En dehors de la passation du pouvoir d’un président élu à un président légitimement élu, toutes les formules, dites consensuelles, de sortie de crise à la situation électorale actuelle, représente une entrée dans les sentiers de la guerre civile. Voilà pourquoi:
Les contradictions que traine l’histoire d’une société aux coefficients d’injustice, d’inégalités aiguës sont encore vives. Alimentées par les successives dictatures et prises de pouvoir à des fins d’enrichissement de secteurs politiques et de catégories économiques monopoleuses, elles n’ont trouvé de frein à leur expansion qu’à travers la CONSTITUTION DE 1987. C’EST L’ACQUIS FONDAMENTAL DES 200 ANNEES DE LUTTES DU PEUPLE HAITIEN POUR LA MISE EN PLACE D’UN REGIME DE DROITS ET DE DEVOIRS.
Tout comme les gouvernements des Duvalier et de Aristide doivent être vus l’un comme le summum de la dictature, l’autre comme le pic de l’anarchie, LA CONSTITUTION DE 1987 DOIT ETRE CONSIDÉRÉ COMME LA RÉPONSE ULTIME À CES ARRIÉRATIONS DE NOTRE HISTOIRE, C’EST À DIRE LE CARRÉ FINAL DE RUPTURE AVEC LES MODALITÉS DE GOUVERNANCE DU PASSÉ.
Sans détour, nous disons que, faute d’un cheminement de progrès qui établirait les bases d’un progrès durable, c’est la Constitution de 1987 qui protégé la nation des dérives totalitaires et toutes autres résurgences politiques similaires. Par son idéalisme, son contenu de générosité aux allures de changements pacifiques, ses mécanismes institutionnels barrant la voie à tous les monopoles, sa lettre et son esprit opposés aux dérives totalitaires, elle a mis une sourdine à ces contradictions qui attendent le développement durable qui doit changer les conditions de vie du peuple
S’attaquer à la CONSTITUTION, vouloir le contourner, comme le font les Présidents de deux chambres, JOCELERME PRIVERT et CHOLZE CHANCY, c’est délibérément et volontairement faire entrer le pays dans la crise, annonciatrice de guerre civile. Car,
1- le consensus qui aboutira au choix du Premier Ministre de cette dite transition ne durera pas.
2-Il y a au parlement actuel, comme dans la plupart de nos parlements des blocs majoritaires, eux-mêmes non issus de partis majoritaires.
3-Ce Premier Ministre dit Rassembleur ne résistera pas aux appétits et ambitions des parlementaires composant ces Blocs.
4-Fidéles aux vœux et calculs intéressés de certains chefs de partis et parlementaires, ce fameux Rassembleur à la petite semaine se retrouvera seul, désorienté, sans autorité aucune pour faire face à la transition post 7 Février.
S’il ne démissionne pas, il sera déboulonné par les turbulences nées de contradictions entre les blocs au parlement, entre les blocs et les partis, entre les parlementaires et leurs propres partis.
Le Premier Ministre Rassembleur, issu de cette calendrier de sortie de crise, n’est rien de moins qu’un nommé, dépourvu d’une légitimité que le Parlement ne saurait assurer sitôt que le Président Martelly lui aura remis les clefs de la Maison Nationale.
Il y a là matière à réflexion. Plus encore, lorsque le nouveau Président de l’Assemblée Nationale reconnaît et déclare: ”L’Exécutif et le Parlement, en tant que co-dépositaire de la souveraineté nationale, ont la responsabilité d’empêcher le pays de tomber dans le chaos.”
En ce cas, le nouveau PM choisi, va-t-il remplacer le Président Martelly, avec ses attributions constitutionnelles?
Paradoxe! Le Parlement tourne dos au principe démocratique et stabilisateur, qui exige qu’un Président légitimement élu remplace un Président élu et, en lieu et place, intronise un Premier Ministre Rassembleur! Sans doute pour rassembler les calamités et les destructions qui s’en suivront.
Voilà un cas flagrant de violation de la Constitution par des Parlementaires à l’orée de leur entrée en fonction. C’est déjà un cas à soumettre à la HAUTE COUR DE JUSTICE et à LA COUR CONSTITUTIONNELLE, dés que ces deux institutions verront le jour.
En somme, bâti autour de la démission du Président Martelly le 7 Février et autour du choix d’un nouveau Premier Ministre dit Rassembleur, ce calendrier de sortie de crise à l’étude au Parlement, est la formule idéale pour l’entrée du pays dans la turbulence, porteuse de guerre civile.
A ce projet macabre, visant à allonger sur une longue durée, car PLUSIEURS RASSEMBLEURS SESUCCÉDERONT, l’organisation des élections, la majorité silencieuse de ce pays, les démocrates doivent faire entendre leurs voix.
Il est clair que des forces occultes veulent faire reculer l’avancement, de la construction de la démocratie sous le couvert de la quête d’une solution consensuelle à la crise électorale.
EN AUCUN CAS, stipule l’article 111.8 de la Constitution, LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS OU LE SÉNAT NE PEUT ÈTRE DISSOUT OU AJOURNÉ, NI LE MANDAT DE LEURS MEMBRES PROROGÉS”.
Article auquel fait écho l’article 136, ainsi stipulé: LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEH DE L’ETAT, VEILLE AU RESPECT ET À L’EXECUTION DE LA CONSTITUTION ET À LA STABILITE DES INSTITUTIONS.IL ASSURE LE FONCTIONNEMENT REGULIER DES POUVOIRS PUBLICS AINSI QUE LA CONTINUITE DE L’ETAT.”
Entre la lettre et l’esprit de ces deux articles, il n’y a pas de place pour les jeux piégés de salons politiques, auxquels on donne le nom de consensus. Les enjeux sont trop grands. Il est question de l’amélioration des conditions de vie de 12 millions d’habitants et de la consolidation du processus démocratique en Haïti.
La stabilité constitutionnelle est l’unique garantie à la finalisation du processus électoral. Haïti ne doit, sous aucun prétexte renoué avec les démons du passé. Pour en finir avec la transition qui n’en finit pas, il faut qu’UN PRESIDENT LEGITIMEMENT ELU REMPLACE UN PRESIDENT ELU.
C’EST LA VOIE CONSTITUTIONNELLE.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire