jeudi 19 décembre 2019

Jovenel Moise ne doit pas répéter l’erreur de concentrer les ressources dans un seul secteur à travers la "Caravane de Changement”.- #LeReCit


Ce mardi 17 décembre 2019, le président de la République Jovenel Moise a remis un lot d’équipements au Ministère des Travaux publiques. Il en a profité pour évoquer la subversion qui a secoué le pays ces derniers mois. Nous pensons que l’élément nouveau et le plus important dans ce discours est la décision de garder les équipements dans la capitale haïtienne pour curer les canaux d’évacuation des eaux usées, dans les quartiers populeux de Cité Soleil et à Solino. Après, l’évènement ressemble au lancement de la “Caravane du Changement”.

S’il est vrai que le secteur rétrograde de la bourgeoisie a financé ouvertement des violentes manifestations en vue de renverser le Chef de l’État, nous devons reconnaitre que les erreurs d’approches et de gouvernance ont établi les conditions socio-économiques de frustrations favorables à ces soulèvements populaires. En ce sens, les gens sincères qui veulent la réussite de ce quinquennat doivent avoir le courage de ne pas encourager le Chef de l’État à répéter les mêmes erreurs.

En effet, Haiti vit actuellement une situation qui ressemble, à petite échelle, à l’effondrement de l’économie planifiée en Union Soviétique dans les années 90s. Car, en réalité, la “Caravane de changement” a opéré suivant une approche de prise en charge des opérations dans un secteur spécifique de production nationale, avec une concentration de ressources humaines, matérielles, financières et même le temps de travail au Palais National dans l’exécution d’infrastructures agricoles; en demandant aux citoyens, dont la vie quotidienne dépend d’autres secteurs, d’attendre le résultat positif de cet effort national.

C’est une approche linéaire qui ne fonctionne pas quand il s’agit de gérer un pays. Car, tous les secteurs sont importants et ont des besoins urgents; Nous sommes dans un pays appauvri, il n’y a plus de fonds Petrocaribe, l’inflation, le taux de change du dollar américain, crise structurelle, fuite des entreprises, etc, etc.

Voilà pourquoi, dans un texte publié en mars 2017, #LeReCit avait sonné l’alarme et conseillé au Chef de l’État de “ne pas abandonner les grandes villes”. Car, “les pauvres des quartiers populaires”, avions nous dit, ne pourront pas attendre le résultat des efforts en régions.

D’ailleurs, l’opposition a commis la même erreur de bloquer totalement le pays et de demander à population de mourir chez elle, avec l’espoir qu’un éventuel départ du Président Jovenel lui apportera des cadeaux. Le mouvement est devenu impopulaire, donc sans avenir.

Il nous faut une nouvelle approche plus dynamique; une approche globale, des initiatives qui permettront à “l’argent de circuler” et à tout le monde de “fonctionner” comme on le dit en Haiti.

1- Renforçons la sécurité : pour faciliter les secteurs économiques comme le commerce, l’industrie, les festivités ou les activités nocturnes, les activités scolaires (économie scolaire), le transport (il faudrait établir des points de contrôle sur les routes nationales pour paralyser la circulation des gangs, des armes et aussi rassurer les transporteurs, les touristes, les pèlerins, les “madan Sara”, les ouvriers, …)

2- Assainissement et curage afin de
- rendre les espaces urbains attrayants,
- permettre à la population de constater le changement dans son quartier devenu plus propre, sur la voie publique,
- faciliter la relance du tourisme, les visites de la diaspora.

3- Payer les arriérés de salaire en vue de relancer la consommation, redonner l’espoir aux entreprises, les PME qui ont souffert durant les deux mois d’émeutes “peyi lòk”.

Car, ces deux (2) facteurs pèsent négativement sur la perception de bonne gouvernance. L’insalubrité et l’insécurité sont des évidences qui défient tous les beaux discours et toutes belles explications qu’on peut faire à l’attention des diplomates, des missionnaires, des investisseurs et/ou partenaires internationaux…disons simplement des visiteurs.

C’est un élément de “Soft power” (pour utiliser un concept géopolitique) inoubliable.

Les téléspectateurs qui vous voient à travers leur petit écran sur la tribune des Nations Unies, se rappelleront des tas d’immondices qu’ils ont vus en Haiti. A partir de ces clichés, ils rejetteront vos plus belles intentions sur le développement humain.

Et ce ne sont pas les rizières dans la vallée de l’Artibonite, ni une route dans les mornes de Vallières qui changeront cette perception.

De plus, du point de vue strictement politique, à mi-mandat, la réussite ou la perception de non-échec de ce gouvernement dépend d’une approche équilibrée qui prend en compte la vie quotidienne de tous les citoyens dans tous les secteurs.

On ne peut plus suspendre le paiement des salaires de professeurs, des infirmières, des policiers, des fonctionnaires et utiliser les recettes de l’État dans l’agriculture et la construction des routes ou des canaux d’irrigation. La situation macro-économique est catastrophique. Comme nous l’avons susmentionné, nous ne disposons plus de fonds #Petrocaribe; le dollars, c’est un scandale; l’inflation à deux (2) chiffres; la crise des produits pétroliers…de plus, les conséquences économiques et financières d’environ deux (2) ans d’émeutes sont graves; Sans compter les risques qui entourent l’agriculture haïtienne : changement climatique, El Nino, saison cyclonique, les rats dans l’Artibonite, etc, etc.

Certes, l’agriculture est un secteur important de la vie nationale, parce qu’elle représente la principale activité économique de la majorité nationale. Mais, il faut diversifier. Il faut penser au fonctionnement de tout les secteurs non-étatiques de l’économie et adopter des mesures transversales capables de les stimuler tous. Sur ce point la réforme de l’électricité est une bonne décision.

Car, nous sommes sûrs que dans la tradition des familles haïtiennes, les gens attendent plus que l’État crée les conditions de base pour leur permettre de se débrouiller, de vaquer à leurs occupations privées de commerce, d’agriculture, d’élevage, de transport, d’enseignement… de professions libres, que d’attendre un plat chaud de FAES, des équipements ou un financement de l’État.


Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
19 Décembre 2019
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