Par Le Sénateur Rudolph H. Boulos
Avec l’arrivée d’un Premier Ministre, serait-on en mesure d’espérer que le “Miracle Worker” soit sur les lieux ? Oui, le Président ne pouvait pas faire de miracles, le premier Ministre Alexis ne pouvait faire sortir du sang des roches; cependant, nous attendions d’eux, des solutions car "gouverner c’est pouvoir". En effet, tous les gouvernements ont pour objectif et devoir d’améliorer le sort des populations qui les ont élus. Nous avions tous compris que nous étions confrontés à une situation de crise alimentaire causée par la négligence de remédier au plus vite les carences de la production agricole doublée de facteurs externes. La volonté politique a fait défaut, pour pallier à cette crise alimentaire. La responsabilité de cette tragédie est imputée aux dirigeants actuels pour ne pas avoir appliqué des mesures préventives à temps. Ex: Le Vietnam, les Philippines, le Sénégal.
L’insécurité s’accroît et est manipulée par les sbires du Palais National; quand on sait que le DDR, qui siège à côté de la présidence, est un repère de bandits qui utilise l’impunité la plus absolue, protégé par non seulement, leur statut de membre du personnel attaché au “Chef de l’Etat” mais en plus, obtient la couverture de la hiérarchie du système judiciaire.
Les scandales répétés de kidnapping, de comptes avec des sommes avoisinants les millions de dollars américains, de contrats signés pour séquestrés des Sénateurs et leurs familles, tout ceci ne peut en aucun cas présager rien qui puisse rassurer les familles haïtiennes de l’intérieur, ni leurs parents dans la Diaspora. Avec tout cet environnement délétère, comment peut-on espérer l’investissement tant attendu pour créer les emplois que nos jeunes attendent à leur sortie du Bac ? Quand bien même, on ne leur offre pas d’autre alternative de se professionnaliser, comme ceux de Ouanaminthe qui ont pu obtenir des bourses pour parfaire leur formation. Quel sera le respect de l’autorité de l’Etat quand les plus hautes sphères pataugent dans le banditisme de grand chemin, dans le but ultime de terroriser ?
La rentrée des classes est à nos portes et le Gouvernement démissionnaire n’a rien fait, et le président était trop occupé à faire du Préval au lieu de Prévoir. Quand on est obsèdé par le maintien du pouvoir à vie, à tout coup, on a difficilement le temps de travailler à apporter des soulagements aux problèmes cruciaux que confrontent la population chaque jour. Que ce soit la production agricole qui reçoit beaucoup de salive mais rien de concret en vue. Que les engrais soient vendus au marché noir, que l’eau pour l’irrigation fasse défaut et que les petites marchantes, courroie de transmission de la chaîne alimentaire n'aient pas été prises en compte. Qu’on gère mal, très mal, l’affaire de la grippe aviaire au point qu’elle traverse nos frontières poreuses car le vecteur a été ignoré pour essayer de régler des problèmes d’intérêt personnels, pour ne pas dire de poche. Quand tout est mis en place pour pérenniser sans délivrer...
L’équilibre macroéconomique si cher à l’actuel ministre des finances, est partie en fumée. Et, si on n’avait pas notre «Kwi» comme mendiant professionnel que nous sommes, nous serions où ? Les millions de l’aide en alimentation et support à l’agriculture des Etats Unis et du Vénézuela, ne laissent pas sombrer la barque nationale, mais ceci va durer combien de temps ? Et puis, on se demande pourquoi avoir accumulé des excédents pour arriver à affamer la population? Au lieu de faire un trou dans les caisses de l’état, on a préfèré faire un trou dans le ventre des enfants qui vont à l’école sans manger.
Les Acquis démocratiques de l’année 2006 et les écueils de ces élection/sélections qui s’annoncent.
