samedi 21 janvier 2012

« Par cette décision, le gouvernement des États-Unis vient de renouveler sa confiance dans le travail effectué par l'actuelle équipe au pouvoir qui a développé un nouveau leadership », s'est réjoui le chef de l'Etat dans le communiqué.


http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=101761&PubDate=2012-01-18

L'édito : Partir

Haïti: Le Brésil et le Pérou sont mal pris avec des Haïtiens qui essaient de passer leurs frontières pour s'établir au pays de Pelé.

Au moment où ces lignes sont écrites, une centaine d'Haïtiens sont bloqués entre le Pérou et le Brésil dans la ville d'Assis Iñapary. Nos compatriotes sont au milieu d'un pont qui relie les deux pays. Les gouvernements brésilien et péruvien refusent l'asile à ces Haïtiens et les empêchent de rester sur leurs territoires respectifs.

Cela fait des mois que nos compatriotes partent à l'assaut de l'Amérique latine. Ce ne sont plus des raisons politiques qui expliquent cet engouement pour les terres lointaines du Sud de l'Amérique.

La redécouverte de l'Amérique latine a débuté avec les bourses pour Cuba ou pour le Venezuela. Puis, l'émigration a commencé vers les pays parlant espagnol quand après les études il fallait trouver du travail. Le séisme, les rotations des troupes de la Minustah et le renforcement de la coopération avec les pays de la zone ont renforcé les liens humains et attisé l'envie d'aller voir ce qui se passe dans les terres hispanophones ou lusophones.

Il ne fallait pas plus pour que de véritables réseaux organisés se mettent en place. Toutes sortes d'histoires circulent sur des crédules qui ont payé des fortunes aux mangeurs d'illusions. Ils sont partis d'Haïti mais rament encore pour trouver l'Eldorado promis.

Dans un autre registre du chapitre migratoire, il y a ceux qui se sont remis à prendre la mer, à affronter les vagues pour mettre le cap sur le nord. Direction les Etats-Unis d'Amérique. Le voyage s'arrête des fois à Cuba, dans l'une des nombreux îles ou îlets de l'archipel des Bahamas ou dans les parages des îles Turkrs et Caicos.

Tout au long du mois de décembre, ils ont été nombreux à franchir le pas qui sépare le rêve de partir et la cale d'un esquif pour tenter la grande aventure du voyage en haute mer.

Des morts et des rapatriements plus tard, on ne peut pas dire combien il y a eu d'heureux qui, comme Ulysse, ont fait bon voyage et sont arrivés au pays où coulent le lait, le miel et les dollars.

L'annonce de ce mercredi a, elle, de quoi ravir toutes les espérances. Les Etats-Unis d'Amérique sont disposés à délivrer les fameux visas H-2A et H-2B depuis Port-au-Prince.

Le visa H-2A est destiné particulièrement aux ouvriers agricoles temporaires qui ne résident pas aux Etats-Unis. Il permet au bénéficiaire de travailler pendant certaines saisons de l'année, pour une durée ne dépassant pas douze mois. Il peut être renouvelé plusieurs fois. Celui de type H-2B s'adresse aux individus recrutés pour des emplois également temporaires dans divers domaines. Il est octroyé pour une durée d'un an renouvelable.

Les travailleurs étrangers qui bénéficient des visas H-2A et H-2B auront à jouir des droits comme tout travailleur américain, y compris assurance contre les accidents, la rémunération équitable, le logement et les transports, comme l'exige la loi américaine.

« Obtenir la fameuse "résidence Jardin" depuis le consulat de Port-au-Prince va convertir un grand nombre de nos compatriotes en agriculteurs », a lancé en souriant un confrère.

La présidence, qui s'est fendu d'un communiqué pour se féliciter de la décision des autorités américaines et qui tire déjà des plans sur la comète en extrapolant sur les salaires mirobolants des futurs saisonniers, prend-elle en compte que bientôt les statistiques vont dessiner les contours d'une image peu amène de notre pays quand on verra combien ils seront nombreux ceux qui voudront partir et quels sont leurs profils?

« Par cette décision, le gouvernement des États-Unis vient de renouveler sa confiance dans le travail effectué par l'actuelle équipe au pouvoir qui a développé un nouveau leadership », s'est réjoui le chef de l'Etat dans le communiqué.

Si les Etats-Unis jugent opportun de permettre à un plus grand nombre d'Haïtiens de partir d'Haïti, comment interpréter une telle décision alors que le pays devrait être en passe de dekole?

Une petite question à un milliard de dollars, a conclu notre confrère.

Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com
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"La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert
Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles?
Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation prend la forme de monopole au 21e Siècle.
WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.)


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