mercredi 28 avril 2021

La résistance au changement de la Constitution falsifiée en 2010, vue sous l’angle de la domination ethnosociale mulâtre : Pas de diaspora!

J’ai toujours assumé mes responsabilités. Cette fois, je pense qu’il est anormal d’accepter que le racisme systémique ou la question de couleur en Haiti, soit un sujet tabou. Car, en réalité, il existe sur la terre de Dessalines, une caste économiquement privilégiée, dont l'élément fondamental d’acceptation et de promotion sociale est la couleur claire de la peau. C’est d’ailleurs la situation sur l'île entière, en Haïti et en République dominicaine. Je refuse de m'auto-censurer sur cette question qui fait tant de préjudices. C’est connu que sur l'île des taïnos et des noirs, la peau sombre est méprisée et détermine des avantages socio-économiques. En ce contexte mondial de contestations contre tous les identifiants racistes, Haïti doit se mettre au pas. 

Depuis un certain temps, nous replaçons au cœur des débats le racisme systémique qui provoque l'instabilité en Haïti. Depuis la fin du 18e siècle, l’haitien à peau claire s’obstine à mépriser le pouvoir légitime de l’Haitien à peau sombre. C’est une vérité historique. Le Général de Division Toussaint Louverture a dû faire la guerre du Sud pour contraindre le Général de brigade  André Rigaud, un mulâtre à peau claire, d’obéir à ses ordres. Cela reste une constante historique. L'oligarchie à peau claire conteste toujours le leadership des dirigeants noirs qui cherchent à implémenter leur vision politique. 


Détrompez-vous! Nous ne sommes pas dupes. Ceux qui ont mis en place ce système et qui continuent de le défendre sont dans l’ombre, souvent bien établis dans des capitales étrangères où ils assurent le fonctionnement de lobby réactionnaire contre tout changement en Haïti. Après + 200 ans d’exploitation d’Haiti, ils ont amassé assez de richesses pour se la couler douce dans les milieux huppés de ce monde. C’est la continuité du lobby des colons français auprès de Napoléon pour obtenir l’expédition Leclerc en vue de rétablir l’esclavage en Haïti; ou une compensation en faveurs des anciens colons hypothéquant l’économie haïtienne d'une foutue dette de l’indépendance. D’ailleurs, le Président Boyer, n’a t-il pas pris refuge à Paris, comme un agent exfiltré pour regagner son vrai pays, suite à une mission à l'étranger?


Ceux qui résident dans le pays ne sont que des sous-fifres qui se font aussi manipuler par la couleur de leur peau : “Sacrifiez-vous au nom de votre groupe ethno-social, même quand en réalité vous vivez dans des quartiers assiégés par des bidonvilles, dans la crasse, autour des tas d'immondices, sans énergie, sans services publics, sans hôpitaux pour répondre à une urgence médicale!”. Tel est le message d'encouragement des puissants riches, souvent absentéistes-gardiens du système exclusivisme, comme au temps de la colonie. En ce sens, même quand ils sont souvent trop cons pour le comprendre, le combat pour sortir Haïti de l’Etat-Plantation vers l’ État-Nation, est dans leur intérêt. 


Toutefois, la situation personnelle de ces individus que nous appelons des sous-mulâtres exploités, ne doit pas nous empêcher de voir le système instauré depuis Alexandre Pétion et Jean-Pierre Boyer. 


Sur le plan historique et systémique, tout l’enjeu de la nouvelle constitution, aux yeux des leaders de ce secteur que l’homme politique et écrivain martiniquais schoelcher appelle la “faction jaune” --  i.e. l’oligarchie mulâtre, c’est qu’elle instaurera en Haïti un pouvoir autonome émanant uniquement du vote de la majorité populaire. 

 

Cette nouvelle constitution qui sera votée le 27 juin prochain, anéantira la dictature des mains invisibles, des réunions de salons dans les hauteurs de Pétion-ville. Car, celui que le peuple élira, aura le pouvoir d’installer son gouvernement sans marchandage, en vue d'implémenter ses promesses de campagne. 

 

Ce sera différent d’aujourd’hui, où malgré un vote majoritaire et populaire au niveau national, un président élu doit supplier l’oligarchie de lâcher prise afin qu’il puisse installer un gouvernement.

 

Aussi, cette constitution, intégrera-t-elle la diaspora haïtienne avec sa double nationalité, son apport technique, son savoir-faire, ses expériences de modernité dans les pays riches, sa capacité financière et ses réseaux mondiaux pour concurrencer la bourgeoisie rétrograde et rentière. 

 

C’est tout le système de domination exclusiviste instauré dans le pays, après l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, qui est menacé. On comprend pourquoi un homme comme Jerry Tardieu, qui a passé 4 ans à la Chambre des députés à travailler sur une nouvelle constitution, est contre ce référendum constitutionnel.

 

De plus, il faut signaler que si la République Dominicaine sert de base arrière pour les membres de la “faction jaune” haïtienne, cette mulâtrie qui grâce à la couleur de la peau profite sans contrainte la République voisine, s’y rend, investit, envoie ses enfants à l’école sans difficulté dans les lycées français ou dans des écoles  américaines de Santo Domingo…. notre diaspora, originaire en majorité des villes de province, des sections rurales et des mornes d'Haiti, constitue la base arrière de la majorité nationale. 


Elle est une force que cette constitution permettra de transformer en ressources géopolitiques, en vue de renforcer l’influence d'Haïti sur la scène internationale et de faire entendre notre voix. 

 

Personnellement, je propose une géopolitique noiriste et/ou indigéniste. On reviendra sur ce point.


Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti 28 Avril 2021 WhatsApp: 509-3686-9669 @ReseauCitadelle reseaucitadelle@yahoo.fr

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