jeudi 13 décembre 2007

Haïti : Pouvoirs contre pouvoirs ou les mécanismes de fonctionnement d’une bossalocratie


mercredi 5 décembre 2007

Par Eric Sauray [1]

Soumis à AlterPresse le 25 novembre 2007

La norme et le hors norme dans le football

La politique est un jeu . [2]

Elle comporte des règles de participation à la lutte pour l’accession au pouvoir. Elle comporte aussi des règles applicables dans l’exercice du pouvoir.

Le respect de ces règles assure le bon déroulement du jeu [3]et donc un fonctionnement normal et régulier des institutions. Leur non respect conduit à l’anarchie, la crise et au changement de règles.

Ces règles déterminent donc les comportements des acteurs politiques. Elles servent aussi à disqualifier ceux qui les transgressent. Elles servent enfin à qualifier les régimes. C’est ainsi dans les grandes démocraties contemporaines . [4]

Ce n’est pas le cas dans les Etats désorganisés, où la règle est trop souvent et volontairement bafouée, méprisée et violée. Pour ces pays, même en présence de règles, on a le plus grand mal à qualifier le régime. C’est le cas d’Haïti.

En effet, qui peut dire quelle est la nature du régime politique haïtien actuel ?

On peut tenter des qualifications, en fonction des normes rationnellement établies et des exemples étrangers. Mais, compte tenu de la spécificité d’Haïti, on a de fortes chances de se tromper.

Mais, l’objectif du théoricien est de chercher encore et encore, et de s’inspirer de ses observations afin d’apporter des solutions. C’est ainsi que je me suis inspiré du football pour avancer une proposition de qualification du régime politique haïtien actuel.

Après tout, ces dernières années ont vu le football accéder au statut de science pour servir les causes des théoriciens de la géopolitique. Les coupes du monde sont l’occasion d’élaborer des thèses qui expliquent les grandes tendances de la mondialisation , [5] l’émergence des puissances globales ou la fin de certains empires. Dès lors, je m’autorise le droit d’aller chercher dans le football, un concept pour qualifier le régime spécifique sous lequel vivent les Haïtiens.

En football donc, les deux équipes qui jouent une partie se mettent d’abord d’accord sur les règles. Le joueur, qui ne respecte pas les règles et qui fait des actes non autorisés, hérite d’un carton jaune ou est exclu. Il y a donc une sanction.

Que le joueur soit d’accord ou pas, il devra se soumettre à la sanction. Si sa réaction est trop violente, il sera condamné plus sévèrement au nom de la pérennité du jeu, de ses instances dirigeantes et de ses valeurs.

De même, lors d’un match, après la fin du temps réglementaire et de la période de prolongation, le jeu est terminé pour les équipes, pour l’arbitre et ses assesseurs, pour le public et tous les professionnels qui vivent de ce sport.

C’est une norme. Elle ne se discute pas.

Ainsi, y a-t-il la norme (le temps imparti pour le jeu) et la tolérance par rapport à la norme (les prolongations admises). Hors de cette norme, on n’est plus dans le jeu.

D’autres règles s’appliquent. Elles ne relèvent pas de la présente note doctrinale.

Au football, il y a des grands, des bons, des moyens et de mauvais joueurs. A travers le monde, les mauvais joueurs sont qualifiés de brutes et ont mauvaise presse.

La notion de brute ne me permettra pas de qualifier le régime politique haïtien. Je ne la retiens donc pas.

En revanche, en Haïti, les mauvais joueurs sont connus sous l’appellation de Bossales. La notion de Bossales n’existe pas en français.

Et même si elle fait partie du vocabulaire sociologique franco-haïtien grâce aux travaux originaux de Gérard Barthélemy , [6] elle ne fait pas partie du vocabulaire politique universel.

Je prends le droit de l’utiliser et espère qu’il connaîtra ainsi un sort heureux et sera désormais utilisé pour parler du régime politique haïtien.

Ce choix s’explique par la clarté de la notion et parce qu’elle fait déjà partie de l’imaginaire politique des Haïtiens.

En effet, en Haïti, le Bossale donc c’est celui qui, dans le football, ne respecte rien. Il fait le contraire de ce que prescrivent toutes les règles. Il est violent et, surtout, il n’accepte jamais la sanction qui lui est infligée. Ce qui fait qu’à cause de lui, un match peut dégénérer très vite. Et quand, sur un terrain, il n’y a que des Bossales, le match est insipide, violent et on désespère du football.

La transposition d’un concept footballistique dans le champ politique

Je transpose maintenant mon raisonnement sur le terrain politique haïtien.

Que vois-je en observant l’arène politique ?

Des hommes de pouvoir qui revendiquent leurs propres règles, qui désignent leurs propres juges, qui refusent l’application à leur encontre de toute sanction et qui violent allègrement les lois, sous prétexte que, de toutes façons, elles n’ont jamais été appliquées.

Pire. Quand je transpose mon raisonnement au fonctionnement des institutions haïtiennes, que vois-je ?

Des institutions qui s’affrontent. Le Président (le pouvoir exécutif) est opposé au Parlement (pouvoir législatif). Le parquet (branche du pouvoir judiciaire) est opposé au Conseil Electoral. Le Parquet est opposé à la Police. Chacun revendique sa propre loi ou son propre juge. Chacun conteste l’autorité de l’autre et invente des règles qui n’existent pas, tandis qu’il rejette celles qui existent, même lorsqu’elles sont claires.

Les citoyens ne sont pas en reste.

Un homme, arrêté sous des accusations graves, réunira ses partisans, au lieu de soumettre son cas à un juge. Un individu, sanctionné par ses supérieurs hiérarchiques, manifestera son refus de la règle et de la sanction en utilisant les moyens les plus répréhensibles.

Un citoyen, opposé à un autre dans un litige, ira chercher son cousin policier pour régler l’affaire au plus vite par quelques coups de bâtons et un emprisonnement dans les formes haïtiennes les plus classiques : sans aucun procès et suivant le bon vouloir du plus fort.

Les mécanismes de la bossalocratie

Ainsi, considéré-je donc qu’en Haïti, nous avons affaire à une bossalocratie. Une bossalocratie, parce que la séparation des pouvoirs est entendue et pratiquée comme un clivage des pouvoirs.

Ainsi, au lieu d’une coopération des pouvoirs, assiste-t-on à des affrontements entre pouvoirs où le but est de savoir qui est le vrai chef.

Nous sommes dans une logique de pouvoirs contre pouvoirs.

Il n’y a donc pas de contre-pouvoirs.

Dans ce type de régime, personne n’est exemplaire. Du citoyen au chef de l’Etat, toute la société est dans un combat de suprématie, où chacun doit prouver qu’il est le seul détenteur du pouvoir.

Et comme tout le monde raisonne de la même façon, c’est l’anarchie, la crise et le chantage permanents.

En bossalocratie, les meilleurs sont la risée des plus forts et des plus fourbes qui leur barrent les allées du pouvoir au nom des deux étalons les plus injustes du monde : le nombre et l’épiderme.

En bossalocratie, les gredins ont la priorité sur les théoriciens.

En Bossalocratie, les droits humains sont une pure pétition de principe, puisque n’importe qui peut violer les droits de tous les citoyens en toute impunité.

En bossalocratie, les citoyens croupissent dans une misère inhumaine. C’est l’impasse la plus complète, parce que les institutions sont paralysées et parce que les Bossales ont encore le culot d’imposer aux citoyens des règles rigides décalées et sans rapport avec le monde d’aujourd’hui. Des règles qu’ils ne respectent pas, mais que toute la société doit subir sous prétexte que le peuple avait voté.

Cela pousse les citoyens à fuir afin de se retrouver dans des territoires moins hostiles, alors qu’ils pourraient rester dans leur pays pour le construire au lieu d’assister, comme Jacques Stephen Alexis, en son temps déjà, à cette : « marche inexorable de la terrible maladie, cette mort lente, qui chaque jour conduit notre peuple au cimetière des nations comme les pachydermes blessés à la nécropole des éléphants. » [7]

La force et la ruse comme moyen de résolution des problèmes politiques

En bossalocratie, tout est fondé sur le rapport de forces, la ruse, la fourberie et la capacité de nuisance.

Et comme il s’agit d’affrontements entre pouvoirs, à un moment une décision tombe par le fait du prince.

Les derniers événements politiques en Haïti nous permettent d’illustrer nos propos.

Un Conseil Electoral a été formé en 2005 pour organiser des élections. Depuis 2006, il ne cesse d’organiser des scrutins les uns plus douteux que les autres.

A cause des dissensions [8] au sein de l’organisme, le cycle électoral n’a pu être bouclé. Il se trouve donc que des élections doivent être organisées pour renouveler le tiers du Sénat (Pouvoir législatif).

Le Président de la République (Pouvoir Exécutif) veut des élections, mais constate que le mandat du Conseil électoral est arrivé à son terme. Il se prononce en privé pour la formation d’un nouveau Conseil Electoral.

Et nous voilà partis dans un imbroglio, où chacun édicte ses règles, choisit ses juge,s sans oublier les polémiques collatérales entre Parquet et Presse, Institutions indépendantes et Parlement.

Tout le monde s’insulte. Les accusations de corruption fusent de toute part. L’église bohicane a fait son constat très juste et sans concession qui résume tout : « Nous avons noté une attitude vindicative, on dirait des enfants en train de jouer. » [9]

Le problème, c’est que nous avons affaire à des enfants qui jouent avec l’avenir de millions de citoyens.

C’est dans ce contexte que le Président de la République a sans doute pris la décision, non encore rendue publique, de constater que de toute façon, le Conseil Electoral n’était plus habilité à organiser les élections. Ce qui a permis aux institutions et à la classe politique de faire des déclarations qui sont de vrais florilèges.

