jeudi 21 juin 2012

Lamothe veut mettre de l'ordre à la frontière d'Haïti avec la République dominicaine. --- "La frontière libre, c'est fini. Laurent Lamothe l'a dit et redit ce mercredi à l'occasion d'un Conseil de gouvernement retransmis en direct sur les médias d'Etat. ' (Le Nouvelliste | Publié le : mercredi 20 juin 2012)

Le Premier ministre Lamothe (au centre) entouré des ministres de la Justice, des Finances, de l'Intérieur et de la Défense
Le Premier ministre Lamothe (au centre) entouré des ministres de la Justice, des Finances, de l'Intérieur et de la Défense

La frontière libre, c'est fini. Laurent Lamothe l'a dit et redit ce mercredi à l'occasion d'un Conseil de gouvernement retransmis en direct sur les médias d'Etat. 
Dès ce vendredi, le Premier ministre va se transporter sur la frontière entre Haïti et la République dominicaine et annoncer des mesures. Le but poursuivi par le gouvernement haïtien est de mettre fin à la contrebande et d'augmenter les recettes fiscales. Tout au long du Conseil de gouvernement, lequel a réuni tous les ministres et secrétaires d'Etat et certains directeurs généraux invités, ce qui le différencie d'un Conseil des ministres présidé par le président de la République, la question de nos relations avec la République dominicaine a été le fil conducteur sans que nos voisins n'aient jamais été pointés du doigt. Il y a de cela quelques semaines, le Premier ministre avait déjà dénoncé des pertes de l'ordre de 300 à 500 millions de dollars de recettes à cause des libéralités qui tiennent lieu de politiques frontalières. Il a récidivé ce mercredi et promis de passer à l'action pour stopper l'hémorragie. Photos à l'appui, le secrétaire d'Etat à la Sécurité publique, Réginald Delva, a montré la faiblesse des installations des douanes et de la police, ce qui facilite les trafics en tout genre le long de la frontière que se partagent les deux pays. Laurent Lamothe a aussi laissé entendre que Haïti devait mettre fin au marché binational, une pratique dans les villes frontalières qui autorise, deux jours par semaine, l'entrée sans taxes de produits dominicains sur le sol national. En principe, la réciprocité est de mise en ce qui concerne l'exemption de taxes, sauf qu'Haïti exporte très peu de marchandises vers la République voisine et que les Dominicains veillent au grain pour freiner, voire empêcher la pénétration des produits haïtiens sur leur sol. Selon le PM, le marché binational est une barrière libre offerte aux produits dominicains. Le marché binational est remis en question : « Il faut corriger ce problème, nous ne pouvons pas continuer de prendre la mauvaise décision d'ouvrir notre frontière pendant 2 jours sur les 5 jours ouvrables », a plaidé le Premier ministre Lamothe. « C'est un marché libre qui se fait dans un seul sens, selon le ministre du Commerce, Wilson Laleau, qui croit que la création d'emplois en Haïti passe par la protection de nos industries et de nos entreprises. « Le contrôle de la frontière est la première grande décision à prendre si on veut créer des emplois », selon l'universitaire-ministre. Les observateurs s'attendent à un bras de fer entre l'Etat haïtien et des secteurs divers de la République dominicaine. Cependant, nos voisins auraient mauvaise presse à contrer la volonté des autorités haïtiennes à installer un cadre réglementaire plus strict. « La pauvreté de l'Etat haïtien ne fera pas l'affaire à moyen et long terme des Dominicains et ils le savent », estime un homme d'affaires interrogé à l'issue du Conseil de gouvernement par Le Nouvelliste. « En fait, le principal ennemi que Laurent Lamothe aura à affronter dans les mois qui viennent s'il tient à sa croisade, ce sont des amis de son gouvernement qui font leur beurre dans les trafics de tout genre. Pour les exportateurs dominicains la partie est simple : Haïti ne produisant pas grand-chose, les taxes feront augmenter les prix, mais ne provoqueront pas de changement de fournisseurs ». Lamothe, en s'attaquant à la contrebande et au marché binational, devra bien expliquer son projet aux populations concernées qui seront vite affectées par ce changement de politique. 

Frantz Duval duval@lenouvelliste.com Twitter:@dalfaz 
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"La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert
Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles?
Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation  prend la forme de monopole au 21e Siècle.
WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.)

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