On ne peut pas combattre une guérilla sans créer des groupes d’autodéfense communautaire. C’est explicite à la règle.
(Page 61 du livre « The accidental guerrilla », David Killcullen, Colonel Australien, expert anti-guérilla, affecté aux services des États-Unis).
La peur de Duvalier nous empêche de reconstruire et de projeter Haiti vers l’avenir!
Dans le texte "Haiti : L’urgence d'une ligne de démarcation radicale entre les gangs et le pouvoir d’État.- #LeReCit" j’ai signalé l’urgence d'impliquer des jeunes dans la lutte contre l’insécurité.
Et tout de suite, un ami m’a signalé : "Voulez-vous revenir avec les Tontons Macoutes de Duvalier?"
Et cela m’a permis de comprendre comment les intellectuels haïtiens sont incapables de placer la dictature de Duvalier dans son contexte de guerre froide, de la politique cynique de Richard Nixon et de son Conseiller Henry Kissinger de supporter des coups d’États, d’instaurer et/ou de consolider des dictatures dans tous les pays du monde où il existe un minimum de revendications socio-économiques.
Durant la guerre froide il y a eu des dictatures en Europe. L’Espagne de Franco, par exemple. En ce temps, le Département d’État Américain, le Bureau France-Afrique en France, Londre, disons toutes les grandes capitales du monde s’occupaient de la survie des dictatures, du bien-être des dictateurs et de l'assassinat des nationalistes progressistes comme Lumumba.
C’est ça la réalité! Alors, dans le cadre d'une analyse historique objective ou scientifique, on ne peut considérer les occidentaux comme des "anges-démocrates-nés" et les leaders du tiers-monde des "démons-dictateurs-nés".
L'insécurité permanente en Haiti, le chaos ou l'incapacité de l’Etat haitien à reprendre contrôle des territoires contrôlés par des gangs est une menace pour notre indépendance et l’existence même d’Haiti. Car, « la souveraineté des États [reste ] le principe organisateur de l’ordre international. Ce principe suppose cependant que les Etats aient la capacité d’exercer leur souveraineté, c’est-à-dire, notamment, de contrôler leurs frontières, d'assurer la sécurité de leur population et de maintenir l’ordre sur leur territoire.», peut-on lire dans le "Livre Blanc de la Défense et de la sécurité" d’un pays comme la France. C’est d’ailleurs un principe universel.
En ce sens, laisser Haiti dans cette situation permanente d'incapacité à assurer sa sécurité et sa défense, c’est diluer sa souveraineté comme État, ….effacer l’acte historique qu’a posé nos ancêtres le 1er Janvier 1804.
Aujourd’hui, nous sommes au 21e siècle et nous restons encore paralysés par la peur de Duvalier au point d’infliger à notre pays une Constitution anormale, de refuser toute décision scientifique capable de sortir Haïti de sa situation chaotique.
Le pivot central, la base même du système de sécurité mis en place par les américains durant l’occupation américaine était le système de police rurale, les chefs de sections. Il était une réponse aux bandes armées associées à la guérilla de Charlemagne Péralte. C’est la même structure que le système des chérifs-notables des petites villes américaines. Ces chérifs connaissent tout le monde dans leur localité, et sont choisis par des membres de leur localité.
Avec l’installation du système démocratique en Haïti, on devrait juste démocratiser ce poste, élargir le processus de consultations communautaires avant et après la nomination d’un Chef de section.
Mais, par peur de Duvalier, nous avons détruit cette institution importante pour la sécurité intérieure, démobilisé l’armée et les avons remplacées par des policiers-citadins, des bacheliers embourgeoisés donc incapables de vivre en milieu rural et qui aujourd’hui deviennent frustrés, angoissés quand ils rencontrent leurs condisciples de classe, parce que leur métier de police n’assure pas automatiquement la promotion sociale, comme aux temps des FADH.
Mais, il faut savoir résoudre les problèmes! Depuis le retour d’Aristide en 1994, le phénomène Armée Rouge dans le bidonville de cité soleil a lancé une ambiance de guérilla urbaine généralisée.
