samedi 14 octobre 2017

#Haiti : Du respect pour les jeunes qui partent vers le Chili et d’autres pays d’Amérique du Sud.-

#Haiti : Du respect pour les jeunes qui partent vers le Chili et d’autres pays d’Amérique du Sud.- (Texte de Cyrus Sibert)

Ce mercredi 11 octobre 2017, nous étions à l’aéroport international de Port-au-Prince où nous avions constaté le phénomène d’émigration massive de jeunes haïtiens vers le Chili. Une file d’attente d’une longueur impressionnante, des centaines de jeunes avec leurs effets personnels attendant l’avion LAM pour se rendre à Lima au Pérou et ensuite au Chili à la recherche d’opportunités économiques et d’une vie meilleure.

Nous étions révoltés par le comportement et les commentaires de certains éléments de la classe moyenne et de la bourgeoisie haïtienne qui eux aussi prenaient l’avion pour l’Amérique du Nord, spécifiquement les Etats-Unis. D’un ton méprisant, ils n’arrêtaient pas de demander : “Kote moun sa yo prale?”

Faisant la queue pour passer le service d’immigration, nous avons dû exercer un effort mental considérable pour contenir notre colère face à ce comportement arrogant de misérables éléments de la classe moyenne et de la bourgeoisie qui se sont associés fièrement pour formuler des commentaires méprisables à l’endroit de ces jeunes en instance de départ.

Et, nous nous sommes demandé, de quel droit des voyageurs à destination de l’Amérique du Nord peuvent-ils se sentir supérieurs aux voyageurs à destination de l’Amérique du Sud? Qu’est-ce qui autorise ces passagers à questionner avec dédain, d’autres passagers?
On dirait des adultes qui demandent à des enfants “où allez-vous?”…..des maitres d’esclaves qui n’arrivent pas à comprendre que des individus placés en servitude quittent leur “habitation” sans leur permission.

On peut ne pas s’en rendre compte, mais, il existe en Haïti, une campagne contre la diaspora haïtienne évoluant dans des pays de l’Amérique du Sud, et ce n’est pas acceptable. Comment peut-on trouver normal que des gens fassent la queue devant les Ambassades Américaine, Canadienne et Française afin d’obtenir un visa, alors qu’on critique le même phénomène devant les Ambassades de Brésil ou de Chili?

En effet, il n’y a pas de différence entre la volonté de Christophe Colon de s’aventurer à l’Ouest et celle de ces jeunes haïtiens qui choisissent d’aller au Chili. D’ailleurs, ce phénomène a existé au début des années 80 quand les voyages clandestins vers les Etats-Unis étaient intenses.

De plus, avec le renforcement de la coopération Sud-Sud, à la faveur des évènements politiques en Haiti et surtout de l’occupation du pays par des troupes latino-américaines, on devrait s’attendre à une augmentation de la diaspora haïtienne dans ces pays du Sud. Les soldats et le personnel civil de la MINUSTAH n’ont-ils pas développer des relations humaines informelles susceptibles de développer la curiosité et l’intérêt de certains haïtiens pour l’Amérique du Sud? Combien sont-ils les enfants laissés par les missionnaires de l’ONU en Haïti? Plusieurs de ces jeunes voyageurs ont un parent en Amérique du Sud.

Aussi, en quoi cela peut-il déranger l’élite la plus répugnante qui n’a pas su organiser le pays, ni fournir de l’emploi, de l’espoir, pas même une utopie à ces jeunes?
Même quand on ne le dit pas, il y a le travail négatif de cette presse haïtienne qui ne fait que critiquer, répandre des idées pessimistes, alimenter les troubles politiques, la violence de rue et l’instabilité politique.

N’est-ce pas normal que des jeunes exposés à l’internet, la culture capitaliste de surconsommation, qui constatent que leur pays est dirigé par des incapables, une classe politique dominée par des casseurs aliénés, une bourgeoisie monopoliste répugnante, une presse qui rapporte tous les jours des nouvelles négatives et pessimistes, (n’est-ce pas normal qu’ils) s’aventurent ailleurs?

En Haiti, la démagogie et l’hypocrisie empêchent de voir la réalité. Les classes dirigeantes adoptent le comportement de l’autruche pour ignorer les faits.

Car, si aujourd’hui, il existe encore un pouvoir d’achat dans le pays, c’est grâce à ces courageux haïtiens qui avaient pris la mer pour se réfugier aux Etats-Unis. La bourgeoisie haïtienne et la classe moyenne des intellectuels de notre pays continuent à vivre grâce à cette diaspora haïtienne.

Demain, la diaspora haïtienne en Amérique du Sud servira à faire fonctionner leurs maisons de commerce, suivant leur traditionnelle mécanique arithmétique Acheter/Revendre. Cette mécanique paresseuse qui paralyse l’économie nationale. Car, au lieu d’investir dans la production nationale en vue de créer de l’emploi et de la valeur ajoutée, les riches d’Haiti se contentent d’être des revendeurs de produits finis importés de la République Dominicaine ou d'ailleurs.

Dans quel intérêt veut-on garder ces jeunes en Haiti, sans emploi, sans opportunités, dans la misère et la précarité?

Sans faire la promotion des voyages vers le Brésil, le Chili ou la Guyane, à @ReseauCitadelle, nous comprenons le phénomène, le plaçons dans son vrai contexte historique et nous respectons ces courageux haïtiens qui décident de s’aventurer ailleurs avec l’espoir de réussir leur vie et de pouvoir aider leur famille restée en Haiti.

Qu’on arrête d’insulter ces jeunes voyageurs! On devrait plutôt repenser la diplomatie haïtienne en fonction de cette nouvelle réalité; nous devons adapter les services consulaires dans ces pays de l’Amérique du Sud en vue de protéger nos ressortissants, de maintenir le contact et les encadrer au besoin.

Avec le développement des mouvements anti-immigrants aux Etats-Unis et dans d’autres pays du Nord, en attendant de véritables réformes en Haiti, une importante diaspora en Amérique du Sud peut constituer une bouffée d’oxygène de plus pour l’économie haïtienne. Aussi, peut-elle représenter un moyen de renforcer les liens d’amitié entre notre pays et les nations de l’Amérique du Sud.

Faut-il rappeler que Israel tient sa survie grâce à sa diaspora. Une diaspora large et puissante peut représenter une garantie pour un peuple martyr et une nation émergente sur la scène internationale.


Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
14 Octobre 2017
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