P-au-P, 15 juil. 2013 [AlterPresse] --- Le doyen du tribunal civil de Port-au-Prince, Raymond Jean Michel, nie avoir conduit lejuge Jean Serge Joseph à une réunion le 11 juillet avec le président Michel Martelly et le premier ministre Laurent Lamothe, qui auraient exercé des pressions sur le magistrat, décédé 48 heures plus tard d'un accident vasculaire cérébral.
L'affirmation du doyen a été faite lors d'une rencontre avec des journalistes au tribunal civil de la capitale, où une vague de démentis a suivi les propos de l'avocat Samuel Madistin, confirmant dans plusieurs médias la tenue de ladite rencontre, dont a fait part le défunt qui était tourmenté.
Le doyen Jean-Michel rejette les allégations de Samuel Madistin.
« J'ai entendu les nouvelles comme vous et cela me fait rire. Je ne connais pas cette réunion », déclare-t-il.
Il confirme cependant que, quelques heures avant la crise qui a frappé le juge Joseph, ce dernier voulait avoir une conversation pressante avec lui, se rendant à plusieurs reprises à son bureau, mais qu'il était occupé.
Le doyen aurait, lui-même également, subi des menaces de l'exécutif, selon les propos du jugeJoseph rapportés par Me. Madistin. L'avocat annonce son intention de faire incessamment une dénonciation formelle au parquet du tribunal civil de Port-au-Prince, sur la « mort suspecte » du magistrat.
Le juge Joseph est décédé dans la soirée du samedi 13 juillet après avoir été admis vers 3 :00 AM à l'Hôpital Bernard Mevs de Port-au-Prince, suite à un malaise. Des proches du jugerapportent que son histoire de santé ne faisait mention d'aucune maladie cardio-vasculaire.
Le 2 juillet 2013, le juge a fait injonction à la présidence d'autoriser la comparution, à titre de témoins, du premier ministre Lamothe et d'autres membres du gouvernement, dans le cadre du traitement de la plainte déposée contre l'épouse (Sophia Saint-Rémy) et l'un des fils (Olivier Martelly) du président pour corruption et usurpation de fonction.
Le parquet a vite fait d'annuler la demande du juge, qui aurait négligé l'article 400 du code d'instruction criminelle, explique aujourd'hui le commissaire du gouvernement Lucmane Delille.
« Au parquet, nous estimons que la décision a été prise en marge de la loi », soutient Delille lors d'une rencontre avec la presse.
Selon ses propos, le juge Joseph aurait du attendre l'approbation de Martelly pour formuler sa requête.
« Sans aucun doute, le juge (Jean Serge Joseph) a été soumis à une interrogation morale de la part du président de la république. Sa mort n'en serait que la résultante », déclare à AlterPresse le juge Durin Duret, président de l'Association nationale des magistrats haïtiens (Anamah), s'appuyant sur des informations que l'avocat Madistin lui a confiées.
Pour le numéro 1 de l'Anamah, « il s'agirait d'un meurtre ». « Puisqu'on voulait, à tout prix, que le juge laisse tomber ce dossier, eh bien, sa mort a exaucé le vœu des concernés », continue Duret.
« Ni le président, ni le premier ministre n'ont jamais participé à une quelconque rencontre avec le magistrat Serge. Je peux l'affirmer sans crainte d'être contredit », indique, pour sa part, le ministre de la justice, Jean Renel Sanon.
En plus des circonstances troublantes, le décès du juge Joseph soulève des interrogations sur le suivi qui sera donné par le décanat du tribunal civil de Port-au-Prince, à ce dossier de corruption contre des membres de la famille du président.
Le doyen Raymond Jean Michel tente d'assurer qu'après les obsèques du juge joseph, le dossier sera confié à un autre magistrat. [srh gp apr 15/07/2013 20 :00]
Source: Alterpresse