Ainsi, un haut responsable politique a-t-il déclaré : « C’est un brigandage social et politique tendant à perpétuer le système rétrograde qui détruit le pays. » [10]

Les dirigeants du Conseil électoral ont sorti un communiqué pathétique, dans lequel on a pu apprécier le talent littéraire de ses auteurs :

« Le temps a passé, et voilà que l’échéance constitutionnelle du renouvellement du tiers du Sénat nous talonnait. Conscients de cette exigence et de la claire non-pertinence de notre mandat à cette fin, nous fîmes à temps à l’Exécutif les propositions appropriées. Pour avoir semé le vent qui agitait les signes avant-coureurs d’élections nécessaires et obligatoires, nous avons récolté la tempête d’une inopportune et martiale convocation, faisant balancer dangereusement au-dessus de nos têtes l’épée de Damoclès et son cortège de misère et de malheur. » [11]

D’autres organismes, tels que l’Initiative de la Société Civile, le Centre pour la Libre Entreprise et la Démocratie et la fédération Protestante d’Haïti ont, tantôt apporté leur soutien au conseil électoral, tantôt avancé des arguments qui justifient qu’on mette fin aux fonctions du Conseil électoral.

Et après ?

Et après, la vie continue en bossalocratie : les puissants s’affrontent et font des alliances, les meilleurs fuient au Canada ou aux Etats-Unis, les malins génies règnent, les élites se préparent pour le prochain carnaval [12], pendant que le peuple continue de croupir dans la misère la plus atroce.

C’est une autre façon de dire que, pendant tout ce battage médiatique où il s’agit de se compter, les problèmes concrets des citoyens ne sont pas traités.

Et Haïti va se payer le luxe d’une nouvelle crise politique pour des raisons purement égoïstes.

Le chantage de la crise comme moyen de régulation systémique

En Bossalocratie, toute décision entraîne un lot de critiques. Dès qu’un acteur prend une décision, il devient suspect et tous les autres acteurs du système se liguent, suivant une logique de bandes pour lui contester sa légitimité, l’accuser de tous les maux, lui imputer la responsabilité de tous les dysfonctionnements affectant le système.

En Bossalocratie, il y a une négation permanente de l’autorité qui dénote un manque cruel de respect pour celui qui incarne les institutions et qui a le tort d’exercer une fonction que tout le monde lui envie.

Bien entendu, la contestation et/ou la négation de l’autorité ne se font pas sur la base d’arguments rationnels et solides. Elles se font d’abord sur la base de réactions verbales ou écrites, où la colère l’emporte sur la réflexion.

Mais le chantage de la crise est l’argument majoritairement utilisé pour contester une décision.

Ainsi, en Bossalocratie, ne faut-il jamais penser, jamais proposer de changer les choses, jamais décider. Dès lors, celui qui décide est systématiquement accusé d’alimenter, d’aggraver ou d’institutionnaliser la crise.

La peur de la crise devient, avec l’usage de la force ou de la ruse, un moyen de régulation du système. Mais, elle est aussi un élément au service d’un conservatisme destructeur. En réalité, on a juste un équilibre par la terreur.

L’actualité nous fournit un autre exemple qui permet d’illustrer nos propos et donc de légitimer notre thèse.

Le 17 octobre 2007, le Président René Préval annonce une nécessité de réviser la constitution de 1987. Ce simple constat a soulevé un tollé dans la classe politique, et tous les acteurs se sont crus habilités à insulter le chef de l’Etat.

Ainsi, au nom d’une stratégie de l’encerclement, toutes les institutions ont-elles fait connaître leur position.

Certains ont rejeté l’initiative, allant jusqu’à critiquer l’intention du Président de la République dans sa volonté d’associer des experts étrangers aux travaux d’une éventuelle commission chargée de faire des propositions pour la révision.

D’autres ont dit, non sans raison, que ce n’était pas opportun. C’était, à peu près, le seul argument de bonne foi.

D’autres enfin ont accusé le chef de l’Etat de mettre la démocratie en péril et d’instaurer un pouvoir autoritaire.

On déduit aisément de ces interventions, que tout le monde a le droit de donner son avis sur la Constitution, sauf le chef de l’Etat. De ce fait, il s’est retrouvé encerclé et sommé de renoncer à son projet.

C’est à ce moment que la vraie nature de la Bossalocratie est perceptible. Ainsi, ce que n’importe quel individu pourrait considérer comme anormal, informel, désorganisé, anarchique, est-il considéré comme normal en Bossalocratie.

Et l’argument décisif, avancé avec la plus grande mauvaise foi et donc la plus grande incompétence, c’est que, si ça ne marche pas, c’est parce que la Constitution n’est pas appliquée.

Il est donc interdit de poser la question de l’efficacité des institutions. Autrement dit, en Bossalocratie, l’efficacité ne compte pas.

Ce qui a de l’importance, c’est la préservation d’un système supposé bon, qui fait l’affaire des conservateurs. Des conservateurs, pour qui l’essentiel est d’exister et d’avoir une capacité de nuisance dans un système obscur.

Bref, ce qui paraît défier le bon sens dans n’importe quel autre pays, constitue la norme sine qua non en Bossalocratie.

Et celui qui prétendra changer les choses aura toujours tort. Il sera toujours à l’origine de cette lutte de pouvoirs contre pouvoirs, que seule la communauté internationale et les ambassades peuvent arbitrer à tour de rôle, ce qui leur donne un rôle central dans la naissance ainsi que dans la résolution des crises. Et, comme elles sont les seules écoutées ou respectées, quoi que disent les acteurs de la bossalocratie, elles représentent les acteurs politiques les plus efficaces dans un univers où elles ne sont censées représenter que les intérêts des Etats qu’elles représentent.

La bossalocratie défie les lois du constitutionnalisme

Pour résumer, en Bossalocratie, les droits humains dépendent du bon vouloir de chacun et ne sont pas garantis. Même s’ils sont définis formellement dans la Constitution, n’importe qui peut les remettre en cause sans aucune sanction.

Il n’y a pas de souveraineté, parce qu’un arbitre extérieur est toujours nécessaire, sinon c’est la guerre permanente entre les factions.

Enfin, la théorie de la séparation des pouvoirs ne s’applique pas, parce que, même s’il y a une hiérarchie des pouvoirs au sens lockéen dans la pratique, cela ne fonctionne pas, puisque les pouvoirs s’affrontent.

Mais, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce régime en soi convient à ses acteurs, puisque c’est un régime qu’ils ont volontairement inventé en amalgamant les différents régimes connus en Europe et/ou en Amérique du Nord.

C’est pour cette raison que tous ceux qui avancent des idées de réforme sont suspects. Ainsi, même si tout le monde trouve la Constitution trop rigide et difficilement applicable, ne faut-il pas le dire pour ne pas essuyer les remontrances, les invectives voire les brimades.

Le tout est de donner l’illusion que cela fonctionne. Ce qui défie l’entendement.

Dès lors, on est obligé de se demander pourquoi les acteurs d’un tel système politique sacralisent des règles qu’ils ne respectent pas.

Une des réponses consiste à dire que, en Bossalocratie, les institutions sont créées par mimétisme . [13] Le but est de montrer que les nouveaux libres sont capables de parler le langage des anciens colons.

Ensuite, ils font des règles pour maîtriser l’adversaire, c’est-à-dire celui qui voudrait modifier le système. Dans ce cas, les règles participent uniquement de la lutte pour le pouvoir . [14]

Le problème, c’est que la Bossalocratie fonctionne avec des règles édictées par une minorité et comprises par elle seule. La plupart du temps, ces règles sont décalées et n’ont aucun rapport avec la société qu’elles sont censées régir.

Celui, qui souhaite faire évoluer les règles pour les adapter à la réalité sociale vécue par le plus grand nombre, prend le risque de remettre en cause le pouvoir détenu par cette minorité sur une majorité peu informée et qui, pour certains, doit d’abord se préoccuper des problèmes du ventre avant de se préoccuper des problèmes institutionnels.

Ce mépris a été traduit électoralement par des slogans de campagne très simplistes : « la pè nan têt, la pè nan vant » , [15] « poze, depoze, repoze » . [16]

Des slogans qui traduisent avant tout la désinvolture des acteurs politiques et mettent l’accent sur la violence politique qui paralyse la faculté de penser et empêchent le citoyen de se nourrir.

Des slogans qui oublient que les citoyens ne mangeront et ne seront en paix que lorsqu’ils auront résolu leurs problèmes institutionnels, c’est-à-dire lorsqu’ils auront fait le consensus sur le partage du pouvoir et établi les modes de coexistence pacifique.

Le problème, c’est que cette mentalité conservatrice et rétrograde se retrouve dans les secteurs de la vie sociale et que Haïti fait partie des rares pays au monde où, plus le temps passe, plus les gens sont pauvres et plus les élites économiques et les gouvernants sont riches et corrompus. Il n’y a jamais d’acquis institutionnels.

Ainsi, depuis 1987, Haïti organise-t-elle des élections. En 2007, Haïti est incapable d’avoir un système électoral fiable et crédible, parce que, chaque fois que les hommes qui font vivre le Conseil électoral changent, ils partent sans rien laisser à leurs successeurs.

Sans mémoire, que peut-on changer à la vie des hommes ?

La Bossalocratie : un régime d’impasse et de partage des dépouilles institutionnelles

Pour finir, il faut analyser deux exemples pris pour illustrer le fonctionnement de la bossalocratie.

Ces exemples sont intéressants, parce qu’ils ont pour points de départ et d’arrivée, le même acteur politique : le Président René Préval.

Dans le premier exemple, qui concerne le Conseil Electoral, René Préval est celui qui doit décider ou qui a décidé. Alors que des rumeurs fusent ici ou là, au lieu de prendre une décision nette et précise, il se tait et laisse faire. Puis, une fois les tensions apparemment apaisées, on apprend que le Président de la République consulte pour créer un nouveau conseil électoral. Ce qui laisse supposer qu’il a vraiment mis fin au mandat du Conseil électoral, alors qu’aucun texte réglementaire n’a été édicté.

Dans le même temps, toutes les institutions qui s’étaient mises en croix pour contester l’éventuelle décision de mettre fin au mandat du Conseil électoral, ont proposé, sans aucun état d’âme, des noms de personnalités pour la constitution du nouveau conseil chargé d’organiser les élections. Pour être sûr qu’un de leurs hommes liges soit retenu, certaines organisations ont proposé deux noms.

En analysant les faits, on se rend finalement compte que les pouvoirs se sont mis d’accord pour partager les dépouilles du Conseil électoral.

Par conséquent, les contestations et les conflits soulevés à l’occasion de la fin du mandat du conseil électoral avaient uniquement pour objectif de placer des pions au sein du nouvel organisme électoral. Il s’agissait de prendre sa place dans le nouvel organisme afin d’être toujours en mesure de participer à la lutte des pouvoirs contre les pouvoirs, étant entendu que pour mieux contester le pouvoir, il vaut mieux en faire partie.

Ce qui fait que les acteurs ne se sont nullement inquiétés de savoir si la composition du nouvel organisme provisoire en cours de fabrication était conforme aux articles 192 ou au pire à l’article 289 [17] de la Constitution de 1987.

Le problème, c’est que l’article 289 est une disposition transitoire qui, théoriquement, ne s’applique plus. L’article 192 réserve le choix des membres du Conseil électoral aux trois pouvoirs, auxquels les citoyens délèguent l’exercice de la souveraineté nationale en vertu de l’article 59 de la Constitution de 1987.

Or, là, on assiste à un défilé de propositions par une ribambelle d’institutions dont l’objectif est de participer au partage des espaces de pouvoir. Et comme il s’agit de partager une manne, toutes les institutions constituées ou auto proclamées forces vives viennent réclamer leur part, sans qu’on ne puisse pas apprécier le bien fondé ou la légitimité de leurs prétentions.

Mais, comme nous l’avions dit, en Bossalocratie, le but n’est pas de respecter la Constitution. On n’exige le respect de la Constitution que lorsqu’on est sûr d’être pénalisés par les décisions prises sur son fondement.

En revanche, si les décisions prises sur son fondement ne remettent pas en cause les positions acquises, mais assurent une place dans le partage des prébendes de l’Etat, tout le monde s’y associera avec le plus grand cynisme, au nom d’un soi disant consensus éclairé.

C’est l’application des principes de l’Etat clientéliste dit « Etat Moun pa » en Haïti. Cet Etat Moun pa, qui entretient l’injustice et perpétue le règne de la loi du talion, la loi du plus fort ou plus trivialement, la loi de celui qui peut mobiliser le plus de pouvoirs institués pour participer à la guerre des pouvoirs.

Dans le deuxième exemple, alors qu’il n’y a aucune urgence à ouvrir un débat sur une éventuelle révision de la Constitution, qui, de toutes les façons, ne peut se faire avant 2010 , [18] le Président René Préval a lancé le débat. Ce faisant, il a ouvert une polémique qu’il n’est pas à même de contrôler.

Et même s’il a su apaiser les acteurs du système en leur donnant une part des dépouilles du Conseil électoral, il n’est pas sûr de s’en faire des alliés dans sa volonté de réviser ou d’abroger la Constitution. Mais, ce qui me semble intéressant, c’est le comportement politique du Président René Préval. Il ne fait rien quand il faut agir, alors qu’il y a des enjeux.

A l’inverse, il agit quand il n’y a pas grand-chose à faire, compte tenu de l’agencement de l’agenda politique ou institutionnel.

Dans les deux cas, son comportement politique alimente les tensions.

En effet, il ne décide pas ouvertement. Il zappe d’un sujet à l’autre, sans jamais décider, tout en prenant le risque d’alimenter la crise.

Tout ceci entretient la guerre qualifiée de pouvoirs contre pouvoirs, qu’il n’est jamais possible de résoudre en recourant aux règles haïtiennes.

Et quand la situation politique se dégrade, il y a le recours obligatoire à l’arbitre (la communauté internationale/les ambassades), parce que le prestige et l’autorité du Président de la République, qui est censé être l’acteur central, sont niés par les autres acteurs du système.

De ce fait, le Président de la République ne peut affirmer son prestige et son autorité sans être accusé d’être un dictateur. Et quand il souhaite les affirmer, il le fait suivant des méthodes qui exaspèrent tous les acteurs du système qui travaillent en conséquence pour sa perte.

Bref, on a affaire à un système bloqué. C’est l’impasse.

Mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, cette impasse est voulue, défendue et sacralisée. Il faut de l’audace pour vouloir changer les choses. Mais, dans ce domaine comme dans d’autres, l’issue est dans l’audace.

L’avenir de la bossalocratie : l’arbitrage permanent, la redéfinition des règles ou la fusion

Est-ce à dire qu’Haïti est condamnée ?

Le football nous fournit la réponse.

En football, si les bons joueurs abandonnent le terrain aux Bossales, le jeu s’arrêtera à un moment donné, parce que les Bossales ne savent pas jouer. Ils cassent le jeu, mais, si on les laisse jouer entre eux, ils se battent d’abord, ensuite ils arrêtent de jouer, parce que tout le monde voit qu’ils ne connaissent rien aux règles du jeu.

C’est à ce moment-là que l’arbitre et les bons joueurs doivent reprendre la main, rappeler ou « redéfinir les règles du jeu » . [19] Il devrait en être de même en Bossalocratie.

Encore faut-il que l’arbitre remplisse sa mission et cesse de répéter qu’il revient aux Haïtiens de faire fonctionner leur pays sur de meilleures bases. L’arbitre doit comprendre qu’en dehors de lui, rien n’est possible en Bossalocratie.

De même, les meilleurs en Bossalocratie doivent comprendre qu’il est de leur impérieux devoir de ne pas abandonner le terrain aux Bossales. Cela est plus facile à dire qu’à faire.

Mais, on appelle ça la capacité à utiliser son intelligence pour sortir son peuple du cycle de la fatalité et éviter à son pays de s’orienter définitivement vers le cimetière des nations où semble devoir le conduire cette lutte de pouvoirs contre pouvoirs.

Mais, l’une et l’autre solution ont leurs inconvénients.

En effet, en ce qui concerne l’arbitre, le nationalisme des Haïtiens s’accommoderait mal de l’affirmation officielle de son rôle. Tout laisse à penser que les élites préfèrent le rôle informel de l’arbitre, parce que cela les arrange et leur permet de bénéficier des seuls moments de paix, propices à leur maintien à leur place pour des périodes plus longues, donc plus favorables à l’enrichissement sur le dos de la manne publique ou de l’aide internationale.

Ce qui explique le double jeu des élites haïtiennes. Un double jeu qui ne relève nullement du paradoxe, puisque la présence de l’arbitre, même si elle est dénoncée, est souhaitée, sinon recherchée, parce qu’en réalité, quand l’arbitre est présent, le pouvoir est moins précaire pour celui qui le détient.

Quant à savoir si les élites accepteront de redéfinir les règles du jeu, aucun élément ne permet de le croire. Et même si elles le font, elles le feront dans la même logique que précédemment : dans le but de protéger les privilèges acquis et qui permettent de perpétuer la bossalocratie, ce régime en soi qui est d’abord élitiste et qui participe d’une volonté farouche de ne pas accepter la démocratisation du pays.

Autrement dit, la bossalocratie n’est pas, contrairement à ce qu’on peut penser, le fait du peuple.

Elle est le fait d’une aristocratie rétrograde qui défend ses prébendes et ses territoires de pouvoir.

Elle n’est donc pas nécessairement pour un changement. Si changement, il y a là, il devrait malheureusement venir de ce que Jacques Stephen Alexis appelle la marche inexorable vers le cimetière des nations. Il ne s’est pas étendu sur cette crainte. On ne va donc pas extrapoler sur ses propos.

Mais en science politique, les phénomènes de dislocation d’un Etat aboutissent parfois à une fusion d’Etats pour n’en former qu’un. Je pense à la République Fédérale d’Allemagne et la République Démocratique Allemande.

Ils peuvent aboutir aussi à une scission d’Etats pour en fonder plusieurs. L’histoire récente est remplie d’exemples de scissions d’Etats : la Tchécoslovaquie ou la Yougoslavie. D’autres Etats se battent pour éviter la scission : la Belgique ou la Côte d’Ivoire. D’autres Etats fonctionnent sur la logique de fusion (Etats-Unis, Allemagne, Brésil) ou voudraient une fusion économique avant une éventuelle fusion politique (L’Union Européenne). D’autres enfin, comme les deux Corée, s’orientent lentement vers une fusion qui semble inéluctable.

Haïti a déjà connu les phénomènes de fusion et de scission du fait justement de la bossalocratie. La Création d’Haïti est le résultat d’une scission.

Après son indépendance, Haïti a connu plusieurs scissions et a vu la cohabitation, sur un même territoire, d’une monarchie et d’une république pour les mêmes motifs qui expliquent la bossalocratie d’aujourd’hui. La réunification, réussie par Jean-Pierre Boyer, est un cas de fusion. La scission, la plus durable en ce qui concerne Haïti, a été celle de 1844 qui a donné naissance à la République Dominicaine.

Mais, l’histoire étant un perpétuel recommencement, rien ne semble exclure, à l’avenir, une fusion entre la République d’Haïti et la République Dominicaine. C’est la solution la plus logique et la plus raisonnable quand on observe objectivement la situation des deux pays. C’est la solution qui plaît le moins aux Haïtiens, victimes de la Bossalocratie, qui le vivront comme un échec. Mais, il se trouve qu’on ne freine pas l’histoire avec ses seules peurs irrationnelles et son refus d’une certaine réalité.

Et puis, une éventuelle fusion entre la République d’Haïti et la République Dominicaine serait-ce un échec pour Haïti ? L’échec n’est-il pas plutôt de donner l’impression d’être incapables de s’inventer un avenir après avoir su inventer 1804 ? L’échec n’est-il pas d’entretenir cette guerre des pouvoirs qui risque de conduire à la dislocation [20]de son pays ?

Le but ici n’est pas d’agir en Cassandre, mais de mettre l’accent sur un phénomène dont le point d’orgue pourrait être la transformation d’un Etat qui, depuis sa création, est un laboratoire institutionnel d’un avant-gardisme exceptionnel et d’une grande valeur pour les politologues ainsi que les spécialistes du droit constitutionnel.

Eric Sauray

France, 25 novembre 2007

[1] Juriste, politologue et doctorant en droit public à l’Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris 3.

[2] Guy Thuillier, Le jeu politique, préface d’Yves Pélicier, Economica, 1992.

[3] Stéphane Beaumont, Le jeu politique, Editions Milan, 1997.

[4] Philippe Lauvaux, Les grandes démocraties contemporaines, Presses Universitaires de France, 2004

[5] Pascal Boniface, Football et mondialisation, Armand Colin, 2006.

[6] Gérard Barthélemy, Créoles - Bossales : conflits en Haïti, Editions Ibis Rouge, 2000.

[7] Jacques Stephen Alexis in Lettre au docteur François Duvalier, Président de la République : http://radiokiskeya.com/spip.php ?article4166

[8] Certains membres, qui accusent les autres de corruption, ont porté plainte.

[9] Déclaration de son excellence Monseigneur Louis Kébreau, Président de la Conférence Episcopale.

[10] Déclaration de René Julien Président de l’Alliance Démocratique pour Bâtir H. Source : http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_une_fr.phtml ?id=13118

[11] Déclaration du Conseil Electoral provisoire en date du 12 octobre 2007. Cette déclaration entérine les rumeurs.

[12] Le seul événement qui permet aux habitants de la bossalocratie de s’évader de leur enfer quotidien.

[13] Yves Mény (sous la direction de), Les politiques du mimétisme institutionnel : la greffe et le rejet, L’Harmattan, 1993.

[14] Claude Moïse, Constitution et luttes de pouvoirs en Haïti, CIDIHCA, 1990.

[15] Littéralement : « La paix dans la tête, la paix dans le ventre ». Slogan utilisé par Jean-Bertrand Aristide lors de sa campagne électorale en l’an 2000.

[16] Littéralement : « On se calme, on dépose (…) on se repose » Il faut comprendre, on se calme, on dépose les armes et on se repose, le temps de l’élection. Ce slogan apparu pendant la campagne présidentielle (2005-2006) menée par René Préval ne s’adressait pas aux citoyens, mais aux divers gangs supposés proches du camp Lavalas.

[17] Cet article qui fait partie des dispositions transitoires devrait être appliquée comme solution dégradée au cas où l’application de l’article 192 se révélait impossible. Toute autre solution appliquée ne fait que s’inscrire dans l’habitude prise par les acteurs politiques haïtiens d’appliquer des solutions hors de tout cadre réglementaire connu et maîtrisé.

[18] Eric Sauray, Haïti : la révision constitutionnelle et la ligne du temps, in http://www.alterpresse.org/, avril 2007

[19] Claude Moïse, La croix et la bannière : la difficile normalisation démocratique en Haïti, CIDIHCA, 1994.

[20] Jared Diamon, Effondrement, Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard, 2006.


dimanche 9 décembre 2007

GHELLA/Trou-du-Nord : la répression risque de relancer la mobilisation.



Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti48, Rue 23 -24 B
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Le jeudi 6 décembre 2007, la police de Trou du Nord a procédé à l’arrestation de Lovely ainsi connu, un jeune de Trou du Nord. Cireur de chaussures, Lovely cherche son pain quotidien au niveau de la station de la ville. Il a protesté contre la décision du Ministre Frantz Verrela de faire passer la route par Ti Couline, d’isoler la ville de Trou du Nord tuant ainsi l’économie de la zone. Le transport est pour les truviens le moteur principal de tout le commerce. A la station où Lovely se débrouille contre la misère du Nord-Est, l’un des départements les plus abandonnés, les marchands, chauffeurs et travailleurs supportent le mouvement. Ils en constituent le fer de lance.

C’est pour cette raison que Lovely est arrêté sans mandat puis bastonné devant les habitants de la ville par des policiers du Trou du Nord. Quelques heures après l’arrestation, des policiers anti-émeutes sont venus de Fort-Liberté, le chef lieu du département, pour transporter le prévenu. En route, il fut battu encore une fois par des policiers de Fort-Liberté, qui l’ont fait descendre du camion pour le rouer de coups, marcher sur son abdomen et sa tête.

Conséquences, Lovely a une hémorragie interne. Il ne cesse de vomir du sang. Il a passé toute la soirée de jeudi dans la prison de Fort-Liberté sans soin de santé. Durant toute la soirée de jeudi à vendredi, des rumeurs circulaient sur la mort éventuelle de Lovely. Heureusement, il est toujours en vie, mais les gardiens de la prison refusent de recevoir de la nourriture et des vêtements pour lui.

Pourtant, avec la visite du Ministre Frantz Verrela le mardi 4 décembre 2007, le calme était revenu dans la ville. Le Ministre avait eu une réunion avec les représentants de la population truvienne. En public, il avait déclaré : rien ne justifie que des jeunes de la population prennent le maquis. C’est sûr que la justice fera son enquête sur l’incendie des deux matériels de la Compagnie GHELLA. Mais tout se fera dans le cadre d’une enquête judiciaire. La justice demandera à la police d’interpeller les témoins et les personnes accusées dans ce dossier. Le gouvernement ne veut pas de répression aveugle.

Suite à ces déclarations, des jeunes qui avaient participé au mouvement mais qui n’ont rien à voir avec l’incendie des deux équipements de GHELLA sont rentrés chez eux. La ville avait retrouvé son calme et la compagnie GHELLA, après des négociations avec le gouvernement, a repris ses travaux.

Mais, la police du Nord-Est a sa propre politique : La répression aveugle. Et dans ce département, il y a une petite oligarchie menée par Lucien Délince Pierre Louis, qui mène la politique publique à sa manière. La police du Nord-Est serait à la recherche de 150 personnes. Donc, la destruction totale du syndicat des chauffeurs et l’arrestation de plusieurs innocents.

Pour le moment, trois citoyens ont été arrêtés par la police. Ils ont été tous battus par des policiers de Fort-Liberté, qui utilisent des méthodes inhumaines, illégales et antidémocratiques. Durant le transfert d’un prisonnier d’une ville à une autre, les policiers de Fort-Liberté observent un arrêt pour maltraiter le prévenu. Les juges et les membres du parquet de Fort-Liberté exigent de forte somme d’argent pour libérer un prévenu innocent.

Des citoyens de Trou du Nord nous signalent qu’on réclame des sommes faramineuses aux trois personnes arrêtées sans mandat. Donc, les policiers de la zone, associés à des juges corrompus et à des membres pourris du parquet de Fort-Liberté arrêtent le plus de monde possible. De plus, il existe dans le Nord-Est des cas de bastonnades atroces.

Lovely a une hémorragie interne. Le matin du 7 décembre 2007, nous avons reçu un appel de Trou du Nord nous informant de la situation. La police de Fort-Liberté était venue chercher son père qui devait se rendre au chevet de son fils torturé par des policiers du Nord-Est. Le commissariat de Trou du Nord clame déjà son innocence. Ils avaient remis Lovely en bonne condition, ce que des témoins de Trou du Nord confirment. Ils ont vu Lovely monter sans problème la voiture de police qui devait le transporter à Fort-Liberté. Les policiers de Fort-Liberté, quant à eux, soutiennent que Lovely saignait depuis Trou du Nord.

La population truvienne est dans l’attente d’une dégradation dans la santé de Lovely. Ce cireur de chaussures croupissent en prison dans un état lamentable parce qu’il luttait pour que sa ville ne soit pas exclue du circuit routier Cap-Haïtien – Ouanaminthe. Son état de santé est critique. Pour avoir protesté contre l’Etat-prédateur, il mérite la mort. Malheureusement le DGPNH Mario Andrésol dans sa logique de deux polices, laisse un peu partout à travers le pays des poches de barbarie au sein d’une institution qui adopte comme devise : protéger et servir.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
9 Décembre 2007

jeudi 6 décembre 2007

La police du Cap-Haïtien, complice dans le siège du Port de la ville.

Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
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Des observateurs questionnent le rôle de la police dans les évènements qui secouent le Port de la ville du Cap-Haïtien. Comme lors de élections municipales de décembre 2006, les forces de sécurité adoptent une attitude tolérante vis-à-vis de ceux qui sèment la violence devant le port de la ville de Cap-Haïtien. Des hommes amenés par Michel Saint-Croix, le Maire de la ville, arrivent jusqu’à frapper les employés qui n’ont pas la même opinion qu’eux. Le Mardi 4 décembre 2007, Ronald Célicourt fut agressé physiquement par Arthur ainsi connu, un membre du corps de sécurité de Michel Saint-Croix. Depuis lundi, des agents de la police adoptent un comportement jugé complice, face à ceux qui organisent le siège du Port de la ville.

Tandis que d’un coté des policiers terrorisent les jeunes de Trou du Nord sous prétexte de ramener l’ordre, au Cap-Haïtien, la Police laisse faire. Les manifestants - des anciens employés renvoyés en février 2004, qui ont été dédommagés en 2006 par le gouvernement en place - arrivent à faire pression sur la barrière de sécurité du port sous les yeux de policiers qui ne font rien pour ramener l’ordre. Les militants du mouvement espèrent installer une direction qui leur sera favorable et retrouver leur poste.

