivé Willio Dor à se venger de son patron en inventant un viol imaginaire, selon la thèse des Avocats de la défense, était intervenue le 2 janvier 2010, un jour férié chômé en Haïti, au cours duquel les administrations sont censées rester fermées. Déjà, une incohérence de la défense qui justifie l'ouverture d'une enquête judiciaire. De plus, même quand il y aurait complot pour détruire le ministre, le fait reproché est-il une invention ? On comprend mal ces plaignants prendre le risque d'attaquer un ministre sans avoir une base pour lancer leur accusation. Une enquête du juge d'instruction pourrait établir les fondements de l'accusation, les motivations de ceux qui ont porté plainte. Lors même qu'un groupe de parlementaires aurait utilisé un quelconque rapport illégal entre le ministre et un mineur pour le faire tomber n'élimine pas le caractère répréhensible de son acte. Le mineur peut à un certain moment accepter de se livrer à des relations homosexuelles et ensuite, pris de remord ou se sentant trahi par son partenaire qui n'a pas tenu ses promesses, décide de tout dévoiler. Là encore la responsabilité pénale du ministre resterait entière. En Haïti, nous avons la bestialité d'utiliser l'acquiescement du mineur pour banaliser les actes pédophiles. Ce qui est une monstruosité, vu que même quand le mineur aurait insisté pour avoir une relation sexuelle avec un adulte, ce dernier n'est pas moins coupable. Il est donc passible de peine prévue par la loi.
Pour ceux qui résident en Haïti, des rumeurs sur des comportements interprétés comme homosexuels de Monsieur Evans Lescouflair ne datent pas d'hier. Ce scandale devrait offrir une bonne occasion pour faire le point sur la pertinence de ces rumeurs afin d'établir un lien entre les faits reprochés et le comportement de l'accusé. On devrait pouvoir casser la carapace de la vie de l'homme pour mieux juger ses aptitudes à diriger le ministère de la jeunesse et des sports. Dans un pays aussi corrompu comme Haïti, le comportement des membres du parti KOMBA ou d'autres manifestants peut être facilement être compris. La pauvreté et la précarité en Haïti dénaturent les gens. Ils sont ainsi prêts à tout pour conserver leurs avantages et privilèges. Toutefois, cette militance pour éviter que la lumière soit faite sur une accusation aussi grave restera comme une tache d'huile dans l'histoire du parti. Les arguments utilisés par le Directeur Exécutif du Parti faisant croire qu'une telle accusation chercherait à détruire le pouvoir en place est surréaliste et illogique. A qui peut-on faire croire qu'un régime aussi puissant et supporté par la MINUSTAH puisse être renversé par un scandale de ministre pédophile ?
Cette victoire à la Pyrrhus du Ministre de la jeunesse et des sports ne lui rend pas service. Les intimidations contre le médecin Dr Jorden's Jean-Baptiste de l'HUEH qui a décerné le certificat médical et les plaintes contre les plaignants sont autant de réactions hâtives qui mettraient le « doute raisonnable » contre l'accusé. A tort ou à raison, le ministre a évolué suivant la tendance traditionnelle des prédateurs sexuels accusés ; à savoir : 1- dénoncer un complot pour confondre la société civile et les organisations des droits humains, 2- constituer une batterie d'avocats pour jouer sur les procédures et 3- lancer une guerre d'usure en vue de décourager le plaignant, 4- organiser une démonstration de force en terme d'appui social impressionnant et radical, une tache facile vu que ces genres de vices sont supportés par une organisation de type « société secrète » composée de personnes liées par le chantage donc l'omerta, 5- attaquer et intimider le plaignant tout en cherchant à lui proposer un arrangement dans le but de finir rapidement avec le dossier , 6- manœuvrer pour éviter un jugement sur le fond.
On peut toujours utiliser le pouvoir et une batterie d'avocats pour faire cesser les procédures judiciaires et rester en liberté dans un pays sous la coupe d'un système judiciaire corrompu et inféodé aux pouvoirs constitués, toutefois, l'opinion publique -nationale et/ou internationale - exigera plus que des manœuvres tendancieuses pour vous rendre votre légitimité. En ratant cette chance de faire la lumière sur les accusations d'abus sexuels et de pédophilie portées contre lui, dans l'esprit de tous ceux qui peuvent se faire une idée des rapports justice/pouvoir politique en Haïti, Evans Lescouflair reste sur le banc des accusés. Au Cap-Haïtien, on l'appelle déjà Lucifer.
RÉSEAU CITADELLE (Le Ré.Cit.), le 10 Octobre 2010, 16 heures 07. ____________________ "La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus SibertReconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles? Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation prend la forme de monopole au 21e Siècle. WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.) |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire