Autour de la table de discussion, dans une petite salle de l'hôtel Karibe, ce lundi, les partenaires internationaux sont aussi nombreux que les membres du gouvernement. De la Banque mondiale à l'Union européenne en passant par les bailleurs bilatéraux, ils représentent les principaux donateurs d'Haïti depuis 2010. La cérémonie rappelle à bien des égards le lancement de la CIRH. Mais, tout au cours des discussions, une formule revient en boucle : « Le CAED ne vient pas remplacer la CIRH. »
A la différence des réunions de la Commission intérimaire créée suite au séisme de 2010, la séance n'est pas coprésidée par un étranger. C'est le Premier ministre Laurent Lamothe doublé de sa fonction de ministre de la Planification et de la Coopération externe, qui dirige la réunion. « Le gouvernement prend le contrôle entier de la coordination de l'aide internationale ». Le CAED représente, en effet, un nouveau mécanisme du gouvernement pour coordonner l'aide au développement en fonction de ses priorités.
Il s'agit de l'aboutissement d'une initiative menée par le ministère de Planification, depuis le début de l'année. Le mandat de la CIRH étant arrivé à son terme en novembre 2011, le gouvernement envisageait une solution de coordination de l'aide souveraine et pragmatique. Ce nouveau cadre est mis en place sur la base des leçons tirées des expériences antérieures (le Cadre de coopération intérimaire en 2004, le Document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté, en 2007 et la CIRH, en 2010).
D'après la déclaration de la mise en œuvre du CAED faite à la fin de la cérémonie de lancement, les représentants du gouvernement, du Pouvoir législatif, des Collectivités territoriales et des partenaires au développement reconnaissent la spécificité et la responsabilité de chaque entité, de chaque partie et surtout le leadership que gouvernement doit exercer par rapport aux politiques de développement.
« L'aide n'a donné jusqu'ici que des résultats insuffisants »
Face au bilan mitigé de l'aide dans le pays ces dernières années, la mise en œuvre de ce nouveau cadre est ambitieuse, selon le président Martelly. « La pratique de ces dernières années nous a éloquemment montré, que les bonnes intentions, aussi généreuses qu'elles puissent être, génèrent de très minces résultats lorsqu'elles ne s'inscrivent pas dans une structure de pensée et d'actions planifiées et dûment organisées », a déclaré le président. « Nous (acteurs nationaux et partenaires étrangers) en portons tous la responsabilité », a-t-il ajouté.
Par le lancement du CAED, le gouvernement veut changer la donne. Pour devenir plus crédible aux yeux des partenaires internationaux, la ministre de l'Economie et des Finances, Marie Carmelle Jean-Marie, croit que certaines pratiques doivent être suspendues dans l'administration de l'Etat. Elle a pris le temps d'exposer aux différents bailleurs d'Haïti réunis au Karibe un train de mesures allant de la Réduction du personnel et frais de voyage en passant par l'achat d'automobiles moins luxueux et le durcissement des normes de passation de marchés.
« L'aide restera indispensable pour Haïti pendant plusieurs années encore »
Le secrétariat technique de coordination du CAED est la cheville ouvrière de ce mécanisme conjoint de coordination de l'aide et vient aussi en appui au mécanisme national de gestion du développement. Cette entité est sous la responsabilité du ministre de la Planification et de la Coopération externe. Claude Grand-Pierre devient le coordonnateur de ce secrétariat technique.
Cette année, après des mois de sécheresse, deux tempêtes tropicales, des inondations qui ont particulièrement frappé les départements du Nord et des Nippes, le gouvernement s'est encore une fois vers la communauté internationale pour solliciter une aide d'urgence. « Haïti dépend fortement de l'aide et le sera encore durant plusieurs années », reconnaît le directeur général du MPCE, Yves-Robert Jean.
La première réunion du Comité d'Efficacité de l'Aide au niveau international est fixée au 29 janvier 2013.