Beaucoup de policiers dans le Nord sont réputés politisés. Avec Guy Philippe, ils avaient organisé les élections frauduleuses de 21 mai 2000. Le 3 décembre 2006, ils avaient adopté un comportement tolérant en faveur du Candidat Lavalas Michel Saint-Croix. Les bandits de Michel Saint-Croix avaient opéré sous les yeux des policiers. Passivement, ces derniers avaient laissé la voie libre aux bandits de Michel Saint-Croix. Malgré tout, le Candidat Lavalas n’a eu que 3,500 voix dans une ville de plus de 500,000 habitants.

La stratégie du parti Lavalas au Cap-Haïtien est de prendre la ville en otage par la violence et avec l’assurance que les policiers de la PNH qui seront déployés sur le terrain en vue de ramener l’ordre n’interviendront pas contre eux. Ils agissent en deux étapes : 1- Annoncer un bain de sang pour intimider les citoyens et les forcer à rester chez eux 2- Envahir les bureaux de vote le jour des élections pour remplir les urnes de bulletins et falsifier les procès-verbaux.

Aussi longtemps qu’il y aura dans le Nord des policiers politisés et corrompus qui ne cachent pas leur alliance avec les leaders violents du mouvement Lavalas, il n’y aura pas d’élections libres dans le Nord. Cette situation continuera jusqu’à une réplique violente des partis adverses en vue de les forcer à respecter les règles du jeu démocratique.

Si aujourd’hui la ville du Cap-Haïtien est politiquement assiégée par des bandits Lavalas, c’est parce qu’il y a au sein de la police locale une petite oligarchie proche des leaders lavalas, qui cherche par tous les moyens à retrouver les temps anciens. Les policiers membres de cette oligarchie regrettent sérieusement que les leaders Lavalas du Nord avec lesquels ils participaient au trafic de la drogue et à la contrebande, ne soient plus au pouvoir. Ils cherchent par tous les moyens à retrouver les avantages perdus.

C’est sur ces gens que Nawoon Marcellus compte pour retrouver son siège au parlement et relancer les affaires. Depuis le 7 février 2006, la population capoise n’a jamais voté.

Seule une investigation sérieuse sur les policiers du Nord, c’est-à-dire, un engagement de l’inspection générale de la police, peut changer l’ordre des choses. Le vetting est attendu dans le Nord et le Nord-Est pour la professionnalisation de la PNH, l’avancement de la démocratie, la liberté et le progrès.

Nous venons d’apprendre que cet après-midi du 6 Décembre 2007, le Maire Michel Saint-Croix, l’instigateur des violences contre le port, a franchi la barrière de l’A.P.N. avec ses hommes, sans respecter les mesures de sûreté et cela à l’insu de la direction. Tristement, il était accompagné du Sénateur Kelly Bastien.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
6 Décembre 2007

mardi 4 décembre 2007

Michel Saint-Croix, maire de Cap-Haitien, organise le siège du port de la ville.


Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
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A l’occasion du premier anniversaire de son élection à la tête de la Mairie de Cap-Haitien, Michel Saint-Croix et son cartel lancent une nouvelle offensive contre le Port du Cap-Haitien. Depuis le lundi 3 décembre 2007, une situation de tension existe au Cap-Haitien. Le port est paralysé. Le syndicat de l’APN (Autorité Portuaire Nationale) y organise une série de protestations contre l’administration du port. Il reproche au directeur Jean-Renet Latortue de n’avoir pas pu octroyer trois augmentations de salaire, soit 65%, depuis son installation à la tête de l’administration. Le Capitaine du Port, Ronald Valmyr, quant à lui, exige des équipements de navigation pour mieux gérer le transport des navires qui fréquentent la baie du Cap-Haitien.

Le personnel est ainsi divisé entre ceux qui voient la solution dans le départ du Directeur et d’autres qui sont prêts à négocier une amélioration de leur situation avec la Direction centrale vu que le port, d’après eux, ne dispose pas d’assez de fonds pour supporter une augmentation de salaire à cause des travaux de sûreté imposés par le code ISPS sur la sécurité internationale des installations portuaires.

Michel Saint-Croix, qui avait, dès son élection à la tête de la Mairie de la Ville, engagé un duel avec le Directeur Jean-Renet Latortue pour le contrôle du port, mobilise aujourd’hui, activement, ses sympathisants Lavalas pour mettre la main sur l’administration de l’APN. Rémy Saint-Juste, le garde du corps qui avait pointé son révolver en studio de Radio Kontak Inter, lors de la descente des lieux du Maire Saint-Croix, en aout 2007, a déclaré au micro des journalistes : il s’agit de ‘‘déchoucage’’. Tout le monde doit partir. Le parti Fanmi Lavalas, majoritaire, doit avoir le contrôle de l’APN.

Le mouvement de revendication des employés de l’APN qui est légitime dans une démocratie et était soutenu par une grande partie de l’opinion, représente aujourd’hui une infiltration de plus du Maire Michel Saint-Croix afin de prendre contrôle du Port de la ville. Après un an, il arrive à infiltrer le personnel administratif. Avec des fonds de la Mairie, il finance le désordre dans le port de la ville. Ses sbires auraient reçu l’ordre de supporter le mouvement. Certains employés comme Ronald Célicourt ont été jusqu’à dénoncer Madame Lange, une dame de l’administration très influente dans le passé. Aujourd’hui, à travers son cousin Maire Michel Saint-Croix, elle planifie la rébellion de l’intérieur.

Nous étions très tolérants à l’égard de ce mouvement. Nous sommes allés jusqu’à recevoir dans notre émission AVEC L’OPINION des membres du syndicat. Mais avec cette nouvelle évolution de la situation, nous alertons l’opinion publique nationale et internationale.

Michel Saint-Croix organise le désordre dans la ville du Cap-Haitien. Il utilise les fonds de la mairie pour financer le parti Fanmi Lavalas et supporter des bandits recherchés par la police. On nous signale que dans la ville, plusieurs individus venus de gangs de Port-au-Prince, vivent tranquillement grâce aux fonds de la Mairie. Ils sont au service de Saint-Croix qui les finance. Il les utilise pour inscrire des graffitis sur les murs de maisons de la ville dont la SOGEBANK récemment restaurée. Jacques Edouard Alexis qui avait conclu un pacte politique avec ces hommes violents dans l’espoir de prendre le contrôle du mouvement Lavalas et d’arriver au Palais National, abandonne les capois à leur sort.

De plus, les criminels proches de la drogue qui avaient aidé Nawoon Marcellus à financer la campagne électorale de Michel Saint-Croix attendent le port de la ville depuis environ un an. Les élections étant proches, on cherche à contrôler l’APN, une vache laitière et une voie stratégique pour relancer les ‘‘affaires’’. C’est ce qui explique l’entêtement du Maire à infiltrer tout mouvement interne de l’APN. Il cherche à avoir le contrôle en vue de pouvoir imposer à tout nouveau dirigeant sa volonté avec la menace : si tu refuses de marcher comme je veux, tu partiras.

Péremptoirement, le Maire de la ville a déclaré, le dimanche 2 décembre, sur Radio Télé Vénus, son engagement contre l’administration du port. Il a affirmé sur les ondes qu’il a le soutien plein et entier du Premier Ministre Jacques Edouard Alexis. Depuis, le Maire Michel Saint-Croix, peut être facilement perçu aux abords du port, mobilisant ses partisans. Une situation qui met en déroute l’autorité de l’administration et fragilise la sureté des ports sous contrôle de l’APN/Nord dont le site Labadie. Il n’y a pas de sureté dans un port quand, à l’intérieur, des employés manifestent et à l’extérieur le maire et plusieurs dizaines de sympathisants, pour la plupart membres armés de son corps personnel de sécurité, agressent les gardiens et érigent des pneus enflammés devant.

En conséquence, le gouvernement doit agir afin de calmer le Maire Michel Saint-Croix dans ses prétentions. Obstruction à la justice, conflit avec le Service de la circulation des véhicules de la PNH, violence contre des marchands et des chauffeurs de taxi, violation systématique des droits humains, agression contre la presse, tentatives d’invasion contre le port, injures sur les ondes contre le Délégué et le Directeur Départemental des travaux publics, un gouvernement sérieux devrait réagir.

Une situation d’irresponsabilité gouvernementale met la ville de Trou du Nord dans la violence. A moins que Jacques Edouard Alexis, dans son entêtement à présider Haïti, ne planifie un désordre généralisé, il devrait revoir sa stratégie.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
4 Décembre 2007

lundi 3 décembre 2007

Trou-du-Nord : Qui a incendié les deux matériels de la compagnie GHELLA ?



Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
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Cap-Haïtien, Haïti
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La population de Trou-du-Nord souhaite une enquête parlementaire sur la destruction des matériels de la compagnie GHELLA.

Les responsables du Syndicat des Propriétaires et Chauffeurs du Nord-Est (SPCNE) se disent scandaliser par l’incendie perpétré contre des équipements de la compagnie GHELLA. Il n’est pas dans leur stratégie de détruire les équipements qui servent à construire la route. Jamais, le syndicat n’a organisé des actes de ce genre.

Selon le témoignage de plusieurs citoyens de la population truvienne, le mouvement ayant entraîné l’incendie du matériel de GHELLA vient d’une main cachée. Beaucoup pensent que cela vient des monopoles et groupes d’intérêts Port-au-princiens proches du pouvoir en place qui cherchent à boycotter la route.


Faut-il signaler que depuis l’installation du gouvernement Préval/Alexis on agit contre le développement du commerce dans les villes de province. Les importateurs du Nord et du Nord-Est ont beaucoup de difficultés pour importer leurs marchandises en provenance de la République Dominicaine. On exige des documents qu’on ne peut trouver qu’à Port-au-prince. Alors qu’au bureau central de la douane, le service est très lent pour ne pas dire nul. Un importateur qui a un container sur la frontière peut passer jusqu’à 22 jours avant d’avoir les papiers l’autorisant à franchir le territoire haïtien.

