jeudi 18 décembre 2008

HAITI : BILAN 2008

Pour Arthur Volel, Sony Bastien, Jacques Mésidor disparus en 2008.

Par Michel SOUKAR

2008 : L’année de toutes les catastrophes : irresponsabilité, incohérence, insouciance sur toute la ligne.

I. Sur le plan politique :

Haïti est encore classé parmi les quatre (4) pays les plus corrompus de la planète par Transparency International qui publie un rapport annuel sur la perception de la corruption dans le monde. Plusieurs questions dominaient le débat politique dans le pays. Parmi elles figuraient celle du renvoi du CEP dirigé par Max Mathurin, celle de la double nationalité et celle de l’organisation d’élections en vue de la mise en place des assemblées locales et du renouvellement du tiers du Sénat.

A. Le Pouvoir Exécutif piétine. Sans vision ni programme, le Président de la République prononçait un discours de pacotille, fade et décousu, le 1er janvier 2008, jour de la commémoration du 204e anniversaire de la proclamation de l’indépendance d’Haïti, sur la Place d’Armes des Gonaïves. En panne d’inspiration et d’imagination, le Président faisait la promotion d’un jus de fruit fabriqué dans le cadre d’un projet de développement local exécuté à Marmelade. Jusqu’à la fin de l’année 2008, Préval restera en panne d’idées positives, tout comme il renoncera à la dernière minute à l’invitation du Brésil de participer au sommet des chefs d’états d’Amérique latine et de la Caraïbe.

Par contre, le discours qu’il prononçait, une semaine plus tard, à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire, était moins pâle. Il s’inspirait du Document National de Stratégie pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP).

En somme, les projets du Président Préval pour ce deuxième quinquennat ne sont pas nombreux. Ce sont la stabilisation de la situation politique du pays, la révision de la Constitution du 29 mars 1987, la construction des trois (3) centrales électriques fournies par le Venezuela dans le cadre de l’Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA), la construction de quelques infrastructures routières importantes.

La stabilisation politique est un processus complexe et long. Elle ne se résume pas simplement à l’organisation d’élections et au renouvellement du mandat présidentiel.

La Constitution de 1987 représente à ses yeux une source permanente d’instabilité dans le pays. Cette Constitution prévoit l’organisation de trop d’élections, la mise en place de trop d’institutions. Son application intégrale coûterait trop chère au trésor public. Peut-être, a-t-il en partie raison? Cependant, le comportement de nos dirigeants depuis 1987 n’a-t-il pas été, lui aussi, cause d’instabilité? Mais la Constitution de 1987 prévoit son propre mode d’amendement. Trois questions figurent à l’agenda du Président Préval : la double nationalité, l’abolition de l’Armée et le renouvellement du mandat présidentiel.

La construction des trois (3) centrales électriques est très avancée à Port-au-Prince, aux Gonaïves et au Cap-Haïtien. Le Président Préval a favorisé la remise sur pied rapide du Centre National d’Équipements (CNE) en vue de la construction des infrastructures routières. Mais il fait face à de nombreuses contraintes financières. Par exemple, l’argent récupéré dans le cadre du Projet Petro Caribe est utilisé à d’autres fins, suite aux dégâts causés par le passage des ouragans.

Le Gouvernement, dirigé par le Premier Ministre Jacques Édouard Alexis, était sous la menace constante d’un vote de censure à cause de son inefficacité. Aucun des projets, figurant dans sa déclaration de politique générale, n’a vu le jour. Le programme d’apaisement social est une illusion, celui de maillage routier une utopie et le plan de développement touristique un leurre.

Entre temps, sur le marché international, les prix du pétrole et des céréales augmentaient. Il en résultait la hausse des prix des produits de première nécessité sur le marché haïtien. La grogne de la population, dénonçant l’augmentation du coût de la vie, se transformait très vite en manifestations violentes dans certaines villes du pays. Le signal, donné par la ville des Cayes, était relayé par d’autres villes dont la capitale Port-au-Prince. Des manifestations violentes s’étaient déroulées durant toute une semaine. Les manifestants s’en prenaient particulièrement à des établissements commerciaux privés et à certaines banques commerciales.

Peu de temps après, un groupe de douze (12) sénateurs prenait le relais des manifestations de rue et réclamait la démission du Premier Ministre Jacques Édouard Alexis. Le processus d’interpellation était mis en branle rapidement. Le 12 avril 2008, le sénat infligeait à son Gouvernement un vote de censure. Cet évènement s’était produit quelques mois après que la chambre des députés lui eut renouvelé sa confiance.

Drôle de coïncidence, le jour de l’interpellation du Gouvernement, la Télévision Nationale d’Haïti (TNH) retransmettait en direct une séance de négociation entre le Président de la République, accompagne du Secrétaire d’État de l’Agriculture, l’Agronome Joanas Gué et deux des plus grands importateurs de riz dans le pays, en vue de parvenir à une réduction du prix du riz sur le marché local.

Ce climat d’instabilité portait la communauté internationale à reporter sine die la conférence des bailleurs sur Haïti. Le financement du DSNCRP est renvoyé aux calendes grecques.

La valse des choix de Premier Ministre débutait. Le Président jette son dévolu sur son ami, l’Agronome Ericq Pierre. Celui-ci est aussi un fonctionnaire international jouissant d’une bonne réputation dans le milieu. Comme sous la précédente présidence de Préval, le 12 mai 2008, la chambre basse, dominée par la Concertation des Parlementaires Progressistes (CPP), rejetait son choix. Le motif était à peu près le même que la première fois : confusion d’état civil. S’appelait-il Ericq Pierre ou Pierre Ericq Pierre? Au cours d’une conférence de presse tenue à l’hôtel Montana, quelques jours après le rejet de son choix, Ericq Pierre fustigeait les députés du CPP qu’il accusait littéralement de corruption.

Puis, c’était le tour de Robert Manuel, un autre ami du Président Préval. La désignation de celui-ci a donné lieu à un débat acide sur le réseau Internet. Ce débat portait principalement sur le caractère de son aïeul, l’ancien Président René Trancrède Auguste. Très vite, les murs des principales rues de la zone métropolitaine de Port-au-Prince étaient couverts de graffitis le proclamant apôtre de la sécurité. Le 12 juin 2008, un mois après le rejet du choix d’Eric Pierre et deux mois après le départ d’Alexis, le choix de Bob Manuel était également rejeté. Il n’était pas propriétaire de biens immobiliers et ne détenait pas de carte d’identification nationale.

Après deux échecs consécutifs, le nom de Madame Michèle Duvivier Pierre-Louis, Directrice Exécutive de la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL), était cité. Le Président Préval engageait des discussions et des négociations avec le parlement et les représentants des partis politiques aussi bien autour du choix du Premier Ministre que de la formation du Gouvernement.

Le choix de Madame Pierre-Louis donnait lieu à un débat moral sur son comportement sexuel. Après maintes protestations et condamnations publiques émanant de plusieurs secteurs, notamment de représentants d’organisations protestantes, des parlementaires réclamaient une déclaration publique de la part du Premier Ministre désigné. Une déclaration sibylline, effectuée à sa sortie d’une réunion, suffisait pour calmer l’esprit de ses détracteurs. Jamais femme n’a autant souffert dans sa pudeur, sa personnalité et sa réputation.

Tout ce débat prenait corps alors que la saison cyclonique battait son plein. Selon les prévisions météorologiques, Haïti se trouvait sur le parcours des premiers ouragans. Des pluies torrentielles commençaient à s’abattre sur plusieurs régions du pays occasionnant l’inondation de nombreuses villes. Quatre ans après Jeanne, Gonaives en a encore fait les frais des inondations.

Après trois mois de tergiversation, le pays était enfin doté d’un Premier Ministre. Cette confrontation entre l’Exécutif et le Législatif affaiblissait fortement l’image du Gouvernement dirigé par Madame Michèle Duvivier Pierre-Louis. C’était un Gouvernement conçu dans l’urgence pour gérer l’urgence.

La première urgence était de venir en aide aux populations sinistrées aux Gonaives, à Cabaret et dans d’autres régions du pays. La deuxième était de reconstruire les infrastructures routières détruites, suite au passage des quatre ouragans qui ont effleuré le pays au cours de la saison cyclonique. La troisième urgence consistait à relancer la production nationale de biens et de services.

Quatre ans après le cyclone Jeanne, Gonaives était encore ensevelie sous les eaux et sous les boues. Comme d’habitude, l’aide humanitaire et les promesses affluaient. Mais la situation de la ville et les conditions de vie de la population n’ont pas changé.

Plusieurs régions étaient coupées du reste du pays : l’Artibonite, suite à la chute du pont de Montrouis et de Mirebalais; le grand Nord, suite à l’effondrement du pont d’Ennery; le Sud, les Nippes et la Grande-Anse, suite à la montée des eaux de l’Étang de Miragoane. Aujourd’hui, des passages de fortune relient ces régions. La construction d’infrastructures définitives se fait toujours attendre.

L’Organisation des Nations-Unies (ONU) lançait un appel d’urgence (flash appeal) de collecte de fonds qui a fait peu d’écho. Les fonds collectés étaient dérisoires par rapport aux besoins à satisfaire.

Le Gouvernement décrétait l’État d’urgence et décidait d’utiliser les fonds générés dans le cadre du Programme Petro Caribe. Un montant de 197 millions de dollars américains est disponible. Les résultats de son utilisation ne sont pas visibles. Manque de transparence qui alimente les allégations de corruptions. Le Parlement est très critiqué sur ce point.

B. Le Pouvoir Législatif est inefficace. Le Parlement est perçu comme un foyer de scandales. La rentrée parlementaire, prévue au deuxième lundi de janvier, s’annonçait sur fond d’incertitude. Le mandat des parlementaires élus pour deux ans arrivait à expiration. Suite à des tractations entre les Pouvoirs Exécutif et Législatif, un compromis était trouvé. Leur mandat était prorogé jusqu’au mois de mai 2008.

Au Parlement, députés et sénateurs se regroupaient. Deux groupes se sont formés à la chambre des députés. Il s’agit de la Concertation des Parlementaires Progressistes (CPP) et de l’Union des Parlementaires pour le Développement National (UPDN).

Le renouvellement du Bureau de la chambre des députés s’est réalisé sur fond de scandale. Un rapport accablant dénonce les dépenses inopportunes, de location de voitures ou d’acquisition de pneus, effectuées par la Questure de la chambre des députés.

Au Sénat, il était également question de renouveler le Bureau. Ce qui donnait lieu à des remous au sein de l’assemblée. Le Président sortant, le sénateur Joseph Lambert, ne partageait pas cet avis. Les sénateurs ont du recourir à l’amendement des règlements intérieurs du Sénat avant l’organisation des élections.

Le Sénateur Kely C. Bastien, de la plate-forme Lespwa, succédait au Sénateur Joseph Lambert, comme Président du Sénat. Le Sénateur Rudolph Henry Boulos en devenait le Vice-président. Cette élection a, semble-t-il, mis le feu aux poudres.

La question de la double nationalité faisait rage au sein du parlement. Le sénateur Jean Gabriel Fortuné ne tardait pas à monter au créneau. Il dénonçait la double nationalité dont semblait jouir le sénateur Boulos. Une Commission, présidée par le sénateur Youri Latortue, était formée pour enquêter sur la question. Cette Commission voulait étendre son mandat au contrôle de la nationalité des Ministres. Le Gouvernement s’y était opposé.

Au terme de son mandat, la Commission déclarait avoir recueilli des éléments de preuve sur la double nationalité éventuelle de deux Sénateurs. Il s’agissait des sénateurs Rudolph Boulos (Nord-Est) et Ultimo Compère (Centre).

Coup de théâtre! Le sénateur Compère n’a même pas attendu la présentation du rapport de la Commission pour s’envoler pour les États-Unis d’Amérique. Alors, qu’il assistait à la foire binationale à Belladère, il en a profité pour traverser la frontière et prendre l’avion en République dominicaine à destination de New-York. Par contre, le sénateur Boulos devait présenter sa démission peu avant l’adoption d’une résolution par l’assemblée des sénateurs, proclamant sa déchéance. Rudy Boulos, lui aussi, s’est réfugié aux États-Unis via la République dominicaine.

L’on se pose la question de savoir pourquoi le Sénateur Boulos avait démissionné avec autant de précipitation, pour se proclamer ensuite Sénateur empêché et intenter une action en justice réclamant l’invalidation de la résolution du Sénat? Sa vie était-il en danger d’autant plus qu’il a été l’objet d’une tentative d’attentat en République Dominicaine quelques mois plus tard?

L’action, introduite dans la juridiction de Fort-Liberté sur une question autre que celle de la nationalité, s’est terminée par un jugement rendu en sa faveur. En effet, le Tribunal de Première Instance de cette juridiction a rendu un jugement proclamant l’annulation de la Résolution du sénat. Évidemment, l’État haïtien a utilisé les voies de recours et l’affaire est aujourd’hui en Cassation. Mais, coup de théâtre, les mêmes Sénateurs qui avaient voté la résolution, remettent la question en débat. Le public éprouve du mal à cerner leur motivation.

A la Chambre des Députés, la Commission chargée d’enquêter sur la nationalité de ses membres a pris plus de temps pour remettre son rapport. Entre temps, le Député de l’Île de la Gonave démissionnait pour cause de maladie. Il devait se rendre par la suite en traitement aux États-Unis d’Amérique. Pourtant, il pouvait solliciter un congé de maladie et continuer à percevoir ses émoluments; puisque jouissant d’un mandat de quatre années. Jusqu'à ce jour, la Commission n’a pas soumis officiellement son rapport à la sanction de l’assemblée des députés.

Le bilan du parlement est maigre. Très peu de lois ont été votées cette année. Son efficacité se mesure par le nombre de séances organisées, par la qualité des débats effectués sur des questions d’intérêt national et par le nombre de lois votées.

Le vote de ratification de la déclaration de politique générale du nouveau Premier Ministre, Madame Michèle Duvivier Pierre-Louis, s’est réalisé dans des conditions difficiles. Bénéficiant du soutien du groupe CPP, elle obtenait sans difficulté le vote de la chambre des députés. Au sénat, la situation était plus compliquée. Le quorum est très fragile. La prise de position catégorique du sénateur Edmonde Supplice Beauzile et celle plus nuancée d’autres membres de l’assemblée des sénateurs rendaient sa ratification peu probable. A un certain moment, il était même question de passer outre le vote du sénat.

La séance de ratification eut lieu dans une atmosphère, marquée premièrement par un vote de rejet. L’abstention des Sénateurs Supplice de la fusion (Centre) et de Joseph Pierre-Louis de l’OPL (Nippes) avait compliqué la donne. Le sénateur Andris Riché de l’OPL (Grande-Anse), qui n’a jamais marchandé ni caché son soutien au Premier Ministre ratifié, s’est jeté a l’eau pour renverser la vapeur et sauver Michèle. Après une rencontre très longue à huis-clos, le vote de ratification a été repris au cours de la même séance, cette fois en l’absence du sénateur Beauzile. Le sénateur Pierre-Louis s’était ravisé et avait voté pour.

Le parlement est ambivalent. Il réclame des postes dans le gouvernement. Il veut recevoir de l’argent du trésor pour exécuter directement des projets. En même temps, il veut assurer le suivi et le contrôle de l’action gouvernementale.

A la fin de l’année, un groupe de sénateurs, conduit par le sénateur Anacacis Jean Hector, menace de sanctionner le Ministre de l’Économie et des Finances. Le sénat est divisé sur la question. Une rencontre est vite organisée entre le Premier Ministre et les Bureaux des deux chambres pour présenter des ébauches de feuilles de route, promises un mois après la déclaration de politique générale.

C’est dans ce contexte que s’est déroulé un atelier de travail entre l’Exécutif et le Législatif sur l’élaboration d’un agenda parlementaire. Le sénateur Anacacis en a critiqué l’organisation de cet atelier avec le financement de la communauté internationale. Ces derniers temps, les parlementaires sont très critiques envers le gouvernement qu’ils jugent peu efficace.

A trois mois du début de l’année fiscale 2008-2009, la loi des finances n’est toujours pas soumise à la sanction du Parlement. Le Premier Ministre avait promis de le transmettre au Parlement le 15 décembre 2008.

Ce jour là, c’est l’arrêté de convocation de la chambre des députés, en session extraordinaire, pour statuer sur ledit Projet, qui lui a été transmis. Les débats s’annoncent orageux. Des voix s’élèvent aussi bien au Parlement qu’au sein de la société civile en vue de la présentation d’un budget décentralisé.

C. Le Pouvoir Judiciaire est inexistant. Malgré le vote des lois portant sur le statut de la Magistrature, celui de l’École de la Magistrature et la création du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ), l’organisation du Pouvoir Judiciaire est restée lettre morte. La séparation et l’indépendance des pouvoirs, prônées par la Constitution de 1987, ne se sont toujours pas matérialisées dans les faits.

Cette fois-ci, l’Exécutif, par l’intermédiaire du Ministère de la Justice, s’est engagé dans un processus dilatoire de validation des membres du CSPJ qui sont soit élus par leurs pairs soit désignés par des organisations des droits humains. Cette procédure devrait précéder le choix des honorables membres du CSPJ. Le Parlement a voté une loi. L’Exécutif ne peut passer outre. Il doit la mettre en application, suite à sa promulgation.

La mission de valider les membres du CSPJ est assignée au Secrétaire d’État de la Sécurité Publique. Ce dernier confie sa réalisation à des agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH). Se faisant, l’Exécutif viole la Constitution de 1987 et humilie les membres d’un pouvoir indépendant.

C’est aussi une façon détournée et maladroite de s’opposer au transfert des prérogatives de gestion du Pouvoir Judiciaire, dévolues au Ministère de la Justice sur la base des décrets de mars 1983 et d’août 1995.

Le Ministère de la justice ferait mieux de définir sa nouvelle mission dans la perspective prochaine de l’indépendance du Pouvoir Judiciaire. Cette Mission pourrait se résumer ainsi : servir de conseiller juridique principal du gouvernement, assurer la tutelle de la police, du Parquet et gérer le système pénitentiaire.

Aujourd’hui, sans local ni budget, c’est la communauté internationale qui finance les rencontres des membres du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire. Or, le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) devrait participer à l’élaboration du Pouvoir.

De combien de juges a-t-on besoin pour le fonctionnement des 18 juridictions de la République? Combien devra-t-on former cette année? Quel doit être le budget de l’École de la Magistrature? Quel sera le budget affecté au fonctionnement des cours et tribunaux de la République?

Autant de questions dont les réponses relèvent des prérogatives du Pouvoir Judiciaire. Puis, l’on s’entonnera de l’inefficacité de la justice, de la corruption présumée des magistrats et de l’encombrement des prisons.

La situation de la détention préventive prolongée est toujours préoccupante. Le nouveau ministre de la Justice, Me Jean Joseph Exumé, a formé une Commission, chargée de conseiller le Ministère sur la question. Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a protesté contre la publication du nom de Vilès Alizar, sans son consentement, comme membre de cette Commission.

La lutte contre la corruption, le trafic des stupéfiants et le blanchiment des avoirs, se sont intensifiés cette année. Un cas a défrayé la chronique. Il s’agit de celui de M. Sandro Joseph, Directeur Général de l’Office d’Assurance Vieillesse (ONA). Celui-ci aurait payé cash un véhicule, offert à sa concubine à l’occasion de la Saint-Valentin. L’Unité de Lutte Contre la Corruption, après enquête, a demandé au Parquet de mettre l’action publique en mouvement.

Le nouveau Commissaire du Gouvernement, Me joseph Manès Louis qui remplace à ce poste Me Claudy Gassant, mettait l’action publique en mouvement. Aujourd’hui, le cas est déféré au cabinet d’instruction. Dans cette affaire, M. Joseph se dit victime de machinations et de persécutions politiques. Cette affaire a mis en lumière la pratique de prêts hypothécaires accordés par l’ONA à des parlementaires à des taux bonifiés et sur des périodes dépassant 15 ans.

La Drug Enforcement Agency (DEA), des Etats-Unis, a mené de nouvelles opérations de lutte contre le trafic des stupéfiants dans plusieurs régions du pays. Des présumés trafiquants, arrêtés aux Gonaives, à Jacmel et à Port-de-Paix, ont été transférés aux Etats-Unis pour faire face à la justice américaine. Dans cette dernière ville, la perquisition de la maison d’un proche d’un présumé trafiquant de drogue a permis de découvrir un coffre-fort contenant des millions de dollars américains. Les biens immobiliers leur appartenant, ont été mis sous séquestre par le gouvernement haïtien.

Au début du mois de décembre, une jeune femme nommée Monique Pierre, entretenant des relations amoureuses avec le Commissaire de Police Ernst Bouquet Dorfeuille, affecté au commissariat des Gonaives, a été enlevée dans sa résidence située dans la banlieue Est de Petion-Ville et tuée.

Son cadavre a été retrouvé sur une route nouvellement aménagée non loin du morne à cabris. On la dit très riche et on la soupçonne d’entretenir des liens avec la mafia de la drogue. Son fiancé a été interrogé par le Parquet, en présence de ses avocats. Son cas est déféré au cabinet d’instruction qui l’a inculpé sous trois chefs d’accusation.

Parlant de Parquet, on se souvient de Me Claudy Gassant, ce Commissaire du Gouvernement tout-puissant qui entretenait des relations conflictuelles avec tout le monde sauf avec son maitre Préval. Peu de temps avant l’entrée en fonction du Gouvernement Préval-Pierre-Louis, il est nommé maintenant Ministre Conseiller à la Mission diplomatique haïtienne en République dominicaine. Madame Pierre-Louis ne voulait-t-elle pas gérer les sautes d’humeur du Commissaire Gassant? Puisqu’elle allait occuper le portefeuille de Ministre de la Justice.

Le Directeur Général de la Police semble avoir gain de cause. Le dernier épisode du feuilleton sur le conflit l’opposant à Me Gassant remontait à l’affaire Assad Volcy. Le véhicule de ce dernier, Directeur de la Communication au Palais National, serait soupçonné d’implication dans un cas d’enlèvement à Petion-Ville. N’était-ce l’intervention opportune du Commissaire Gassant, il aurait été arrêté par la police de Pétion-Ville.

Aujourd’hui, on s’attend à ce que Me Gassant mette son talent et son zèle au service des migrants haïtiens, objets des pires traitements dans les bateys et dans les villes frontalières de la République dominicaine. Les relations entre les deux états sont cordiales. Le Gouvernement ne semble pas préoccupé par les conditions de vies inhumaines menées par nos compatriotes en république voisine.

Cette année encore, l’insécurité a fait de nouvelles victimes au sein de la population haïtienne. Les actes de kidnapping ont repris de plus belle. Les femmes et les enfants, particulièrement les écoliers, en sont les principales victimes. Cette situation permet aux partisans des Forces Armées d’Haïti de remettre la question de sa réactivation sur le tapis.

Des militaires démobilisés ont fait entendre leurs voix à Hinche. Au Cap-Haïtien, certains d’entre eux en profitaient pour occuper l’espace de certains bâtiments publics. De plus, la Commission chargée de réfléchir sur la nécessité d’une seconde force publique remettait son rapport.

Ce contexte était aussi propice au renouvellement du mandat de la MINUSTAH pour une année supplémentaire. L’ONU présente Haïti comme une menace pour la sécurité de l’île, de la Caraïbe et de l’hémisphère. Mais après quatre ans et six mois de présence sur le territoire haïtien, quel bilan peut-on clairement dresser de son travail pour conjurer cette menace? La MINUSTHA n’est-elle pas surtout une force de dissuasion? Et combien de temps cette dissuasion doit-elle durer et pour quel résultat?

En termes de performance, le parlement a voté très peu de lois au cours de cette année. La performance de l’Exécutif se mesure à l’aune de la paralysie et de l’inaction. La Justice est en panne.

D. Autres Acteurs de la vie nationale.

1. Le CEP : La question du renvoi des membres du Conseil Électoral Provisoire (CEP), dirigé par Max Mathurin a dominé l’actualité. On est unanime à reconnaître que c’était un CEP à problèmes. Cependant, on s’interrogeait sur la logique et l’économie d’une telle décision. Il fallait organiser les élections pour le renouvellement du tiers du Sénat et les élections indirectes pour compléter le cycle électoral qui a été initié en 2006.

Ces dernières élections devraient conduire à la mise en place de toutes les institutions indépendantes prévues dans la Constitution de 1987, y compris le Conseil Électoral Permanent. D’aucuns soupçonnent le Président Préval d’être contre l’organisation des élections intermédiaires.

Cette question du remplacement du CEP a donné lieu à des protestations au niveau de la classe politique et de la société civile. Mais cela ne leur a pas empêché de désigner des personnalités pour les représenter dans le nouveau CEP. Par exemple, le nom de Jacques Bernard, Directeur Général de l’ancien CEP, dont le rôle était instrumental à la réussite des élections de 2006, était cité pour représenter la Chambre de Commerce et de l’Industrie d’Haïti (CCIH).

Coup de théâtre ou manœuvre politique! Son nom ne figurait pas sur la liste des membres. Pourtant, il était nommé Directeur Général par Arrête Présidentiel. Nomination éphémère, dirait-on. Il devait démissionner peu de temps après, pour signifier son désaccord à la révision des règlements intérieurs du CEP. Révision qui réduisait les pouvoirs du Directeur Général à celui d’un caporal. Il était remplacé à ce poste par Mr Pierre-Louis Opont, ancien cadre de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC).

L’absence de gouvernement et les catastrophes naturelles ont considérablement ralenti l’élan du Conseil Électoral Provisoire nouvelle version. Jusqu'à présent, ce dernier n’a pas publié de calendrier électoral. Deux dates hypothétiques, avril et juin 2009, sont retenues pour l’organisation des élections en vue du renouvellement du tiers du sénat. Il se pose la question de l’inscription des nouveaux électeurs et celle de la distribution des cartes électorales par l’Office National de l’Identification (ONI). Le matériel, commandé à cet effet, est disponible. On attend l’ouverture des inscriptions des nouveaux électeurs, la distribution des cartes fabriquées lors des précédentes élections ainsi que le remplacement des cartes égarées.

Le CEP n’inspire pas confiance. Parlementaires et regroupements de partis politiques se plaignent. Ils critiquent le CEP de vouloir les écarter du processus électoral. Ils le critiquent davantage parce qu’il a changé presque tout le personnel des bureaux départementaux et communaux. Il a procédé à un concours pour recruter le nouveau personnel.

L’installation de nouveaux responsables des Bureaux Électoraux Départementaux (BED), s’est effectuée dans une atmosphère de protestation. Dans au moins deux départements (Centre et Grande-Anse), certains membres ne sont pas installés. Dans la Grande-Anse, l’un d’entre eux a même fait l’objet d’arrestation pour implication présumée dans la commission d’infractions pénales. Comment peut-on s’attendre à des élections honnêtes et crédibles quand ceux préposés à leur organisation ne le sont pas?

Les opinions sont divisées sur l’opportunité et la pertinence de l’organisation de ces élections cette année, après autant de catastrophes et de déboires. Leur coût est estimé à 16 millions de dollars américains. Ne faudrait-il pas consacrer cette somme à des activités productives et génératrices de revenus?

2. L’Université : un nouveau Conseil est élu pour gérer les destinées de l’Université d’État d’Haïti (UEH). Mis à part l’Agronome Jean Vernet Henry, les deux Vice-Recteurs, ayant dirigés avec le Recteur Pierre- Marie Paquiot, ont été réélus.

En dépit de ce changement, les facultés ne se portent pas mieux. L’École Normale Supérieure est en crise. Des étudiants de la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) demandent de participer à la relance de la production agricole.

Ils ont malmené le Ministre de l’Agriculture, l’Agronome François Sevrin. En outre, la capacité d’accueil de l’UEH est dépassée. Il y a plus d’étudiants haïtiens à Santiago en République dominicaine que dans toutes les universités fonctionnant dans le pays.

3. Les Partis Politiques : l’image et la réputation des partis politiques sont très érodées cette année. Premièrement, la formation du groupe CPP à la chambre des députés a fortement affecté la réputation des partis politiques représentés au Parlement.

La CPP imposait sa loi dans les négociations portant sur le choix des candidats au poste de Premier Ministre et sur la formation du Gouvernement. Elle est devenue une force incontournable sur l’échiquier politique.

Les partis politiques, faisant partie de la Convention et autres regroupements de partis, reprennent du poil de la bête à l’annonce de la préparation des élections.

4. La Société Civile : elle n’a pas d’agenda spécifique. Elle est en mode réactif depuis l’accession de Préval à la Présidence. Son palmarès n’est pas très brillant cette année.

D’un coté, la Chambre de Commerce et de l’Industrie d’Haïti (CCIH) jointes à l’Association Nationale des Médias Haïtiens (ANMH) et a l’Association des Médias Indépendants d’Haïti (AMIH) ont organisé, avec succès, une journée de levée de fonds au Parc Historique de la Canne à Sucre, en vue de venir en aide aux sinistrés des quatre ouragans qui ont frappé le pays durant la saison cyclonique. Avec la faillite de l’état haïtien et l’inefficacité du secteur privatif haïtien, le marathon s’installe comme mode de gestion de désastres et comme certificat de citoyenneté. Les organisations qui s’occupent d’éducation civique ont du pain sur la planche.

De l’autre, un groupe d’organisations a réagi sur la question de la réforme constitutionnelle et récemment sur la préparation du budget 2008-2009. En outre, un collectif d’organisations a organisé une marche pacifique contre le kidnapping. Suite à cette marche, le collectif a soumis un avant-projet de loi au sénat qui l’a voté sans difficulté.

Par ailleurs, des organisations dites paysannes ont manifesté dans les rues de la capitale pour réclamer le respect de la souveraineté alimentaire. Il faudrait commencer par produire du citron, de la banane et des noix de coco en quantité suffisante pour satisfaire la demande domestique.

Enfin, la commémoration du 60e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits Humains a donné lieu à des débats très animés sur la ratification éventuelle par Haïti de la Convention des Nations-Unies sur les droits économiques, sociaux et culturels.

Ce débat est vieux, dans la mesure où il remonte à l’époque de la guerre froide. A cette époque, la tendance en était que les pays du bloc socialiste, de tendance plus égalitaire mais moins enclin à l’alternance politique, adoptaient la convention sur les droits économiques sociaux et culturels. Alors que les pays du bloc capitaliste, de tendance inégalitaire mais plus encline à l’alternance politique ne serait-ce qu’à travers l’organisation d’élections truquées, adoptait celle sur les droits civils et politiques.

C’est ainsi, par exemple, que la République socialiste de Cuba a ratifié la Convention sur les droits économiques, sociaux et culturels. Alors qu’Haïti, même sous la dictature des Duvalier, a ratifié celle sur les droits civils et politiques. Il n’est pas étonnant que les conditions de vie de la population soient bien meilleures à Cuba. Alors que certaines libertés publiques sont plus ou moins constatées en Haïti.

E. La Communauté Internationale : La Mission des Nations Unies de Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) a rempli tant bien que mal son rôle de force de stabilisation. Elle ne manque jamais l’occasion de rappeler que la mission de développement incombe aux haïtiens.

La MINUSTAH, dans toutes ses composantes, s’est montrée très utile au cours de cette période. Son rôle a été primordial dans l’acheminement des secours quand tous les ponts étaient coupés. Son mandat est reconduit pour un an. Certaines voix et pas des moindres se sont élevées pour réclamer son départ. D’autres plus raisonnables réclament un calendrier de désengagement, moyennant la constitution d’une force de substitution.

D’une façon générale, les organisations du système des Nations Unies, les Agences de Développement international ainsi que les organisations caritatives ont apporté une aide humanitaire substantielle, suite aux catastrophes tant humaines que naturelles qui ont affecté ce pays cette année.

Toutefois, les Haïtiens doivent créer eux-mêmes les conditions de paix et de stabilité indispensable au développement socio-économique du pays.

II. Sur le plan économique :

Haïti est épinglé par un rapport sur l’environnement des affaires dans le monde. L’économie haïtienne, déjà moribonde, a subi les conséquences de crises majeures tant externes qu’internes. Le premier trimestre de l’année 2008 débutait par l’annonce de la découverte d’un foyer de grippe aviaire dans la province orientale de Higuey. Il a également été témoin de la montée des prix du pétrole et des céréales sur le marché international.

Sur le plan externe, la découverte d’un foyer de grippe aviaire dans la province orientale d’Higuey, en République dominicaine, a porté les autorités haïtiennes à adopter de mesures restrictives sur les importations de produits avicoles en provenance de la République. Ces mesures ont eu pour effet immédiat de renchérir le prix des poulets et des œufs sur le marché haïtien. La viande de poulet était la plus accessible aux petites bourses en Haïti, en raison du caractère modéré de son prix.

Ensuite, la crise pétrolière. Le prix du baril de pétrole atteignait les 140 dollars sur les marchés de Londres et de New-York. Cette crise affectait non seulement la balance commerciale et la balance des paiements du pays, en termes de sortie de devises pour s’en approvisionner, les prix de l’énergie, du transport et de tous les produits associés ou connexes étaient en hausse. L’effet de cette crise sur le coût de la vie de l’haïtien moyen était insupportable.

Puis, la crise alimentaire. L’amélioration des conditions de vie dans des pays émergents et très peuplés, comme la Chine et l’Inde augmentaient la demande de céréales dans ces pays. Conséquence immédiate : les prix du riz, du soja et du blé avaient plus que doublé. Il est résulté la hausse vertigineuse des prix de tout produit complémentaire ou substitut.

En Haïti, comme dans beaucoup d’autres pays moins avancés, les prix des produits de première nécessité avaient dérapé. Cela précipitait dans la détresse et la famine les 40% et plus de la population vivant au-dessous du seuil de pauvreté avec moins de un dollar américain par jour.

Après la grogne, ce fut le tour des manifestations de rues aux Cayes, une ville réputée généralement calme. Le mot d’ordre gagnait d’autres villes. Dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, ces manifestations étaient violentes. Les manifestants s’en prenaient aux maisons de commerce et à certaines banques commerciales. Le coût des dégâts est énorme. Le manque à gagner pour le fisc était considérable.

Ces manifestations servaient de détonateur à l’interpellation du Premier Ministre Jacques Édouard Alexis et au renvoi de son gouvernement, suite à un vote de censure infligé par le sénat de la République.

Sur le plan interne, le renvoi du gouvernement marquait le début d’une longue crise politique. Pendant quatre mois, le gouvernement Alexis expédiait les affaires courantes. L’aide financière promise par la Communauté internationale était littéralement bloquée. Cette crise politique aggravait la situation déjà précaire d’une population aux abois.

De plus, le processus de la préparation du budget du prochain exercice, qui démarre généralement en mars de l’année en cours, est retardé. Le taux d’inflation augmentait pour atteindre plus de 18 % en rythme annuel, dépassant toutes les prévisions établies dans le cadre du programme de stabilisation économique.

Le taux de change de la gourde par rapport au dollar américain dérapait également. Ce qui portait la Banque Centrale à intervenir sur le marché des changes pour éviter une dépréciation plus accélérée de la gourde par rapport à la devise américaine. En Haïti, la variation à la hausse du taux de change et l’augmentation du prix du pétrole sur le marché international sont les deux principaux paramètres considérés pour décider de l’augmentation du prix du pétrole à la pompe.

Peu de temps après, les catastrophes naturelles. Depuis quelques temps, la saison cyclonique n’est pas clémente envers le pays qui est constamment sous l’effet de catastrophes environnementales produites par l’homme. Haïti est devenu très vulnérable aux catastrophes naturelles. Cette année, quatre ouragans majeurs ont effleuré les côtes septentrionales et méridionales haïtiennes. Ils ont eu pour nom : Gustav, Hanna, Ike et Josephine.

Quatre ans après le passage du cyclone Jeanne qui avait inondé et dévasté la ville des Gonaives, cette ville se retrouve encore ensevelie sous les eaux. L’Organisme chargé de la Protection Civile recensait plus d’un millier de morts, des centaines de disparus et des centaines de milliers de sans abri sans compter la destruction des commerces et des plantations. Gonaives était paralysée.

L’Artibonite est sans doute le département le plus touché; mais pas le seul. Le plateau central, les Nippes et le Nord-Ouest sont également très affectés. Les inondations ont ravagé les plantations, emporté les cultures et endommagé les infrastructures de base.

Dans certaines régions du pays, les infrastructures routières sont détruites et les plantations emportées par les eaux en furie. C’est le cas, par exemple de la ville Cabaret ou une bonne partie des bananeraies était détruite, sans oublier les pertes considérables en vies humaines. Il était difficile voire impossible d’approvisionner certaines régions en carburant.

Enfin, la crise financière. Cette dernière frappe particulièrement certains pays développés occidentaux. Mais ses effets sur l’économie réelle ne se sont pas fait attendre. L’économie de la plupart des pays développés rentre en récession. Les populations de migrants basculent dans le chômage.

Il en résulte la baisse des flux de transferts vers des pays sous-développés. C’est le cas en Haïti où le chômage est déjà endémique. Son taux avoisine 70% de la force de travail. On annonce encore la mise à pied d’au moins un millier d’ouvriers dans la zone franche établie non loin de la frontière nord avec la République dominicaine.

Cette année, Haïti renoue avec la reconduction du budget. La loi des finances rectificative est votée par le Parlement juste quelques heures avant la fin de l’année fiscale 2007-2008, soit le 30 septembre 2008. L’année fiscale se termine avec un déficit budgétaire, évalué à quelques 3 milliards de gourdes. C’est la raison pour laquelle les bailleurs de fonds internationaux ont encouragé le Gouvernement à utiliser les fonds générés dans le cadre du Programme PetroCaribe pour financer le programme d’urgence.

C’est à la fin du premier trimestre de l’année fiscale 2008-2009 que le projet de lois des finances sera soumis à la sanction parlementaire. Donc, il est difficile de prétendre pouvoir améliorer les conditions de vie quand les ressources ne cadrent pas avec l’augmentation d’une population sans cesse croissante.

III. Sur le plan social :

Une enquête, effectuée par l’institut de sondage Gallup, classe Haïti parmi les pays où la population n’est pas satisfaite de sa qualité de vie. Le jour de la publication des résultats de cette enquête, un correspondant de presse au parlement posait la question à certains députés. Ces derniers ont répondu que les conditions de vie dans le pays sont abominables.

En 2008, le peuple haïtien a vécu dans le désespoir, la désolation, le désarroi et la détresse. Il ne manquait une occasion pour clamer son mal être. A cela, le Président Préval et l’ancien Premier Ministre Jacques Édouard Alexis répondaient qu’ils n’étaient pas des magiciens et qu’ils ne pouvaient opérer des miracles.

Quel est le rôle des dirigeants, si ce n’est de raviver l’espoir au sein de la population? D’ailleurs, c’est sous ce label que la plateforme qui les a portés au pouvoir avait mené campagne et gagné les élections.

Les différentes situations de crise qui ont frappé le pays au cours de cette année, que ce soit la crise alimentaire, la crise pétrolière, la crise politique, les catastrophes naturelles et la crise financière, toutes ont eu des conséquences très graves sur les conditions de vie déjà précaires de la population haïtienne, en général.

A ces différentes crises s’ajoutaient les vagues de révocation dans des entreprises publiques comme la Téléco, l’Autorité Portuaire Nationale (APN), le Service Métropolitain de Collecte des Résidus Solides (SMCRS). Des milliers d’employés, en majorité des gagne-petit, se retrouvaient subitement sans emploi, sans revenu et sans moyens de subsistance.

Ces anciens employés allaient automatiquement grossir l’armée des chômeurs. Le chômage affecte cette année 5 millions d’habitants environ. C’est dans cette catégorie que se recrutent les plus pauvres d’entre les pauvres. Ceux-là vivent dans la pauvreté la plus abjecte. Elles sont les premières victimes des catastrophes naturelles qui se sont abattues sur le pays cette année.

De plus, des centaines de familles pleurent la disparition d’etres chers aux Gonaives, à Cabaret, à Mirebalais et à Hinche. Certaines d’entre elles ont tout perdu. La seule alternative qui s’offre à eux est l’exode. Quand elles ne viennent pas augmenter le nombre de taudis et de bidonvilles, elles traversent la frontière ou prennent la mer à la recherche d’une ville meilleure.

Elles ne sont désirées nulle part. C’est par bandes qu’elles sont rapatriées tous les jours de la République dominicaine, des Bahamas et des États-Unis d’Amérique. Les moins fortunes périssent en mer. Depuis quelques temps, une situation de tension règne dans les villes frontalières entre Haïtiens et Dominicains.

Le tableau s’est davantage assombri avec l’effondrement d’une école, dénommée la Promesse Évangélique fonctionnant à Nérette dans la banlieue de Péetion-Ville. Le bilan des victimes était lourd : une centaine de morts et des centaines de blessés.

Cette école, dirigée par un pasteur de cultes réformés, est construite sur trois niveaux dans un bidonville, sans calcul préalable de la résistance du sol et des matériaux. Les dégâts seraient moindres s’il existait des routes facilitant l’acheminement des secours. Le pasteur est arrêté sous la prévention d’usurpation de titres et d’homicide involontaire. Est-il le seul responsable de cette catastrophe?

Toutes les institutions publiques qui ont failli à leur mission de contrôle sont responsables. La Présidence l’a si bien comprise qu’elle a convoqué les Maires des 140 communes à une retraite au Palais National pour deviser sur la meilleure façon de lutter contre les constructions anarchiques qui sont légions dans le pays.

Un pays ne meurt pas, dit-on. Mais Haïti agonise sous le poids de l’incohérence, de l’irresponsabilité et de l’insouciance de ses fils, de ses gouvernants, de ses élites aussi bien morales, politiques qu’économiques.

Cette année, le temps n’est ni aux souhaits ni aux vœux pieux. Consacrons-le à la réflexion citoyenne. Une réflexion qui doit éveiller la conscience des élites haïtiennes sur leur mission véritable qui est de travailler au bonheur du peuple haïtien.

Toutefois, le peuple doit vouloir vivre heureux et le décider collectivement. Il doit commencer par confier la gestion de ses destinées à des dirigeants honnêtes, responsables, compétents, soucieux de son avenir et de celui des enfants.

Quand on confie un pouvoir même en haillons à des chefs de bandes qui se pavanent en hommes d’État, on plonge l’avenir dans la nuit. Les Haïtiens ont-ils les ressources matérielles, intellectuelles et morales pour se tirer du gouffre sans passer par une tutelle efficace? En ce début du 21ème siècle, Haïti est un navire sans gouvernail avec une caricature de capitaine. Dans un pays de misère profonde, d’ignorance crasse, avec un système d’électrocratie malsaine poussant sur le terreau fertile d’une société corrompue et largement analphabète, l’écrasante majorité ne vote pas ce qu’elle mérite mais ce qui lui ressemble, la démagogie et l’argent sale aidant. Si Barack Obama était Haïtien, nos compatriotes, pour la plupart, l’auraient vu comme un métis dérangeant et lui auraient préféré un nul sans programme, sans langage, un politicien de pacotille pataugeant comme eux dans la médiocrité ambiante et parfait joujou de nos affairistes cyniques et méprisables. Il ne resterait à Barack qu’à se caser dans un poste d’ONG ou d’un organisme international ou à se refugier à l’extérieure. Pendant combien de temps, Haïti sera-t-elle encore considérée comme un comptoir par des escrocs tant nationaux qu’étrangers, marchands d’une « démocrassie » qui signifie tout le monde dans la crasse? Dans ce pays où, parait-il, Dieu devra prouver qu’il existe, tant sont immenses la lâcheté, l’égoïsme, l’incapacité d’apprendre et de comprendre de la plupart de ceux qui l’habitent, la fin de la descente aux enfers dépend-t-elle encore de la volonté, de l’intelligence et du courage d’un groupe d’Haïtiens?

Michel SOUKAR
Décembre 2008

A Gérard, Pour continuer le Dialogue

‘’ Jusqu'à ce que la mort, ouvrant son aile immense,

Engloutisse à jamais dans l’éternel silence,

L’éternelle douleur. ‘’

Au Port de-New York, en plein cœur de Manhattan se dresse la Statue de la Liberté. C’est plus qu’un monument…

Un symbole qui traduit la volonté de l’homme de jouir pleinement des droits et prérogatives attachés à sa Nature. Donc, l’homme est né libre et ses libertés sont multiples. Libre de choisir …La rigueur du choix lui permet d’agir sur les servitudes et les contraintes imposées par la société…Il est libre de professer sa foi… C’est là son aspiration en tant qu’être en devenir. Bâtisseur de temple, il est libre de suivre la courbe sinueuse d’une vie faite d’habitudes laborieuses et de rituels conçus spécialement pour surhomme.

Il est libre de choisir la pente qui conduit vers les bas-fonds ou de remonter celle qui conduit vers les cimes altières…

Il est libre de choisir dans la foule multiforme deux yeux dont il fait sa lumière, les feux de bord de ses nuits d’ombre…

Il est libre de refuser les anciennes structures qui imposent aux hommes, même les plus cuirassés, le poids des traditions plus que millénaires.

Il est libre de rejeter la routine du quotidien et tous les éléments d’une morale qui vient du fond des âges et qui ne s’accommode pas des réalités présentes.

Il est libre d’immerger pour se récréer. Le regard intérieur est la négation de toutes les normes et contraintes imposées par la rigueur des lois.

Parce qu’il est libre de créer, il est aussi libre de vivre. Parce qu’il est libre de vivre, il a conscience de son existence et par le travail de la pensée qu’il élabore chaque jour que Dieu fait, il éprouve non seulement le sentiment de sa persistance, mais encore il lui répugne de n’être plus et de remettre à la terre la poussière de son être. Gérard, ne disais-tu pas souvent : Non omnis moriam ( Je ne mourrai pas tout entier.) Car, la vie est création, une création continue par la parole.

Il est libre de refuser l’autoritarisme qui donne à un groupuscule le monopole de la vérité. Il est libre, de choisir les routes ‘’où chacun de ses pas d’homme, sera fête, sacrifice, concession… Libre de marcher dans le sens ou à contre sens du vent… libre de proclamer son allégeance aux grandes valeurs et aspirations qui ont donné le branle à l’humanité. C’est pour symboliser la pérennité de ces libertés que brûle la flamme portée à bout de bras par cette femme qu’on appelle Madame Liberté. Toi, Gérard, Homme libre, Monument vivant à la dimension de la statue de la Liberté, Être trop sensible, tu n’as pas su contenir les élans incompressibles qui agitaient ton cœur. Vers L’Orient Eternel, tu t’en es allé sans tambour ni trompette laissant une vie remplie de bons et de mauvais souvenirs. Mais dont le mélange participe de l’humeur divine, qui, paradoxalement, fait l’essentiel de l’humain. Ton combat fut une espèce de Saga contre tout ce qui n’était pas ton Pays, ta Nation, ta Patrie, ta famille. Disons-le, sans crainte d’être contredit : Une vie de sacerdoce au service d’un Pays idolâtré : Haïti. Nationaliste farouche, tu n’as jamais marchandé ton appartenance à l’immarcescible ethnie nègre d’Haïti et qui de surcroit n’aurais jamais osé négocier la souveraineté d’un pays reçu en héritage comme ces terres languissant dans l’indivision testamentaire de l’Aïeul

Maintenant que tu es parti, des êtres pleurent Mais si les larmes ne rendent pas la vie, elles exorcisent par contre la douleur. A ta famille éplorée, particulièrement ta femme Natania, je dis courage ‘’ Car, c’est par la mort qu’on arrive à la présence de Dieu. ‘’

Vale

Jean L Théagène

dimanche 14 décembre 2008

Le Docteur Gérard Etienne, auteur de la Révolution tranquille, est mort ce matin d’un arrêt du cœur.

Mauvaise nouvelle. Yon Mapou tombe. Se yon gwo perte pou Ayiti. La ville du Cap-Haitien perd l'un de ses fils... L'une de ses étoiles. Vraiment désolé...C'est trop triste pour être vrai.

lundi 8 décembre 2008

60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme : les Nations unies sur la voie de l'échec

Reporters sans frontières
Rapport d'enquête
8 décembre 2008

60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme : les Nations unies sur la voie de l'échec

A l'occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, le 10 décembre 2008, Reporters sans frontières dresse le bilan du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, l'instance principale chargée de cette question, basée à Genève, dans un rapport rendu public quarante-huit heures avant la date commémorative.

http://www.rsf.org/article.php3?id_article=29586

Le Conseil des droits de l'homme fait à peine mieux que la défunte Commission. Celle-ci s'était totalement discréditée au fil des ans, et notamment lorsqu'elle avait placé à sa tête une représentante libyenne. Aujourd'hui, le Conseil n'échappe pas aux travers de toutes les instances onusiennes. Les Etats sont juges et parties. Des pays dirigés par des gouvernements répressifs sont élus membres du Conseil et, à ce titre, sont chargés de faire respecter des droits qu'ils bafouent eux-mêmes quotidiennement. Tant qu'on ne sortira pas de cette situation absurde, on ne pourra pas dire que les Nations unies remplissent leur mission de protection des droits de l'homme.

Quoi qu'il en soit, l'instrumentalisation des droits de l'homme par les Etats ne pourra prendre fin qu'avec une réforme et un élargissement du Conseil de sécurité et de l'ensemble du système de gouvernance mondiale. Un thème largement ouvert par la crise économique et environnementale en cours.

Si les Nations unies ne parviennent pas à rompre avec cette logique, alors le Conseil échouera dans sa mission. Et ce n'est pas l'Examen périodique universel - qui constitue pourtant une réelle avancée - qui parviendra à compenser ces faiblesses.

Reporters sans frontières dresse le bilan d'une bataille entre raison d'Etat et reconnaissance des victimes de violations des droits humains.
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United Nations heading for failure on 60th anniversary of the Universal Declaration of Human Rights

As the world marks the 60th anniversary of the Universal Declaration of Human Rights on 10 December, in a report released today Reporters Without Borders looks at the record of the Geneva-based Human Rights Council, the main UN body concerned with such matters.

http://www.rsf.org/article.php3?id_article=29587

The UN Human Rights Council is doing little better than its predecessor, the now-abolished Commission on Human Rights, which was completely discredited over the years, especially when it named a Libyan as its president. The Council has the failings of all UN bodies, where member-states are both judges and judged. States with repressive governments are elected to the Council and thus tasked with ensuring respect in other countries for rights they themselves are abusing on a daily basis. Until this absurd situation is ended, the United Nations cannot be said to be fulfilling its goal of protecting human rights.

The use of human rights by countries for their own purposes will not end until the UN Security Council and the whole system of world governance is reformed and enlarged. This issue has been highlighted by the present economic and environmental crisis.

If the UN does not manage to end it, the Council will fail in its mission. The Universal Periodic Review, though a good step forward, will not make up for these weaknesses.

Reporters Without Borders looks at the battle between the interests of governments and recognition of victims of human rights violations.
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60 aniversario de la Declaración Universal de los Derechos Humanos: Naciones Unidas en la vía del fracaso

El 10 de diciembre de 2008, con ocasión del 60 aniversario de la Declaración Universal de los Derechos Humanos, Reporteros sin Fronteras hace un balance del Consejo de Derechos Humanos de Naciones Unidas, la principal instancia que se encarga de esa cuestión, con sede en Ginebra, en un informe publicado el 8 de diciembre de 2008.

http://www.rsf.org/article.php3?id_article=29588

El Consejo de Derechos Humanos funciona apenas algo mejor que la difunta Comisión que, al filo de los años, se había ido desacreditando totalmente, sobre todo cuando puso a su cabeza a un representante libio. Ahora, el Consejo no queda al margen de los defectos que tienen todas las instancias de la ONU. Los Estados son jueces y parte. Se elige como miembros del Consejo a algunos países dirigidos por gobiernos represivos y, por ese motivo, se tienen que encargar de hacer que se respeten unos derechos que ellos burlan diariamente. Mientras no se consiga salir de esta absurda situación no se podrá decir que Naciones Unidas cumple su misión de proteger los derechos humanos.

Ocurra lo que ocurra, la instrumentación de los derechos humanos por los Estados no terminará más que con la reforma y ampliación del Consejo de Seguridad, y de la totalidad del sistema de gobierno mundial. Un tema ampliamente abierto por la crisis económica y medioambiental en curso.

Si Naciones Unidas no consigue romper esta lógica, el Consejo fracasará en su misión. Y no será el Examen Periódico Universal -que sin embargo representa un avance real- quien consiga compensar esas debilidades.

Reporteros sin Fronteras hace un balance de la batalla entre razón de Estado y reconocimiento de las víctimas de violaciones de los derechos humanos.
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Benoît Hervieu
Despacho Américas / Americas desk
Reporters sans frontières
47, rue Vivienne
75002 Paris - France

tél. : +33 (0) 1 44 83 84 68
fax : +33 (0) 1 45 23 11 51
e-mail : ameriques@rsf.org
/ americas@rsf.org
http://www.rsf.org

dimanche 7 décembre 2008

Point de presse de la MINUSTAH

MINUSTAH NATIONS UNIES
Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti


Jeudi 04 décembre 2008

Point de presse hebdomadaire de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), animé par Sophie Boutaud de la Combe, Porte-parole de la Mission, en compagnie du Colonel Damir Milinovic, Chargé de la communication de la Force militaire, de Francis Peeters, Chargé a.i. de la communication de la UNPOL, de Béatrice D. Turnier, Représentante de l’ONUSIDA et de Fatou Diop, Responsable du Programme des Volontaires des Nations Unies au sein de la MINUSTAH.


Intervention de la porte parole de la MINUSTAH, Sophie Boutaud de la Combe (SBdlC)
La période actuelle est généralement riche en commémorations car les mois de novembre et de décembre comprennent plusieurs journées internationales. Ces journées sont l’occasion de faire le point sur des thèmes qui nous engagent tous comme habitant de cette planète. Elles sont d’autant plus importantes en Haïti qu’elles touchent des problématiques particulièrement sensibles.

La Journée mondiale de l'enfance le 20 novembre, la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes le 25 novembre, la Journée mondiale du SIDA le 1er décembre, la Journée internationale des personnes handicapées le 3 décembre, la Journée internationale des volontaires le 5 décembre, la Journée des Droits de l'homme le 10 décembre, pour ne citer que celles-là.

Aujourd’hui, nous reviendrons avec vous sur la Journée mondiale du SIDA du lundi 1er décembre 2008 avec nos collègues de l’unité VIH/SIDA de la MINUSTAH et du Programme conjoint des Nations Unies pour le SIDA. Et avec notre collègue Fatou Diopp de l’Unité des Volontaires des Nations-Unies, nous évoquerons la Journée internationale des Volontaires qui se tiendra demain 5 décembre. Nous vous donnerons aussi quelques annonces relatives aux activités de la MINUSTAH à l’occasion de la Journée des droits de l'homme le 10 décembre prochain. Mais avant cela, nous allons céder la parole à notre collègue du Bureau de la communication militaire, le colonel Damir Milinovic qui va nous parler des activités des casques bleus pour le mois de novembre.


Intervention du porte-parole militaire
Bonjour à tous, aujourd’hui, Je vais vous présenter les activités menées par la Force militaire pour le mois de novembre. La Force militaire mène ses activités comme d’habitude sur tout le territoire d’Haïti. Elle continue ses opérations de sécurisation au moyen des points de contrôle fixes, mobiles et des patrouilles à travers le pays en coordination avec la PNH et l’UNPOL.

Depuis le mois de novembre, les casques bleus uruguayens patrouillent, avec 4 bateaux, la zone de Port- Salut. A la fin du mois de décembre, il est prévu que les 12 autres bateaux soient déployés sur l’ensemble des côtes du pays portant la capacité d’appui maritime à la PNH.

Pour le mois de novembre, dans le cadre des activités de sécurisation, la Force militaire en appui à la PNH a mené 11 opérations qui ont permis l’arrestation de 10 suspects. En total, du 15 octobre au 30 novembre, la Force militaire a appréhendé 386 suspects. Ils ont été remis à la PNH pour les suites nécessaires.

