Même quand du point de vue constitutionnel, un rapport de quitus ne constitue pas un rapport de décharge, il établit, néanmoins, juridiquement, qu’un individu, comptable de derniers publics, avait servi la nation dans le respect des normes et dans la régularité. En conséquence, l’ayant-droit, ne s’était pas enrichi de façon illicite ou n’avait pas commis de crimes financiers lors de son passage dans la fonction publique.
Aujourd’hui, Haïti se trouve à la croisée des chemins où des anciens comptables de deniers publics envisagent de briguer des postes électifs. Pour des raisons inavouées ou à cause d’une déficience collective, dans l’absence du parlement habilité à fournir un certificat de décharge, ce CEP, dans son décret électoral, fait du document de décharge une pièce importante pour les aspirants aux postes électifs. D’aucuns pensent que l’inexistence du parlement constitue un fait matériel rendant impossible toutes possibilités d’obtenir un certificat de décharge et qu’il suffit d’obtenir d’un certificat de quitus de la Cour des Compte pour surmonter cet obstacle politique dépourvu de logique administrative.
Il est vrai que, le rapport de débet de la Cour des Comptes n’avait pas joué en défaveur au Sénateur Privert au parlement. Devant la réalité actuelle, l’esprit d’un jeu équilibré veut qu’un certificat de quitus soit suffi pour briguer des postes électifs. Dans l’absence du parlement, la jurisprudence en la matière (voir décision du Président Boniface Alexandre et suivants) indique qu’un certificat de quitus tient lieu de décharge.
Pour compliquer les choses et enfoncer la crise, certaines personnalités qu’on pourrait considérer comme avant-gardistes, pensent qu’un certificat de quitus devrait être accompagné d’une étude sur l’impact et/ou l’efficacité des dépenses engagées sous la gouvernance du Premier Ministre Lamothe. Par exemple, malgré l’existence d’un patrimoine public néant dans le domaine d’évaluation d’impacts et d’efficacité des politiques publiques, des ténors du Groupe Croissance, moins bien imbus des méthodes d’évaluation de politiques publiques, exigent que les rapports de quitus soient accompagnés d’études d’impacts et d’efficacité. Seraient-ils inconscients de leur demande ou se positionnent-ils comme des opportunistes voulant réaliser une étude additionnelle infondée sans valeur ajoutée pour la République?
Sans vouloir les faire échoir de leur piédestal, il sied aussi d’évaluer la présence de ce Groupe Croissance et son utilité dans le processus de développement économique du pays. Utilisant une technique simple, avant/après, on peut utiliser la période d’existence de ce Groupe dit Croissance et procéder par un scénario hypothétique et déduire si ce Groupe a vraiment d’impacts sur la société haïtienne, en d’autres termes, si elle est légitime comme produit social. Autrement dit, leur contribution dans l’avancement et le progrès d’Haïti se prouverait minable. Et, si cette hypothèse se confirme, une analyse introspective s’impose étant donné que l’utilité sociale ne se résume pas à la médiatisation et/ou à un pontificat stérile.
Le gouvernement Martelly/Lamothe a mis de l’emphase sur le droit à la protection sociale afin d’atténuer l’exclusion, la vulnérabilité et la pauvreté. Les programmes sociaux faisaient partie d’une stratégie prometteuse pour réduire la pauvreté et la vulnérabilité dans un pays où les ménages disposent de si faibles revenus. Sans renforcer la paresse intellectuelle des critiques de ce Groupe dit Croissance, nous signalons qu’ils sont peu nombreux au pays ceux qui peuvent évaluer de façon acceptable l’impact et/ou l’efficacité des politiques publiques ; et en conséquence, on ne saurait placer ce fardeau sur les épaules de la Cour des Comptes. Néanmoins, les curieux de ce Groupe dit Croissance peuvent se référer aux études réalisées par l’ONPES en collaboration avec la Banque Mondiale ayant montré que les politiques implémentées par le gouvernement Martelly/Lamothe a réduit la pauvreté extrême de 31% à 24% à l’échelle nationale et cette réduction est beaucoup plus prononcée dans l’aire métropolitaine où la pauvreté ou la vulnérabilité est réduite de 20% à 5%.
La population avait fortement apprécié l’ensemble des programmes qui faisaient partie de « EDE PEP ». Si d’aventure ils n’en sont pas convaincus, ils peuvent, en tant connaisseurs, réaliser leur propre étude ; et de façon opérationnelle effectuer des entretiens directs et des mini-enquêtes auprès des bénéficiaires directs de Panye Solidarité, Ti Manman Cheri, Kore Payizan, Kore Etidyan, Kore Granmoun, Kore Andikape, Restoran Kominotè, et des prestataires du PSUGO. Faudrait-il que les experts du Groupe Croissance, vigilent aux effets des dépenses publiques s’enquérir auprès des populations bénéficiaires du GOL et des plans spéciaux ?
Il faut cesser cette tendance consistant à pontifier confortablement dans les médias sans offrir une alternative cohérente basée sur une démarche scientifique.
Hormis les programmes sociaux, l’économie haïtienne a cru d’environ 0.52% par an sur la période 1990 – 2009. Cela dit Haïti mettrait environ 138.46 ans pour doubler son PIB, alors qu’entre 2011 et 2013, l’économie a cru de 4.23% en moyenne. A ce rythme, le pays mettrait 17.02 ans pour doubler son PIB. Le Groupe Croissance ne peut pas faire abstraction à un contraste aussi évident dans le cadre macroéconomique du pays.
La stratégie du gouvernement était d’avancer sur deux fronts simultanés : (1) renforcer le cadre macroéconomique afin d’augmenter la croissance économique, et partant, produire un effet multiplicateur à travers les différentes industries ; et (2) sans négliger le lourd fardeau de reconstruction, de permettre à la population, longtemps négligée, de bénéficier de la solidarité nationale de manière inclusive. Ce qui a entrainé les programmes sociaux pro-pauvres et la promotion d’un environnement propice à la croissance absente dans notre cadre économique pendant plusieurs décennies.
Nous pensons qu’il faudrait renforcer la stratégie du gouvernement Martelly/Lamothe ainsi que les institutions sectorielles qui conduisaient la politique économique et de développement social. Il faut aussi transformer l’ensemble des programmes sociaux en une politique publique globale pouvant tracter les populations de la pauvreté extrême au lieu de chercher à obstruer un Premier Ministre qui a su marier le social au développement économique durable.
Et si on parlait d’évaluation de programmes, quel est le bilan et l’impact du Programme Alphanétisation lancé par le Groupe Croissance qui consistait en un lap top pour chaque élève haïtien et dont le coût selon des observateurs était estimé à $500 l’unité ?
Staff RéseauCitadelle.-
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