Cette politique, légitimée par la lutte contre la contrebande, va dans le sens du renforcement des monopoles. Seul un petit groupe peut importer la viande réfrigérée et depuis lors les prix ont augmenté de 750 gourdes par caisse. C’est la même situation pour le fer, l’huile, le ciment, la céramique. Tout est concentré à Port-au-prince. Les hommes et surtout les femmes proches du président Préval ont bien fait leur travail. Au nom de la lutte contre la contrebande, ils renforcent le monopole de leur groupe d’intérêts. Logiquement, un projet de route qui renforcerait le commerce entre le Nord du pays et la République dominicaine va à l'encontre de leur projet.

Ces informations connues de tous portent l’observateur à analyser avec prudence la situation au Trou du Nord. Pourquoi le gouvernement n’a jamais fait le suivi des revendications de la population truvienne ? Le Ministre des Travaux Publics Frantz Verrella, le Ministre des affaires Sociales Gérald GERMAIN, la Délégation de l’Union Européenne, les Sénateurs du Nord-Est y compris le Président René Préval avaient tous reçu plusieurs correspondances du Syndicat des Propriétaires et Chauffeurs du Nord-Est (SPCNE)

Au Trou du Nord, pour les envoyés spéciaux de Radio Kontak Inter, c’était la confusion. Même quand tout le monde est uni sur l’importance de la route, chaque camp politique cherche à exploiter la présente situation. Dans un quartier, on accuse le député d’agir contre ses adversaires politiques ; des hommes qui lui sont proches se livrent à de fausses dénonciations contre des anciens candidats de l’Alliance Démocratique du leader Evans Paul ; dans un autre, on accuse les hommes proches de l’ancien candidat de l’Alliance Démocratique de bandits violents qui cherchent à troubler le député dans l’exercice de son mandat. Des anciens jeunes opposants au régime d’Aristide accusent les Lavalassiens Lucien Délince Pierre Louis et Zabulon, tous deux Chargés d’affaires du gouvernement Préval/Alexis et anciens candidats au Sénat, de les indexer dans cette affaire de destruction du matériel de GHELLA. Finalement, des responsables du Syndicat nous disent ne pas comprendre ce qui s’est passé le dimanche 25 novembre dernier contre GHELLA. Ils n’avaient organisé aucun mouvement en ce sens : soit des personnes isolées ont mis le feu sans évaluer les conséquences , soit une main criminelle agissant dans le sens de gros intérêts de monopole a détruit le matériel de GHELLA pour compliquer leur situation et bloquer la construction de la route.

La deuxième hypothèse n’est pas impossible aux yeux de l’homme du Nord. Car il n’oublie pas les tractations de René PREVAL et Frantz VERRELA en 1991, alors respectivement Premier Ministre et Ministre des travaux publics d’Aristide, en vue de suspendre les travaux de construction de l’aéroport du Cap-Haïtien et de ramener les équipements lourds à Port-au-prince. Aussi devons-nous nous souvenir de l’incendie criminel des équipements sur le chantier de la Route Saint-Marc – Gonaïves sous le gouvernement de Gérard Latortue.

Aujourd’hui, Trou du Nord est une ville sous tension. Les jeunes ont beaucoup de mal à y vivre. On peut être objet d’arrestation à n’importe quel moment. La police utilise des hommes à cagoule pour arrêter des gens sur simple dénonciation. Des attachés terrorisent la ville. Politiquement, les proches du gouvernement ont eu gain de cause. Ils démolissent le syndicat des chauffeurs et les représentants de la population, cherchant ainsi à réduire au silence leurs adversaires politiques : une aubaine, à quelques mois des élections sénatoriales.

C’est dans cette confusion que Radio Kontak Inter s’associe à la population truvienne pour proposer une enquête parlementaire sur la situation à Trou-du-Nord. Quel est le mobile du crime ? A qui profite le crime ? Les personnes indexées sont elles coupables ?

Le parlement pourrait apporter sa contribution dans cette crise vu que le gouvernement, à travers Lucien Délince Pierre Louis et Zabulon, tous deux Chargés d’affaires de Jacques Edouard Alexis/ René Préval et candidats au Sénat, est partie prenante au conflit. La situation au Trou du nord devrait intéresser les commissions sur la décentralisation et les collectivités, les Travaux publics, les droits de l’homme, les affaires sociales, le commerce et la coopération externe. Des ministres comme ceux des travaux publics, de l’intérieur, de la justice, de la planification et du commerce devraient répondre de cette situation regrettable.

Les représentants du peuple doivent le défendre et ne pas l’abandonner dans cette situation de tractations politiques où tout le monde cherche à éliminer ses adversaires et renforcer son camp. S’il faut punir sévèrement afin de décourager ceux qui ont l’habitude d’utiliser le feu pour terroriser leur interlocuteur et faire passer leur point de vue, l’irresponsabilité n’est pas une politique.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
3 Décembre 2007

L’ULCC, un écran de fumée au service des corrompus au pouvoir ?


Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
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Le lundi 19 et le mardi 20 novembre 2007, dans un effort de communication, l’ULCC (Unité de Lutte Contre la Corruption), supportée par la MINUSTAH a organisé une série de séminaire-conférence-débats sur son travail, son cadre légal et la corruption en Haïti.

Le directeur des opérations Ernst Chalumeau accompagné du responsable des relations publiques Tony Bellevue ont fait une belle présentation sur la situation du pays, la corruption, ses conséquences, les difficultés et les défis à relever. Au local de Lakou Lakay à Milot, nous avions pris part aux activités que nous jugeons constructives puisqu’elles ont permis aux participants, représentants de la population de poser les problèmes et surtout de plaider en faveur de la route de Milot.

Sur le gouvernement Aristide/Neptune soit entre 2002 et 2003, la principale revendication de la population Milotienne fut la construction de la route. Moise Jean-Charles, alors Maire de la commune avait, sur les ondes des médias, fait la déclaration suivante : Le gouvernement a débloqué les fonds pour la construction de la route. Je suis en charge de ce projet. Je travaille avec la Compagnie HL (Hervé Lerouge) à l’exécution de ce projet. Paroles célèbres de Moise Jean-Charles.

De toutes ces déclarations, seulement 1kilomètre1/2 sur 18 kilomètres au total fut construit. Du coté de Bérard, on peut facilement observer le segment de 1k1/2 de route construit par la HL. Depuis lors, la compagnie a fermé chantier. Et jusqu’à présent, la population de Milot a la vie dure, faute de cette route. Se rendre à l’Hôpital de Milot est un véritable Calvaire. Les malades souffrent. Les camions en provenance de Pignon, Saint-Raphaël, Dondon, le grenier du Nord, sont systématiquement démolis au niveau du secteur Cap-Haïtien – Milot.

Ce Mardi 20 novembre 2007, les habitants de Milot qui prenaient part à la conférence avaient le courage que dire ce qu’ils pensent, ce qui compte pour eux. Ils ont demandé à l’ULCC de mener une enquête sur la route en répondant aux questions : pourquoi des 18 kilomètres, on n’a construit que 1kilometre ½ ? Où est l’argent destiné à financer la construction de la route Cap-Haïtien – Milot ? Quel est le niveau de responsabilité de Moise Jean-Charles qui avait fait des déclarations publiques ? Y a t-il des coupables dans cette affaire ? Pourquoi la compagnie HL a-t-elle fermé le chantier et discontinué les travaux ? Pourquoi on ne continue pas l’ouvrage ? Qui doit aller en prison ?

Après cette pluie de questions, l’assistance était déçue de constater dans les réponses des responsables de l’ULCC impuissance et démagogie : On ne peut pas faire ceci... On ne peut pas faire cela... Les citoyens doivent porter plainte. L’ULCC ne se laissera pas manipuler en vue de ternir l’image d’un responsable...

Des réponses regrettables vu qu’on y croyait. Les exposés étaient tellement bien faits que les participants furent sur le point de voir en ULCC une institution capable de les aider à lutter contre la corruption. Mais les conférenciers avaient préféré retourner sur leur précédente assertion à savoir : On peut sur simple soupçon déclencher une enquête. On peut juste observer le niveau de vie d’un fonctionnaire de l’Etat par rapport à son salaire et ouvrir une enquête. L’ULCC peut à partir des informations diffusées dans la presse initier une enquête.

Et les responsables de l’ULCC en ont profité pour plonger l’assistance dans la démagogie en posant des questions sur le montant des fonds décaissés, les responsables du projet, la date, comme s’ils n’avaient pas la possibilité de s’enquérir auprès du Ministère des travaux publics, du Ministère des finances.

De plus, les techniciens de l’ULCC ont fait tout un plaidoyer pour convaincre la population que l’ancien Ministre de la Culture Daniel Elie n’est pas un corrompu, qu’il a seulement détourné des fonds en vue d’atteindre d’autres objectifs de l’Etat, mais non pour s’enrichir. Ce qui représente un pari difficile vu qu’aux yeux des observateurs, la décision de Daniel Elie de concentrer les fonds alloués dans le budget national entre Port-au-prince et Jacmel était, sans doute, un moyen d’enrichir des amis du pouvoir concentrés dans la capitale. De plus, avec les poursuites judiciaires contre l’ancien président français Jacques Chirac pour détournement de fonds publics à la Mairie de Paris, ce ne sera pas facile d’innocenter quelqu’un qui a violé la loi budgétaire en détournant l’argent du contribuable.

Bref, on arrive à la conclusion que l’ULCC constitue un écran de fumée pour cacher les actes des hommes proches du pouvoir. Sur le résultat des 27 enquêtes menées par l’Unité, la réponse en terme de personnes poursuivies n’était pas claire.

L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a du pain sur la planche pour convaincre la population de son utilité. Dans le Nord, la population attend que lumière soit faite sur la route Cap-Haïtien – Milot. Le séminaire-conférence-débats de Milot a raté son but. La population du Grand Nord, attend le résultat de l’enquête sur la route Cap-Haïtien --Milot. Car, Un tiens vaut mieux que deux tu auras !

