D'une part, il est évident que de telles déclarations sont infondées ; et qu'elles font partie de la stratégie de la défense. En revanche, la lenteur du juge instructeur en charge du dossier est très excentrique. Cette lenteur inquiète profondément d'autres victimes de l'orphelinat Saint-Joseph Home For Boys (SJHFB) qui s'attendaient à être convoquées par le juge Al Duniel Dimanche, à la chambre d'instruction criminelle dans le but d'approfondir son enquête et de parfaire son investigation.
Les multiples déclarations des avocats de M. Geilenfeld dans la presse internationale continuent à salir l'image d'Haïti. L'homme de loi, Peter DeTroy, le principal défenseur de M. Geilenfeld à Portland, Maine (USA) continue de qualifier l'arrestation et la détention de son client d'illégale et d'infondée. Il minimise la justice haïtienne et ses acteurs qu'ils considèrent comme des amateurs, incompétents et corrompus.
Les victimes, qu'elles se trouvent en Haïti ou à l'étranger, attendent des actions de la justice haïtienne pour consolider les accusations contre M. Geilenfeld. Elles se disent prêtes à faire le voyage, au besoin, pour déposer devant le juge haïtien responsable du dossier.
A «Morne Calvaire» et à «Jalousie», faubourgs de Pétion ville, les agissements sexuels de M. Geilenfeld, responsable de l'orphelinat SJHFB, qui vivait en concubinage ouvert avec le mineur, Brunel Ezra, enfant de rue qui mendiait devant les supermarchés, ne sont qu'un secret de polichinelle. Selon plusieurs témoignages, l'ancien frère catholique a initié des relations sexuelles avec l'enfant démuni. Une relation transportée jusqu'à la maisonnette de la pauvre mère de l'enfant qui vivait dans un quartier défavorisé et qui, par manque de choix économique, a tout accepté. Couramment, le dimanche, M. Geilenfeld, surnommé «Blanc Michel», passait la journée dans la chambre de Brunel Ezra et se livrait à des ébats sexuels sans tenir compte des voisins. Il aurait initié le garçon à la consommation de la cocaïne et à d'autres pratiques perverses.
A chaque arrestation, «Blanc Michel» (M. Geilenfeld) s'amène avec ses précieux dollars pour libérer Brunel.
Le dernier crime en date de M. Brunel Ezra est la tentative d'assassinat orchestrée contre O-gun, le chanteur de Team Lobey. La police de Pétion ville dispose d'un dossier complet sur cette affaire. Avec l'aide de M. Geilenfeld, le présumé assassin, Brunel Ezra, est en fuite en République Dominicaine où il semble fonctionner sous une fausse identité: BRINELLO EXZAVIO. Là-bas, il aurait déjà été arrêté par la police dominicaine pour usage de drogue.
Lors d'une déposition en février 2014, M. John, l'une des victimes de M. Geilenfeld, avait révélé que le Directeur de l'orphelinat SJHFB enseignait aux enfants la manière de fumer de la drogue «Juicy lucy», une combinaison entre la Marijana et le crack. Cela résultait en un apprivoisement utile pour le contrôle de ses proies.
Combien de Brunel Ezra existe-t-il en Haïti (ou en République Dominicaine) au service de M. Geilenfeld ? Ce responsable d'orphelinat, a-t-il fourni les armes et les munitions et d'autres équipements de police dont M. Brunel Ezra se servait pour terroriser les habitants de la commune de Pétion ville ?
A la fin de l'année 2013, M. Richie Ruiz, un autre jeune du foyer d'accueil SJHFB, a été arrêté à Jacmel en possession d'un pistolet de calibre 9 mm, utilisé dans l'assassinat de deux (2) policiers du Commissariat Central de Port-au-Prince (Pompier). Dans sa déposition, le jeune Ruiz avait déclaré que l'arme appartenait aux responsables de l'orphelinat SJHFB, en l'occurrence, MM. Geilenfeld, Bill Nathan et Walnès Canga. Nous avons appris récemment que M. Ruiz est toujours détenu au Pénitencier National.
Le juge a-t-il consulté le rapport de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) sur cette affaire de détention illégale d'arme à feu impliquée dans le meurtre des policiers ? A-t-il interrogé le jeune Richie Ruiz originaire de la Ruelle Chavanne et de Bel-Air (Port-au-Prince)?
L'ironie est que «Blanc Michel» utilisait la Police de Pétion ville, l'appareil judiciaire de cette commune, et des criminels comme Brunel Ezra qu'il a lui-même façonnés pour intimider ses victimes. Des gens ont été constamment terrorisés dans les quartiers à proximité Saint-Joseph. Aujourd'hui, des jeunes comme Serge, Destin, Son et John qui dénoncent ces pratiques criminelles sont activement recherchés par des présumés tueurs jurant de les éliminer. Bill Nathan et Walnès Canga continuent d'être très redoutables.
Il est temps que la police et la justice haïtiennes se montrent plus dynamiques sur ce dossier. Toute détention doit-être accompagnée de procédures judiciaires célères s'il ne s'agit pas d'une stratégie pour libérer l'accusé, M. Geilenfeld. Ce qui serait, en quelque sorte, fatidique. Ce dossier ne devrait en aucune façon être une opportunité économique. Il est un test de caractère pour la justice haïtienne. Une gestion fantaisiste de ce dossier risque d'entrainer des conséquences diplomatiques graves pour l'Etat haïtien et aiderait les pédophiles à reprendre du poil de la bête. Le juge Al Duniel Dimanche à la responsabilité de se montrer très vigilent pour accomplir cette lourde tâche, à lui, confiée. Il doit, en effet, prouver que, fort d'une compétence certaine, un juge haïtien est capable de se montrer juste et impartial. Une telle démonstration fera son honneur, celui de la justice haïtienne et du droit haïtiens.
Les faits sont connus, les dossiers sont disponibles au Commissariat de Pétion ville et à la DCPJ, les témoins et victimes attendent une invitation au cabinet d'instruction. Il faut donc agir vite en vue de respecter les délais juridico-légaux évitant ainsi toute critique qui ternisse l'image de l'appareil judiciaire de la République souveraine d'Haïti.
Cyrus Sibert, Cap-Haïtien, Haïti