On n’en parle pas, mais dans la commune Borgne, ce sont hommes armés de Marc Lamour qui font la loi depuis plus de 30 ans. Ce seigneur de la zone qui est père de plus d’une centaine d’enfants parce qu’il a "droit de cuissage” sur toutes les fillettes de la commune et des localités avoisinantes, comme au temps du moyen-âge. Beaucoup d’entre-elles sont obligées de fuir, de se réfugier ailleurs pour ne pas subir l’"obligation de se donner à Marc Lamour”. L’État haïtien n’a aucune autorité sur cette région, sans la permission de Marc Lamour.
Le temps presse! L’Etat haitien est en voie de disparition. Le président Dominicain parle de Somalisation d’Haiti. Il est impératif d’adopter des mesures drastiques pour remettre l’ordre dans le pays. Or, aucune campagne policière ou militaire ne mettra la population en confiance si elle ne voit pas le dispositif d’autodéfense communautaire. Elle doit avoir sa capacité d'autodéfense. Et ce n’est pas moi qui le dit, c’est la règle enseignée dans les cours de guerre anti-guérilla des plus grands pays du monde.
Le Colonel David Killcullen, suscité est un officier australien tellement bon dans ce domaine, que ses services ont été réquisitionnés par le gouvernement américain. Il a donc été mis au service du Pentagone et du Département D’Etat pour aider les Etats-Unis à sortir du guêpier irakien et afghan suite aux erreurs commises au début des deux (2) guerres. Ce qu’il qualifie d’"Accidental Guérilla” : Intervention, Rejection, Infection, contagion. Il était détaché au cabinet particulier du Général David Howell Petraeus. En dans tout le livre, il n’a cessé de répéter: Il n’y a pas de stratégie anti-guérilla sans groupes de surveillance communautaire et d’autodéfense. Toute stratégie de lutte anti-guérilla qui n’a pas ce volet est condamnée à l'échec.
Alors, Comment atteindre cette capacité?
La réponse : En créant des groupes d’autodéfense agissant sous le contrôle de la force publique.
En cas de problème majeur dépassant les compétences de l’Unité de sécurité de la section communale, des Unités spécialisées de la police interviendront sur le terrain. mais cette fois, elles auront l’appui des membres de la Communauté.
C’est la règle ! Seuls les gens résidants dans une communauté sont capables d’assurer sa sécurité en permanence.
Les unités de la police ou de l’armée pourront toujours intervenir, mais jamais elles ne pourront remplacer les membres de la communauté.
Alors, voir en cela Duvalier ou dictature, c’est refuser de porter assistance à notre Etat d'Haiti, menacé de disparition. Seuls les haïtiens peuvent faire le travail d'autodéfense communautaire. On ne peut pas demander aux pays de l'international de nous envoyer leurs ressortissants démocrates-nés pour faire le boulot. C’est un travail qui doit venir des membres des différentes communautés d’Haïti.
Les Dominicains ne maintiennent-ils pas leurs réseaux civils d'agents de sécurité communautaire, attachés à la police ou à l’armée? Ils ont une puissante institution de renseignement et les armes à feu circulent partout sur leur territoire.
Presque tous les pays d’Amérique latine où il y a eu des dictatures féroces et parfois plus féroces que Duvalier, ont conservé leurs institutions. Certes, ils les modernisent, mais dans ces pays, les élites ne sont pas restées bloquer dans leur histoire dictatoriale. L’Argentine, le Brésil, Paraguay, Uruguay, les dictatures étaient partout. Duvalier ne fut pas un accident géopolitique. C’était la politique étrangère des États-Unis et de tous les pays occidentaux durant la guerre froide. D’ailleurs, à gauche, l’Union Soviétique, installait et supportait des dictatures socialistes.
Les soldats de casernes Dessalines, du Corps des Léopards et mêmes les miliciens du VSN ont été tous entraînés par des instructeurs de l’Armée américaine.
Alors, cessons de faire croire que la menace d’une dictature de type Duvaliériste plane encore sur Haïti.
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti 13 juin 2021 reseaucitadelle@yahoo.fr #LeReCit @reseaucitadelle WhatsApp: + 509 3686 9669
Lisez : Haiti : L’urgence d'une ligne de démarcation radicale entre les gangs et le pouvoir d’État.-
https://reseaucitadelle.blogspot.com/2021/06/haiti-lurgence-dune-ligne-de.html