Depuis le mois d’avril, la Force militaire de la MINUSTAH dispose d’un avion de capacité de surveillance aérienne. La CASA 212 de l’aviation uruguayenne renforce la capacité de la PNH et de la MINUSTAH pour lutter contre les trafics illicites. Par exemple, cet avion permet de renseigner la PNH sur les pistes d’atterrissage clandestines et l’utilisation des moyens de transport illégaux, comme le petit avion, le bateau et le sous-marin, comme vous pouvez voir sur les photos. Pendant et après le passage des tempêtes tropicales, CASA 212 a fait des évacuations médicales aériennes et a permis de transporter l’aide alimentaire aux victimes.

Parallèlement à ces activités sécuritaires, les militaires s’investissent aussi dans des activités d’aide à la population. Ils fournissent des soins médicaux, des soins dentaires et visitent des orphelinats. Vous pouvez voir sur le tableau les chiffres des activités humanitaires. Pour commémorer la Journée internationale des enfants le 20 novembre dernier, tous les contingents de la Force militaire déployés dans les dix départements géographiques ont organisé des activités au profit des enfants.

Aussi les compagnies de génie militaire continuent de travailler à la réhabilitation de plusieurs tronçons de route et à des opérations de nettoyage. Merci et je suis à votre disposition pour les questions.

SBdlC : Merci colonel. Nous accueillons maintenant Francis Peeters du Bureau de la communication des UNPOLs

Intervention du porte-parole a.i. des UNPOL

Mesdames, messieurs de la presse,
Bonjour, je suis Francis Peeters, assistant spécial du commissaire adjoint. Je remplace un peu au pied levé mon camarade André Leclerc au niveau des relations avec les médias. Je commencerais par évoquer les homicides.

En cette période du mois de novembre, nous avons quand même à déplorer 31 homicides. Le taux reste relativement stable si vous pouvez comparer le tableau qui se présente à vous. Vous constaterez qu’il a 18% de cas d’homicides en moins par rapport à 2007 sur la même période (de janvier à novembre). Reste à préciser qu’il y a quand même pas mal d’homicides qui resteront donc non-élucidés.

Pour le mois de novembre, 18 cas de kidnapping ont été rapportés, soit une diminution de 16% des cas par rapport à novembre 2007. Pour lutter contre le phénomène du kidnapping, la MINUSTAH a multiplié les efforts, conjointement avec la PNH.

Ainsi, par exemple, suite à l’augmentation des cas de kidnapping au Cap-Haïtien, la MINUSTAH a déployé au mois de novembre des spécialistes dans la seconde ville du pays. Ce renforcement d’effectifs en appui à la PNH a permis d’augmenter les opérations de police sur place et notamment d’organiser des opérations ciblées. Depuis le 16 novembre et jusqu’à la fin du mois de novembre, aucun kidnapping n’avait été confirmé dans la région du Cap-Haïtien. Mais depuis le mois de décembre, un nouveau cas est à déplorer dans cette région. Le dossier est traité par la Cellule contre les Enlèvements de la DCPJ, avec l’appui de l’Unité Anti-kidnapping de la MINUSTAH. Un jeune homme de 14 ans a été libéré le 2 décembre. L’enquête suit son cours.

Les enquêtes conjointes de la DCPJ (Direction centrale de la police judiciaire) et de l’Unité Anti-Kidnapping ont aussi permis l’interpellation de 15 personnes soupçonnées d’être reliées aux kidnappings.

Dans le domaine du kidnapping, je peux encore vous communiquer quelques chiffres que j’ai avec moi. En 2005, on a eu à déplorer 445 cas ; en 2006, 500 cas ; en 2007, 237 ; en 2008, nous en sommes à 251, sans compter le mois de décembre qui, je vous le rappelle, à ce jour, n’a qu’un seul cas à déplorer.

Concernant la recrudescence que je vous ai signalée au Cap-Haïtien, qui est la 2e ville du pays, comme vous le savez, on a à déplorer 57 cas depuis janvier avec une nette recrudescence à partir du mois d’août. La MINUSTAH déploie tous ses efforts dans cette région pour lutter efficacement contre ce phénomène.

Concernant les FPU, ils sont au nombre de 10 contingents dans le pays. Nous en avons 7 à Port-au-Prince, 1 aux Gonaïves et 1 aux Cayes. Ce qui représente un effectif de 1 140 officiers répartis dans tout le pays. Parallèlement dans le cadre des activités sécuritaires quotidiennes et pour diminuer les risques d’enlèvement, les policiers FPU de la MINUSTAH ont augmenté substantiellement leur visibilité aux endroits stratégiques, de jour comme de nuit, par des checks points.

Pour le mois de novembre, en plus des points fixes et des points de contrôle mis en place par les militaires, les UNPOL ont assuré 530 heures de points de contrôle (check-point) sur l’ensemble du pays. 3 974 véhicules et 7 214 personnes ont été contrôlés dans ce cadre sur le mois de novembre.

En plus des activités quotidiennes et des points de contrôle, 12 opérations spéciales ont été effectuées, pour le mois de novembre, à Port-au-Prince et dans les régions. Ces opérations spéciales vont du contrôle systématique des personnes et des quartiers pour lutter contre les activités criminelles, à des opérations contre le trafic illicite ou des interventions liées à des enquêtes sur le kidnapping.

La présence policière qui avait été accrue près des écoles, à la rentrée scolaire, sera maintenue, sur proposition du commissaire adjoint, jusqu’à la fin de l’année. Car il semblerait que ces opérations ont porté fruits puisque sur les écoles qui sont actuellement surveillées, nous n’avons eu à déplorer aucun kidnapping.

Par ailleurs, la sécurité des écoliers demeure toujours menacée par la circulation routière. Ainsi, pour le mois de novembre, nous déplorons les cas de 8 écoliers happés par des véhicules automobiles ou par des motos. Sur ces 8 écoliers 3 ont trouvé la mort dans ces accidents de la circulation (un lycéen de 18 ans à Jacmel le 8 novembre, une écolière de 9 ans à Petit-Goâve le 12 novembre, et une écolière de 14 ans à Carrefour le même jour). Une grande campagne de prévention routière a été conduite à travers le pays, notamment à Port-au-Prince et dans toutes les régions. Son but était de sensibiliser les usagers de la route ; les piétons, les tap-taps (petits véhicules de transports publics, à ne pas confondre avec les taxis) et les écoliers. Cette campagne reste toujours d’actualité donc nous continuons à appeler tous les concernés à plus de vigilance, à plus de respect, à plus de civilités.

Ma dernière rubrique concernera l’Académie de police. Concernant les 700 aspirants policiers de la 20ième Promotion qui sont entrés à l’Académie de police le 20 juillet dernier, leur formation va bon train. La graduation prévue en janvier 2009 coïncidera avec le début de la formation de base de la prochaine promotion, la 21ième promotion, qui est actuellement en processus de sélection par la PNH. Parmi les candidats qui devront former cette 21ème promotion, 345 ont déjà fini de passer tous les tests et sont déjà présélectionnés. Trois cent quarante-cinq (345) autres candidats seront retenus parmi les 942 qui restent en lice. Ces 942 candidats potentiels ont déjà réussi la première étape des examens écrits et médicaux et passent depuis lundi et jusqu’à demain vendredi, les tests physiques à l’Académie. Par la suite, ces candidats potentiels subiront les entretiens individuels qui seront finalisés en décembre. Les candidats éligibles débuteront leur formation dès janvier 2009.

Ainsi 700 candidats devront former cette 21ième promotion. Un suivi de leur formation sera effectué par nos soins et vous sera rapporté ultérieurement. Je vous remercie et je reste à votre disposition pour les questions éventuelles.

SBdlC : Merci Francis.

Perspective du Genre
Sur les 700 aspirants de la 20e promotion actuellement à l’Académie de police, 81 sont des femmes. Sur les 345 candidats déjà sélectionnés pour la 21ème promotion, 104 sont des femmes ; ce qui montre déjà une augmentation par rapport à l’année dernière. C’est positif.

La prise en compte de la perspective du Genre (parité Homme-Femme) est une préoccupation constante des Nations Unies, en général, et des Mission de maintien de la paix, en particulier, car les conflits et les crises humanitaires affectent les hommes et les femmes, mais ils ne les affectent ni de la même manière, ni dans les mêmes proportions. Dans sa résolution 1325 (2000), le Conseil de sécurité a réaffirmé l’importance du rôle joué par les femmes dans la prévention des conflits et souligné la nécessité de renforcer leur rôle dans la prise de décisions afin de prévenir les conflits. Selon le rapport 2004 du Secrétaire Général sur Les femmes, la paix et la sécurité, « la contribution apportée par les femmes à la prévention des conflits est particulièrement importante au niveau de la diplomatie « de personne à personne ». Les femmes peuvent attirer l’attention sur les tensions qui se font jour avant qu’elles ne dégénèrent en conflits armés. Et c’est pour cela qu’elles doivent jouer un rôle essentiel en aidant leur communauté à se doter des moyens nécessaires à la prévention de la violence, qu’il s’agisse d’un phénomène nouveau ou récurrent. »

C’est pourquoi l’unité de Genre de la MINUSTAH en coordination avec le bureau de la communication de la Mission et les points focaux genre des bureaux régionaux de la MINUSTAH ont organisé dans les 9 centres multimédias du pays, un programme de 3 semaines, intitulé 'Femmes en Action'. Quatre vingt-huit (88) activités diverses regroupant des conférence-débats, des séminaires de formation et des activités socioculturelles ont ainsi été organisées du 31 octobre 2008 (date de la célébration de la Résolution du Conseil de Sécurité 1325 sur les Femmes, la Paix et la Sécurité) au 25 novembre 2008 (date de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes) 4 631 personnes ont pu bénéficié de ces activités, dont 1 161 hommes et 3 470 femmes.

VIH/SIDA
La particularité des femmes est aussi importante dans le cadre de la prévention du VIH/SIDA comme dans le cadre du traitement des personnes affectées ou infectées.

La MINUSTAH comprend une unité VIH/SIDA qui réalise des actions de sensibilisation essentiellement à l’interne et participe en coordination avec l’ONUSIDA à des actions externes.
Vous le savez, les contingents militaires de la MINUSTAH effectuent des rotations tous les 6 mois, ce qui signifie que tous les 6 mois un effectif complet de nouveaux militaires rejoint la Mission en remplacement de leurs collègues. De même, les UNPOL et les FPU effectuent des missions variant en moyenne de 6 mois à 1 an. Depuis 2004, ce sont donc environ 50 906 militaires, 4 645 FPU et 6 880 UNPOL qui ont servi comme casques bleus en Haïti. Sans compter les civils internationaux et nationaux et les Volontaires des Nations Unies. L’ensemble de ces personnels des Nations Unies ont bénéficié d’une sensibilisation au VIH/SIDA.
C’est donc une campagne permanente à l’interne qui est organisée par les Nations Unies à la fois ici en Haïti mais aussi dans les 17 autres Missions de Maintien de la paix à travers le Monde.
Nous cédons maintenant la parole à notre collègue Béatrice Dalencourt Turnier qui est officier de mobilisation sociale à l’ONUSIDA, qui va nous parler des activités conduites à l’occasion de la Journée mondiale du SIDA, le 1er décembre dernier.


