lundi 2 janvier 2017

A bon entendeur salut!!! — Biens mal acquis : l’incroyable fortune du fils du dictateur guinéen en procès à Paris.-


[Teodorin Obiang, vice-président de la Guinée équatoriale, est poursuivi pour blanchiment d’abus de biens sociaux, blanchiment de détournement de fonds publics, blanchiment d’abus de confiance et de corruption.]

Caroline MichelCaroline Michel
Publié le 02 janvier 2017

Pendant une décennie, le fils d’un chef d’Etat africain a pu mener la vie de château à Paris. Il vivait dans un palace de 101 pièces avenue Foch, où l’eau coulait par des robinets en or. Dévalisait les magasins de luxe de l’avenue Montaigne. Commandait les meilleurs Romanée-Conti. Et dissimulait dans son garage l’une des plus incroyables collections de voitures de luxe.

Cet homme s’appelle Teodorin Obiang, 47 ans. Il est l’aîné des enfants de l’actuel président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang, au pouvoir depuis 1979 (il a été réélu en avril avec 93,7% des voix). Cet homme est jugé à partir de ce lundi 2 janvier par le tribunal correctionnel de Paris pour "blanchiment de corruption, de détournement de fonds publics, d’abus de biens sociaux et d’abus de confiance". Absent (il réside aujourd'hui à Malabo en Guinée), le prévenu sera représenté par son avocat français, maître Emmanuel Marsigny.

Ce procès revêt une très haute importance symbolique. Il est le premier aboutissement des procédures concernant les "biens mal acquis", lancées il y a pile dix ans par les associations Sherpa et Transparency International. Peu de monde, alors, croyait en une quelconque chance de succès. En demandant à la justice française de se prononcer sur la légalité des biens acquis en France par des roitelets africains et leur famille, c’est toute la Françafrique qu’on a ébranlée, cette diplomatie du post-colonialisme préférant fermer les yeux sur les fortunes détournées dans l’unique objectif de conserver son influence en Afrique. William Bourdon, président de Sherpa et avocat de Transparency International, souligne :

"Il y avait un océan de scepticisme face à nous. L’activisme du parquet, sous la présidence Sarkozy, a permis de paralyser la procédure jusqu’en 2010. Alors, oui, l’ouverture de ce procès aujourd’hui est pour nous une satisfaction."

"Alcool, pute, coke"

La lecture de l’ordonnance de renvoi de Teodorin Obiang tient, pour partie, du scénario d’un mauvais film. On y découvre la vie creuse et désœuvrée d’un homme richissime. Quelques jours à Paris, quelques semaines à Malibu (Californie), parfois au Brésil, autant de pays où il possède de magnifiques propriétés (son patrimoine immobilier est estimé à 100 millions d’euros). Quand il pouvait encore sortir de son pays, Teodorin Obiang, aujourd’hui visé par un mandat d’arrêt, ne voyageait pas sans ses mallettes gonflées de plusieurs millions de dollars en liquide.

"Alcool, pute, coke" : voilà comment un ancien majordome a résumé la vie d’Obiang Junior. "L’argent dépensé, il retournait en Guinée-Equatoriale environ trois fois par an pour récupérer deux autres valises", a aussi raconté ce témoin.

Teodorin Obliang a longtemps été ministre de l’Agriculture et des Forêts de son pays, l’un des plus pauvres d’Afrique malgré ses immenses ressources naturelles. Un emploi qui lui rapportait un revenu de 80.000 dollars annuel. Mais la richesse mise au jour par les enquêteurs est sans commune mesure avec ces revenus officiels.

Oeuvres d'art, discothèque, hammam

Quand ils ont pénétré son domicile parisien, avenue Foch, les policiers sont tombés sur une inimaginable caverne d’Ali Baba. Cet hôtel particulier de plus 4.000 mètres carrés sur cinq étages tenait plutôt du château. Acquis pour 25 millions d’euros au milieu des années 2000, il avait ensuite été agrémenté, au fil des travaux réalisés par des architectes prestigieux (pour un montant de 11 millions d’euros), d’une discothèque, d’un bar, d’une salle de jeu, d’une salle de cinéma, d’un hammam et d’une salle de sport. Le bâtiment lui-même servait d’écrin à un triplex dont la seule chambre de maître mesurait 100 mètres carrés. L’écran géant de marque Panasonic avait été acheté 100.000 euros.

Le maître des lieux a en effet dépensé sans compter pour décorer richement son cocon parisien en œuvres d’art, orfèvrerie et meubles anciens. C’est ainsi qu’à l’occasion de la mise aux enchères historique de la collection d’art d’Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, Teodorin Obiang s’est arrogé des tableaux et sculptures pour 18,3 millions d’euros. En ouvrant les placards, les enquêteurs ont trouvé des porcelaines fines et des couverts d’or et d’argent, de chez Christofle.

Les penderies regorgeaient de tenues achetées chez les meilleurs tailleurs, Gucci, Dolce & Gabbana, Prada, Yves Saint Laurent, Louis Vuitton, Balenciaga, Armani, Burberry, Versace. Quand il était à Paris, Teodorin Obiang allait aussi faire des virées shopping place Vendôme. Il a dépensé des centaines de milliers d’euros en montres, bijoux et broches chez les plus grands joailliers : Cartier, Piaget et Chaumet, entre autres. Les enquêteurs étaient pourtant loin de pouvoir imaginer ce qu’ils allaient découvrir au garage. Teodorin Obiang conservait là une collection de 18 véhicules de très grand luxe dont la valeur a été estimée à 7,4 millions d’euros. Quatre Bentley, deux Rolls Phantom, deux Ferrari, trois Porsche, deux Bugatti, une Maserati.

Le plus incroyable est que Teodorin Obiang a continué ses emplettes somptueuses, comme si de rien n’était après le dépôt de plainte par Sherpa et Transparency International et le début de l’instruction. Preuve de sa croyance en son impunité absolue. Les policiers n’ont pas eu beaucoup de difficultés à retracer l’origine des fonds utilisées par l’homme qui va être jugé à Paris. Selon l’ordonnance de renvoi devant le tribunal, les dépenses relevaient pour partie de la corruption. En tant que ministre des Forêts, Teodorin Obiang récoltait pour son propre compte les taxes versées par les sociétés d’exploitation forestières. Elles étaient utilisées pour ses dépenses personnelles. L’autre partie de ces dépenses était couverte directement par le Trésor public guinéen.

Coups fourrés

Les six années d’instruction auront aussi été le théâtre de manœuvres diplomatiques et de coups fourrés juridiques en tout genre. Par deux fois, Teodorin Obiang a été relevé dans la hiérarchie du gouvernement. De ministre, il a d’abord été nommé vice deuxième vice-président (en 2012) puis vice-président (en 2016), en charge de la sécurité et de la défense. Les avocats désignés pour défendre le fils du dictateur ont multiplié les procédures pour démontrer qu'il était de ce fait couvert par une immunité. L’épisode le plus rocambolesque a sans doute été la pose, juste avant la perquisition au domicile de l’avenue Foch par les forces de police en 2011, de deux plaques à l’entrée prétendant que l’immeuble relevait de la représentation diplomatique. Auquel cas il aurait, lui aussi, été couvert par l’immunité. Mais le procédé n’a pas convaincu les juges.

En novembre 2015, nous avions recueilli les confidences de l’ambassadeur de Guinée en France, Miguel Mifumu. Il expliquait :

"Le vice-président est un très grand entrepreneur dans le secteur du bois et des forêts. C’est grâce à ses revenus qu’il a acheté des biens. Il aime beaucoup les voitures de sport. Mais l’immeuble de l’avenue Foch appartient à l’Etat guinéen, qui lui a racheté. Toute cette affaire a été montée de toutes pièces par des ennemis de notre pays. Nous irons jusqu’en Cour internationale de justice s’il le faut."

Mais cette procédure n’a pas abouti. Pas davantage que l’emploi de Jean-Pierre Mignard, ami du président François Hollande, comme "conseiller juridique" par l’Etat guinéen. En décembre 2015, la Cour de cassation a jugé l’instruction définitivement recevable.

Ce procès pourrait être suivi d’autres. Plusieurs instructions sont en cours, qui visent d’actuels ou d’anciens présidents africains ou leur famille : Denis Sassou Nguesso, toujours président du Congo, les descendants d’Omar Bongo au Gabon, François Bozizé, ex-président de Centrafrique, Rifaat al-Assad, oncle de l’actuel dirigeant de Syrie. La justice française a par ailleurs aidé à l’identification du patrimoine des familles Ben Ali (Tunisie) et Moubarak (Egypte) dont l’instruction devra être poursuivie dans leurs pays respectifs.

L’issue de ce procès, si Teodorin Obiang devait être condamné, posera cependant la question compliquée de la restitution des biens saisis.

"Il n’est pas question de renvoyer aux délinquants le produit de leurs crimes. Tant que les familles incriminées sont au pouvoir, on ne peut pas restituer les biens saisis", souligne William Bourdon, l’avocat de la partie civile, Transparency international.

"Il existe cependant plusieurs solutions. Leur mise sous séquestre par le Trésor français, en attendant un changement politique. Ou alors un versement à des ONG locales sous surveillance internationale, comme cela s’est déjà réalisé au Kazakhstan."

Le procès de Teodorin Obiang doit se tenir jusqu’au 12 janvier devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Caroline Michel, Journaliste.

Meilleurs voeux à tous les lecteurs de @ReseauCitadelle.-

Bonne Année 2017 et le combat continue pour le changement en #Haiti. SEMPER FIDELIS (Toujours fidèle).


mardi 27 décembre 2016

Problème avec le RNDDH : Pourquoi tant d’écart entre les rapports du RNDDH et les déclarations de ses représentants dans la presse?

Problème avec le RNDDH : Pourquoi tant d’écart entre les rapports du RNDDH et les déclarations de ses représentants dans la presse?
En 2004, un rapport du RNDDH avait accusé l’ancien ministre de l’intérieur Jocelerme Privert de massacre dans la commune de Saint-Marc, localité La Scierie. Pourtant, depuis le 14 avril 2016, ce même RNDDH apporte un appui inconditionnel à ce même Jocelerme Privert devenu Président provisoire de la République d’Haiti, sans expliquer à l’opinion publique les motifs de ce changement de position face à l’homme qu’il avait accusé de massacrer des innocents causant son emprisonnement pendant environ 2 ans. Aucune excuse publique.
Le 20 novembre 2016, suite à l’observation des élections, le RNDDH a publié un rapport avec la Coalition d’Observation Electorale (COE) qui regroupe CONHANE, CNO, RNDDH, CARDH et POHDH, avec pour titre: “ Elections du 20 novembre 2016 : Un scrutin acceptable — Des préoccupations; Des corrections à apporter” mais “Un scrutin acceptable”. Ce qui n’empêche pas dans la presse, les responsables de cette même organisation font des déclarations discordantes visant à dé-légitimer le scrutin.
Comment comprendre cette pratique du double langage l'organisation??? Le RNDDH peut-il servir deux (2) maitres à la fois en produisant des "rapports factuels pour ses bailleurs de fonds" et des "déclarations quasi-partisanes pour satisfaire la classe politique traditionnelle ou le pouvoir de facto en place"?
Nous vous invitons à lire le Rapport conjoint du RNDDH avec les autres membres de l’COE: http://rnddh.org/content/uploads/2016/12/1-Elections-Nov2016.pdf

samedi 24 décembre 2016

#Haiti : Message de fin d’année de @ReseauCitadelle — Lettre ouverte de @CyrusSibert au peuple haïtien.-

[Le destin du peuple haïtien - ce grand peuple qui a réussi l’unique révolution d’esclaves de toute l’histoire de l’humanité - ne saurait être de continuer à croupir dans la misère, la crasse, l’assistanat international et le mépris.]
Chers concitoyens,
L’année 2016 qui touche à sa fin marque la victoire du peuple haïtien sur l’anarcho-populisme. A travers les urnes, le peuple haïtien dans une majorité écrasante a prouvé sa maturité. Il va sans dire qu'il est devenu plus difficile aux démagogues de manipuler ces pilliers incontournables d'un lendemain meilleur pour la terre d'Haiti. Le peuple opte donc pour le changement, la paix, le progrès et la prospérité.
Durant les 25 dernières années qui viennent de s'écouler, ma génération a été la proie facile de démagogues qui par leurs agissements ont mis à sac les caisses de l'état et ont contribué à enfoncer notre pays dans la pauvreté, la misère et le désastre économique, tout en assurant à leur famille une retraite dorée en terre etrangère. La nature ne nous épargnant guère, les désastres naturels, dont le séisme du 12 janvier, ont aggravé la situation.
Ces gens qui, à partir de 1986, accusaient tout le monde de macoute, de “grand don”, de bourgeoisie "patrie-poche" sont devenus les nouveaux riches qui possèdent des terres et, pour s'assurer de certaines amitiés louches mais nécessaires, ont entrepris de grossières magouilles pour liquider les entreprises d’Etat en faveur de ceux-là même qu’ils critiquaient...Ils ne sont pas moins criminels que les Tonton Macoute...
Charlemagne-Péraltement, ces démagogues qui se présentaient comme des anti-américains, ont réclamé l’occupation du territoire national et la mise sous tutelle de notre Etat par l’ONU. Leurs familles résident à l’étranger, leurs enfants évoluent dans des écoles aux Etats-Unis d’Amérique, au Canada ou en Suisse. Alors que des marchés publics sont brûlés, hypothéquant les moyens de subsistance de milliers de familles et l'avenir scolaire de leurs enfants. Ces apatrides instrumentalisent l’Université d’Etat d’Haiti à des fins politiciennes et encouragent les jeunes étudiants venus des couches populaires à abandonner leurs études pour d’interminables manifestations de rue...
Il n’y a pas de moyen plus subtile, plus classique et plus efficace pour détruire un pays. Car, en 25 ans, ces politiciens démagogues ont découragé les entrepreneurs agricoles des villes de province qu’ils harcelaient avec leurs mouvements “anti-grand-Don”; la violence dans les centres urbains a poussé des industries à abandonner le pays et à s’installer en République Dominicaine. La paralysie du fonctionnement de l’Université d’Etat a favorisé le développement des Universités Dominicaines et le pullulement d’Universités privés dont un grand nombre ne répond pas aux normes de l’enseignement supérieur. Et ne soyez point surpris, ces mêmes démagogues ont des actions en République Dominicaine et ont aussi investi dans ce système éducatif privé, bancal en Haiti, dans le seul but de s'enrichir et d'exercer un certain contrôle sur les masses.
Les anarchopopulistes ont détruit les Forces Armées d’Haiti et la police rurale qui maintenaient l’ordre dans les sections communales. Ils ont ainsi déstabilisé le système de sécurité du pays, créant un vacuum favorable aux trafiquants de drogue, aux gangs politiques et à des bandes criminelles de tout acabit.
En 25 ans, des politiciens haïtiens ont réalisé ce que les racistes du monde n'ont pu obtenir d'eux-mêmes, mais juraient de nous faire payer : notre insolence de rêver à la liberté et l’indépendance. Des haïtiens ont mis Haiti à genoux!
Après plusieurs années de lutte, grande est notre joie de voir que le peuple haïtien s’est réveillé. Durant les cinq (5) dernières années de pseudo-crises politiques et électorales, il a fait preuve d’intelligence. Il s’est montré sage, a rejeté la violence et a prouvé clairement son choix pour le changement et le progrès.
Chers concitoyens, chères concitoyennes,
Mon objectif est de voir Haiti, notre pays, prendre la voie de la modernité à l’instar de la République Dominicaine, Bahamas, Costa Rica, Panama, c’est-a-dire de suivre l’exemple de petits pays (en termes d’espace géographique) des Caraïbes ou de l’Amérique Centrale qui travaillent sans relâche pour le développement économique et social de leurs peuples. Des pays comme le Rwanda, Singapour, Chili, Taiwan, sont autant d'autres exemples à suivre.
Je ne peux pas accepter l’idée que ce grand peuple victorieux à Vertières, cette nation qui a forgé l’unique révolution d’esclaves de toute l’histoire de l’humanité, qui a imposé l’abolition générale de l’esclavage et l’existence de la Première République Noire Indépendante, une terre d'accueil pour tout homme martyrisé et démis de leur liberté à l'ère de la colonisation, ne puisse se ressaisir pour assumer son développement et son bien-être généralisé.
Ce début du 21ème siècle est l’ère des redressements. Vladimir Poutine en Russie, Paul Kagame au Rwanda, Lionel Fernandez et Danilo Medina en République Dominicaine, Recep Tayyip Erdoğan en Turquie, ils sont nombreux les leaders qui cherchent à renouer avec la grandeur de leur histoire. Le temps est venu pour nous haïtiens de nous redresser. L’agriculture, à une certaine période, faisait de notre terre la perle des Antilles. Saisissons l’opportunité offerte par la vision de Jovenel Moise pour transformer notre économie de rente en une économie de production nationale. Israel sait comment rendre les déserts fertiles, avec les bonnes collaborations, nous pouvons relever tous les défis liés à notre dégradation environnementale.
Comme Poutine et Kagame, Jovenel Moise a l’obligation de sécuriser le pays et de le faire respecter sur la scène internationale. Haiti doit retrouver la sécurité que nous avions connue dans le passé et le prestige au niveau international.
Mieux que Poutine et Kagame, Jovenel Moise doit respecter la démocratie et les droits humains. Je suis convaincu qu’on peut sécuriser un pays tout en respectant le jeu démocratique et les droits humains, notre peuple étant précurseur de la liberté universelle, l'exercice, connu, peut se révéler facile.
La lutte contre la corruption est la priorité des priorités: “le premier des biens publics”.
Mon souhait est de voir cette orientation vers le changement. Même quand la Bible nous conseille de ne pas avoir confiance en l’homme, j’attends de Jovenel Moise ce redressement historique qui sortira notre peuple de cette catégorie méprisable de République problématique qui fait de nous la risée du monde.
Nous pouvons continuer ce que le Roi Bâtisseur Henry Christophe a tenté. Ce n’est pas sans raison que nous adoptons le nom @ReseauCitadelle. Ce monument historique que Christophe construisit pour prouver au monde entier que les noirs sont capables de civilisation, qu’il existe un génie noir en Haiti, trône encore sur la chaine du Bonnet-à l’évêque en attendant qu’un fils ou une fille digne puisse poursuivre la concrétisation de ce rêve dans d’autres dimensions.
Le destin du peuple haïtien - ce grand peuple qui a réussi l’unique révolution d’esclaves de toute l’histoire de l’humanité - ne saurait être de continuer à croupir dans la misère, la crasse, l’assistanat international et le mépris.
Meilleurs Voeux!!!
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti // 24 décembre 2016
reseaucitadelle@yahoo.fr // @reseaucitadelle

vendredi 23 décembre 2016

#Haiti - Elections : Plus de zombies, c’est au tour des extra terrestres dixit Rudy Hérivaux.-

Par Redaction - December 23, 2016
Le processus de vérification au Centre de Vérification des Votes est devenu sensible et même dangereux. Les partis contestataires et les observateurs internationaux et nationaux ont quitté la salle de vérification suite à la décision des juges électoraux d’appliquer l’article 77 qui interdit aux vérificateurs de manipuler les procès verbaux.
Me. Levelt Fanfan, avocat du parti Pitit Dessalines annonce déjà l’annulation des élections et informe que s’il doit retourner au CTV, on doit recommencer la vérification à zéro question de vérifier si en leur absence, les PV vérifiés et mis à coté n’auraient pas été tabulés.
Intoxication, perte de temps, dilatoire, ruse tels sont les quelques termes attribués par Rudy Hérivaux, porte-parole du PHTK au comportement des avocats des parties contestataires qui ont laissé le Centre de Tabulation des Votes hier dans la soirée. M. Herivaux invite les candidats perdants a s’armer de courage afin d’accepter leur défaite et réviser leur stratégie afin de refaire surface dans les 5 ans à venir.
L’ancien Sénateur qui dit ne pas comprendre l’attitude d’une petite frange de la classe politique rebelle et récalcitrante au suffrage universel direct qui veut prendre la démocratie en otage et fouler au sol la décision du peuple qui a choisi volontairement son président le 20 novembre dernier. Ce qui se passe au CTV, est un exercice d’auto dérision épouvantable qui ne fait pas honneur à notre République, a-t-il indiqué.
Dans toutes les sociétés démocratiques, les partis qui n’ont pas réussi à convaincre l’électorat, se lancent dans une démarche d’autocritique en questionnant les causes profondes et réelles de leur échec. En Haïti, les perdants s’obstinent à nier l’évidence du verdict des urnes et cherchent des boucs émissaires pour tenter de manière grotesque, de masquer leurs faiblesses et leurs déficiences a enchainé l’ancien Ministre de la Communication de Martelly.
En 2015, cette forme a été utilisée par l’opposition pour faire échouer Martelly dans l’achèvement du processus électoral. Plus d’un se demandent, est-ce que l’opposition est sur la voie d’utiliser cette même voie pour obtenir l’annulation des élections ?

#Haiti-ELECTIONS-BCEN: La montagne accouchera d’une souris.-

Le rapport officiel (1) en date du 2 décembre 2016 de la Coalition d'Observation Electorale (COE) conduite par le RNDDH de Pierre Espérance, incluant la CONHANE le CNO, le CARDH et le POHDH concluait : « Les Elections du 20 novembre 2016 réflètent un scrutin acceptable avec des préoccupations et des corrections à apporter ». La presse nationale et internationale, les ambassades et autres instances internationales d’observation se sont exprimés dans leur grande majorité dans les mêmes termes.
Toutefois, après environ 20 mois de campagne électorale, 155 millions de dollars de budget, la classe politique se retrouve plus divisée que jamais sur les résultats des élections présidentielles du 20 novembre 2016. Certains observateurs avertis soulignent déjà ce paradoxe des élections législatives tenu le même jour, pourtant sans grand remous. Même les 3 partis politiques (Lapeh, Pitit Desalin, Fanmi Lavalas) qui contestent aujourd’hui les résultats présidentiels, semblent globalement être satisfaits des résultats de ces législatives. Jovenel Moïse, candidat donné gagnant au premier avec 55% des votes exprimés, déclarait récemment que “Les élections sont terminées”.
Les partis contestataires, qui ont obtenu du BCEN que 12% des procès-verbaux, triés de manière aléatoire, soient réexaminés, avancent très lentement avec les juges électoraux, au gré de règles floues et d’une méthodologie questionnée par certains experts. On semble procéder davantage par « ajustement mutuel » ou « consensus » en l’absence de provisions claires de la loi électorale. Les 27 premiers procès-verbaux apportés par Pitit Desalin ainsi que les 70 premiers de Lapeh ne semblent pas avoir révélé des fraudes massives susceptibles d’invalider les résultats préliminaires. D’où, l’insistance des plaignants de recourir aux bases de données de l’ONI et de la DCPJ pour les empreintes, afin de tenter une énième et ultime vérification.
Or, ces premiers procès-verbaux examinés devraient normalement constituer à 100% « l’arme du crime » capable de faire basculer ces résultats. On se demande donc, si ces procès-verbaux apportés par les plaignants eux-mêmes n’ont pas fait éclater de manière spectaculaire « la fraude massive » après 3 jours, comment est-ce possible que 12% choisis de manière aléatoire le démontrent.
Mathias Pierre, ancien candidat malheureux aux élections présidentielles et aujourd’hui supporteur de Moïse Jean-Charles, résume assez bien la situation presque désespérée des contestataires : « En fait, s'il y a eu crime et qu'on recherche les coupables, je doute fort que 12% des PVs au CTV permettront d'y arriver. Il y aurait dû y avoir beaucoup plus d'intelligence & une stratégie plus fine chez les contestataires pour éviter le déja vu. Faire une bonne vérification au CTV demande la reprise de ce qu’a fait la CIEVE, mais pr un rapport qualitative et quantitative»
Face à ce constat, certains observateurs pensent que les contestataires n’ont qu’un seul objectif, tout faire pour que la date du 29 décembre ne soit pas respectée et faire reporter le 7 février, une façon de faire dérailler le processus électoral.
Parallèlement, tous les indicateurs socio-économiques sont au rouge. La classe politique capte toute l’attention et consomme toutes les énergies du pays. Même le cyclone Matthew et ses milliers de victimes ont été jeté aux oubliettes. Il serait donc temps, que les acteurs pensent déjà à l’après-contestation. A défaut de nouvelles preuves irréfutables de fraude massive et en l’absence d’une méthodologie claire prévue par la loi électorale, on peut être certain que la montagne du BCEN ne peut accoucher que d’une souris.
En se rappelant de la conclusion du rapport de la Coalition des Observateurs Electoraux, qui avait déjà mis le doigt sur des irrégularités n’affectant pas la crédibilité du scrutin, il est donc venu le temps de penser à Haïti et de prendre des décisions d’adultes responsables.
AJ

mercredi 21 décembre 2016

Haiti-Elections : Les Etats-Unis entendent raisonner les perdants violents.-

La décision des Etats-Unis de révoquer le visa de Moise Jean-Charles marque l’échec de ce secteur de la Communauté Internationale qui défendait l’idée d’une résolution endogène de la crise haïtienne, ce sans intervention externe... Et cela prouve aussi, que par leur position extrémiste, leur manque de responsabilité et de fierté citoyenne, des acteurs politiques haïtiens viennent de prouver au monde entier que les haïtiens sont inaptes à faire le jeu démocratique sans une certaine forme de pression internationale… même personnalisée… Leur insensibilité face à la situation des sinistrés du séisme du 12 janvier 2010, de l’ouragan Matthieu et des récentes inondations prouve leur manque d’humanité et leur motivation réelle. Haiti vit une situation économique difficile avec une inflation grimpante à deux chiffres, une gourde qui perd de la valeur dans un contexte de baisse de la production nationale, donc d’augmentation de l’importation.

Pendant plus d’un an, la communauté internationale a accepté toutes les décisions haïtiennes portant sur le renouvellement du personnel politique. Elle a observé passivement à la stratégie de blocage du vote d’une loi électorale et de la formation du CEP par le fameux groupe des six (6) Sénateurs qui se sont assurés d'entretenir des manifestations de rue violentes!  Elle est témoin de la récupération du pouvoir exécutif par cette minorité qui, après avoir fait échouer violemment le second tour du scrutin du 28 janvier 2016, s’est vicieusement taillée une place au soleil pour s'enrichir aux dépens d'une population aux abois. 

Les fauteurs de trouble n’ont pas caché leur intention d’entrainer le pays dans une situation chaotique. Le fameux mot créole “Katchouboumbe” qui signifie “chaos” était continuellement répété sur les médias haïtiens, une litanie qui panique, qui drogue, qui emprisonne tout bon sens... Après le départ du président Michel Martelly le 7 février dernier, l’ancien président Jean-Bertrand Aristide est entré en scène à visière levée. Il a promis de mettre le pays à feu et à sang, sa station de radio dénommée Radio Timoun accuse des membres de la population et du secteur privé. Au mépris de la liberté d’expression, son jeu sordide se révèle, il invite des fanatiques à assouvir ses pulsions criminelles, les ordonnant à mettre le feu aux biens et à attenter aux vies de ceux qu’il a mis sur sa liste démoniaque. Des journalistes font face à des menaces de mort, à des attaques et à des actes d’intimidation du Parti FANMI LAVALAS de Jean-Bertrand Aristide.

Profitant de la passivité de la communauté internationale, le président Jocelerme Privert est allé jusqu’à annuler des élections financées à hauteur de 100 millions de dollars U.S. Les Etats-Unis se sont contentés de réagir unilatéralement en retirant un support financier qu’ils ont dû remettre sur la table devant l’impasse causée par les dégâts de l’ouragan Matthieu.

Pourquoi ces politiciens haïtiens ne peuvent-ils pas comprendre que l’instabilité politique est une arme de destruction massive qui entraine des morts et des victimes de toutes sortes?

Après douze (12) années de tutelle internationale symbolisée par la MINUSTAH, nous avons échoué ce test de responsabilité. Et quand on a affaire à des politiciens égoïstes, seules des sanctions - affectant leur vie, le luxe de leur chère épouse, de leur famille, de leurs maitresses, en peu de mots, leurs intérêts personnels -  peuvent les pousser à se calmer…dire qu'ils prennent conscience du désastre, serait leur prêter de trop nobles sentiments.

Il est temps pour les politiciens haïtiens de comprendre que la Souveraineté est l’affaire de peuple responsable. Comme les armes de destruction massive, l’incapacité de se comporter en nation responsable nous enlève toute aspiration au maintien de la Souveraineté.

En 1994, lors de la crise électorale opposant Joaquin Balager à Pena Gomez, les dominicains avaient décidé de négocier une solution pour éviter l’ingérence de la communauté Internationale, spécifiquement de l’OEA et des Etats-Unis. En Haiti, des extrémistes, apatrides, comme Jean-Bertrand Aristide, André Michel, Moise Jean-Charles et Schiller Louidor imaginent toutes formes de manoeuvres violentes pour intimider leurs opposants, le secteur des affaires et le peuple dans le but de faire main basse illégitimement sur le pouvoir d’Etat. Ces gens pratiquent définitivement une certaine forme de terrorisme qui détruit le pays et remet en question notre sécurité à tous les niveaux… Un état fragile peut se révéler vulnérable à tous les points de vue. 

Depuis 2006, nous avons attiré l’attention de nos concitoyens sur les mauvaises utilisations de la Souveraineté nationale et leurs conséquences négatives sur notre indépendance. Nous vous invitons à lire le texte “Haïti : Qu’avons-nous fait de notre souveraineté ?” (http://reseaucitadelle.blogspot.com/2010/04/haiti-quavons-nous-fait-de-notre_8914.htmlque nous avions produit le 10 juin 2006 et qui a été publié par Monsieur Jean-Claude Bajeux, à la page 33 du Bulletin No2-3 / mai -Aout 2006, de la Commission Citoyenne pour l’Application de la Justice (CCAJ) - JUSTICE & VÉRITÉ; bulletin titré “Un pacte - Sauver la Justice”.

En 2006, face à la corruption endémique qui paralyse le fonctionnement de la justice haïtienne, certains experts de la Communauté Internationale envisageaient même de faire venir des Magistrats étrangers (francophones) pour faire fonctionner nos tribunaux. Comme d’habitude, nous nous sommes contentés de protester, de rejeter l’idée sans faire les réformes nécessaires. A quoi bon la justice, s'il faut laisser la voie libre aux quidams de tous genres qui sont à différentes positions de la fonction publique, dans les medias, nous initimidant et nous manipulant.

Faut-il signaler qu’un vrai patriote ou nationaliste ne traine pas les institutions de son pays dans la boue au moyen de mensonges, de fabrications ou d'utilisation de faux et de violence. Les politiciens haïtiens ne se rendent pas compte qu’ils sont en train d’ouvrir la voie à la communauté internationale pour que celle-ci organise des élections en Haiti à la place du CEP, comme ce fut le cas au Kosovo…

Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
21 décembre 2016
reseaucitadelle@yahoo.fr
@reseaucitadelle

Les mauvais perdants sont en train de constater leur échec électoral au Centre de Tabulation. -

*PLENYEN PI RÈD* : Les mauvais perdants sont en train de constater leur échec électoral au Centre de Tabulation. 

Mathias Pierre de Pitit Dessalines parle déjà d’une nouvelle CIEV (Commission d’Évaluation et de Vérification Électorale) pour faire durer le plaisir.

Convaincu de la situation désespérée de ses amis contestataires, le Président Jocelerme Privert annonce qu’il quittera le pouvoir le 7 février prochain. Car, les petites irrégularités qu’on pourrait découvrir ne justifieront pas le changement des résultats ni l’annulation du scrutin; même dans les pays développés comme les Etats-Unis, le Canada, la France ou en Europe, elles existent.

Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
21 décembre 2016
reseaucitadelle@yahoo.fr
@reseaucitadelle

—— Extrait du rapport dressé après la première journée de vérification au Centre de Tabulation :

1) les CIN sur lesquelles Pitit Dessalines avait des doutes se sont révélées correctes après vérification dans les machines du CTV sous le regard des parties et des observateurs

2) les autres réserves s'articulaient essentiellement autour de certaines empreintes que Pitit Desalin déclaraient fausses "à l'oeil nu", sans expertise technique.

À rappeler que les PV apportés par Pitit Desalin, dans leur grande majorité, ont été déjà comptabilisés.

Somme toute, rien de vraiment concluant …

jeudi 15 décembre 2016

#Haiti : Le libéralisme pourrait réussir là où la tyrannie — individuelle et/ou de la majorité — a échoué.-

Compte-rendu d’échanges avec Michel Georges — #Haiti : Le libéralisme pourrait réussir là où la tyrannie — individuelle et/ou de la majorité — a échoué.- (Texte de Cyrus Sibert)
Depuis l’annonce de le décès de mon ami Michel Georges, au Cap-Haitien, le 22 novembre 2016, à l'âge de 65 ans, je me sens attristé avec l’idée que la vie est injuste. Car, l’homme était tellement sage, tellement ouvert, avec un profond sens d’aide communautaire, d’entre-aide, de pardon et de tolérance, que notre dimension limitée ne trouve aucune justification à ce qui lui est arrivé. Je ne peux que me consoler sur ce dicton de ma mère :”Dieu dirige les évènements. Que sa volonté soit faite et respectée.” Le destin a attendu que sa maman lui précède avant de frapper sans pitié. Une dure réalité qui nous attend tous. Car, on s’imagine “Man Manno” — comme d’habitude, demander d’appeler Michel à son chevet et apprend qu’il est décédé. Cela aurait été une catastrophe. On peut dire que même devant la mort, réellement, Dieu dirige les évènements.

Je n’ai pas voulu parler de Michel Georges, parce que je pense que d’autres le connaissent mieux que moi. Le texte de Frandley Julien dans le Jounal LeNational m’a donné raison. Il y a tellement de réalisations à l’actif de Michel Georges, que je ne pouvais être le premier à m’exprimer sur sa vie. Mais, face aux répétions de sa différence idéologique à chaque fois qu’on parle de lui, j’estime nécessaire de rapporter ma compréhension de certains éléments dominant sa vision libérale qu’on assimile à la droite traditionnelle.

Pour avoir fréquenté la maison des Georges entre 2006 à 2011, je peux témoigner des idées de Michel Georges. Car, entre 2008 et 2011, se souciant de ma sécurité dans les cybercafés de la ville, Michel m’invitait à profiter de la connexion internet qui était un service rare au Cap-Haitien. Chaque matin, à partir de 10 heures, j’étais en compagnie de Michel dans son bureau où nous commentions l’actualité suivant diverses approches idéologiques.

Michel était un homme de tendance libérale. La nuance, il était contre la droite étatiste -- ces hommes ou ces groupes qui se disent de droite mais dont leur vie dépendait de l’Etat. Il rappelait toujours les caractères prédateur et corrupteur de l’Etat; l’utilisation abusive de la “puissance publique” par des démagogues qui en jouissaient personnellement au nom de la collectivité ou de la “Justice sociale”. Michel Georges mettait en garde contre le messianisme qui est le fait de croire qu’un homme de “bonne volonté” émergera pour changer Haiti. Il croyait plutôt dans la force naturelle des choses; la force de la famille, de l’individu — humain, de la société comme milieu d’échanges et d’inter-actions entre citoyens libres; la force naturelle du marché, des retombées émancipatrices de l’éducation, de la recherche et des échanges. Il était un admirateur de Frédéric Bastiat, cet économiste, homme politique et polémiste libéral français.

Michel Georges concevait l’évolution de la société par le respect de la dignité humaine. D’où, le caractère sacré du respect des libertés civiles et politiques. Il insistait sur le danger que représente le relativisme pour la liberté et la morale. D’après lui, au lieu de s’aventurer dans une inflation de droits à connotation idéologique comme “droit au sourire”, “droits à l’amour”, “droit au sommeil”, “droit au bonheur”, “droit à la colère”, au point de tout confondre, Il serait mieux de se concentrer sur les libertés fondamentales civiles et politiques. A l’individu de décider de son avenir en personne libre. Michel Georges croyait fermement que le développement d’Haiti découlerait de l’implémentation totale des principes de liberté qui étaient à la base des grandes révolutions américaine, française et surtout haïtienne. Selon lui, la situation actuelle d’Haiti est le résultat de l’aliénation de cette cause pour la liberté qui avait guidé nos ancêtres avant l’indépendance, au profit des ambitions politiques donc des luttes pour le pouvoir d'État.