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
1 Décembre 2007

vendredi 30 novembre 2007

Injustices de la justice haïtienne.



Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti
48, Rue 23 -24 B
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Les trois jeunes accusés dans l’attaque criminelle contre le policier Fabrice Castanet de la UNPOL - la police des Nations Unies en Haïti - sont libres. Après 18 mois d’incarcération, Fritz, Ricardo et
Wesly Prosper alias Ti Jotte ont été libérés le 28 novembre 2007. La justice haïtienne n’a rien à leur reprocher, il n’y a pas de preuves contre eux.

Pourtant, ces jeunes ont passé 18 mois en prison. Dix huit mois de souffrance et de tracasserie pour des familles misérables qui doivent envoyer chaque jour nourriture et lingerie à l’Administration pénitentiaire. Connaissant l’état de notre système carcéral, on peut en déduire : dix huit mois de déshumanisation. Ces jeunes qui se débouillaient pour aider leur famille à survivre ont tout perdu. Ils ont du mal à remettre en place le petit business à partir duquel ils survivaient avant juin 2006, le mois de leur arrestation.

En prison, ils ont appris beaucoup de choses et d’après leur témoignage, celui qui, sorti de prison, reste honnête, mérite d’être décoré par la société. Quant à eux, ils promettent de rester propres en fonction de leur idéal et, pour ne pas décevoir ceux qui les ont défendus, ceux qui ont plaidé en leur faveur.

La prison en Haïti ne joue pas son rôle de sanction afin de porter les citoyens à amender leur comportement. C’est un lieu de réification où l’homme est embrigadé dans un processus d’animalisation. Les traitements sont mauvais et l’espace consacré aux détenus de Cap-Haïtien est 4m2. Il peut contenir jusqu’à 60 personnes. Les prisonniers ont droit de sortir de leur cage le matin et le soir. Entre ces deux périodes, ceux qui ont un besoin, doivent aller dans un pot et inhaler l’odeur toute la journée. Sans compter les sévices, les bastonnades et toute autre forme de violence que subit généralement un détenu à longueur de journée, la vie dans une prison haïtienne est inhumaine.

Ainsi utilise-t-on la détention préventive pour punir un voisin, un concurrent, celui dont la femme du chef est tombée amoureuse, un collègue de travail, celui qui refuse de vendre un immeuble, un cocu innocent et surtout un adversaire politique.

Après plusieurs mois d’incarcération injuste, l’Etat ne présente même pas des excuses ; que dire d’un programme visant à réhabiliter et/ou à dédommager ceux qui sont victimes de la justice. Ils doivent rentrer chez eux. D’ailleurs, ils sont très contents de quitter l’enfer de la prison. Ces gens ont été punis, alors que la fonction sociale de la punition vise ceux qui ont violé la loi, donc des délinquants : une injustice de la justice haïtienne!

Les Ricardo, Fritz et Wesly Prosper alias Ti Jotte ont été incarcérés sur simple dénonciation. Ils ont passé 18 mois en prison parce qu’une langue de vipère, pour des raisons inavouées, les avait dénoncés protégeant un homme fort de la bourgeoisie locale (lisez le texte ci-joint : Attentat contre le policier français de la MINUSTAH au Cap-Haïtien : une enquête bafouée.) C'est le cas aujourd'hui, le système protège un étranger accusé de pédophilie aux dépens des enfants de rue de la ville du Cap-Haïtien.

Actuellement, au Trou du Nord, des jeunes sont appréhendés pour être détenus à la prison civile de Fort-Liberté. Certains d’entre eux sont d’anciens militants du mouvement anti-Aristide. Au Trou du Nord, il y avait le MOUVEMENT KOSOVO qui contrecarrait les chimères Lavalas. Aujourd’hui, Zabulon ainsi connu, le chef des bandits Lavalas ayant incendié le local de Radio Hispaniola en connections avec l’ancien député de la Grand-Rivière du Nord Nawoon Marcellus, y organise la répression. Zabulon attaqua Radio Hispaniola en 2004 suite à l’attentat perpétré contre le journaliste Pierre Elie SEM- actuellement handicapé aux Etats-Unis - par des hommes de Nawoon Marcellus : Kewin Augustin, Chélot Magloire et Richard Estimable.

Sans grand étonnement, comme Samba Boukman à la tête de la Commission de désarmement, Zabulon est Chargé d’Affaires du gouvernement PREVAL/ALEXIS. Il en profite pour faire de fausses dénonciations contre des jeunes qui avaient contribué au départ d’Aristide. Avec Lucien Délince Pierre-Louis, il est en train de ramener les violences contre la compagnie GHELLA à ces ennemis politiques. Une façon de déblayer la voie au Sénat, les deux hommes partenaires étant candidats.

Alors que la majorité de la population truvienne reconnaît la non implication dans les violences contre GHELLA, des jeunes du MOUVEMENT KOSOVO parce qu’ils sont déçus du résultat de leur lutte, une liste circule et force ces anciens militants de la démocratie à prendre la poudre d’escampette.

Nous insistons : Le gouvernement haïtien doit faire une bonne gestion du conflit GHELLA/TROU DU NORD pour ne pas impliquer la compagnie italienne dans les conflits politiques. La justice doit agir pour punir les vrais coupables et ne pas tomber dans le piège des politiciens qui souhaitent en profiter pour persécuter leurs adversaires et détruire leur avenir. Il faut prendre garde, de peur que la détention préventive ne soit une fois utilisée à des fins politiques.

Globalement nous pensons que l’Etat devrait avoir des maisons d’arrêt pour garder les personnes accusées séparément des condamnées. Des sanctions devraient être appliquées contre ceux qui font de fausses dénonciations parce qu’ils compliquent le travail des juges. La justice haïtienne ne doit pas poser des actes injustes.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
30 Novembre 2007

(Texte tiré des archives de RESEAU CITADELLE)

Attentat contre le policier français de la MINUSTAH au Cap-Haïtien : une enquête bafouée.

Cyrus Sibert, Journaliste,

Cap-Haïtien, Haïti

reseaucitadelle@yahoo.fr


Trois (3) jeunes capois sont emprisonnés depuis environ 8 mois. Ils sont arrêtés dans le cadre de la tentative d’assassinat du policier Fabrice Castanet de la UNPOL , la police des Nations Unies en Haïti. Ils répondent aux noms de Wesly Prosper alias Ti Jotte (30 ans), Fritz Saint-Fleur (24 ans) et Ricardo ainsi connu (25 ans) et ont été arrêtés pour enquête.

En effet, le 4 avril 2006, au soir, un policier des Nations Unies, de nationalité française,qui travaillait au sein de la MINUSTAH , a subi une attaque dans sa chambre, à l’Hôtel ‘‘Jardin de l’océan’’ situé au carénage, quartier résidentiel de Cap-Haïtien. D’après les informations rendues publiques sur cette affaire, une personne inconnue qui tentait de cambrioler la chambre du policier a dû tirer sur ce dernier pour pouvoir s’enfuir. La victime a été grièvement touchée ; Fabrice Castanet a été transporté d’urgence à l’étranger. Heureusement, il a eu la vie sauve.

Comme d’habitude, la Mission des Nations Unies ne joue pas avec les cas d’attaque contre ses membres. Elle exige toujours une enquête approfondie. Pour cela, elle met à la disposition des autorités locales tous les moyens techniques et scientifiques, jugés utiles, pour que, pour une fois, l’enquête aboutisse et ne se poursuive pas indéfiniment.

Mais dans ce dossier spécifique, la situation est compliquée. L’arme du crime n’a pas été retrouvée sur les lieux du crime. Les indices collectés sur place n’ont pas servi à grand chose. L’enquête se révélait difficile jusqu’à ce jour où, par hasard, une patrouille de la police, dans le cadre d’un contrôle d’identité suivi d’une fouille de routine, observa un jeune homme en fuite, laissant derrière lui un sac à dos dans lequel se trouvait un pistolet de model Gluck 40. Heureux hasard pour les enquêteurs, les analyses balistiques faites sur l’arme révèlent qu’elle a servi dans l’attentat contre le policier des Nations Unies. Aussi, détermine t-on que ce Gluck 40 appartient à John Nicoli, propriétaire de Rival Hôtel, situé à proximité du lieu du crime.

Interpellé par le service départemental de la police judiciaire (SDPJ), monsieur Nicoli avoue que l’arme lui appartient et qu’il en est le propriétaire. Malgré tout, ce dernier n’a été convoqué par devant le juge qu’à titre de témoin. Témoin de quoi se demande t-on ? Jusqu’à présent les déclarations de Monsieur Nicoli sont : « Ce Gluck m’appartient. Il a été volé. J’oublie la date du vol. Je ne me souviens plus de l’heure ni du jour ou son absence avait attirée mon attention. J’ai un problème de mémoire depuis mon enfance. Je ne me souviens plus de rien ».

A la question, comment l’arme a t-elle été disparue ? , Monsieur Nicoli qui n’a même pas un permis de port d’arme à feu, a répondu que sa chambre a été cambriolée. Faut-il remarquer que le cambriolage et la disparition du Gluck 40 qui a servi contre le policier des Nations Unies n’ont pas été déclarés à la police. De plus, Monsieur Nicoli ne pouvait pas préciser si l’arme a disparu avant ou après la tentative d’assassinat du policier des Nations Unies. Monsieur Nicoli, entrepreneur de son état, est ainsi renvoyé chez lui en toute quiétude. Et, pour faire avancer l’instruction, le magistrat instructeur met en dépôt trois innocents sans preuve ni lien direct avec le crime.

Comment Wesly Prosper alias Ti Jotte, Fritz Saint-Fleur et Ricardo sont-ils arrivés là ? Comment ont-ils été arrêtés ?