Intervention de la représentante de l’ONUSIDA (TRADUIT A PARTIR DU CREOLE)

Bonjour à vous tous, cette année, cela fait déjà 20 ans depuis que nous célébrons la Journée mondiale du SIDA dont le thème international était : « Nommer, responsabiliser, s’activer », mais par rapport à l’attention spéciale que nous accordons cette année aux enfants, le ministère de la Santé publique (MSPP) et ses partenaires, dont l’ONUSIDA, avons choisi comme thème national : « Ensemble, protégeons les enfants ». Nous avons choisi ce thème parce que, non seulement les enfants sont en situation de vulnérabilité, mais aussi parce qu’ils ont besoin d’un appui spécial. Ces enfants sont affectés de diverses manières. Il y en a qui le sont en devenant orphelins, l’un de leurs parents ou les deux sont morts, victimes de l’épidémie. D’autres le sont par contamination alors qu’ils étaient encore dans le ventre de leur mère. Nous estimons qu’il y a encore beaucoup d’efforts à faire pour freiner davantage la transmission de la mère à l’enfant par une campagne renforcée ciblant les femmes enceintes. Il faut aussi poursuivre la lutte contre la stigmatisation des enfants sidéens par l’information et l’éducation.

Au niveau du système des Nations Unies, nous avons réalisé plusieurs activités pour marquer cette journée. La première de ces activités a été entreprise conjointement avec la Coalition haïtienne sur les femmes et le SIDA. Cette coalition est un regroupement d’organisations informelles du ministère à la Condition féminine, avec l’appui du ministère de la Santé publique, de certaines agences des Nations Unies, des organisations féministes et des organisations anti-SIDA. Il s’agissait de sensibiliser les femmes notamment les femmes journalistes, les femmes actrices mais aussi des hommes journalistes et des hommes artistes pour les encourager à participer à la prochaine campagne de lutte contre le sida, surtout concernant la transmission de la mère à l’enfant.

Le 24 novembre, il y a eu un atelier de formation organisé par la MINUSTAH à l’intention des journalistes du pays par le biais des centres multimédia. Des interventions ont également eu lieu à la radio, les 24 novembre et 1er décembre. Une activité de sensibilisation du personnel des Nations Unies et de la MINUSTAH a été organisée le 28 novembre et le 30 novembre, plusieurs agences des Nations Unies avaient participé à la marche lancée à St Marc par la Fondation Esther Bourcicot et la Plateforme haïtienne des associations de personnes vivant avec le VIH. Le 1er décembre, la MINUSTAH, le MSPP et la Plateforme haïtienne des associations de personnes vivant avec le VIH ont organisé des sessions de formation pour tout public dans les centres multimédia. L’ONUSIDA avait de son côté participé aux cérémonies officielles organisé au Karibe Convention Center et à la Primature où le Premier ministre a annoncé la mise en place de la Coordination nationale multisectorielle pour la lutte contre le SIDA. Merci

SBdlC : Merci Béatrice.

Journée internationale des volontaires
Demain, 5 décembre, ce sera la Journée internationale des volontaires (JIV). La JIV est une occasion unique pour les organisations de volontaires et pour les volontaires de travailler ensemble sur des projets et des campagnes pour promouvoir leurs contributions au développement économique et social, tant au niveau local que national et international.
Au sein de la MINUSTAH le programme des Volontaires des Nations Unies constitue un atout précieux dans la mise en œuvre du mandat.
A l’occasion de cette Journée internationale des volontaires nous vous proposons d’écouter Fatou Diop, qui est la Responsable du Programme des Volontaires des Nations Unies au sein de la MINUSTAH.

Intervention de la représentante des Volontaires des Nations Unies
Bonjour tout le monde, avant de parler de la Journée, je veux d’abord parler un peu du Programme des volontaires. Il a été créé en 1970 et nous sommes administrés par le PNUD (Programme des nations Unies pour le développement. Le Programme travaille avec toutes les agences du système des Nations Unies pour le développement humain durable et aussi pour la paix. Le Quartier général est basé à Bonn et nous travaillons pour la promotion du volontariat à travers la réalisation de projets. Nous faisons un plaidoyer pour la reconnaissance du travail des Volontaires dans le cadre du maintien de la paix et dans le cadre du développement.

Depuis 1972, les volontaires sont impliqués dans les questions de maintien de la paix. Actuellement donc, on a plus 7 500 volontaires à travers le monde. Ils sont dans 139 pays d’affectation et viennent de 159 nationalités. Trente-six (36) % sont de sexe féminin et 64%, de sexe masculin. C’est un réseau de partenaires de la communauté internationale. Nous avons 130 antennes dans les bureaux du PNUD.

Pour les missions de maintien de la paix où nous intervenons depuis 1972, nous avons plus de 30 000 volontaires. On a le programme des Volontaires depuis 1971, ensuite on a le programme de maintien de la paix qui a débuté en 1992 avec le Cambodge.

Soixante-dix pour cent (70%) des volontaires des Nations Unies sont affectés en dehors de leur pays d’origine. Ils ont en moyenne une expérience professionnelle de 10 ans. Trente pour cent (30%) travaillent dans leur propre pays, avec une expérience professionnelle de 2 à 5 ans. Pour devenir VNU, il faut avoir une expérience antérieure de terrain, avoir une expérience professionnelle de 5 à 10 ans, avoir un esprit de partenariat et d’équipe, être motivé et avoir un esprit de volontaire et être aussi disponible, si c’est le cas de mission de maintien de la paix.

En ce qui concerne les VNU au niveau de la MINUSTAH, depuis juillet 2004 c’est-à-dire depuis la première affectation du premier VNU jusqu’à maintenant, on a eu à déployer 405 VNU à travers la MINUSTAH. Nous sommes présents dans les 10 régions du pays. Soixante-trois pour cent (63%) travaillent dans des opérations et 37% dans les substantifs. Vingt-cinq pour cent (25%) de nos VNU sont des femmes et 75% sont des hommes. Ils viennent de 64 nationalités.

Le rôle de l’Unité de support VNU est basé au niveau de la MINUSTAH. Nous sommes un bureau qui est exclusivement au service des VNU. Nous nous concentrons dans l’administration, c’est-à-dire, les contrats, les paiements, les demandes de congé, les recrutements, etc. Nous organisons aussi des activités de formation et de renforcement des capacités des volontaires, mais aussi des communautés. Nous fournissions des conseils aux VNU sur le plan professionnel mais aussi sur le plan personnel. Nous jouons un rôle intermédiaire entre les VNU qui sont affectés dans les différentes sections et leurs superviseurs ou leur administration en général. Voilà donc brièvement le Programme VNU.
Nous encourageons les Haïtiens à postuler et à s’engager dans le volontariat. Ils peuvent être des VNU nationaux ou des VNU internationaux. Et pour être VNU international, il faut aller sur notre site Web : http://www.unv.org/fr/etre-volontaire.html. Pour s’inscrire au niveau des Missions de maintien de la paix, il y a un autre site :
http://sofi.unv.org/

En ce qui concerne la journée de demain qui est la journée internationale des volontaires, elle a été instaurée en 1985, pour reconnaître le travail de tous les volontaires à travers le monde. Et depuis cette date, chaque année, le 5 décembre, toute la communauté des volontaires en partenariat avec le système des Nations Unies, les gouvernements, les organisations internationales, célèbre cette journée Cette année en Haïti, la journée sera célébrée aux Gonaïves, autour du thème : « Protection de l’environnement, gestion et prévention de désastres ». La cérémonie va débuter à 9h00 et parmi les activités du jour, on aura la cérémonie officielle présidée par M. Da Costa, suivie d’une activité de plantation d’arbres et d’une table ronde sur la prévention de désastres. C’est le programme de demain. Je suis maintenant disponible pour vos questions. Merci

SBdlC : Merci Fatou. Dans la série de documents qu’on vous a remis avec les notes de presse des interventions, vous verrez une note avec des questions réponses concernant les volontaires des Nations Unies. Cette note contient beaucoup d’informations sur le programme des volontaires.

Journée des droits de l'homme
Nous terminerons cette semaine la célébration du 60e anniversaire de la Déclaration Universelle des droits de l’homme qui aura lieu le 10 décembre 2008. La Section des droits de l’homme de la MINUSTAH organise, en collaboration avec FOKAL, quatre jours de festival de films sur les droits de l’homme, qui seront précédé d’un gala d’ouverture. L’objectif de cette activité est de présenter une sélection de films illustrant différentes situations des droits de l’homme, en mettant un accent particulier sur le droit à l’eau potable, dont la campagne de sensibilisation, lancée par la Section des droits de l’homme à travers le pays depuis le 10 octobre 2008, se clôturera le 10 décembre 2008 avec la célébration de Journée des droits de l'homme.

Nous ouvrons maintenant le temps des questions.

QUESTIONS / REPONSES

1-Selon certaines informations, la MINUSTAH avait eu des rapports avec Monique Pierre, assassinée comme vous le savez le week-end dernier. La Mission serait le locataire de certains bâtiments appartenant à cette dernière. Pouvez-vous nous parler des rapports que vous avez entretenus avec Mme Pierre ? Selon la Police nationale, elle aurait des liens avec certains trafiquants de drogue.

SBdlC : Il y a des logements qui étaient loués par des UNPOL puisqu’elle était propriétaire de ces bâtiments. Je n’ai pas plus d’informations à vous communiquer pour le moment.

2-J’aimerais savoir s’il est vrai que Monique Pierre était une employée de la MINUSTAH ?

SBdlC : Pas à ma connaissance. Elle n’était pas un employé de la MINUSTAH en aucune façon.

FIN

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Contact media :
Sophie Boutaud de la Combe, Porte-parole de la MINUSTAH
Téléphones : (509) 2244-2050 - Ext : 6099, 6035, 6555, 3347 ; Cell : (509) 3478-6299 ou (509) 3702-6522
E-mail :
boutaud-de-la-combe@un.org,
ou consultez le Site Internet de la Mission au
http://www.minustah.org/

jeudi 4 décembre 2008

Compte-rendu des ateliers de travail du Bureau de la CARICOM dans le Nord d’Haïti.

Malherbe DORVIL Président de la CCIPN, Ambassadeur Earl S. HUNTLEY de la CARICOM

Jean René BORDES de Bureau haitien de suivi, Guyler C. DELVA et l'Ambassadeur HUNTLEY


Wilbrode BEON, Directeur Exécutif de la CCIPN et le Dr Harold DURAND Conseiller
Malherbe DORVIL Président de la CCIPN, Ambassadeur Earl S. HUNTLEY de la CARICOM


Dany Toussaint, ex-sénateur de l’ouest, propriétaire de D-CONER au sein de l'assistance.


Serge T. Béliard alias ‘‘Pasteur’’, un chauffeur Bus Cap- Port au Prince, représentant de l’APTN (Association des Propriétaires et Transporteur du Nord).



Cap-Haïtien, le 04 Décembre 2008 ; (Ré.Cit.).-

Le Vendredi 28 novembre 2008, la salle de conférence de la Chambre de Commerce et des Professions du Nord (CCIPN) accueillait plusieurs hommes et femmes d’affaires. Ils répondaient à une invitation du Conseil d’Administration de la CCIPN qui entendait sensibiliser le secteur des affaires sur l’urgente nécessité de responsabilité et d’engagement citoyens face aux problèmes de la région et sur les différentes opportunités de développement, notamment celles offertes par l’intégration d’Haïti à la CARICOM, la mission de l’organisation, son rôle, son mode de fonctionnement, les avantages et les exigences du concept ‘‘marché et économique uniques’’.

