Un décret. Une vertu. Celle de réactiver des dispositions constitutionnelles pour remobiliser les Forces armées d’Haïti. Pour rassurer, Lener Renaud, ministre de la Défense, soutient que les FAD’H nouvelle version embrasseront la modernité, tourneront le dos à la répression et se mettront, avec des jeunes, des universitaires, au service d’une Haïti qui a besoin d’assumer ses responsabilités sans compter sur l’international.
Les Forces armées d’Haïti sont à une phase de «remobilisation administrative » avec la promulgation dans Le Moniteur # 206 du décret portant organisation et fonctionnement du ministère de la Défense. La porte est ouverte au plan de développement des Forces armées d’Haïti qui comptent un bataillon, soit quatre compagnies de 36 hommes, répartis dans des infrastructures militaires à Gressier et à Petite Rivière de l’Artibonite, a confié Lener Renaud, ministre de la Défense.
Il est prévu d’aller au-delà de l’effectif actuel. « Nous ne pouvons plus nous asseoir et attendre le bon vouloir de l’international. Nous ne pouvons pas attendre l’international pour faire face à nos problèmes », a tranché le ministre de la Défense, joint au téléphone par le journal, en début de soirée, le lundi 30 octobre 2015. L’idée, a expliqué Lener Renaud, n’est pas d’avoir une armée pour se mesurer à d’autres. « Nous ne disons pas que nous avons besoin d’une force pour nous mesurer à quiconque. Nous n’avons pas besoin d’une force de répression », a affirmé cet ancien officier des FAD’H, démobilisé à l’âge de 29 ans, en 1994.
Il faut cependant être prêt quand il s’agira de sécuriser la frontière, d’être au service du pays en cas de calamités naturelles, a mis en avant Lener Renaud, qui se rappelle avoir vu à Pétion-Ville des soldats dominicains en rangs serrés, venus porter assistance après le séisme du 12 janvier 2010. La coopération entre nations en matière de défense est devenue plus importante tant la menace se métamorphose. « Dans le concert des nations, le maillon faible dans la sécurité représente un danger pour tout reste », a expliqué Lener Renaud qui croit venu le temps où Haïti doit s’assumer, sortir du banc des non-Etats.
Pour les ressources, Lener Renaud croit que chacun doit mettre la main à la poche. Quand en Haïti on me demande où est-ce qu’on va trouver des fonds, je réponds que si vous contribuez à hauteur d’un centime, cela va faire une différence », a-t-il soutenu. Le centime de chaque citoyen, de chaque citoyenne compte pour acheter un fusil, selon Lener Renaud qui insiste beaucoup sur la doctrine de cette armée qu’il voit au service du pays avec des jeunes gens, des universitaires de toutes les disciplines.
C’est la modernité que nous prônons dans cette histoire. Nous n’avons pas besoin de gens pour marcher au pas, mais de gens capables d’étudier, de planifier en matière Défense », a souligné le ministre de la Défense, précisant qu’il n’accorde aucune importance à des gens dans la vingtaine aujourd’hui qui se présentent comme des membres des FAD’H. Les portes sont ouvertes aux jeunes. Et il y a entre-temps 11 cadets en formation en Equateur et une troisième promotion de cadres supérieurs de la PNH, détenteurs de licence qui est en formation au Collège interaméricain de la défense. Cette formation est sanctionnée par une maîtrise, a expliqué Lener Renaud.
Quant à l’état-major, le ministre renvoie aux dispositions non amendées de la Constitution de 1987 sur l’armée. Même si le pays a eu des gouvernements anti-armée depuis 1994, il n’y a eu aucun amendement des dispositions constitutionnelles sur les FAD’H, s’est réjoui Lener Renaud. Ces dispositions sont en vigueur, a-t-il souligné, prompt à rassurer les antimilitaristes convaincus craignant le retour de l’ordre des baïonnettes, traumatisés par une armée répressive, instrumentalisée par des politiques en civil ou en treillis, obnubilés par le pouvoir.
« Moi, je ne dirai pas qu’on est de retour à l’ordre des baïonnettes. Disons plutôt qu’Haïti veut se repositionner sur la scène internationale au point de vue de la défence parce que nous sommes convaincus qu’un pays dont la défense n’est pas assurée est un pays diminué », a affirmé Lener Renaud qui trouve une autre vertu en la remobilisation de l’armée. « Il nous faut protéger la Police nationale d’Haïti. Avec des yeux éduqués, je comprends tout l’effort que la police consent. Voir des policiers dans les rues qui rappellent des hommes en situation de guerre n’est pas bon », a dit Lener Renaud, citant la BOID comme exemple. Ils ne sont pas à leurs places, a expliqué le ministre de la Défense.
En 1994, trois ans après le coup d’Etat sanglant contre le président Jean Bertrand Aristide du 30 septembre 1991, les FAD’H ont été démobilisées. Les USA, sous Bill Cinton, avaient envoyé 19 000 militaires américains en Haïti pour rétablir Aristide da ses fonctions dans le cadre de l’opération «support à la démocratie.» En décembre 1994, il y a eu une loi portant création d’une police civile, la PNH, réclamée à l’époque par une partie de la population fatiguée de l’ordre des baïonnettes, de l'implication intempestive de l'armée dans la politique. La démobilisation des FAD’H a laissé une PNH inexpérimentée et non outillée pour effectuer des tâches de défense du territoire, de protection des vies et des biens dans un contexte où le narcotrafic, le grand banditisme et la menace terroriste constituent des défis pour l’appareil sécuritaire (armée et police) de beaucoup de pays de la région.
AUTEUR : Roberson Alphonse
robersonalphonse@lenouvelliste.com
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