Plus de 136 morts, nouveau bilan de Hanna.
Au moins 136 morts, dernier bilan du passage du cyclone Hanna, dont 102 dans le seul département de l'Artibonite, a indiqué hier soir les autorités haïtienne.
L'état d'urgence humanitaire a été voté jeudi soir par le sénat pour la ville des Gonaïves, où près de 10.000 personnes étaient hébergées dans des abris provisoires. "J'ai découvert aux Gonaïves une situation catastrophique", a déclaré le sénateur Latortue à l’origine de la résolution du sénat.
La directrice du Bureau de la Protection civile, Alta Jean Baptiste, affirme que la situation est catastrophique parce que les citoyens ont été frappés par Hanna alors qu’ils étaient sous le choc après le passage de Gustav.
" Le niveau des eaux a baissé aux Gonaives" selon Mme Jean Baptiste qui confirme que les secours s’organisent.
La directrice du bureau de la protection civile appelle les haïtiens à la vigilance précisant que de nouvelles averses peuvent être enregistrées sur les différentes régions du pays.
Et Haïti entrevoyait aujourd’hui la menace, du cinquième ouragan de la saison des dépressions tropicales: Ike, de catégorie 4 sur une échelle de 5, soit un ouragan "extrêmement dangereux" avec des vents atteignant 215 km/h en moyenne et des rafales plus fortes, selon le Centre national des ouragans (NHC) basé à Miami (Etats-Unis).
Jeudi, à 21H00 GMT, Ike se trouvait en plein océan Atlantique, à 815 km des îles Leeward et se déplaçait à une vitesse de 22 km/h en direction de l'ouest, avec des vents soufflant à 215 km/h, selon le NHC. Selon ces projections, l'ouragan Ike devrait s'approcher d'ici samedi du nord de Haïti, de la République dominicaine, puis se diriger vers les Bahamas et la côte est des Etats-Unis.
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Haïti-Cyclone-Alimentation
Sécurité alimentaire en Haïti : Les agences onusiennes très inquiètes
Des dizaines de milliers de sinistrés sans eau potable ni nourriture aux Gonaïves ; la communauté internationale s’apprête à lancer un appel de fonds en faveur du pays
vendredi 5 septembre 2008,
Radio Kiskeya
Les agences humanitaires des Nations Unies ont exprimé vendredi à Genève leurs préoccupations face à l’avenir incertain de la sécurité alimentaire d’Haïti après le passage dévastateur ces derniers jours des cylones Gustav et Hanna.
"Haïti a subi en quelques jours le passage de deux tempêtes tropicales, les plantations ont été détruites et nous sommes très préoccupés par la sécurité alimentaire du pays", a déclaré lors d’une conférence de presse le porte-parole de l’Organisation internationale de la migration (OIM), Jean-Philippe Chauzy.
Il a indiqué qu’après le désastre, la situation la plus critique est celle de milliers de réfugiés privés de nourriture et d’eau potable notamment aux Gonaïves (171 km au nord de Port-au-Prince). Dans cette ville côtière de 300.000 habitants, entre 120.000 et 200.000 personnes sont sinistrées.
Fermé pendant le passage d’Hanna, le port de Port-au-Prince a repris ses activités depuis mercredi, permettant ainsi l’arrivée de l’aide internationale. Cependant, le mauvais état des routes continuait de rendre difficiles les opérations de distribution.
L’Agence des Nations Unies pour les affaires humanitaires (OCHA) a dépêché en Haïti une équipe spécialisée dans l’évaluation des désastres et qui doit déterminer l’ampleur de l’aide dont le pays a besoin.
Une fois le résultat de cette évaluation disponible, les agences onusiennes lanceront un appel d’urgence destiné à réunir des fonds en faveur des populations sinistrées d’Haïti.
Selon un nouveau bilan provisoire de la protection civile rendu public vendredi, en dix jours, au moins 212 personnes ont péri dans les inondations provoquées par l’ouragan Gustav et la tempête tropicale Hanna. spp/Radio Kiskeya
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La communauté internationale se mobilise pour venir en aide aux sinistrés
Haïti est dans l’attente d’une aide internationale d'urgence pour secourir les dizaines de milliers de victimes des tempêtes Gustav et Hanna, qui ont fait près de 200 morts.
"Haïti a demandé officiellement l'assistance internationale", a indiqué vendredi Elisabeth Byrs, porte-parole à Genève du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU. "L'ONU est en train de préparer un appel d'urgence international" pour récolter des fonds, a-t-elle précisé. La Suisse a déjà promis une aide bilatérale d'un million de francs suisses (625.000 euros) et l'agence américaine USAID a alloué 100.000 dollars à Haïti, selon OCHA.