Là, sous pression internationale, on va directement sans garde fou vers des élections bidons. L’OEA et la Minustha devraient revoir l’histoire récente des 20 dernières années pour prendre en compte la leçon suivante : chaque fois que les élections ne sont pas libres et honnêtes, nous entrons dans une crise, ex: 97 et 2000. Car malgré, la crise sociale actuelle sans précédant, la population a montré une patience à toute épreuve parce qu’elle avait choisi ses mandants en 2006. L’élection Sénatoriale de 2008, les législatives et locales de 2009 et les présidentielles de 2010 doivent être transparentes et doivent donner aux candidats l’opportunité de se faire élire par la population haïtienne sans ambage et blocage de petits copains qui veulent garder les rênes du pouvoir pour en jouir en grand mangeur qu’ils ont toujours été,”Le pouvoir Epicurien”.
Le respect des résultats des urnes est aussi une bataille à ne pas négliger, car aujourd’hui, nous avons des élus locaux qui auraient du procéder à des élections indirectes et à la formation du CEPermanent, et voilà que nous avons eu un carnaval en plein décembre 2007, pour une énième fois créer un CEProvisoire sans aucune constitutionnalité, ni légitimité. Comment vont-ils faire des élections qui ne seront pas contestées?
La Constitution de 87 est sacrée et doit être respectée dans toutes ses composantes, surtout en ce qui à trait à sa modification ou amendement. L’historien Georges Michel m’a souvent dit que des 22 constitutions que nous avons eues, 21 d’entre elles ont été taillées sur mesure c’est à dire, "faites par un homme pour un homme". Donc, celle de 87, a vu le jour sous un gouvernement de transition, à une époque de bamboche démocratique, ceci est évident par sa structure et ses garde fous. Donc, elle est unique et nous devons la protéger contre tout assaut de pouvoir autocratique. C'est un acquis qui doit être défendu par la Jeunesse Universitaire, ainsi que par toutes les organisations de la société civile, car d’elles dépendront son avenir et son mieux être.
La Diaspora qui est constituée des résidents au USA, au Canada, sans oublier le Million de nos compatriotes qui travaillent comme des diables dans l’agriculture, la construction et l’hôtellerie en République Dominicaine sans que nos gouvernants haïtiens ne leur donnent la chance de se procurer une Carte d’identité nationale,(CIN), seul moyen pour eux de se faire respecter comme citoyen d’un Etat souverain.
La Diaspora a son rôle à jouer et elle nous regarde en spectateur patient qui a payé sa place à prix d’or, 1.6 milliard de dollars américains, mais attend toujours le cadre juridique lui permettant d’assumer entièrement sa participation à la gestion de la chose publique. Si elle représente près de 30% du PIB, expliquez-moi pourquoi elle est marginalisée, exclue, voire diabolisée? Pourquoi a-t-on peur d’elle? Quand les candidats s’amusent à flirter avec elle pour obtenir la dot, sans jamais penser à la bague nuptiale. Pourtant, s’il y a une mine de ressources humaines, technologiques et financières qui peut être exploitée pour développer ce pays, c’est bien la Diaspora Haïtienne. Plus de 15 Haïtiens/Américains ont été élus comme législateurs dans les différents Etats. Ils ont été formés dans la gestion de la chose publique en respectant les besoins des populations qui les ont élus!!!
L’opportunité qui s’offre à nous et l’opportunité à saisir.
La Communauté internationale est présente et prête à nous accompagner, mais elle compte sur le fait que nous, nationaux, sauront faire les choix qui s’imposent pour la refondation de l’Etat/Nation, par la mise en place des structure démocratiques qui respectent tous les citoyens de l’intérieur comme de l’extérieur et susceptible de répondre aux besoins des jeunes de ce pays.
