mercredi 29 juin 2016

#Haiti - Accord 7 février : Le francophone Privert mise sur la faiblesse langagière des parlementaires et de la presse.-


Alors que Mr. Jean-Bertrand Aristide utilisa le créole comme outil politique durant les années 80s pour manipuler les foules, Mr. Jocelerme Privert se sert du français pour créer la confusion manipulant ainsi l’opinion afin d’aboutir à des objectifs politiques particuliers. 

Lors de sa dernière intervention à Radio Caraïbe, Mr. Privert, en faisant référence au point 7 de l’accord de 5 février, a, douloureusement, ridiculisé ses opposants en déclarant que: « il parait que j’étais le seul à comprendre le sens de cette phrase, lors des négociations ». 

Le paragraphe en question stipule que : « Le mandat du Président provisoire est de 120 jours maximum à partir de la date de son installation. Le cas échéant l’Assemblée Nationale prendra les dispositions qui s’imposent ». L’interprétation de Mr. Privert du point 7 de l’Accord serait erronée et épouvantable, si elle n’était pas aussi pénible, accablante, triste, éprouvante, mais puérile et dangereuse.

En effet, deux phrases simples et claires que Mr. Privert et ses conseillers déforment à travers une presse paresseuse, négligente ou corrompue pour garder le pouvoir de fait, utiliser les ressources de l’Etat. Ils misent sur le fait qu’en Haïti, la tradition orale supplante l’écriture et la lecture; aussi, comptent-ils sur les limites intellectuelles d’une grande majorité de parlementaires surtout en ce qui concerne de la maitrise de langue française.

L’interprétation faite par Mr. Privert du point 7 de l’Accord est puérile et dangereuse parce qu’elle succombe à l’analyse la plus élémentaire. Prenons par exemple la première partie : « Le mandat du Président provisoire est de 120 jours maximum à partir de la date de son installation ». Ici, le mandat de l’ex-président fut, sans ambigüité, circonscrit dans le temps : 120 jours maximum. Autrement dit, l’intervalle de temps accordé par ce mandat et entériné par un vote du parlement avait pour borne supérieure, 120 jours. Maximum a un sens, pas deux. Il en résulte qu’au-delà de 120 jours, selon cet Accord approuvé par un vote de l’Assemblée Nationale, Mr. Privert n’est plus président d’Haïti. 

De plus, la deuxième partie du point 7 de l’Accord stipule que : « Le cas échéant l’Assemblée Nationale prendra les dispositions qui s’imposent ». L’expression « le cas échéant » veut dire que: Au cas où le président choisi sur la base de cet Accord aura failli à sa mission, c’est-à-dire, dans l’éventualité où ce dernier aura échoué à sa mission telle que définie dans l’Accord, l’Assemblée Nationale prendra les mesures qui s’imposent.  

[ (Le cas échéant est une locution qui signifie : Si le cas se présente, à l'occasion, au besoin. )  http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/le-cas-echeant/

“Prendre les mesures qui s’imposent” signifie en langue française “prendre les mesures appropriées”. La traduction anglaise donne: 
  • to take the appropriate measures to. 
  • to take the necessary steps.
  • to take the appropriate action.
  • to take the necessary action to address these issues. 
  • the necessary measures to rectify.
-  to take the corresponding measures.
 - taking the steps necessary 

A ce point, l’Assemblée ne va pas se réunir sur le sort d’un individu qui aura décidé de garder le pouvoir par usurpation ajoutant ainsi davantage de taches noires à sa carrière de fonctionnaire, mais de préférence sur la vacance présidentielle à combler selon les prescrits constitutionnels. La Constitution impose déjà aux parlementaires la marche à suivre “le cas échéant”. Par conséquent, dans le cas présent, les dispositions qui s’imposent renvoient à :

1.  Article 98.3 alinea 1: La réception de la prestation du serment du président élu au cas où Mr. Privert se tachait d’organiser les élections dans les délais impartis de 120 jours ;

2.  Article 98.3 alinea 8: “élire un nouveau président” en référence à l’article 149 de la constitution.

L’Assemblée Nationale en tant qu’instance suprême du Parlement haitien habilitée à déclarer la guerre si nécessaire, ne se réunit pas pour décider du sort d’une personne. Elle pose des actes d’Etat. Mr. Privert, semble-t-il, se confond, à tort, avec la présidence d’Haïti. Citoyen, il peut, toutefois, postuler pour un nouveau mandat. Il incombera à l’Assemblée Nationale de trancher. Mais, il serait mal conseiller de garder le pays en otage sous prétexte qu’il est le seul à comprendre l’esprit et le verbatim du point 7 d’un l’Accord désuet. 

Peut-être, l’interprétation qu’il fournit est celle qui le transperça lors de la rédaction dudit Accord. Toutefois, son interprétation est pénible, puérile et dangereuse, pas seulement pour Haïti, mais aussi pour lui-même qui bénéficierait largement de l’application juste de la loi pour ne pas être rattrapé par l’histoire et/ou le destin. 

Economiquement épinglés, certes, des universitaires n’ont sûrement pas le temps nécessaire pour placer leurs mots dans ce débat d’apparence banale. Mais, franchement, nous offrons aux observateurs internationaux un spectacle de mauvais goût : Toute une société éprouve des difficultés à interpréter deux petites phrases claires et limpides…???

Il n’est vraiment pas nécessaire d’adresser une correspondance à l’Académie française pour lui demander de nous expliquer le point 7 de cet Accord. Un parlementaire qui se respecte ne doit pas participer à une Assemblée Nationale basée sur le point 7 de cet Accord caduc. A ce stade de la crise, le travail du Parlement doit se concentrer sur l’Article 98.3 alinea 8 de la Constitution à savoir “concourir à la nomination d’un président provisoire conformément à l’article 149 de la Constitution” 

L’Accord du 5 février 2016 n’est plus d’application. Le nouveau contexte d’élections présidentielles à venir impose un nouvel Accord impliquant le Parlement représenté par les Présidents des Commissions, le Pouvoir judiciaire et surtout les partis politiques et/ou candidats qui ont confirmé leur participation au prochain scrutin. L’obsession du Président Privert à se maintenir au pouvoir constitue le principal problème pour la poursuite des élections justes en Haiti. Les prises de position et/ou les communiqués des partis impliqués dans le processus comme LAPEH de Jude Célestin, RENMEN AYITI de Me Henry Céant, FUSION de Edmonde Supplice Beauzile et le PHTK de Jovenel Moise évoquant un projet de fraudes électorales massives au profit de la famille politique du Président provisoire est le nouveau sujet à débattre et qui impose un Accord capable de créer la confiance afin d’éviter de nouvelles contestations donc une nouvelle crise post-électorale.

Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
29 juin 2016

@reseaucitadelle

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