L’Ambassadeur Earl Huntley, Directeur du Bureau de Représentation de la CARICOM en Haïti (CROH) et le responsable du Bureau de Coordination et de Suivi des accords Haïti/CARICOM (BCS), Jean René BORDES avaient fait le déplacement pour la circonstance. Le président de la Chambre Malherbe Dorvil, en guise, d’introduction fit un bref historique de la CCIPN. ‘‘Fondée le 24 juillet 1989 et reconnue d’utilité publique en janvier 1997, la CCIPN a connu, comme toutes les associations de la société civile haïtienne, des moments difficiles.
Toutefois, grâce aux mérites de plusieurs membres, conscients de l’importance de cette institution pour la défense des intérêts du Nord et bénéficiant du support de l’Union Européenne à travers le projet PRIMA, la Chambre reprend son élan, elle jouit désormais du prestige et bénéficie de la confiance de plus d’un.''

Le Directeur Exécutif, Wilbrode BEON demanda à l’assemblée d’applaudir le courage de Raoul Auguste qui a su préserver, grâce à sa détermination, l’existence de la CCIPN dans les jours sombres de son existence. Monsieur BEON en a profité pour rappeler les grandes lignes du plan stratégique institutionnel récemment validé, très apprécié par PRIMA (Programme de Renforcement Intégré du Milieu des Affaires) de l’Union Européenne en Haïti et proposé comme modèle aux autres chambres départementales. La CCIPN se prépare à devenir une vraie chambre départementale a travers d’un projet d’expansion qui vient tout juste d’être financé par PRIMA. Le dit projet s’intitule :
Projet d’expansion de la CCIPN et de Renforcement de ses capacités de lobby et d’autofinancement.

Monsieur Dorvil exhorta les hommes d’affaire à sortir de leur individualisme primaire, de leur comportement isolationniste, autosuffisant et de l’égoïsme: “ Le Nord vit des moments difficiles. Les infrastructures disparaissent. On dirait une zone oubliée par les autorités de l’Etat central, un département livré à lui même. La ville du Cap-Haïtien est aujourd’hui le centre régional de plus de 5 départements, le port d’attache des mouvements de populations entre les îles anglaises de la cote Nord d’Haïti et un point de transit pour plusieurs centaines de milliers de citoyens qui font du commerce sur la frontière haïtiano-dominicaine, un lieu de refuge pour les sinistrés de l’Artibonite et d’ailleurs. Le Cap souffre! L’environnement, l’assainissement, les marchés publics, le port international, l’urbanisation, tout est à repenser. Nous devons nous mobiliser pour forcer les dirigeants à aborder ces problèmes. Les hommes d’affaire doivent se positionner sur la construction de la route Cap-Ouanaminthe; la route Cap- Hinche, le fonctionnement de la nouvelle centrale électrique JOSE MARTI du Cap-Haïtien, l’aéroport du Cap-Haïtien, le développement du port de Labadie, l’aménagement de la ville du Cap, le développement touristique Saint-Michel Plage – Milot. Nous devons construire un leadership progressiste à travers la CCIPN. Nous devons pouvoir tirer les avantages offerts par notre intégration au ‘‘Marché commun de la Caraïbe ’’.

L’Ambassadeur Huntley et M. Bordes du Bureau de suivi présentèrent au public les avantages et les exigences du marché commun: ‘‘C’est un espace libre où tous les facteurs de production s’échangent librement. Libre mouvement des capitaux, des produits, des services et de la main d’œuvre sans restriction aucune. Les hommes d’affaire qui sont à l’intérieur de la zone pourront investir dans n’importe quel pays membre du marché commun sans l’approbation de l’Etat. Sur le libre déplacement des ressortissants de la région, la décision s’arrête, pour le moment, sur les universitaires, les musiciens, les techniciens, les professionnels. On planifie un plan de sécurité sociale et un document de voyage commun est à l’étude.'' L’Ambassadeur Huntley se dit conscient des problèmes qui entourent la libre circulation des peuples de la zone. Il demande, toutefois, aux amis haïtiens de comprendre les résistances de petits pays qui ne représentent que 4 millions d’habitants face à cette grande puissance démographique qu’est Haïti dans la zone.
Il suggère des actions en vue de changer l’image d’Haïti à l’étranger. Il se propose comme volontaire à cette fin.

Un point sur lequel RESEAU CITADELLE (un effort d’Agence de presse online) propose un visa Caribéen pour les haïtiens, comme solution provisoire. Car, les cadres d’Haïti qui circulent dans les pays membres de la CARICOM, expriment leur découragement face aux péripéties de trouver un visa pour chaque déplacement entre pays membre de la communauté.

M. Bordes et l’Ambassadeur Huntley continuèrent leur présentation en abordant la Cour de Justice de la Caraïbe, une sorte de Cour suprême au dessus des juridictions nationales. Haïti étant un pays de droit romano-germanique différent des autres pays de tradition Common Law, comment abordera-t-elle ce dossier?

L’Ambassadeur Huntley expliqua à l’assemblée que contrairement à Haïti, les pays de la CARICOM n’avaient pas de ‘‘Cour suprême’’ ou ‘‘Cour de Cassation’’. Un organe, établit en Angleterre, se prononçait sur les litiges, en dernier ressort. Aujourd’hui, la Cour Caribéenne de Justice (CCJ), joue le rôle de ‘‘Cour suprême’’. C’est aux haïtiens de choisir quelle place donner à la CCJ dans leur système judiciaire.

En termes d’opportunité pour Haïti, CSME sera un nouvel excitant pour l’économie nationale. Il offrira des opportunités d’investissement dans les domaines où Haïti est forte comme la production agricole, la reconstruction du tourisme – des ressortissants d’autres pays de la caraïbe pourront visiter la terre où la libération du peuple caribéen a commencé – le tarif national sera égal au tarif de la CARICOM, des investisseurs du monde dont des dominicains auront intérêt à investir en Haïti, en vue de produire des biens et services pour tout le marché. Ce qui augmentera les possibilités d’emploi. La santé, la justice, la sécurité, la lutte contre le crime et la drogue, la protection de l’environnement et l’alimentation sont des points de politique commune, capables d’aider Haïti à se mettre à niveau. Diplomatiquement, nous sommes plus solides en groupe. ‘‘Même tout petit, la CARICOM a ses objectifs diplomatiques et politiques.’’ Les haïtiens sont appelés à contribuer à la tache communautaire caribéenne.

A partir de 2009, débuteront les échanges, sans droits de douanes, entre Haïti et le reste des pays de la zone. Le tarif sera 40% de droits de douane pour les pays qui sont en dehors du marché unique. Haïti devra résoudre certains problèmes pour standardiser sa production, intégrer les producteurs du secteur informel, renforcer sa production de produits touristiques - l’artisanat, jouer sur ses particularités linguistiques. Le secteur privé doit faire valoir ses points de vue.

L’assistance était positive. On posait des questions pertinentes. Un débat animé auquel prenait part des personnalités comme le major Dany Toussaint, ex-sénateur de l’ouest, reconverti dans les affaires. Il est le propriétaire de D-CONER, un ‘‘fast food’’ très fréquenté au Cap-Haïtien. La présence de Serge T. Béliard alias ‘‘Pasteur’’, - un chauffeur bien connu pour sa gentillesse et sa sagesse - comme représentant de l’APTN (Association des Propriétaires et Transporteur du Nord), spécialement, les chauffeurs de Bus assurant le trajet Cap-Haïtien/ Port-au-Prince, dans la salle de conférence, marque la fin des temps durant lesquels la Chambre de Commerce et des Professions du Nord (CCIPN) était perçue comme un cercle fermé, au service de groupuscules d’intérêts occultes.

Le lendemain, soit le Samedi 29, l’Ambassadeur Huntley et M. Bordes ont rencontré les journalistes du Nord et du nord-est sur le même thème. Environ 40 journalistes, des membres de RCPN (Réseau des Correspondants de Presse du Nord), de l'AJH (Association des Journalistes Haïtiens) et SOS JOURNALISTE ont pris part aux débats tenus à l’Hôtel Mont Joli de 8hres30 à 13 heures. Le même sujet, la même chaleur, un intérêt similaire et une ambiance identique à la rencontre de la veille démontrent l’engouement des haïtiens pour le projet d’intégration d’Haïti à la CARICOM. L’Ambassadeur Huntley mit l’accent sur le rôle stratégique du secteur privé et de la presse dans ce processus. Il les qualifie de secteurs indispensables. Face à l’insistance des questions sur les relations entre la CARICOM et les frères caribéens des territoires européens, RESEAU CITADELLE proposa la mise en place d’un espace ou d’une organisation créolophone qui servira de trait d’union entre nous autres de la CARICOM et nos frères antillais isolés dans des territoires européens. Guyler C. Delva, de SOS Journaliste et Jean Claude Louis, de l’Institut Panos pour la Caraïbe prenaient part aux débats avec les journalistes respectivement, comme facilitateur et rapporteur.
Nous estimons que le processus d’intégration d’Haïti dans la CARICOM et toutes ses exigences peuvent servir de ligne et de guide capables de palier à l’absence de vision globale de la part des dirigeants haïtiens. Sur le plan politique, cela peut contribuer à stimuler les efforts internes pour le renforcement de la démocratie, le respect des libertés civiles et politiques, les droits humains dont le droit de propriété, les droits d’auteurs, la bonne gouvernance dont la lutte contre la corruption, le respect de l’environnement, les libertés économiques… L’intégration d’Haïti à cet espace de culture libérale à volonté moderne pourra contribuer à l’éclatement du système féodal bicentenaire qui résiste sous diverses formes au changement. La diaspora haïtienne devra dire son mot et jouer sa partition. Qualifiés et surtout Anglophones, les ressortissants haïtiens résidant en Amérique du Nord ne pourront plus justifier leur immobilisme. Car, il n’y aura plus moyen de se cacher derrière des prétextes comme l’insécurité en Haïti, l’instabilité, les difficultés administratives et ne pas s’impliquer. Rien n’empêche des investisseurs de la diaspora, des professionnels et intellectuels d’investir dans n’importe quel pays de la zone et de contribuer à la croissance de l’espace caribéen. On pourra installer son entreprise dans un pays comme les Bahamas ou la Jamaïque et importer les matières premières de la mère patrie. Ce qui stimulera le secteur agricole haïtien et recapitalisera les producteurs, spécialement les paysans.

Cette tournée du Bureau de Représentation de la CARICOM accompagné du Bureau de Coordination et de Suivi des accords Haïti/CARICOM (BCS) est un succès. Le climat politique actuel non polarisé, facilite une meilleure compréhension des objectifs de l’organisation régionale en Haïti. Cet effort de communication mérite d’être approfondi.

RESEAU CITADELLE (Ré.Cit.), le 04 Décembre 2008, 11 heures 35.

Flash! Flash! Violence au Cap-Haitien.

Par Cyrus SIBERT
Cap-Haïtien, le 04 Décembre 2008 ; (Ré.Cit.).-
Au moins un blessé au Cap-Haitien. On nous apprend qu’un individu qui se trouvait sur la place d’armes de la ville du Cap-Haitien a été grièvement blessé à coups de machette par des hommes de la Mairie du Cap-Haitien. Des membres de la population sont dans la rue. Une manifestation spontanée de protestation contre l’agissement de cet employé dit sécurité de la Mairie, a été dispersée par la police. La MINUSTAH est sur place en appui à la PNH. De plus amples informations vous seront communiquées.

RESEAU CITADELLE (Ré.Cit.), le 04 Décembre 2008, 10 heures 50.