Après le séisme du 12 janvier 2010, Michel Georges répétait que la reconstruction d’Haiti passe par la reconstruction des familles et des individus. Il insistait sur le fait que, généralement, les villes sont construites à partir des réalités humaines i.e. les réalités socio-économiques vécues par des individus et des familles. Selon lui, 90% des maisons détruites appartenaient à des individus et des familles qui ont travaillé dur durant plusieurs générations. Des milliards de dollars mis à la disposition de l’Etat haïtien ne changeraient rien, si l’accent n’est pas mis sur le vécu des citoyens. Augmenter les moyens financiers de l’Etat ne fera qu’augmenter la corruption, le favoritisme, le clientélisme, l’assistanat… Il serait mieux de libérer les citoyens du poids de la corruption, de la bureaucratie à partir des réformes institutionnelles et structurelles, en vue de créer un cadre facilitant l’émancipation des citoyens à travers le commerce, la production, le travail. Car, selon lui, la diaspora ne demande rien à l’Etat haïtien que la liberté d’expédier des biens et/ou des marchandises en Haiti, de faire du commerce avec des membres de leur famille résidant dans le pays. L'Etat ne peut pas empécher aux citoyens d'importer certains produits parce que cela dérange des monopoles et en même temps se présenter en bienfaiteur des plus démunis. Car, il est clair que les initiatives d'importation des haitiens de la diaspora visent à aider des milliers de familles de se développer économiquement en toute liberté i.e. sans assistanat. Il faut cesser de paralyser les activités économiques les citoyens pour ensuite se présenter démagogiquement en bienfaiteur capable de subvenir à leurs besoins.

Pour Michel Georges, au lieu de créer de gros projets sociaux comme PSUGO et EDE-PEP qui augmentent le caractère paternaliste de l’Etat avec toutes les dérives que cela implique en termes de gaspillage, de détournement de fonds, de favoritisme, de clientélisme, ou de corruption, il serait plus facile de réformer l’administration publique, de diminuer les taxes et les droits de douane en vue de permettre aux citoyens de profiter des échanges commerciaux avec des peuples voisins, avec la diaspora haïtienne, des membres de leur famille qui répondent déjà à leurs besoins les plus élémentaires. C'est une follie de croire que l'Etat est capable de créer des emplois. Après avoir essayé sans succès toutes les formes d’initiatives à tendance constructiviste, faisons l’expérience des réformes institutionnelles en profondeur, capables de dynamiser l’économie.

Des réflexions qui nous ont poussé à inscrire sur notre blog www.reseaucitadelle.blogspot.com la formule suivante : “La Reconstruction d’Haïti passe par des réformes institutionnelles et structurelles en profondeur dans les domaines suivants: Douane, administration publique, justice & lois, respect du droit de propriété, libre concurrence, accès au crédit bancaire… Des millions sans des réformes auront aucun impact sur la pauvreté et le développement durable.”

Michel Georges était contre les interventions de l’Etat qui naturellement a une tendance liberticide et abusive, utilisant la puissance publique pour biaiser les rapports sociaux et économiques. Il se méfiait des impôts et des taxes qui, spécifiquement dans le contexte haïtien d’absence de service public, ne servent qu’à enrichir des paresseux insouciants et des incompétents qui occupent le sommet de l’Etat souvent par des moyens violents, illégaux, criminels et au mépris des règles de droit. Selon lui, l’Etat en Haiti paralyse la libre concurrence et la compétition; il détruit la créativité et encourage la paresse. Michel voyait dans la concurrence une source de possibilités pour l’individu qui en sort avec de meilleurs prix et services. Pour lui, la reconstruction d’Haiti passe d’abord par une mise sous contrôle de cet Etat prédateur, trop envahissant, qui depuis plus de 200 ans, exploite le peuple assoiffé de liberté — au profit d’une minorité gouvernante de la classe moyenne (politiciens traditionnels) ou d’une bourgeoisie rétrograde, à travers un système neo-féodale.

Contrairement à certaines mésinterprétations, être libéral ou être de la droite authentique ne veut pas dire qu’on supporte la bourgeoisie haïtienne ni le système économique en place. Michel Georges était très critique face à la bourgeoisie haïtienne qu’il considérait comme rétrograde, neo-féodale, monopoliste, étatiste, pratiquant un faux capitalisme ou un capitalisme à papa n’offrant aucune opportunité aux jeunes, aux intellectuels ni aux rudes travailleurs. Le capitalisme est par essence méritocratique. Celui qui peut faire fructifier l’entreprise devrait pouvoir bénéficier des avantages du système. En Haiti, c’est le contraire. L’origine et les accointances continuent de jouer un rôle primordial au point de placer des incapables au sommet de la pyramide. D’après Michel Georges, l’économie haïtienne ne pourra jamais offrir des opportunités au peuple, aussi longtemps que cette bourgeoisie refuse la libre concurrence à tous les niveaux. Une bourgeoisie doit pouvoir inventer, initier, prendre des risques, rénover. Un vrai libéral ne saurait s’associer aux "capitalistes" d'Haiti.

Désaccords et consensus!

Michel Georges et moi n’étions pas d’accord sur tous les points.

1- Il y a d’abord, le principe de la redistribution orchestrée par l'Etat:

À mes yeux, en Haiti, la réalité socio-économique des familles et des individus est tellement grave, qu’il est indispensable d’encourager un certain niveau d’intervention de l’Etat. La puissance publique devait être utilisée pour corriger certaines inégalités. Car, le niveau de paupérisation est tellement déshumanisante que jamais, une catégorie de citoyens n’arrivera à se défaire du sous-développement. Sans renoncer à sa ligne idéologique, Michel a compris ma position. Car, si je suis d’accord avec la droite sur des points comme sécurité, liberté individuelle, respect du droit de propriété, famille, liberté religieuse, je suis profondément attaché au caractère interventionniste de l’Etat sur le plan social, dans le cas spécifique d’Haiti. Nous avions trouvé un consensus sur ce sujet tout en étant conscients des dérives qui peuvent en résulter. D’ailleurs Michel Georges fut un homme capable de discuter avec des gens qui ne partagent pas ses points de vue.

