mercredi 2 juillet 2008

Braquage, au nom de la Révolution, à Saint-Raphaël.

Par Cyrus Sibert
reseaucitadelle@yahoo.fr
www.reseaucitadelle.blogspot.com


Selon les témoignages, le vendredi juin 2008 vers 10 heures du matin un groupe armé s’est introduit dans le local d’une caisse populaire à Saint-Raphaël. Il s’agirait de Fraternité Caisse Populaire. Les hommes en cagoule, habillés en noir, avec la mention POLICE inscrite au dos de leurs maillots, képis retournés et bien armés ont ainsi pris le contrôle de la Caisse située non loin du Commissariat, en intimant l’ordre à tout le monde de se coucher par terre. Les bandits sont venus de Morne TI DJAB (Petit Diable). Ils ont emprunté un couloir menant discrètement dans la cour des locaux de la Caisse.


Quelques minutes plus tard, Radio AVANSMAN, une station communautaire, annonce sur ses ondes l’évènement : La Caisse Fraternité a été attaquée par des bandits. Toute la population est debout. Les Raphaëlois, au lieu de rester chez eux, décident d’occuper les rues. Des jeunes organisent une opération qui consistait à encercler le local du Centre en vue d’observer la situation et si possible, de forcer le groupe armé à se rendre. Les trois agents de police qui étaient sur place, on décidé d’encadrer la population. Ils ont demandé renfort.

Paniqué, les hommes armés ont pris la fuite. Ils étaient au nombre de 8 à 12 personnes - toujours selon les témoignages. Ils ont essayé de se retirer par Morne TI DJAB (Nord-Ouest de Saint-Raphaël) pour se rendre à Nan DEZIR (1ère section Bois Neuf). Cette route mène à Twou Beuf – Nan Briyan et permet de regagner la Lomas, une section communale de Saint-Michel de l’Attalaye, limitrophe à Marmelade.

Malheureusement pour eux, ils étaient poursuivis par des gens de la population raphaëloise. En grippant Morne TI DJAB, Prade Jean-Vernet alias Ti Pèd a eu des difficultés. Problème cardiaque et pression artérielle obligent, il ne peut pas continuer la route. Car, Morne Ti DJAB présente une pente élevée. Il décide de s’arrêter et demande aux autres de continuer sans lui. Adrien Michel, ne voulant pas l’abandonner seul, il décide de rester à ses cotés. Ti Pèd est un Haut Responsable du PPN (Parti Populaire National), un homme respecté de tous les militants de gauche, un responsable du Journal Haïti-Progrès et pourquoi pas, un journaliste.

Dans les environs, les deux hommes qui se sont séparés des autres pour raison de santé, demandent à boire : Un peu d’eau s’il te plait. Il nous faut de l’eau. Mon ami a des difficultés respiratoires. Nous sommes des policiers en civil. Nous agissons au secours de la population. On nous dit que des hommes armés vous ont attaqués.

On leur donne de l’eau. Ils ont été accueillis.

Entre-temps, on ne sait pas par quelle circonstance, deux paysans ont été blessés par balles - une balle à la hanche pour le premier et une balle au pied pour le second - dont un certain Sonson. Les deux hommes en fuite semblent les avoir tiré dessus avant d’arriver au point de repos, vu que les victimes les ont indexés.

Mais TI PED et ADRIEN ignoraient qu’ils étaient poursuivis jusque dans les mornes par des jeunes Saint-Raphaëlois. De plus, avant de se séparer des autres membres de la bande, ils avaient tiré en l’air pour décourager ceux qui s’entêtaient à les chasser. Une rafale qui a permis aux policiers d’identifier leur armement et de dire à ceux qui voulaient continuer la chasse : ils ont des armes de gros calibres, nous n’avons pas les moyens matériels d’engager un affrontement.

Comme on le sait, les jeunes sont têtus. Ils ont continué leur chasse jusqu’à découvrir le refuge des deux hommes. Ils ont ainsi annoncé aux paysans leurs actes contre la coopérative et contre les paysans blessés. Ensemble, ils ont décidé de les maîtriser, ce qui fut fait.

D’après les témoins, une fois aux mains de la population, les deux hommes ont déclaré avoir l’habitude de venir à Saint-Raphaël dans le but d’organiser des réunions politiques. À la question qu’est ce que vous êtes venus faire aujourd’hui avec des armes de guerre contre la Caisse Fraternité : Ti Pèd décida ne pas répondre. Il s’est dit préférer la mort au lieu de déclarer quoi que ce soit. Il fut lynché.

Adrien lui s’est montré plus coopérant. Il a révélé être originaire de Limbé. Avec Ti Pèd et les autres, il est venu dans la zone pour des objectifs révolutionnaires. Ils ont voyagé par le transport public ; ils sont dans la zone depuis mercredi soir ; les armes dont ils disposent, ont été acheminées par Ti Pèd, le Commandant de l’opération.

Une fois les autres bandits du groupe sont informés de l’arrestation des deux hommes suivie de la mort de Ti Pèd, pour se venger, ils ont exécuté PENAN SIFRA un membre de l’Administration de la Section Communale Bois Neuf. SIFRA fut enterré le samedi 28 Juin 2008 au cimetière de la localité BIAROU.

Adrien, le compagnon de Ti Pèd, a été remis à la police et à la MINUSTAH. Blessé au niveau postérieur de la tête, sa vie n’était pas en danger. Son Etat était stable. Il commençait à faire des déclarations intéressantes pour une enquête approfondie. Il était admis en garde à vue au Commissariat de la ville du Cap-Haïtien le vendredi 27, tard dans la soirée. Le samedi après-midi, il a eu un malaise. Transporté d’urgence à l’Hôpital Justinien, il est décédé à 17 heures 42.

Le juge Elan Hans Rénel de Saint-Raphaël, qui avait auditionné Adrien dans le cadre d’un constat judiciaire nous dit :

Il a identifié le cadavre de son compagnon. Le nom du défunt est Prade Jean-Vernet alias Pèd, originaire de Limbé. Il s’appelle Adrien Michel. Ti Pèd et lui sont originaires de Limbé.

Il a continué en ces termes:

Nous sommes six (6) personnes. Nous avons des bases dans quatre (4 sections) de la Commune de Saint-Raphaël. Nous avons l’habitude de nous réunir au Cap-Haïtien. A Saint-Raphaël notre contact est Evy Désir. Nous sommes tous membres du PPN (Parti Populaire National). Ti Pèd est le commandant des opérations. Nous sommes en mission pour le Parti. Nous sommes venus par le transport public. Nous sommes dans la zone depuis jeudi soir. Les armes ont été acheminées par Ti Pèd, notre Chef. Nous sommes armés de trois fusils semi-automatiques M14, un fusil M1, un fusil 12, un 03 par 06.

Toujours, selon le Juge Elan, la MINUSTAH et la police ont trouvé d’autres noms sur les armes. Dans le procès-verbal de constat, la police a saisi deux fusils Semi-automatique M14, quarante cartouches pour fusil M1. Un petit chargeur de 6 cartouches numérotés 223.

Pour finir, Adrien confirme que les autres sont dans les mornes. Il n’est pas au courant de leur sort.

Le juge Elan qui avait constaté les faits nous raconte que le corps de la personne connue sous le nom de Ti Pèd, qui a trouvé la mort dans les mornes, a été transporté dans la ville de Saint-Raphaël. Il ne voulait pas prendre le risque de s’aventurer dans une zone gardée par des bandits. En ville, il a constaté un cadavre, sans chemise, identifié sous le nom de Ti Pèd. Le cadavre portait un pantalon avec sous-vêtement multicolore. A ses pieds deux chaussettes bleues avec talons déchirés par l’usure. Le cadavre avait une grosse blessure entre le postérieur de la tête et le cou. On m’a raconté, je ne l’ai pas vu de mes yeux, qu’une paire de bottes et les clefs d’une voiture ont été transportées au Commissariat de la ville. J’ai vu, entre les mains d’un paysan, des morceaux d’étoffe couleur verte olive, comme l’habillement des marines de 1994 ou des soldats chiliens. On rapporte que ces morceaux de tissu avaient été utilisés comme cagoule. Des noms de personnes complices été cités. Je ne peux pas vous les rapporter.

On verra !

Un Haut Responsable de la MINUSTAH n’arrive pas à comprendre la mort d’Adrien. Il la qualifie de bizarre, dans des circonstances indéterminées.

A-t-il été empoisonné à la garde à vue ? Peut-on parler de suicide ? Pourquoi aurait-il décidé de se suicider après avoir coopéré avec la police ? A-t-il honte de lui ? A t-il reçu l’ordre de mettre fin à sa vie ? Avait-il en sa possession du poison ? La MINUSTAH l’avait pourtant transporté au Cap-Haïtien pour le maintenir en vie. Il était précieux pour une enquête.

Récemment, nous avions dénoncé l’attitude des policiers à fournir des portables aux bandits pourqu’ils puissent communiquer avec leurs amis et/ou complices. De plus, la Police est truffée d’anciens militants de Ben Dupuy et du Parti Lavalas d’Aristide qui ne cachent leur militance.

Qu’Adrien soit mort mystérieusement ne nous étonne pas. Car dans un texte publié sur les élections municipales de 2006, nous avions rapporté une remarque du Commissaire Municipal d’alors, Patrick Guillaume : les plaques métalliques de tous les gilets para balles du Commissariat du Cap-Haïtien ont été enlevées et portées manquantes.

Dans le texte : « Sans la MINUSTAH, avec la guérilla administrative Lavalas, Jacques-Edouard Alexis prépare l'après Préval » publié en date du 9 décembre 2007, nous avons dit :

Des plaques d’aciers ont été enlevées des gilets de protection de policiers au sein du commissariat du Cap-Haïtien ; le lundi 13 novembre 2006, alors que des gangs Lavalas sous les ordres de Nawoon Marcellus exerçaient leur violence dans la ville dans le but de faire échec à la visite du président René Préval à l’occasion de la fête de la bataille de Vertières.

La liquidation de Adrien au sein de la Garde à vue du Commissariat du Cap-Haïtien est dans l’ordre logique des évènements possibles.


Parmi les camarades militants de Ti Pèd, c’est la consternation. Ils sont certains que leur homme n’est pas un voleur : C’était un vrai militant. C’est dur de le voir partir dans ces conditions. Le pire, il est listé parmi les voleurs de grands chemins, les zenglendos qui attaquent le peuple. Les anciens camarades de Ti Pèd, donc des anciens militants de Ben Dupuy, le Leader du PPN, accusent ce dernier : Ti Pèd est victime des folies de Ben. S’il y a eu cambriolage, c’est à des fins politiques. Ben Dupuy a depuis longtemps une théorie de la ‘‘violence révolutionnaire’’ qui admet des actes criminels comme moyen de financer la révolution. Une action comme l’attaque de la Banque Royal du Canada sous le régime de François Duvalier par les militants communistes clandestins n’est pas à écarter- si c’est nécessaire.


Le Kidnapping aussi ? (Si c’est nécessaire)

Pour d’autres, PPN (Parti Populaire National) a assez de support international pour financer ses actions. Pour preuve lors de la dernière assemblée générale du Parti au Cap-Haïtien, plusieurs étrangers étaient remarqués, dont des représentants du Parti Communiste Cubain. L’ancien député Lavalas Nawoon Marcellus, autoproclamé candidat au Sénat du Parti Fanmi Lavalas pour le département du Nord, avait pris part à l’assemblée au nom de l’alliance PPN/FANMI LAVALAS contre les MACOUTO-BOURGEOIS1.

De toute façon, selon le Directeur de la Caisse Populaire de Saint-Raphaël, les bandits ont emporté 67,000 gourdes. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est un bon début.


Malheureusement, ils ont fait un mauvais ciblage. Attaquer une caisse populaire est un mauvais calcul. Le pire, depuis 3 semaines la Commune de Saint-Raphaël est secouée par une vague de vols, de viols…..de banditisme. Une situation qui excitait la population. S’agissait –il d’un entraînement avant de s’aventurer dans les grande ville ? Si le PPN a de grands moyens, s’agissait-il de tester la détermination du groupe ? Ben Dupuy a-t-il pour des raison ‘‘stratégique’’ gelé les fonds disponibles, demandant aux militants de trouver les moyens de leur lutte prochaine sur le terrain ?

Nous signalons que depuis 2005, il y a un mouvement armé dans le Nord. Il porte le nom de l’ADLN (Armée Dessalinienne pour la Libération Nationale). Ce mouvement est lié au PPN, un mouvement d’extrême gauche. Il serait à la base de plusieurs attaques dont une attaque contre le Commissariat de Limbé, une attaque contre une patrouille de le bataillon Chilien de la MINUSTAH à Marmelade, l’incendie du Bureau Electoral de Borgne, l’attaque contre le Commissariat de Gros-Morne. Leurs unités ont un volume de feu impressionnant et une force de frappe extraordinaire. Ils ont une technicité remarquable.

Avec des amis, nous nous sommes posé des questions sur l’organisation des kidnappeurs dans le Nord. Eclaireurs (antennes), personnes capables de vous pressurer psychologiquement, lieux de détentions (milieu rural, chez les mambos), un réseau opérant au niveau national avec des gens venant de toute part, une grande capacité d’infiltrer la Police…

Nous publions au bas de ce texte, nos articles en 2005, sur ce mouvement armé.

Il y a là une piste à explorer dans l’enquête sur le kidnapping et pour le renforcement de la sécurité dans le Nord. Les preuves de l’existence d’un mouvement armé allant de Borgne à Saint-Raphaël sont établies. A quelques kilomètres de Labadie, la station balnéaire du Cap-Haïtien fréquentée par des milliers de touristes américains chaque semaine, le gouvernement et ses partenaires ont intérêt à traiter sérieusement la question.

Une opinion au sein de la MINUSTAH estime que ces signes de mouvements armés sont causés par la crise politique que connaît le pays. L’impossibilité de remplacer le premier Ministre démissionnaire Jacques Edouard Alexis ronge le prestige du Chef de l’Etat. De plus en plus, il est impopulaire. Associer tout cela à la cherté de la vie, les groupes extrémistes vont se faire l’idée d’une, possible, prise de pouvoir par les armes.


Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
2 Juillet 2008.


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1- Expression utilisée par Ben Dupuy dans son Hebdomadaire Haïti-Progrès.

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Sur la violence au Borgne et l'ADLN (Armée Dessalinienne pour la Libération Nationale).

Profil d'une nouvelle résolution de l'ONU sur Haïti.

Par Cyrus Sibert, Radio Maxima, Cap-Haïtien, Haïti

opinionmaxima@yahoo.com

Le mardi 7 juin 2005, nous avions publié le texte ci dessous sur une situation de panique au Cap-Haïtien. Des employés de Radio Maxima, faisaient face à des agressions quand nous avons écrit le Texte « Panique au Cap-Haïtien »

Heureusement, la Police avait réagi a temps, mettant un terme au plan des hordes lavalassiennes qui cherchaient a attaqué les paisibles citoyens de la ville du Cap.

Il faut dire que pour la MINUSTHA, les soldats de l’ONU travaillent de 9 heures à 19 heures. Rarement peut on remarquer un véhicule blindé, revenant d’une localité avoisinante traverser la ville du Cap-Haïtien. Les patrouilles de nuit que les militaires haïtiens avaient l’habitude d’effectuer ont disparu. De 20 heures à 9 heures (soit durant toute la nuit) la ville du Cap-Haïtien est livrée aux bandits. Les policiers restent au centre ville.

Le week-end dernier dans la nuit du vendredi au samedi, des bandits ont cambriolé le Bureau de la DGI positionné à environ 7 mètres du Commissariat du Cap-Haïtien. Le local de la Promobank du Cap-Haïtien à moins de 20 mètres a aussi été cambriolé. Une succursale de la Sogebank placée à environ 500 mètres d’une base des soldats chiliens a essuyé des tirs.

Des chefs de gangs lavalas ont été remarqués dans la ville. Richard Estimable impliqué dans l’incendie de Radio Vision 2000 et dans la tentative d’assassinat sur la personne du Journaliste Pierre Elie SEM, au Cap-Haïtien, en 2004, est de retour dit-on. Il organise des réunions dans la ville. Apparemment, il a repris du service.

A Milot la population ne comprend pas les visites régulières de la MINUSTHA à Moise Jean Charles. Pourquoi la MINUSTHA fréquente-t-elle ceux qui, publiquement, chaque soir, sur Radio Etincelle 88.9 F.M., appellent au boycott des élections ; ceux qui appellent à la violence pour le retour d’Aristide en promettant le feu et le sang à leurs adversaires ? Des témoins en déduisent que ces agents de la MINUSTHA comptent sur Moise Jean-Charles, ancien Maire lavalas, accusé dans le meurtre de Guy Salvant et d’un autre jeune à Milot, pour le maintien du leadership lavalassien dans le nord.

Au Borgne, la MINUSTHA tarde à lancer une opération de désarmement des partisans de Marc Lamour, un chef de gang réputé. La semaine dernière le local destiné au bureau d’inscription électorale a été attaqué, puis incendié. Les policiers placés dans la commune ont du s’enfuir. Dans le Nord on considère Borgne comme une base arrière du mouvement armé lavalas. Stratégiquement, les bandits lavalas croient que la ville du Borgne représente pour eux ce que Pernal représentait pour les militaires démobilisés lors de l’offensive qui devait aboutir au renversement du régime dictatorial Aristide/lavalas. Dans les milieux autorisés, on soutient que le mouvement armé du Borgne, qui se donne ironiquement pour nom ‘‘Armée Dessalinienne pour la Libération nationale’’ est entraîné et soutenu par des instructeurs cubains et colombiens. Alors que la MINUSTHA réagit avec diligence contre la Militaires démobilisés, jusqu’à présent, les groupes armés lavalas du Nord d’Haïti bénéficient d’une impunité absolue. Plus d’un pense que ces groupes armés dans le nord et leur chef ont le support de plusieurs employés étrangers de la MINUSTHA. Les soldats de la force de stabilisation s’acharnent à désarmer les officiels, les représentants du gouvernement en place et les hommes d’affaires qui légalement ont un permis de port d’arme, laissant intact l’arsenal des gangs lavalas. Ce que nous interprétons comme la recherche d’un déséquilibre au profit des fanatiques d’Aristide.

Il est clair que des révolutionnaires sans révolution, des anciens militants marxistes travaillant au sein de la Mission de stabilisation prennent encore Aristide pour un leader progressiste et en conséquence protègent les bourreaux lavalas qu’ils tentent du même coup de faire passer pour des victimes.

Ces agents de la MINUSTHA préparent des rapports allant dans le sens des intérêts du régime déchu. L’antiaméricanisme de ces gauchistes les empêche d’appliquer la résolution des Nations unies sur Haïti. Les scandales du programme ‘‘pétrole contre nourriture’’ en Irak sont des preuves de la perversité des cadres de l’ONU appelés à appliquer ses résolutions. Ils profitent de leur position pour poursuivre toute sorte d’objectif. Une enquête sur la ‘‘garde ou milice électorale’’ mise en place par l’ONU en Haïti démontrera le nombre de fanatiques lavalas, qui ne croient pas aux élections de l’année 2005, qui y sont recrutés pour sécuriser le processus électoral.

Il faut insister sur le rétablissement des Forces Armées d’Haïti et le renforcement de la police.

La technique sud américaine de prise de pouvoir est : l’infiltration des forces de sécurité ; la dictature des rues (manifestations violentes), en lieu et place de dictature du prolétariat ; libres actions subversives (des leaders destabilisateurs agissent en toute impunité contre l’ordre public) ; et finalement, le chef de sécurité refuse de sévir contre les fauteurs de trouble en vue de rétablir l’ordre, arguant comme le Général brésilien Eleno ne pas vouloir tirer sur des innocents. Une bonne observation nous montrerait que tous les présidents sud-américains ont été renversés de cette façon. C’est ce que le leadership nostalgique gauchiste sud-américain est en train de planifier en Haïti. La MINUSTHA laisse les bandits s’organiser, les renforce sous prétexte de respect des libertés politiques et de dialogue, les protège avec des pseudo groupes des droits humains en refusant de mettre à jour les crimes et actions terroristes commis par ces derniers, sous couvert de revendications politiques.

Les ‘‘révolutionnaires-sans-révolution’’ tel est le problème de la MINUSTHA. Ils n’ont pas de bon sens. Ils qualifient de pauvres des criminels qui achètent des armes et des munitions à des prix exorbitants , des terroristes qui enferment des petits détaillants dans un marché en fer pour ensuite les brûler vifs.

La nouvelle résolution des Nations Unies doit avoir comme point : la reconstitution d’une armée nationale, le renforcement de la Police Nationale d’Haïti ainsi qu’une réforme judiciaire en profondeur.

Cyrus Sibert
08 juin 2005


Panique au Cap-Haïtien!

La ville est terrorisée par des militants et journalistes lavalas.

Cap-Haïtien, le 7 juin 2005:

Sur Radio Etincelle, à l'Emission ''Cherché konnen'' le journaliste Alex Albert Obas, n'a pas été au rendez-vous ce mardi 7 juin 2005. La raison annoncée par la station est: Alex Albert Obas est allé à Port-au-prince pour couvrir le retour de Jean-Bertrand Aristide. Un correspondant de la station a appelé de Boston pour confirmer la Nouvelle. ''Jean-Bertrand Aristide est en route. Il doit atterrir à Port-au-prince ce soir''.

Conséquences, environ une centaine d'enfants de rue guidés par des militants lavalas mal-intentionnés ont gagné les rues de la ville du Cap-Haïtien vers 20 heures 30 criant ''Vive Aristide! Préparez-vous pour le déchoukage''. Des citoyens qui fuyaient en sont sortis victimes.

La police étant prise par surprise. Les bandits ont eu le temps de terroriser la ville. Aussi ont-Ils été à Radio Maxima cherchant à agresser les journalistes et employés de la station.

Tel est le comportement de ceux que des fonctionnaires de la MINUSTHA dans le nord d'Haïti prennent pour des victimes, les militants et journalistes lavalas persécutés.

Cyrus Sibert
Radio Maxima

Une semaine après le désarmement des militaires du Nord d’Haïti, la peur s’installe.

Par Cyrus Sibert, Radio Maxima, Cap-Haïtien, Haïti

opinionmaxima@yahoo.com

Le désarmement des militaires du Nord risque paradoxalement d’attiser une nouvelle course aux armements.

Charlot est un homme d’affaire capois, propriétaire de ‘‘Charlot Bar Restaurant’’ sis à la Rue 0-L. Depuis une semaine sa vie est un enfer. Le dimanche 13 mars 2005, après la cérémonie de remise d'armes des militaires du Nord, des chimères lavalas ont tenté d’incendier son entreprise. On lui reproche d’avoir nourri les militaires de la ville du Cap-Haïtien. Ce jeudi 17 mars 2005 son restaurant a finalement été pillé.

Il n’y a aucun doute, c’est l’œuvre des partisans d’Aristide. Sur les ondes de Radio Étincelle 88.9 FM, ils lançaient des menaces et promettaient de châtier tous ceux qui ont supporté d’une façon ou d’une autre les militaires démobilisés.

Les interventions de la Police ne les dissuadent pas. Au Cap-Haïtien, quand les chimères sèment la terreur, la PNH se garde de procéder à des arrestations. Au mois de février le Commissaire du gouvernement avait relâché sous pression de la rue l’un des leurs accusé de coup et blessure sur la personne d’un jeune de la Rue 24 D. C’est comme s’il n’y avait pas d’infractions. En cas de désordre, les policiers arrivent dans la zone et font semblant ne rien voir. Les bandits n’ont qu’à attendre leur départ pour récidiver et intensifier leurs actes de violence.

Le porte-parole des militaires chiliens de la MINUSTHA, au mois de janvier, qualifiait de frustrations les actes criminels des partisans d’Aristide : ‘‘Les gens expriment leurs frustrations’’.

Cette façon d’exprimer ses frustrations coûte cher. Les habitants de la ville en sont les victimes. Cette semaine, Charlot a connu l’enfer. Il ne sait pas qu’est ce qui lui arrivera le 29 mars 2005. Les lavalassiens promettent déjà le feu et le sang au Cap-Haïtien pour commémorer l’adoption de la Constitution en vigueur par le peuple haïtien. Des militaires âgés de plus de 45 ans qui sont restés au Cap-Haïtien se sont mis à couvert. Faute de protection, ces derniers mènent une vie clandestine depuis la démobilisation volontaire de leur base.

Du sacrifice des militaires du Nord, le gouvernement de Gérard Latortue se contente d’en tirer les avantages politiques. Aucune mesure n’est prise pour renforcer l’appareil judiciaire, équiper la Police du Cap-Haïtien et renvoyer les policiers corrompus. Centralisation oblige, les réformes au sein de la PNH n’ont été opérées qu’à Port-au-prince. Les policiers-fanatiques qu’on avait l’habitude de voir en compagnie des gangs d’Aristide sont encore là. Quand ils sont dénoncés, on transfère quelques-uns d’entre eux dans le Nord-est, le long de la frontière haitiano-dominicaine. Cela vous donne une idée de l’insouciance du gouvernement de transition : un policier corrompu ou aristidien transféré le long de la frontière.

En début de semaine le fils d’un entrepreneur a été kidnappé par quatre (4) hommes se réclamant de la PNH. En moins d’un mois le Cap-Haïtien a connu environ trois (3) cas de kidnapping. Les victimes refusent de porter plainte. La PNH/Nord semble ne pas leur inspirer confiance.

Ce vendredi 18 mars 2005, alors que Gérard Latortue se félicitait à Cayenne du désarmement effectué au Cap-Haïtien, le commissaire du Gouvernement Lavalas Phell Casimir est encore en poste. Le Restaurant de Charlot vient d’être pillé par les bandits lavalas contre lesquels le propriétaire avait porté plainte. En janvier 2004, avant le départ de Jean-Bertrand Aristide, ces bandits avaient incendié ‘‘Charlot Bar Restaurant’’. Charlot et sa femme ont failli périr par le feu ce jour là. Dans ce climat de violence lavalassienne, les téléspectateurs du nord regardent le Premier Ministre haïtien complimenter les leaders du Parti Fanmy Lavalas présents chez l’ambassadeur du Canada en Haïti, lors de la réception offerte à l’honneur du Ministre canadien des affaires étrangères. Yvon Feuillé en profite pour demander la fin des persécutions contre les partisans d’Aristide.

La décision des militaires du Nord est en train d’être perçue comme une erreur monumentale. Certes, elle avait reçu l’appui de beaucoup de personnes, membres de la société civile capoise. Elle visait à éviter un affrontement meurtrier avec les forces gouvernementales et à renforcer la PNH. Cependant, le gouvernement Alexandre-Latortue ne fait pas preuve de diligence pour la sécurité des citoyens haïtiens. Il ne s’est pas donné la peine de planifier le départ des militaires. Malgré les conseils et les informations qui le mettaient en garde d’une déstabilisation de l’équilibre des forces qui règne dans le Nord depuis la prise de la ville du Cap-Haïtien, les obsédés anti-FAD’H ignoraient le rôle et la fonction des militaires démobilisés donc ils n’ont pas pris les mesures de sécurité utiles pour faire face aux éventuels dérapages.

Une grande ville comme Cap-Haïtien devrait avoir des unités spécialisées comme BRI (Brigade de Recherches et d’Interventions) ou SWAT-Tean pour travailler sur les groupes armés. Des gangs armés il y en a dans le Nord. Cette zone représente la base arrière de l’opération Bagdad donc une zone de ravitaillement. Borgne, Plaisance et Milot sont des communes du Nord où des mouvements insurrectionnels ont été remarqués. Aussi, la population de ces zones signale-t-elle la présence de fugitifs du pénitencier national.

A la cérémonie de remise d’armes des militaires du Nord, le porte-parole de la MINUSTHA dans la région nous a exprimé ses réserves sur la quantité de fusils présentée par les soldats des FAD’H. Notre réponse – et c’est un conseil aux dirigeants - était claire: pour un désarmement complet il faut agir au niveau de l’utilité des armes à feu. Dans un pays où posséder une arme est synonyme de sûreté et de survie, on perd son temps à appeler au désarmement. Il serait préférable dans un premier temps de récupérer les armes automatiques et les fusils d’assaut en offrant de les échanger contre des fusils 12 ou des revolvers calibre 38 enregistrés. Avec cette stratégie on réduirait le nombre des outils de déstabilisation en circulation tout en ayant des données précises sur les armes à feu autorisées. Les armes non automatiques étant facilement récupérables en cas de banditisme la tâche de la Police ne sera pas difficile. Aussi, les fusils de calibre 12 ne peuvent-ils pas être dissimulés. Et quand il y aura en Haïti un climat de sécurité et de paix, y incluant la fin des persécutions politiques, le citoyen ne verrait aucun problème à vendre son arme à l’État vu qu’elle devient inutile. Actuellement, à cause de la situation de méfiance qui sévit dans le pays, les armes cachées seront remises ou vendues aux hommes en qui on a confiance : c’est-à-dire aux militaires devenus policiers ou à l’armée.

Dans le climat actuel d’insécurité et d’insouciance gouvernementale, celui qui remet son arme est aux yeux du public un imbécile. Surtout avec cette équipe gouvernementale qui se contente de collecter des évènements favorables pour aller quémander l’aide internationale au lieu de travailler pour la paix, la sécurité et la relance des investissements. Logiquement le citoyen préfère courir le risque de se faire arrêter pour détention d’arme illégale au lieu de s’exposer sans défense à l’insécurité au risque de se faire tuer. Les officiers de police au niveau des commissariats répondent très souvent par le négatif quand des citoyens en détresse les appellent au secours. Ils n’ont jamais les moins logistiques pour intervenir : pas de voiture, pas de munitions, pas d’armes, pas de pneus, pas de carburant, etc. Ils ont toujours une excuse pour ne pas porter secours aux familles en danger.

D’ailleurs, à la tombée de la nuit les sous-commissariats de Barrière Bouteille et de Pont-Neuf sont fermés. Les Policiers qui y sont affectés ont peur. Ils n’ont pas les moyens, disent-ils, de faire face à d’éventuelles attaques. A partir de 11 heures du soir les soldats chiliens de la MINUSTHA ne sont plus remarqués. De 12 heures à 6 heures du matin la ville du Cap-Haïtien est livrée à elle-même. Les policiers du Commissariat Central ne sortent pas. Les quelques patrouilles qu’on organise restent au Centre ville, du côté de ‘‘Lakay Restaurant’’. Les militaires démobilisés qui patrouillaient la nuit ne sont plus là. Alors, pourquoi le gouvernement qui prétend œuvrer pour la sécurité ne renforce pas les sous-commissariats ? Pourquoi le CSPN (Conseil Supérieur de la Police Nationale d’Haïti) n’institue pas une police routière et frontalière avec des points de contrôle forts, capables de troubler la circulation des bandits ? De Cap-Haïtien à Cabaret, il n’y a aucun contrôle. Comment peut t-on relancer l’économie d’Haïti quand les risques qui pèsent sur la circulation des vies et des biens (marchandises) tendent à augmenter ? La problématique de l’insécurité est mal posée par ce gouvernement.

Le Premier Ministre Gérard Latortue croit qu’un job est le seul mobile des bandits de Bel-Air, de Cité Soleil, de La Saline et du Cap-Haïtien. Oubliant que les chefs de gangs lavalas qui prennent les quartiers populaires en otage circulent dans des voitures de luxes ; ignorant le fait que ces derniers avaient leur entrée et sortie au Palais National, finançaient plusieurs maîtresses, vendaient et consommaient de la cocaïne ; le gouvernement provisoire n’avance que des mesures simplistes. Comment pourra t-on convaincre ces bandits de déposer leurs armes pour aller travailler dans des routes et toucher environ 1,500 dollars alors qu’ils dépensaient sur Aristide des centaines de milliers de dollars par mois ? La lutte contre l’insécurité passe par des mesures pratiques, réalistes et solides.

Encore une fois, le Nord se sacrifie pour la paix et la stabilité. Toutefois, les habitants du nord n’accepteront pas de revivre les actes barbares de janvier 2004. Au gouvernement Alexandre-Latortue de se montrer responsable et d’éviter une nouvelle course aux armements.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien
18 mars 2005


BOGOTA (Reuters) - La Colombie annonce la libération par l'armée de la sénatrice franco-colombienne Ingrid Betancourt et de trois otages américains...


Le ministre de la Défense Juan Manuel Santos a déclaré que tous les anciens otages étaient en relativement bonne santé. Onze militaires ou policiers ont également été libérés.

"Aucune réaction pour le moment. On ne dit rien on ne confirme pas", a déclaré à Reuters un conseiller du président Nicolas Sarkozy.

lundi 30 juin 2008

Cap-Haïtien : Nette amélioration du climat de sécurité. Des policiers plaident en faveur de l’Inspecteur Camille.



Par Cyrus Sibert

reseaucitadelle@yahoo.fr
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La sécurité s’est renforcée dans la cité Capoise. Environ un mois après la vague de kidnapping qui a provoqué peur et stress au niveau de familles, la vie nocturne est relancée. Le nombre des personnes dans les rues est en nette augmentation. Très tard dans la nuit, les jeunes s’amusent comme d’habitude. Il est possible de se rendre dans les différentes communes avoisinantes après le coucher du soleil.


Les multiples interpellations, les arrestations de criminels connus ou suspects restaurent - un peu - la confiance. Pour preuve, les fêtes patronales de Trou du Nord, de Limbé et de Terrier-Rouge respectivement les 24, 29 et 30 Juin sont une réussite. Le Quartier Sainte- Philomène vient de réussir la première édition de son festival culturel. Toute la nuit les jeunes ont dansé sous les yeux d’une patrouille policière. La PNH a passé son test. Des milliers de Pèlerins avaient fait le déplacement : la visite des Hauts Responsables de la PNH dans le Nord n’est pas sans effets positifs.


Des policiers ont été convoqués à Port-au-prince. Ils sont placés en isolement par l’Inspection Générale - la police des policiers. Ils ont été dénoncés par le kidnappeur Jean Reynald Hilaire alias Jean-Jean Cassé-Roche, dès son arrestation. Ces policiers répondent aux prénoms de Guillaume, Danley et Camille. Guillaume s’étant réfugié aux Etats-Unis, deux policiers sont actuellement à la capitale dans le cadre de l’enquête sur le kidnapping.


Si pour le premier les accusations sont de plus en plus sérieuses, pour le deuxième, il y a des pistes intéressantes. Quant au troisième un flou. Ce qui s’explique par le fait que Guillaume, le principal corrompu contre qui un mandat d’amener est décerné, aurait l’habitude de vanter ses contacts avec les responsables du service d’Investigation du Commissariat de la ville du Cap-Haïtien : Ne vous en faites pas, nous maîtrisons Camille, il n’y aura pas de problème. De ces allégations, les bandits déduisent que l’Inspecteur Camille, Chef du Service d’Investigation du Commissariat du Cap-Haïtien est dans le coup.


Les témoignages en faveur de Camille sont nombreux. Les policiers jurent sur son honnêteté et surtout sur sa prudence : Camille est tellement prudent qu’on n’arrive pas à comprendre son implication dans le kidnapping. D’ailleurs, il n’a pas grandes choses. Il mène une vie modeste. Il serait victime de son comportement trop prudent à ne pas s’immiscer dans les dossiers contrôlés par les hommes de la SDPJ. D’où la quiétude d’esprit de Guillaume pour donner des garanties aux bandits qui logiquement en déduisent l’implication de Camille dans le kidnapping.


On se pose des questions sur le mode d’organisation de la PNH. Comment un policier responsable du Service Départemental de la Police Judiciaire (SDPJ) peut-il facilement neutraliser les services d’investigation des commissariats municipaux ? Alors que classiquement, plusieurs enquêtes parallèles et cloisonnées sur un même dossier aident à éclaircir les points d’ombre et à avoir une meilleure analyse de la situation, pourquoi le Haut Commandement de la PNH n’avait-il pas réclamé les rapports d’enquête des Commissariats ? Y a-t-il disfonctionnement au niveau du système, erreurs, faute de suivi, pour ne pas dire implication d’officiers de haut rang dans les kidnappings orchestrés dans le Nord ?


Nous savons que souvent, il y a cette tendance à rançonner les gens du Nord. Au temps d’Aristide, des hommes du Palais National organisaient de fausses opérations anti-drogue avec comme objectif : extorquer de l’argent des mains des commerçants du Nord. Les gens ont été arrêtés, puis libérés contre de fortes sommes d’argent, alors qu’ils continuent de voyager tranquillement au Etats-Unis sans aucun problème avec la police antidrogue américaine DEA.


Les policiers du Commissariat municipal de Cap-Haïtien espèrent que l’enquête aille jusqu’au bout pour mettre un terme aux rumeurs leur qualifiant tous de corrompus impliqués dans le kidnapping. Ils ne souhaitent pas de transfert, car pour ceux qui sont originaires du Nord, tout transfert équivaudrait à une affirmation, une condamnation. Le policier et toute sa famille subiraient la vindicte populaire suivie de sanction sociale. Policiers, ils s’attendent à des transferts, mais pas dans ces circonstances.


Pour le moment le juge Heidi Fortuné fait son travail. Un mandat d’amener a été lancé contre Guillaume Dieuveuil. Tous les indices sont convergés contre lui. D’autres mandats seront décernés. Le kidnappeur Jean-Reynald Hilaire alias Jean-Jean Cassé-Roche a été jugé le mercredi 25 juin 2008 pour son implication dans un autre kidnapping. Il est condamné à perpétuité.


Aux autorités pénitentiaires de bien garder ces criminels, à la Direction Générale de la PNH de tenir ses promesses, pour que le calme régnant soit pérenne.


Cap-Haïtien, Haïti
30 Juin 2008.
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samedi 28 juin 2008

Analyse hébdomadaire du Doyen Gérard Etienne


LA REVOLUTION (TRANQUILLE) HAITIENNE (186)
RENE PREVAL OU LE CLOWN PRIS DANS SON PRPRE PIEGE. (Version finale)

(Semaine du 2 juillet 08)

Dr Gérard Etienne.

Ce que nous, les analystes de l’extérieur avaient prévu s’est produit exactement de la même façon que nous avions anticipé les évènements. Les parlementaires de la chambre basse viennent de rejeter par une majorité confortable le premier ministre désigné par René Préval. Ce geste honorable relève non seulement le prestige des représentants du peuple, mais vient de porter un coup fatal contre le terrorisme qui a failli s’installer pour toujours au Palais national. Car nous avons bien affirmé qu’avec un élément comme Robert Manuel, flanqué de ses lieutenants qui ont connu la prison pour activités criminelles, le peuple entier aurait été exposé à des bandes de terroristes qui auraient employé tous les moyens pour les empêcher de manifester contre la faim qui leur ronge les entrailles, d’une part. D’autre part les parlementaires ont signé l’acte le plus noble auquel on aura assisté ces dix-huit dernières années. Au fond en rejetant la désignation de Robert Manuel, ils ont ainsi rabroué toute une équipe de bourgeois véreux qui s’apprêtaient à dicter au Monarque les mesures à prendre afin de leur garantir le monopole des produits de consommation, quitte à augmenter le prix pour les rendre inaccessibles aux masses. Sans parler de la tribu même de ce premier ministre. Autant celle d’Alexis contrôlait la machine gouvernementale et une bonne partie du parlement, autant l’équipe de Manuel se voyait déjà investie du pouvoir absolu, celui de poursuivre de plus bel le terrorisme à travers le territoire et d’amasser des fortunes colossales pour se payer villas et citadelles en dehors du pays.

Ceci étant disons-le crûment : Préval et Alexis souffrent d’une démangeaison en pensant même à l’institution parlementaire. Toute leur stratégie, camouflée ou non consistait è renvoyer des élus du peuple dans leurs circonscription loin d’une capitale où ils pourraient s’adresser au peuple par la voie des médias. D’ailleurs on l’a constaté dès l’instant où le Monarque a fait savoir qu’il a désigné Robert Manuel comme PM. On a assisté à toute une levée de boucliers relativement à la participation active de ce monsieur aux opérations Bagdad 1 (plus d’un millier de morts) et au meurtre du colonel Jean Lamy. Or Préval était bien au courant de la feuille de route de Robert Manuel. Il savait pertinemment que ce monsieur n’était pas un saint, qu’il n’allait pas prendre la tête du gouvernement comme un démocrate convaincu des droits de la personne. Et pourtant il voulait l’imposer comme le Roi devant lequel même les plus grandes forces de la terre doivent se courber, il était convaincu de la vassalisation des. Députés.

A nos compatriotes qui nourrissent encore l’idée que René Préval représente un personnage prêt à respecter le jeu démocratique, disons que le frère jumeau d’Aristide est lui aussi un malade dont la FORCE réside dans le pouvoir absolu. Auquel cas il n’a jamais voulu FESPECTER LE REGIME PARLEMENTAIRE (nous soulignons) Il n’a jamais voulu selon la constitution un pouvoir qui serait presqu’au même niveau de l’exécutif dans la mesure où les mécanismes de l’État relèvent de ses mesures et de ses lois. Qu’on se souvienne de ses coups de massue en 1998. Pourtant il n’a pas organisé d’élections législatives en 1999. Et le même scénario va se répéter en 2009 et encore de façon plus tragique car ce monsieur a une peur bleue des élections indirectes qui risquent de lui flanquer au visage des citoyens qui n’appartiennent pas au club de Bourdon. Voir des seconds Sénateur qui ignorent les magouilles de ceux qui ont refusé de voir clair dans le jeu sinistre du Président proclamé et de ses domestiques. Dns la même optique, grisé par le pouvoir totalitaire, grisé par le pouvoir absolu, Préval s’en fout éperdument et d’un PM indépendant et d’un pouvoir législatif indépendant. L’obsession maladive de l’homme, c’est d’avoir à ses pieds les représentants du peuple qu’il fera tourner en bourrique quand il voudra faire adopter des lois ou des mesures favorisant la vente de la cocaïne ou d’autres combines qui mettent en péril la production nationale des biens et services. Somme toute dans cette conjoncture, vu la mise hors jeu de Préval, on peut se demander quels rôles peuvent encore jouer Erick Pierre ou Alexis en vue de dénouer l’impasse.Ces rôles doivent être relativisés même si nous savons que là où il se trouve l’ancien PM continue à manœuvrer et de main de maître. Préval pensait qu’en le destituant, il allait se débarrasser d’un éventuel candidat à la présidence. Qu’à cela ne tienne! Autant Alexis peut se vanter d’avoir à sa disposition des parlementaires loyaux autant il a sur le terrain des groupes d’hommes prêts à tout pourvu que LUI, chef puisse parvenir au haut de la pyramide. Et la question brûlante peut se poser : qui peut provoquer le départ de Préval?

Disons d’emblée que pas un chef d’État n’est en mesure de maîtriser LES CONTRADICTIONS (nous soulignons) dans lesquelles il se trouve. Ces contradictions sont de tous ordres. Sur le plan intérieur, elles sont significatives en ce sens qu’elles sont groupées sous la dénomination des partis de masses ou, dans certains cas d’organisations populaires. D’obédience aristidienne, ces groupes animés par les discours incendiaires de Sôr Anne et de Gérard Jean Juste croient dur comme fer au retour de JB Aristide. Aussi ne reculeront-ils pas devant aucun acte terroriste, comme ils l’avaient si bien fait de janvier 1991 à septembre 1991, actes terroristes que même l’impérialisme américain avait cautionnés en retournant le prophète encadré de 23000 yankees bien armés. Nul doute que ce groupe d’Aristide est bien représenté dans la fonction publique et prête bien ses services aux fauteurs de troubles. Mais il y a encore d’autres groupes qui font la pluie et le beau temps sur la terre de Dessalines. On connaît bien leur leader : Gabriel Valdès. Cet homme n’est pas étranger à l’installation des médecins cubains sur le terrain et qui ont organisé les élections présidentielles selon l’ordre reçu de la Havane. C’est eux qui ont proclamé les résultats présidentiels. Il faut noter que les votes ont été sabotés dans les circonscriptions et que les relations entre Alexis et Aristide ont favorisé le processus. Où sommes-nous et où allons-nous?

Où allons-nous.

D’abord une mise en garde aux parlementaires. A la suite de l’acte héroïque qu’ils viennent de poser, c’est-à-dire affronter la fureur criminelle d’un terroriste déguisé en homme d’État, ils doivent prendre toutes leurs précautions pour ne pas se faire déchirer par des tigres à la solde des hommes de pouvoir. Ils gagneraient plutôt à se retirer dans leurs circonscriptions où ils auront la certitude d’avoir devant leurs portes des patriotes pour les protéger. Ensuite le jeu paraît très complexe. Autant nous avions prévu avec objectivité l’échec de Préval, et à plus forte raison, celui de son poulain Bob Manuel, car il y tenait comme la prunelle de ses yeux, autant le départ de Préval est pour nous une équation à plusieurs inconnues. Au pays, il n’y a pas UNE FORCE D’OPPOSITION en mesure d’affronter le mouvement lavalasse, mais DES FORCES d’opposition si, elles ne sont pas aristidiennes, sont terroristes sous la baguette magique des Manuels et Cie. Nous prévoyons même un affrontement sanglant entre ces groupes même si objectivement leurs intérêts ne sont pas opposés. Sauf qu’à l’extérieur le problème devient encore plus compliqué. En effet devant un tel désordre Washington aurait longtemps montré son bâton. D’autant plus que les Yankees ont déjà réalisé une bonne partie de leur agenda qui consiste à DIABOLISER (nous soulignons) le Chef. Mais l’oncle Sam se trouve devant l’alternative suivante : Ou, en voulant régler seul, la situation chaotique d’Haïti, il s’aliène l’Amérique du Sud en froissant la subtilité des sud-américains à un moment où la classe dirigeante du Bréail veut devenir le pôle de l’Amérique du Sud face à un Hugo Chavez dont l’ultime ambition est d’avoir le leadership du continent pour la possession de la grande Colombie. Ou encore : quelle sera la politique, dans la crise actuelle, des diplomaties étrangères accréditées à Port-au-Prince? Est-ce possible qu’ils se laisseront berner par la désinformation lavalassienne qui jettera tout le blâme sur des parlementaires qu’il jugera indignes d’occuper un poste aussi prestigieux. Seul le déroulement des événements d’ici les prochains jours fourniront pas mal d’éléments de réponse,

Dr Gérard Etienne

JUSTICE À LA VÉRITÉ


L’année judiciaire qui se termine augure un avenir sombre pour la magistrature qui se trouve à un virage déterminant de son histoire. Sans des interventions urgentes et courageuses, tous les efforts déjà réalisés seront vains et sans lendemain. La sécurité juridique et judiciaire est la pierre angulaire de l’Etat de droit et d’une économie porteuse de perspective réelle de croissance. Elle fait cruellement défaut en Haïti. Pour l’instaurer, il incombe au gouvernement d’appliquer au plus vite, sans complaisance ni tracasserie, les lois de réforme dont l’un des objectifs est d’assurer aux magistrats des conditions de vie et de travail qui garantissent leur liberté de conscience et l’exercice de leur mission en toute indépendance.

Les préalables à l’amélioration durable d’une bonne distribution de la justice sont loin d’être entièrement remplis. En fait, les fondations ont juste été posées, sur un terrain non encore défriché. L’application des prérogatives et l’installation des structures issues des lois de réforme ne sont pas encore effectives. Six mois sont déjà écoulés depuis leur ratification par le Parlement et leur publication au journal officiel de la République par le Chef de l’Etat. Tout ceci démontre éloquemment que la justice n’est pas une priorité pour les grands décideurs de la nation. Mais, fort heureusement, nous n’allons pas céder au découragement. Les risques et les sacrifices que nous avons consentis se sont révélés bénéfiques. Ils permettent que nous puissions aujourd’hui, plus qu’hier, envisager l’avenir avec assurance, et en nous-même, avoir à nouveau confiance.

Il est temps que la réforme judiciaire cesse d’être un projet pour devenir une réalité. Il est temps que cesse l’ironie du sort qui veut qu’aujourd’hui dans ce pays le criminel, parce que riche ou politiquement bien connecté, attende un verdict favorable que la victime, car démunie, peu connue ou sans possibilité de trafic d’influence. Il est temps que les Doyens et les Commissaires du gouvernement, tentés par l’appât du gain facile, cessent de libérer les narcotrafiquants contre qui les indices de culpabilité sont concluants et les charges plus qu’accablantes. Il est temps que les citoyens soient rassurés que devant le juge, seuls comptent les faits et le droit, et nullement la couleur politique ou la condition sociale. Il est temps que les décisions de justice redeviennent justes. Il est temps que la Direction Générale de la Police Nationale et la Secrétairerie d’Etat à la Sécurité Publique cessent de jeter l’anathème sur la justice pendant que bon nombre de policiers, principalement les responsables d’investigation, sont intimement liés à des poches d’enlèvement ou les dirigent directement en toute quiétude. La police a pour mission de protéger et servir la population et non de s’associer aux kidnappeurs, aux malfaiteurs, aux bandits qui sèment la terreur et le deuil dans les familles haïtiennes.

En dénonçant ces faits, nous faisons justice à la vérité. C’est facile de critiquer les juges quand les dossiers sont délibérément trafiqués ou que les enquêtes policières, d’avance, sont bâclées ou faussées. Nous ne nous faisons pas l’avocat du diable, sachant ce dont il est capable, et sur ce, la ligne de démarcation mérite d’être rapidement tracée. Comme dans tous les corps, on trouve dans la Magistrature haïtienne, de la bonne graine et de la mauvaise ivraie. Il n’est donc pas acceptable que cette dernière ternisse l’image de toute une corporation. En aucune façon, l’impunité, l’immoralité et la corruption ne doivent être tolérées. Ceux-là qui utilisent la justice à des fins mercantiles doivent être sévèrement sanctionnés, et à ce sujet, nous sommes pour la révision de la loi pénale, afin de la rendre plus dissuasive, notamment, par un relèvement des peines quand le justiciable est un préposé de l’Etat. Sans repères moraux clairs, le progrès n’est pas possible.

C’est le moment pour nous de blâmer également l’Exécutif et le Législatif. Le premier, pour ne pas instaurer la paix sociale, et particulièrement, solutionner le problème de la cherté de la vie. Le second, par son improductivité législative, a démontré qu’en Haïti le régime parlementaire n’a aucune valeur. Ces soi-disant élus du peuple n’ont fourni au pays aucun instrument juridique nécessaire à une gouvernance compatible avec les aspirations de leurs mandants. De nombreuses réformes sont cependant nécessaires concernant notre arsenal juridique et le fonctionnement des institutions étatiques dépourvues de lois organiques.

Le jour viendra où l’indépendance de la justice, voulue par le constituant et que nous appelons de tous nos vœux, sera une réalité. Nous savons qu’il y a des sceptiques et des défaitistes qui soutiennent que dans ce pays le changement n’est pas possible. Ils se trompent grandement ! Certains avaient douté qu’il existait un juge honnête en Haïti. Aujourd’hui, l’histoire s’est chargée de démontrer qu’ils avaient tort. Et nous allons continuer de les démontrer qu’ils se trompent encore. La justice n’a ni couleur politique ni appartenance sociale. Elle n’est ni de gauche ni de droite, ni du pouvoir ni de l’opposition. Le combat, pour arriver à sa crédibilité, ne saurait donc s’accommoder de camps ou de clans. Avec l’engagement de chaque magistrat honnête et avec l’aide du Seigneur, lentement mais sûrement, la réalité rattrapera le rêve.


Heidi FORTUNÉ
Magistrat, Juge d’Instruction
Cap-Haïtien, Haïti
Ce 27 juin 2008

vendredi 27 juin 2008

Cap-Haïtien : La police défère le pédophile Américain au Parquet.


Par Cyrus Sibert

Le lundi 16 juin 2008, il est 9hres30 du matin, le téléphone sonne. L’inspecteur Joseph Jean-Myrtil, No.2 de la Brigade de protection des mineurs (BPM) vient d’arriver. Il nous annonce sa présence dans la ville du Cap-Haïtien. De l’aéroport étant, il téléphone pour nous annoncer l’évènement : La BPM, encadrée de la MINUSTAH vient au Cap-Haïtien pour faire le dépôt de son rapport d’enquête sur la pédophilie au centre Pierre Toussaint pour les enfants de rues de Cap-Haïtien. L’enquête policière est convaincante. La BPM souhaite introduire le dossier par devant la justice en le déférant au Parquet : la BPM a assez d’éléments pour demander une enquête judiciaire sur les pratiques de Douglas Perlitz. Ce dernier est indexé par les enfants démunis pour les avoir abusé sexuellement.


Bonne nouvelle ! Car enfin, nous pouvons briser le silence négocié avec la BPM sur le dossier. Car en janvier 2008, lors de sa première visite au Cap-Haïtien, les policiers enquêteurs nous avaient demandé de ne rien écrire pour ne pas influencer l’enquête. Naturellement, nous avions coopéré. De plus, nous avions fourni les renseignements de base.

Bonne nouvelle ! Le prestige de notre investigation sur le Projet Pierre Toussaint est renforcé. Les informations publiées à partir de notre premier texte "Cap-Haiten, le Pédophile et son Centre d'Acceuil pour ''Enfants de rue'' .1, publié le 19 Aout2007, deviennent plus authentique.


Comme annoncé, un dossier de 12 pages a été remis ce 16 juin 2008 au Parquet du Tribunal civil du Cap-Haïtien. Le commissaire Chavanne Etienne a reçu le document des mains du No. 2 de la BPM et de Gilles Savard un policier Canadien spécialisé dans la protection des mineurs, membres de la UNPOL, la police des Nations Unies en Haïti.


Le parquet du Tribunal civil de Cap-Haïtien devra juger de l’opportunité de la poursuite. Normalement, le dossier doit être transféré au bureau du Doyen Alix Fucien qui formellement demandera au juge d’instruction pour enfants de mener une enquête judiciaire. L’enquête de la BPM étant préliminaire.


C’est sûr que le Commissaire Chavanne Etienne, en sa qualité de membre du parquet protecteur des enfants, le pire, des enfants vulnérables de rue, transfèrera le dossier au cabinet d’instruction.


D’après les déclarations du policier Canadien Gilles Savard, la BPM (Brigade de la Protection des Mineurs de la Police Nationale d’Haïti) a fait un travail professionnel. Les jeunes policiers haïtiens ont fait preuve d’intelligence et de professionnalisme dans le traitement des dossiers. Lors des déplacements à travers le pays – la MINUSTAH offre le service transport à la BPM – on n’a pas eu l’impression de transporter des vacanciers. Les policiers travaillent très tard dans la nuit. Ils arrivent à visiter tout le monde et bien faire leur interview dans un temps record et, si nécessaire, à retourner dans la zone pour approfondir leur enquête.


Le No. 2 de la BPM, l’inspecteur de police Joseph Jean Myrthil nous présente quelques points forts de son enquête :


Nous avons voyagé trois fois dans le Nord : Janvier, Mars et Juin 2008. Nous avons mis environ 5 mois pour questionner toutes les personnes concernées : les enfants victimes, les employés, des Sœurs catholiques qui connaissaient Douglas et l’avaient supporté à son arrivée au pays au début des années 90. Nous avons été à Milot pour interroger une jeune victime. Nous avons rencontré ses parents. Ils nous ont fourni beaucoup de renseignements. Nous avons réussi à mettre les enfants en confiance, à les faire sortir de leur peur. Ils m’appellent chaque jour, surtout la nuit. Nous étions au courant de tout. Et, le pire, même durant l’enquête Douglas continuait à abuser des enfants sexuellement. Nous avons aujourd’hui une infrastructure humaine capable de nous renseigner de tous ses faits et gestes. Nous avons réalisé des interviews avec des enfants isolés des autres, parce qu’ils sont actuellement en prison. Tous ont dénoncé les abus de Douglas Perlitz.


Enfin, l’Inspecteur Myrthil et le Canadien Savard regrettent l’inefficacité de l’IBERS (Institut Bien-être Social) qui normalement devrait suivre le fonctionnement des centres d’accueil pour enfants dans le Nord. Ils souhaitent que les citoyens se montrent vigilants à ce niveau pour que le dossier puisse poursuivre sa route. Car les pressions sont énormes. Douglas utilise beaucoup de moyens en ce sens. Il a en sa faveur notre tendance à banaliser les violences faites sur les enfants.


Selon nos informations, Douglas Perlitz ne fait plus partie de la Fondation Pierre Toussaint donc il ne dirige plus le projet en Haïti. Aujourd’hui, il n’est plus perçu en Haïti, car le conseil d’Administration du Projet (le board) décide de l’écarter du projet. Beaucoup de personnes qui l’ont soutenu aveuglement ont été expulsées de la Fondation qui se trouve aux Etats-Unis. C’est le cas de Father Paul, un ancien prêtre jésuite. Bryan, le Président a donné sa démission pour cause de maladie. Il ne peut pas supporter les pressions qui entourent ce dossier. Il n’arrive pas à sécher ses larmes. Au niveau local, le projet est administré provisoirement par Robenson, un cadre haïtien qui assistait Douglas.


Ce dernier n’entend pas abandonner le combat. Il continue de crier au complot. Il a engagé un cabinet d’avocats aux Etats-Unis pour exiger dédommagements de la Fondation Pierre Toussaint. Il exerce beaucoup de pression, appelle chaque jour certains enfants du Centre.


Son homme de main connu sous le nom de Jha Castel, employé fidèle et sans scrupule, est placé aux Iles Bahamas. Douglas lui a préparé un abri sur au cas où… Libéré de certaines préoccupations, cet homme fait le va et vient entre Cap-Haïtien et les Bahamas. Il est au service de son ami fidèle, le Pédophile.


Comme un feint manipulateur, Douglas organise une pression psychologique continue sur les enfants. Il leur fait des promesses accompagnées de menaces : le projet sera fermé ; Je compte revenir avec un autre projet ; j’en ai les contacts. Douglas cherche à soulever les enfants contre l’administration intérimaire. Il est sur tous les fronts.


Sur l’avenir du Projet Pierre Toussaint, nous saluons le niveau moral de la BPM qui a respecté les clauses négociées jusqu’au bout. Lors de la première visite des enquêteurs de la DCPJ (Direction de la Police Judiciaire) /BPM au Cap-Haïtien, au mois de janvier 2008, nous avions conditionné notre coopération en ces termes : vu que Douglas utilise la fermeture du projet pour faire pression sur les enfants, étant donné que les enfants de rue ont beaucoup de difficultés et que le projet représente pour eux un moyen de survie et une chance de réussite, considérant que nous leur avions promis de défendre l’existence du projet, nous devons respecter notre parole.


La BPM nous avait donné la garantie absolue que le projet sera protégé ; qu’il n’y aura pas de descente des lieux brutale ; qu’elle consultera les instances concernées pour une prise en charge du projet. S’il le faut, elle contactera la Fondation aux Etats-Unis pour leur demander de planifier une transition avant toute chose, si c’est nécessaire.


Ainsi, au mois de mai de l’année en cours, nous avions reçu la visite d’une commission d’enquête privée déléguée par le Conseil d’Administration de la Fondation américaine responsable du Projet Pierre Toussaint. Elle était composée de deux membres, une représentante de CRS (Catholique Relief Service) et d’un enquêteur d’une compagnie de sécurité. Il s’agissait d’aider le ‘‘Board’’ à avoir une autre version des faits, à rassurer les enfants de la continuité du projet.


Les enfants se sont sentis libérer. Ils en ont profité pour témoigner des mauvais traitements subis de la part ce Douglas qui les exploitait sexuellement.


Nous n’avons pas un rapport de l’enquête de la Commission, mais nos renseignements nous disent que les conclusions sont les mêmes. Pour preuve, la Fondation américaine responsable du Projet Pierre Toussaint est aujourd’hui au coté des enfants, donc, face à Douglas Perlitz et c’est à ce niveau que le citoyen haïtien de l’intérieur comme de la diaspora doit agir.


Notre engagement comme journaliste est fondé sur l’approche suivante : si rien ne marche en Haïti c’est la faute des citoyens. En six (6) ans nous avons fait l’expérience d’un journalisme engagé, citoyen et responsable. Sans ressources, nous avons mené des enquêtes, dénoncé plusieurs cas de violation des droits humains, de corruption et aujourd’hui nous travaillons sur le kidnapping au Cap-Haïtien.


Nos petites actions ont permis de démasquer la corruption au sein de la Direction Départementale Nord de l’Agriculture, les violences contre caroline Charles la femme d’un prisonnier qui a été agressée sexuellement par un agent de la prison du Cap-Haïtien, les agressions d’agents de l’Administration pénitentiaire en règlement de compte sur les habitants de Nan Bannan Lafossette, les harcèlements de hauts gradés de la PNH à l’encontre des femmes postulantes, l’emprisonnement injuste de trois (3) jeunes de Carénage dans l’enquête sur l’assassinant d’un policier français au Cap-Haïtien, sans oublier la défense de la population de Trou du Nord dans ses protestations sur la route Cap-Haïtien –Ouanaminthe, pour ne citer que ces cas.


Les enquêtes administratives menées ont toutes confirmé nos informations. Par exemples, dans le dossier Caroline Charles, un émail de Nahomie Jean Rilus, Accompagnatrice à Kay Fanm nous dit :


« Kay Fanm a le plaisir de vous informer que le dossier de Caroline Charles a été finalisé au niveau de l'inspection Générale à Port-au-Prince. Les conclusions de l'enquête au niveau de l'IGPNH ont reconnu coupables l’agent Stanley Jean Bart, ainsi que le nommé Wildolphe Philippe, le chez de poste. Ce dernier avait donné de fausses déclarations aux inspecteurs. Les deux ont donc été sanctionnés. Ils seront transférés tous deux dans un autre département. Le dossier doit être cependant cheminé au parquet du Cap pour les suites pénales. »


De plus, une source proche de la Direction Générale de la PNH nous révèle l’arrestation imminente d’un Haut Gradé pour harcèlement sexuel sur des femmes postulantes de la police. Notre article ‘‘Les rapports entre FEMMES POSTULANTES et HAUTS GRADÉS de la Police Nationale d’Haïti’’2 publié le 23 janvier 2007, a attiré l’attention des autorités policières sur certaines pratiques malsaines au sein de l’institution.


N’en déplaise à ceux qui n’aiment pas la PNH et/ou la MINUSTAH, ce sont les institutions les plus sensibles aux dénonciations de la presse. Il y a toujours un suivi quand nous dénonçons une mauvaise pratique au sein de la police ou de la MINUSTAH. Et nous appelons les citoyens à en profiter pour renforcer la PNH. Nous conseillons l’organisation de cellules, pour une INTELLIGENCE CITOYENNE en appui à la PNH. Car, la sécurité est, d’abord, une question citoyenne.


L’engagement citoyen, la recherche de la vérité et le souci d’informer peuvent forcer les autorités à agir et à faire preuve d’engagement pour le respect absolu des droits fondamentaux. Ce sont des armes et moyens redoutables capables de faire bouger les choses dans le sens du bien commun. Il suffit de rester accrocher aux principes et aux valeurs universellement reconnus ; il suffit d’être vigilant comme nos ancêtres. Et pour avoir observé de près les conséquences et les retombées de la manifestation pacifique de 17 novembre 2002 au Cap-Haïtien, nous y croyons.

Comme Pharaon exigeait le retour des juifs en captivité, Douglas cherche à maintenir nos enfants en esclavage sexuel. Comme les colons français avaient exigé indemnités pour les pertes encourues à cause du mouvement anti-esclavagiste, le Pédophile indexé par les enfants de rues dans trois (3) enquêtes exige réparations. Le Conseil d’Administration du projet Pierre Toussaint est aujourd’hui au coté des enfants. Il subit des pressions de toute sorte. Aux citoyens d’Haïti et de la diaspora de faire pression pour que justice soit faite aux enfants victimes du prédateur Douglas Perlitz.


La police Nationale d’Haïti (PNH), la MINUSTAH, le Conseil d’Administration du Projet Pierre Toussaint et votre serviteur Cyrus Sibert ont fait leur devoir. Le Ministère de la justice, l’Ambassade des Etats-Unis, l’IBERS, UNICEF et LE PROTECTEUR DU CITOYEN sont autant d’instances touchées par le dossier. Depuis le 16 juin 2008, la justice capoise est saisie de la question. Le rapport d’enquête policière est aux mains de Me Chavanne Etienne.

Citoyen, vigilance !

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
24 Juin 2008


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1. http://reseaucitadelle.blogspot.com/2008/06/cap-hatien-le-pdophile-et-son-centre.html
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Cap-Haitien kidnapping : Un mandat d’amener contre un policier.

De sources confidentielles, nous venons d’apprendre qu’un mandat d’amener a été décerné par le Juge Heidi Fortuné à l’encontre du policier Guillaume Dieuveuil, ancien responsable du service d’investigation dans le département du Nord, pour son implication présumée dans des actes d’enlèvement de personnes et d’association de malfaiteurs.

D’autres policiers seraient dans le collimateur du Magistrat Instructeur dont quelques-uns ont été rappelés à l’Inspection Générale à Port-au-Prince.

Nous suivons de près l’évolution de ce dossier.

Nous invitons le lecteur à revoir notre texte « Panique au Cap-Haitien : un kidnappeur accuse des policiers… », en cliquant sur :

http://reseaucitadelle.blogspot.com/2008/06/panique-au-cap-hatien-un-kidnappeur.html

Cyrus Sibert
Cap-Haitien, Haïti
27 Juin 2008

Les rapports entre FEMMES POSTULANTES et HAUTS GRADÉS de la Police Nationale d’Haïti.

Cyrus Sibert, Journaliste,
Cap-Haïtien, Haïti.
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Des sujets qui culturellement sont banalisés, nous interpellent. Comme disait notre professeur de technique d’expression française à la faculté de droit : quand tu dois écrire un papier tu le sens. Le sujet te tripote, comme un enfant qui doit sortir du ventre de sa mère.


Les cas de dépression observés chez des jeunes femmes qui postulent à la P.N .H. nous sensibilisent et nous portent à rendre publique, une pratique coutumière en Haïti, mais inacceptable dans un pays qui se veut démocratique.

Cette situation de violation des droits de la femme dont nous allons faire état, nous porte aussi à questionner l’utilité des institutions comme le Ministère de la femme et à la condition féminine et des organisations de femmes, comme FANM YO LA, qui se disent préoccuper par les cas de violations de droits de la femme.

En effet, elles sont nombreuses les femmes qui souhaitent intégrer la Police Nationale d’Haïti (P.N.H.). Comme tous les postulants de la P.N .H., elles sont motivées par le désir de servir leur pays et surtout de réussir leur vie et elles voient dans l’institution policière un moyen sûr de promotion sociale. D’autant plus, le récrutement est (supposé) fait sur une base méritoire : un casier judiciaire sein, une bonne condition physique et une capacité intellectuelle fixée par un programme d’admission.

Mais, attention ! Comme nous venons de l’observer lors des élections de l’année 2006, la barbarie est une seconde nature, les vieux démons antidémocratiques refont surface de temps en temps. On est souvent tenté par les vieilles habitudes – et qui sait si elles sont vieilles. Les beaux discours et les résolutions d’organisations de droits humains n’empêchent pas aux sexistes et machos haïtiens de voir dans la profession des armes un espace exclusivement réservé aux hommes.

D’après les témoignages de jeunes diplômés de l’académie de police, la Police Nationale d’Haïti, l’unique institution pour laquelle l’Etat haïtien ne reçoit pas de pressions du Fonds Monétaire International (F.M.I.) pour sa politique d’embauchement, est un milieu sauvage pour les postulants et aspirants de sexe féminin.

Tout d’abord, les jeunes femmes qui postulent et cheminent pour être admises à l’académie de police sont perçues comme des utopistes. On les conseille de trouver un support, une personne contact capable d’influencer positivement leur dossier. Aussi, doivent-elles prendre des mesures pour défendre leur dossier. Car, il peut être falsifié ou déplacé dans le but de mettre ces jeunes femmes, souvent corpulentes, en position de faiblesse et de les porter à accepter la prostitution comme moyen de devenir officier de police. Entre le dispensaire de la Police Nationale d’Haïti, le commissariat central de Port-au-prince « anti-gang » et l’académie, il existe un véritable marché sexuel.

Dans le langage courant sur la cour de l’académie et/ou du commissariat central « anti-gang » de Port-au-prince, on peut entendre le vocable populaire : ‘‘sivil pa bay chèf pwent’’ en français « une policière ne saurait avoir qu’un policier comme partenaire sexuel ». Ce vocable, pour dire aux postulants de sexe féminin de se conformer, de négocier leur chair, en échange de protection sinon le rêve de devenir policier ne deviendra pas une réalité.

Il est courant et connu de tous qu’en Haïti, c’est difficile pour une jeune femme d’obtenir avec dignité un poste. Et cela, même quand cette dernière a les qualités et le niveau requis par l’employeur. La précarité, la misère et le chômage créent une dure réalité qui oblige les jeunes femmes à négocier : pour travailler, il faut coucher avec le patron.

La majorité des jeunes femmes sont l’objet d’harcèlement de la part des hauts dignitaires de la police. Elles sont obligées de se taire pour ne pas hypothéquer leur carrière au sein de l’institution. Aussi, des policiers de grades inférieurs en profitent-ils. Ils promettent toute sorte de faveur aux femmes sans défense qui ne connaissent pas les rouages de l’institution.

Même quand nos textes nuisent aux salariés de la MINUSTAH , nous sommes obligés de questionner, encore une fois, le rôle de la mission des Nations Unies dans cette situation. Les instructeurs étrangers affectés au recrutement et à la formation de jeunes officiers de police haïtiens sont-ils complices au point de ne pas dénoncer ces cas d’abus et réclamer une correction de la situation ?

Nous prenons l’habitude de responsabiliser la Mission de l’ONU en Haïti conformément aux résolutions qui habilitent ses membres à agir dans le pays afin que cette humiliation que nous connaissons aujourd’hui puisse servir, irréversiblement, au renforcement des institutions nationales et à l’Etat de droit et qu’elle soit la dernière de note histoire de peuple intrépide, victorieux à Vertières et à Savannah.

Dans le cadre de ce dossier, il est clairement stipulé dans la résolution 1702 du Conseil de Sécurité que la MINUSTAH et le gouvernement haïtien doivent s’occuper activement des problèmes liés au sexisme et s’attaquer à la violence contre les femmes et les enfants.

Et nous citons : « Réaffirmant combien il importe, dans les opérations de maintien de la paix et dans les activités de consolidation de la paix au lendemain des conflits, de disposer de compétences spécialisées sur les problèmes liés au sexisme, ainsi qu'il est dit dans la résolution 1325 (2000), rappelant qu'il faut s'attaquer à la violence contre les femmes et les enfants, et engageant la MINUSTAH ainsi que le gouvernement haïtien à s'occuper activement de ces questions, »

Point 15 : « Réaffirme le mandat de la MINUSTAH en matière de Droits de l'Homme, et exhorte les autorités haïtiennes à opérer une réforme d'ensemble touchant tous les aspects de l'Etat de droit et à promouvoir et sauvegarder les Droits de l'Homme et les libertés fondamentales ; »

En nationaux, nos questions vont spécialement sur l’utilité du Ministère de la Femme et de la Condition féminine, le rôle des organisations de femmes qui ne ratent aucune occasion pour scander sur la place publique la résolution de Beijing, Pékin (Chine)* et le travail des organisations de défense des droits humains.

On consomme des fonds, on voyage, on parle tout le temps à la radio et Haïti continue d’être une terre de souffrance et d’humiliation pour ses fils et ses filles. A quand des actions concrètes pour la résolution des problèmes aux noms desquels vous existez ? C’est triste de constater que dans notre pays, Haïti, en toute chose, il y a toujours un rapport de maître à esclave.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
23 janvier 2007.
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1995, PEKIN (CHINE) / 4E CONFERENCE MONDIALE SUR LES FEMMES
__La déclaration de Beijing [Pékin]

La déclaration en bref

La plate-forme d'action de Pékin est issue d'une conférence mondiale sur les femmes qui a eu lieu à Pékin, en septembre 1995, et dont la Déclaration et le Programme d'action ont invité la communauté internationale à s'engager pour la promotion de la femme et l'égalité des sexes. La déclaration, signée par 189 Etats, les exhorte à mettre en œuvre tous les moyens vers une réelle égalité homme/femme, une politique de développement et un engagement vers la paix.

La Déclaration et le Programme d'action de Beijing [Pékin] ont été adoptés par consensus le 15 septembre 1995. La Déclaration reflète l'engagement de la communauté internationale au service de la promotion de la femme et de la mise en œuvre du Programme d'action, en veillant à ce qu'une perspective "sexospécifique" soit appliquée à toutes les politiques et tous les programmes aux niveaux national, régional et international. Le Programme d'action définit des mesures à prendre à l'échelon national et international pour la promotion de la femme au cours des cinq années qui nous séparent de l'an 2000.

S'il est appliqué, le Programme d'action renforcera le pouvoir des femmes aux niveaux social, économique et politique, améliorera leur santé, facilitera leur accès à l'éducation et protégera leurs droits de reproduction. Le plan d'action définit des objectifs à atteindre à des dates spécifiques, engage les nations à appliquer des mesures concrètes dans des domaines tels que la santé, l'éducation, les prises de décisions et les réformes juridiques dans le but ultime d'éliminer toutes les formes de discrimination à l'encontre des femmes tant dans leur vie privée que dans la vie publique. La Conférence, qui a réuni près de 50'000 hommes et femmes, a axé ses travaux sur les problèmes interdépendants d'égalité, de développement et de paix, qu'elle a analysés sous un angle sexospécifique. Elle a mis l'accent sur les rapports cruciaux entre la promotion de la femme et les progrès de la société dans son ensemble. Elle a réaffirmé de façon claire que les problèmes de société doivent être abordés sous un angle sexospécifique de façon à assurer un développement durable.

Les problèmes soulevés dans le Programme d'action sont universels, tel est le message fondamental de la 4e Conférence mondiale sur les femmes. Des attitudes et pratiques profondément enracinées perpétuent l'inégalité et la discrimination à l'égard des femmes, tant dans la vie privée que publique, partout dans le monde. En conséquence, l'exécution du Programme d'action exige des changements de valeurs, d'attitudes, de pratiques et de priorités à tous les niveaux. La Conférence a signalé qu'elle s'engageait résolument en faveur de normes et critères internationaux pour l'égalité entre l'homme et la femme; que les mesures visant à protéger et promouvoir les droits fondamentaux de la femme et de la fillette, qui font partie intégrante des droits universels de la personne, doivent servir de base à toute action; et qu'il faut réorienter les institutions à tous les niveaux pour en accélérer la mise en œuvre. Les gouvernements et les Nations unies sont convenus de promouvoir l'"intégration" d'une perspective sexospécifique dans leurs politiques et leurs programmes. (Source : Nations unies).


LA DECLARATION DE PEKIN

1. Nous, gouvernements participant à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes,

2. Réunis à Beijing (Pékin) en septembre 1995, année du cinquantième anniversaire de la fondation de l'Organisation des Nations Unies,

3. Résolus à faire progresser les objectifs d'égalité, de développement et de paix pour toutes les femmes dans le monde entier, dans l'intérêt de l'humanité tout entière,

4. Prenant note de la voix de toutes les femmes dans le monde entier et tenant compte de la diversité des femmes, de leurs rôles et de leurs conditions de vie, rendant hommage aux femmes qui ont ouvert la voie, et inspirés par l'espérance incarnée dans les jeunes du monde entier,

5. Constatons que la condition de la femme s'est améliorée dans certains domaines importants au cours de la dernière décennie mais que les progrès ont été inégaux, que les inégalités entre hommes et femmes persistent et que d'importants obstacles subsistent, ce qui a de graves conséquences pour le bien-être de l'humanité tout entière,

6. Constatons également que cette situation est exacerbée par l'accroissement de la pauvreté qui affecte la vie de la plus grande partie de la population mondiale, en particulier des femmes et des enfants, et dont les origines sont d'ordre tant national qu'international,

7. Nous consacrons sans réserve à l'élimination de ces contraintes et obstacles afin de promouvoir encore le progrès et l'accroissement du pouvoir d'action des femmes dans le monde entier, et convenons que cela exige que des mesures soient prises d'urgence dans un esprit de détermination, d'espoir de coopération et de solidarité qui nous portera dans le siècle prochain.

Nous réaffirmons notre engagement de :

8. Réaliser l'égalité des droits et la dignité intrinsèque des hommes et des femmes et atteindre les autres objectifs et adhérer aux principes consacrés dans la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l'homme et les autres instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, en particulier la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et la Convention relative aux droits de l'enfant ainsi que la Déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes et la Déclaration sur le droit au développement;

9. Garantir la pleine réalisation des droits fondamentaux des femmes et des petites filles, en tant que partie inaliénable, intégrante et indivisible de tous les droits de la personne humaine et de toutes les libertés fondamentales;

10. Faire fond sur le consensus et les progrès réalisés lors des conférences et sommets précédents des Nations unies consacrés aux femmes (Nairobi, 1985), aux enfants (New York, 1990), à l'environnement et au développement (Rio de Janeiro, 1992), aux droits de l'homme (Vienne, 1993), à la population et au développement (Le Caire, 1994) et au développement social (Copenhague, 1995), en vue d'assurer l'égalité, le développement et la paix;

11. Appliquer pleinement et efficacement les Stratégies prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme;

12. Assurer le renforcement du pouvoir d'action des femmes et leur promotion, y compris le droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion et de conviction, contribuant ainsi à répondre aux besoins moraux, éthiques, spirituels et intellectuels des hommes et des femmes, et aux niveaux individuel et collectif, leur garantissant ainsi la possibilité de réaliser pleinement leur potentiel au sein de la société et de régler leur vie selon leurs aspirations.

Nous sommes convaincus que :

13. Le renforcement du pouvoir d'action des femmes et leur pleine participation sur un pied d'égalité à tous les domaines de la vie sociale, y compris aux prises de décisions et leur accès au pouvoir, sont des conditions essentielles à l'égalité, au développement et à la paix;

14. Les droits des femmes sont des droits fondamentaux de la personne;

15. L'égalité des droits, des chances et de l'accès aux ressources, le partage égal des responsabilités familiales et un partenariat harmonieux entre les femmes et les hommes sont essentiels à leur bien-être et à celui de leurs familles ainsi qu'à l'affermissement de la démocratie;

16. La participation des femmes au développement économique et social, l'égalité des chances et la pleine participation, sur un pied d'égalité, des femmes et des hommes, en tant qu'agents et bénéficiaires d'un développement durable au service de l'individu sont des conditions essentielles à l'élimination de la pauvreté au moyen d'une croissance économique soutenue, du développement social, de la protection de l'environnement et de la justice sociale;

17. La reconnaissance et la réaffirmation expresses du droit de toutes les femmes à la maîtrise de tous les aspects de leur santé, en particulier leur fécondité, sont un élément essentiel du renforcement de leur pouvoir d'action;

18. L'instauration de la paix, aux niveaux local, national, régional et mondial, est possible et elle est indissociable de la promotion des femmes, car celles-ci sont un moteur essentiel des initiatives, du règlement des conflits et de la promotion d'une paix durable à tous les niveaux;

19. Il est essentiel d'élaborer, de mettre en œuvre et de surveiller, à tous les niveaux, avec la pleine participation des femmes, des politiques et programmes, y compris des politiques et des programmes de développement, qui soient égalitaires, efficaces, efficients et synergiques et qui puissent favoriser le renforcement du pouvoir d'action des femmes et leurs promotion;

20. La participation et la contribution de tous les protagonistes de la société civile, en particulier les groupes et réseaux de femmes et les autres organisations non gouvernementales et organisations communautaires, dans le strict respect de leur autonomie, en coopération avec les gouvernements, revêtent une grande importance pour l'application et le suivi effectifs du Programme d'action;

21. La mise en œuvre du Programme d'action exige l'engagement des gouvernements et de la communauté internationale. En prenant des engagements, aux niveaux national et international, y compris lors de la Conférence, les gouvernements et la communauté internationale reconnaissent la nécessité d'agir immédiatement pour donner plus de pouvoir aux femmes et assurer leur promotion.

Nous sommes résolus à :

22. Redoubler d'efforts et multiplier les actions visant à atteindre d'ici la fin du siècle les objectifs des Stratégies prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme;


23. Veiller à ce que les femmes et les petites filles jouissent pleinement de tous les droits de la personne humaine et de toutes les libertés fondamentales, et prendre des mesures efficaces contre les violations de ces droits et libertés;

24. Prendre toutes les mesures voulues pour éliminer toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et des petites filles ainsi que les obstacles à l'égalité des sexes et à la promotion des femmes et du renforcement de leur pouvoir d'action;

25. Encourager les hommes à participer pleinement à toute action favorisant l'égalité;

26. Promouvoir l'indépendance économique des femmes, notamment par l'emploi, et éliminer le fardeau de plus en plus lourd que la pauvreté continue de faire peser sur les femmes, en s'attaquant aux causes structurelles de la pauvreté par des changements de structures économiques assurant à toutes les femmes, notamment aux rurales, l'égalité d'accès, en tant qu'agents essentiels du développement, aux ressources productives, aux possibilités de promotion et aux services publics;

27. Promouvoir un développement durable au service de l'individu, notamment une croissance économique soutenue, en développant l'éducation de base, l'éducation permanente, l'alphabétisation et la formation ainsi que les soins de santé primaires à l'intention des femmes et des petites filles;

28. Prendre des mesures concrètes en faveur de la paix pour la promotion de la femme et, tenant compte du rôle de premier plan des femmes dans le mouvement pacifiste, œuvrer activement à la réalisation d'un désarmement général et complet, sous un contrôle international rigoureux et efficace, et appuyer les négociations en vue de la conclusion immédiate d'un traité universel et effectivement vérifiable au plan multilatéral d'interdiction complète des essais nucléaires qui favorisera le désarmement nucléaire et la prévention de la prolifération des armes nucléaires sous tous ses aspects;

29. Prévenir et éliminer toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des filles;

30. Assurer l'égalité d'accès à l'éducation et aux soins de santé, ainsi qu'un traitement égal des femmes et des hommes, et améliorer la santé en matière de sexualité et de procréation ainsi que l'éducation des femmes;

31. Promouvoir et protéger tous les droits fondamentaux des femmes et des filles;

32. Redoubler d'efforts pour que toutes les femmes et les filles que de multiples obstacles, tenant à des facteurs tels que race, âge, langue, origine ethnique, culture, religion, incapacités ou appartenance à une population autochtone, privent de tout pouvoir et de toute possibilité de progrès puissent jouir à égalité de tous les droits de la personne humaine et de toutes les libertés fondamentales;

33. Faire respecter le droit international, notamment le droit humanitaire, afin de protéger les femmes et les petites filles en particulier;

34. Créer les conditions qui permettent aux petites filles et aux femmes de tous âges de réaliser tout leur potentiel, veiller à ce qu'elles participent pleinement et à égalité à l'édification d'un monde meilleur pour tous et leur confier un rôle accru dans le processus de développement.

Nous sommes résolus à :

35. Assurer l'accès des femmes, dans des conditions d'égalité, aux ressources économiques, notamment à la terre, au crédit, à la science et à la technique, à la formation professionnelle, à l'information, à la communication et aux marchés, en tant que moyen de favoriser la promotion des femmes et des filles et le renforcement de leur pouvoir d'action, y compris en leur donnant les moyens de tirer parti de ces ressources, notamment grâce à la coopération internationale;

36. Assurer le succès du Programme d'action, ce qui exigera une volonté résolue des gouvernements, des organisations internationales et des institutions à tous les niveaux. Nous sommes profondément convaincus que le développement économique, le développement social et la protection de l'environnement sont des éléments interdépendants et synergiques du développement durable, dans lequel s'inscrivent nos efforts visant à améliorer la qualité de vie pour tous. Un développement social équitable, qui permette aux pauvres, en particulier aux femmes vivant dans la pauvreté, d'utiliser de manière viable les ressources naturelles, est une assise nécessaire pour le développement durable. Nous reconnaissons également qu'une croissance économique large et soutenue, dans le contexte du développement durable, est nécessaire pour étayer le développement social et la justice sociale. La réussite du Programme d'action exigera également la mobilisation de ressources suffisantes, aux échelons national et international, ainsi que l'affectation aux pays en développement par tous les mécanismes de financement existants, tant multilatéraux que bilatéraux et privés, de ressources nouvelles et additionnelles pour la promotion de la femme; des financements pour renforcer la capacité des institutions nationales, sous-régionales, régionales et internationales; un engagement en faveur de l'égalité des droits, de l'égalité des responsabilités, de l'égalité des chances et de la participation égale des femmes et des hommes à tous les organismes et à tous les processus de prise de décisions nationaux, régionaux et internationaux; la création ou le renforcement, à tous les niveaux, de mécanismes de vigilance responsables devant toutes les femmes dans le monde entier;

37. Assurer également le succès du Programme d'action dans les pays en transition; à cet effet, la coopération et l'assistance internationales resteront nécessaires;

38
. En tant que gouvernements, nous adoptons le Programme d'action énoncé ci-après et nous nous engageons à le traduire dans les faits, en veillant à ce que le souci d'équité entre les sexes imprègne toutes nos politiques et tous nos programmes. Nous demandons instamment aux organismes des Nations unies, aux institutions financières régionales et internationales, aux autres institutions régionales et internationales compétentes et à tous les hommes et toutes les femmes, ainsi qu'aux organisations non gouvernementales, dans le strict respect de leur autonomie, et à tous les secteurs de la société civile, de souscrire résolument et sans restriction au Programme d'action et de participer à sa réalisation en coopération avec les gouvernements.