Nous ne pouvons pas continuer d’être un fardeau pour la communauté internationale et une menace pour nos voisins. Ce n’est pas en demandant le départ des troupes de la Minustha que nous y arriverons, mais plutôt en construisant et en modernisant les forces de cœrcition et les appareils administratifs de l’Etat. Il s’agit là d’un passage obligé en vue de la construction de cet Etat souverain, moderne, capable de créer l’environnement propice aux investissement massifs de capitaux privés nationaux et internationaux.
Les inégalités sociales criantes ne disparaîtront pas avec le “Nager pour Sortir”, car le sauve qui peut ne cadre nullement avec la logique étatique. En aucun cas, un gouvernement peu soucieux de l’intérêt général et du bien-être de ces citoyens peut créer les fondements solides d’une démocratie. Cette construction ne peut se réaliser que par le respect des talents et droits des citoyens. Notre destinée ne peut pas être, celle d’être assisté et occupé; ce n’était ni le rêve, ni la vision du Précurseur et des Pères-Fondateur de la patrie(Toussaint Louverture,Jean Jacques Dessalines Le Grand, Henry Christophe et Alexandre Petion).
Nous devons nous battre pour extirper cette culture du présidentialisme autoritaire et autocratique traditionnelle et la remplacer petit à petit, pas à pas, palier par palier, jusqu’à atteindre pacifiquement un Etat permettant à ses citoyens de l’intérieur et de l’extérieur de choisir librement ceux qui les gouvernent et l’expérience coup après coup, nous permettra d’atteindre ce que nos voisins ont pu réaliser.
Dans un passé récent, nous étions au même niveau que la Corée du Sud et en avance sur nos voisins. Pourquoi avions-nous fait ce virage vers la descente aux enfers ? Le choix qui s’impose pour corriger ces dérives ne peut être fait que par le peuple à travers des élections libres et transparentes. Les Réformateurs sauront convaincre et le peuple saura choisir, car il a un long passé d’expériences positives et de luttes courageuses.
Nous demandons à nos grands voisins du Nord et du Sud, de continuer de nous accompagner tout en soutenant à la fois les Pouvoirs Exécutif et Législatif, tous deux co-dépositaires de la souveraineté populaire. Vous, les représentants de la communauté internationale, comme vous respectez vos citoyens, respectez notre peuple et rappelez-vous chaque jour, que vous êtes présents et mandatés par vos gouvernements et parlements pour veiller au respect de ses droits fondamentaux.
Nous sommes en 2008. Et déjà, la bataille pour 2011 fait rage en Haïti. La “deuxième mitan” a commencé et appartient au Président, candidat pour la pérennité du pouvoir politique et la garantie de l’oligopole assis à la table des grands mangeurs. Mais, arrêtons d’être destructifs, soyons constructifs !
Il est encore temps pour le secteur privé haïtien de se ressaisir et de tourner son regard de l’autre côté de la frontière pour comprendre que seul un vrai partenariat secteur privé, secteur public, mutuellement avantageux et reposant sur une base éthique, peut mettre notre pays sur les rails du développement économique et social.
Car, dans tout Etat moderne, nos élites doivent comprendre que plus on augmente la taille des classes moyennes et ouvrières, ainsi que leur pouvoir d’achat, plus grands seront les profits, moins sera la nécessité de se bagarrer pour des miettes. La stabilité politique ne peut être garantie que si les jeunes, qui sont amplement majoritaires dans notre société, peuvent développer leurs talents et vivre en toute liberté avec un minimum de dignité. Et ceci ne peut se faire qu’à travers des élections libres et transparentes où ce sont les électeurs et non l’exécutif présidentiel et l’argent blanchi, qui décident du verdict des urnes.
Car il y a deux voies déjà tracées devant nous: celle de la démocratie et celle des vieux démons de la dictature des 50 dernières années, c’est à dire : celle des urnes scellées. La parole est aux citoyennes et aux citoyens, et à vous de jouer, Mesdames et Messieurs, les acteurs politiques…
Sénateur Rudolph H. Boulos, Ouanaminthe, le 15 Août 2008.
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