2- L’autre désaccord, est le retrait de la vie publique:

Michel Georges restait en retrait de la vie publique. Il croyait plutôt à un changement profond, basé sur l’évolution des mentalités, “la révolution tranquille” à travers des débats, des groupes de discussion, de lecture et de recherche comme l’IRLEP (Institut de Recherche pour L’Economie de marché et la Prospérité) qu’il avait fondé. Une stratégie très bien rapportée par Frandley Julien dans le Journal LeNational, dans son article : Michel Georges, influenceur discret, nous quitte sur la pointe des pieds. ( http://www.lenational.org/michel-georges-influenceur-discret-quitte-pointe-pieds/ ).

Sans fanfare ni grande publicité, avec une chaine de télévision hertzienne, Michel Georges a contribué grandement à changer les mentalités, à libérer des jeunes de l’emprise étatique de l'audiovisuel, à leur faire croire en leur capacité individuelle, leur créativité. Sur le plan culturel, l’homme était le précurseur de la globalisation ou de la mondialisation avant même l’effondrement du mur de Berlin. Je ne sais pas s’il a créé la première Télévision privée de ce genre -- car, pour l’histoire et pour la vérité, je crois qu’avant TELE-7, il existait TELE-5 de Monsieur Boutros au Cap-Haitien; mais, il est incontestable que la Tele7 fut de loin la chaine de Télévision qui a eu un impact considérable sur les jeunes de notre génération, fraichement sortis de la dictature des Duvalier avec toutes ses conséquences en termes d’ignorance du monde extérieur, d’accès à l’information et aux grandes idées qui traversaient l’humanité à la fin du 20e siècle.

Michel Georges n’était pas un démagogue. Il appliquait, dans sa vie, son idéologie libérale. Il n’a pas cherché à bénéficier des faveurs de l'Etat. Contrairement à certains membres du secteur privé traditionnel qui se bousculent pour faire fortune grâce à l’Etat-papa, Michel vivait sa vie totalement dans le privé et en toute liberté. Certes, les faiblesses de la justice haïtienne et de l’Etat de droit lui ont causé préjudices. Mais, il a préféré encaisser au lieu de renier sa ferme assurance dans la liberté, le droit naturel et la dynamique de la vie civile.

Sur ce point, j’avais une autre approche. Car, je pense que la situation d’Haiti est le résultat du retrait de l’espace public, des gens de bien —trop prudents et trop réservés, au profit des délinquants sans pudeur. Face aux délinquants politiques sans scrupules, capables de mentir, de créer de fausses perceptions, d’intimider, de terroriser, de menacer, d’exproprier, d’incendier, de tuer, de “déchouke”… pour faire avancer leur cause, il faut des sentinelles pour les dénoncer, leur tenir tête et les combattre à tous les niveaux, sur tous les terrains, jusqu’au dernier retranchement. Ce que nous vivons aujourd’hui est le résultat de 25 années de timidité des gens de bien. Et, sur ce point, nous paraphrasons le Général américain Norman schwarzkopf quand il devait parler du comportement des forces américaines dans l’éventualité où l’Irak utiliserait des armes chimiques pendant la 1ère guerre du golfe : L’ennemi ne doit pas avoir aucune garantie sur ce que nous ne ferons pas. S’ils utilisent des armes non-conventionnelles, ils doivent s’attendre sans aucun doute à la riposte appropriée. Ce fut aussi la remarque du Sénateur John McCain durant la guerre de Yougoslavie : C’est une erreur de dire à l’ennemi que nous n’allons pas nous engager au sol. Il doit s’attendre à nous rencontrer partout.

Les anarchopopulistes détruisent le pays avec la garantie que les gens de bien ne réagiront pas, qu’ils ne franchiront pas certaines lignes. Ils utilisent les garanties constitutionnelles pour se protéger tout en abusant les droits de leurs concitoyens :

- la liberté d’expression pour diffamer, menacer, intimider ou inciter à la violence;

- le droit de manifester pour casser, incendier et attaquer la population et le secteur privé;

- les libertés politiques pour comploter, déstabiliser et terroriser.

Tenant compte de ce désaccord, je prépare toujours une justification pour expliquer ma position à Michel Georges; car, je savais qu’il n’aimait pas les rapprochements avec l’Etat représenté par le gouvernement.

Quand on considère la contribution de Michel Georges à la communauté capoise, on se demande si sa position libérale n’était pas une position défensive visant essentiellement à protéger la liberté dans un pays liberticide où des démagogues se sont érigés en dictateurs au nom de la collectivité, de la majorité ou de la foule.

De citoyens ordinaires de la rue 14 J au Cap-Haitien vous diront que Michel Georges appréciait tout le monde sans exception. Il donnait à l’illustre inconnu la chance de faire ses preuves. Il avait du temps pour écouter tout le monde, les jeunes curieux, les marchands ambulants, les hommes de peine, les passants. Son naturalisme lui faisait croire qu’en chaque personne, il y a une expérience, un secret à découvrir, un savoir-faire découlant du caractère individuel de chaque être-humain. D’ailleurs, Michel Georges évaluait un leader par le temps qu’il prend pour écouter avec attention les gens ordinaires, le soin de demander aux personnes qu’il rencontre, leur nom. L’homme avait un sens poussé du respect d’autrui et de civilité. Il partageait ce qu’il avait avec ceux qui n’en n’ont pas. La plus grande preuve de sa capacité à faire don au profit de la société fut TELE7. Car, tous les exploits de cette chaine de télévision hertzienne de province, ont été financés par ses économies personnelles et/ou familiales.

Je suis profondément touché par le départ de ce grand homme que j’ai côtoyé. Il m’a fallu du temps pour produire ce texte, car à chaque essai, je revivais avec tristesse les démarches de cet intellectuel sage, calme qui n’osait même pas élever la voix quand le débat est passionné et houleux. On se rappelle encore cette phrase qu’il utilisait pour revendiquer son droit à la parole quand tout le monde parlait en même temps: “Mesye, banm chans mwen pou’m di gagòt kinan (pa’m) tou” (A mon tour de dire mes bêtises). Et, tout le monde en riait lui laissant le temps de développer son point de vue avant de répliquer.

A Dieu Michel !!!


Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti // 13 décembre 2016
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