Les trois inculpés dans le dossier se sont rendus volontairement à la justice. Ils voulaient être entendus et blanchis. Ils sont tous de Carénage, quartier proche de l’Hôtel où l’attentat s’est produit. Ils voulaient à ce que leurs noms ne soient plus cités comme des criminels impliqués dans le cambriolage et la tentative de meurtre sur le policier de la MINUSTAH.

Au mois de juin 2006, Wesly Prosper alias Ti Jotte s’est rendu volontairement au Tribunal de Première Instance du Cap-Haïtien dans le carré du juge d’instruction Henri-Claude Adhémar pour connaître la raison qui a poussé le Magistrat à décerner contre lui un mandat d’amener. Il a été immédiatement mis aux arrêts sans explication aucune comme un vulgaire hors-la-loi. Et jusqu’à date, il subit les affres et les méfaits d’une détention trop prolongée ; par conséquent, illégale et arbitraire.

Ricardo a connu le même sort. Il s’est rendu,lui, au commissariat central du ressort pour dire aux policiers qu’il est bruit que la police est sa recherche; étant donné qu’il n’est pas en contravention avec la loi, il est venu voir de quoi il en est. En récompense de son acte de courage et de bonne foi, comme l’autre, il a été arrêté et jeté depuis lors en prison, se demandant instamment le pourquoi de son incarcération.

Fritz Saint-Fleur, (qui n’a aucun lien d’amitié avec les deux premiers), constatant les déboires de ceux qui se sont rendus à la police et à la justice, a choisi le maquis et s’est réfugié à la Plaine du Nord, une petite commune située à environ 15 Kms du Cap-Haïtien. Malheureusement pour lui, il a été capturé et emprisonné sans aucune forme de procès.

Quand au juge Henri-Claude Adhémar, sa seule préoccupation est d’envoyer, coûte que coûte, quelqu’un par devant le Tribunal. Il est obsédé par le désir de donner satisfaction à la MINUSTAH et veut paraître BON JUGE aux yeux de l’ONU. Pour cela quelqu’un doit être sacrifié, peu importe qu’il soit ou non impliqué dans l’acte incriminé.

Alors, au mois de mars 2006, le Magistrat instructeur, dans son enquête, a cité à comparaître en la Chambre d’Instruction Criminelle le gardien qui était de service à l’hôtel le jour du crime. Ce dernier avoue avoir vu « un individu » sortir en catastrophe de la chambre du policier Fabrice Castanet de la UNPOL , après le coup de feu.

Poursuivant son instruction, le juge Adhémar lui a présenté un album de photos en vue de designer le fuyard éventuel. La technique utilisée – technique très critiquée par certains professionnels de la justice au Cap-Haïtien - consiste à afficher des photos de bandits notoirement connus et celles de personnalités honnêtes de la ville. Le gardien, après un temps de réflexion, a choisi la photo numérotée deux (2) qui était celle de ‘‘Bahon’’ ainsi connu, Officier de l’Etat Civil et activiste lavalas, originaire du Limbé. Bahon est un homme de grand gabarit et de couleur épidermique noire. A cette époque, il se trouvait en prison suite au conflit l’opposant à Paul ODJES pour l’appropriation par ce dernier et sa suite de l’Hôpital ‘‘Bon Samaritain’’ du Limbé.

Paradoxalement, au début du mois de novembre 2006, convoqué de nouveau, le gardien de l’hôtel déclare au juge que trop de temps s’est écoulé, qu’il ne se souvient plus de la photo préalablement choisie ; donc, il oublie tout. En vue de le persuader (non sans intimidation) à coopérer, le Juge Adhémar ordonnait qu’on lui mette en taule pour refus de collaborer avec la justice. Après quatre (4) jours de détention, ce gardien, qui avait tout oublié, a subitement retrouvé la mémoire et, sans hésitation aucune, a choisi une photo : celle de Fritz Saint-Fleur, un jeune homme de peau claire et peu corpulent. Enfin, le juge, satisfait du résultat obtenu, décide de relâcher le soi-disant témoin qui, une fois recouvrée sa liberté, a abandonné son travail à l’Hôtel sans laisser de trace.

En conclusion, d’après nos sources, le Juge Henri-Claude Adhémar, qui veut paraître GRAND JUGE, particulièrement dans ce dossier, a jeté son dévolu sur le malheureux Fritz Saint-Fleur pour un crime, nous supposons, qu’il n’a pas commis. La pertinence des faits et les actes d’instruction posés par le Magistrat dans le cadre de cette affaire le prouvent, d’autant que son empreinte n’a pas été retrouvée sur le pistolet Gluck 40 de John Nicoli ayant servi à commettre le crime.

Les parents et les proches de ces jeunes en détention depuis environ huit (8) mois, dans des conditions infrahumaines à la prison civile du Cap-Haïtien, réclament justice. Une justice impartiale et rationnelle ; une justice qui soit capable de juger tous les citoyens d’après les faits, au regard de la loi, qu’ils soient riches ou pauvres, sans préjugés de classe. Ils se posent des questions sur la motivation du juge Henri-Claude Adhémar. Pourquoi il n’a pas inculpé le propriétaire de l’arme illégale qui a commis l’attentat ? Pourquoi refuse-t-il d’orienter l’enquête vers le principal suspect du dossier car les indices recueillis sont on ne peut plus concluants?

Nous savons qu’en Haïti, il y a des intouchables. John Nicoli, est-il de cette caste qui se croit au dessus de la loi ? La Mission des Nations Unies en Haïti peut-elle cautionner la tradition d’injustice et d’impunité que connaît le pays depuis l’esclavage ?

Nous insistons pour dire que : quelqu’en soit le niveau d’étude, le sexe, l’âge, le rang social et la couleur de la peau, l’injustice est inacceptable.

A la rédaction de ce texte, nous entendons sur les ondes de radio, le Secrétaire d’Etat à la Sécurité Publique exhorter les citoyens à témoigner contre les criminels et surtout les kidnappeurs. D’après Luc Eucher Joseph, si la justice n’a pas de preuve, elle sera obligée de libérer légalement les gangsters arrêtés par la police. Alors, pourquoi la justice ne libère pas ces jeunes contre qui aucune preuve n’a été apportée ? Pourquoi la MINUSTAH qui avait supporté scientifiquement la police et la justice, en leur fournissant les données balistiques, les empreintes digitales retrouvées sur le pistolet et autres soutiens techniques, a tout abandonné en chemin, laissant au système féodal et discriminatoire haïtien la possibilité d’abuser des plus faibles ? Alors, le résultat de l’enquête sur l’attentat perpétré sur le policier français de la MINUSTAH Fabrice Castanet, le 4 avril 2006, au Cap-Haïtien, permettra – t-il à la justice de punir le ou les vrais coupables et de dissuader ceux qui mijotent des plans contre les casques bleus en Haïti ?

Cyrus Sibert
Journaliste
Cap-Haïtien, Haïti
19 Janvier 2007.

jeudi 29 novembre 2007

Le Maire Fritz Joseph ordonne à un juge d’instruction de vider les lieux.


Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti
48, Rue 23 -24 B
reseaucitadelle@yahoo.fr, reseaucitadelle@gmail.com
www.reseaucitadelle.blogspot.com



La juge d’instruction Emania Fatal accompagnée de deux officiers de police en vue d’exécuter un mandat d’amener lancé dans le cadre d’une affaire de Motocyclette saisie illégalement par un agent de sécurité de la Mairie du Cap-Haïtien, s’est vue refuser l’accès au local de l’administration communale. Le maire assesseur Fritz Joseph dit Fito lui a intimé l’ordre de quitter les lieux. Le maire Fritz joseph estime que la juge d’instruction Emania Fatal n’a pas le droit d’agir contre ses hommes. Il a purement et simplement fait obstruction à la justice.

Depuis plusieurs mois, les habitants de la ville du Cap-Haïtien ne cessent de compter les actes arbitraires des Trois (3) membres du Cartel municipal : Arrestation illégale, séquestration, saisie, rançonnement, violence systématique contre des citoyens, corps de sécurité armé pour ne citer que ceux là. Les responsables de la police au niveau de la commune ont publiquement marqué leur désaccord avec certaines décisions du Maire tendant à remplacer les prérogatives de la force publique. La circulation des véhicules, la fixation arbitraire des amendes à payer et la séquestration des conducteurs de véhicules constituent la principale pomme de discorde entre la Mairie et la police.

Ce 29 novembre 2007, les excès des Maires Michel Saint-Croix, Philoclès Saint-Fleur et Fritz Joseph vont jusqu’à faire obstruction à la justice. Le citoyen capois se demande pourquoi le gouvernement à travers le Ministère de l’intérieur ne joue pas son rôle en rappelant de façon ferme aux Maires déraillés les limites de leur pouvoir.

Pourquoi le gouvernement Alexis/Préval refuse t-il de prendre ses responsabilités en agissant pro activement à la résolution des conflits ?

On nous dit que René Préval est mécontent pour les actes de violence perpétrés à Trou du Nord. Il exige la répression et des arrestations. Alors que depuis un an, cette situation de protestation de la population truvienne défraie la chronique, pas un ministre n’est intervenu dans cette zone ou l’Etat haïtien et l’Union Européenne investissent plus de 40 Millions de dollars. Quand cela explose on exige des arrestations, on fait semblant de n’avoir pas été au courant.

Au Cap-Haïtien et partout dans le pays, c’est la même situation. Les dirigeants de l’Etat central se comportent en irresponsables. Conflits terriens dans l’Artibonite, violence dans le Nord-est, harcèlement de la population capoise suivi d’obstruction à la justice. N’est-on pas en droit d’être pessimiste aussi longtemps que Préval et Alexis détiennent les reines du pouvoir en Haïti ? La juge d’instruction Emania Fatal pourra t-elle exécuter le mandat en toute sécurité ?

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
29 Novembre 2007