Les Caraïbes sont jusqu'à présent la région la plus touchée par la tempête tropicale Fay et les cyclones Gustav et Hanna et Haïti est le pays qui a le plus besoin d'assistance, a soutenu John Holmes, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU. " La raison pour laquelle la situation est pire à Haïti est qu'il s'agit d'un des pays les plus pauvres et que son territoire a été pratiquement entièrement déboisé, de sorte qu'il est beaucoup plus exposé aux glissements de terrains et aux inondations ", a expliqué M. Holmes.
Au plan financier, les Nations Unies vont lancer un appel à contributions, peut-être à partir de samedi, a dit le Secrétaire général adjoint. Le Fonds central d'intervention d'urgence (CERF) pourrait aussi contribuer.
Plusieurs pays de l'Union européenne et des agences de l'ONU se mobilisent déjà pour acheminer de l'aide aux victimes, a annoncé vendredi le représentant de l’UE en Haïti, Francesco Gosetti.
Bruxelles a annoncé vendredi le déblocage de 2 millions d'euros, en plus d'une première aide équivalente annoncée lundi pour les victimes de Gustav dans l'ensemble des Caraïbes. "Cette décision témoigne de la préoccupation et de la solidarité des 27 pays de l'Union européenne envers Haïti où près d'un million de personnes sont sinistrées", a déclaré M. Gosetti.
Un navire de la marine nationale française se dirigeait vendredi vers Haïti pour participer aux secours. Ce bâtiment transporte un hélicoptère de reconnaissance qui pourra survoler les zones affectées, selon le ministère des Affaires étrangères, qui a fait état de 300.000 personnes sinistrées ou déplacées dans la zone des Gonaïves.
L'Espagne va également envoyer quatre avions chargés d'aide humanitaire à Cuba, en Haïti et en Jamaïque.
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Ban Ki-moon souhaite le renouvellement de la mission de l'ONU
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, estime que la ratification du choix d'un nouveau Premier ministre par les deux chambres les 17 et 31 juillet "constitue une avancée importante" pour remettre sur les rails du processus démocratique. Le futur gouvernement devra d'urgence "adopter des mesures à court terme propres à pourvoir aux besoins immédiats du peuple haïtien et à l'aider à faire face à la crise alimentaire et énergétique mondiale", estime le secrétaire général des Nations Unies. La poursuite du "soutien aux programmes visant à renforcer les structures de l'état de droit dans le pays" est également essentielle, ajoute M. Ban.
Dans cette optique, il estime indispensable le maintien de la Mission de l'ONU pour la stabilisation en Haïti (Minustah) et recommande le renouvellement de son mandat pour un an, jusqu'au 15 octobre 2009, sans modification des effectifs de ses composantes militaire et de police.
Analysant la situation politique, M. Ban soutient que le fragile consensus politique haïtien a été mis à rude épreuve par la décision prise par le Sénat le 12 avril à l'issue d'un vote de censurer le gouvernement dirigé par le Premier Ministre Jacques Édouard Alexis. " Quatre mois de négociations ont été nécessaires pour que les législateurs approuvent son successeur, Michèle Duvivier Pierre-Louis, période pendant laquelle Haïti s'est retrouvé sans gouvernement véritablement opérationnel. Les efforts devront se poursuivre pour rétablir et renforcer la coopération entre les groupes politiques", explique le secrétaire général de l’ONU.
Selon M. Ban Ki-moon la période d'incertitude politique a entravé les progrès accomplis s'agissant d'un certain nombre d'autres projets de développement et de réforme de la fonction publique. Dans l'intervalle, le processus législatif a été grandement entravé du fait que le Gouvernement, étant censé " expédier les affaires courantes " seulement, n'a pu soumettre aucun projet de loi, y compris des textes essentiels tels que le projet de budget révisé pour 2008. La formation d'un nouveau gouvernement fournira peut-être l'occasion de remettre ces projets sur leurs rails et d'aborder d'autres problèmes de longue date.
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Michèle Pierre Louis a été investie dans ses fonctions de premier ministre
La cérémonie d’investiture du nouveau gouvernement a eu lieu cet après midi au palais national, environ 12 heures après l’approbation de la politique de Michèle Pierre Louis par le sénat.
Dans son discours de circonstance, la nouvelle première ministre a remercié le chef de l’état qui selon elle avait créé les conditions pour la réussite des négociations. " Notre réussite est celle du peuple haïtien qui mérite mes remerciements", a ajouté Mme Pierre Louis précisant que le sort du peuple sera sa principale préoccupation. Elle a soutenu que son gouvernement sera marqué par l’inclusion, la reddition des comptes et le dialogue avec les partenaires.
Michèle Pierre Louis soutient que la bataille ne fait que commencer se referant notamment aux conséquences désastreuses du passage du cyclone Hanna. " Nous sommes disposés au combat et nous allons porter secours aux victimes ", a t-elle lancé invitant les ministres à se mettre au travail immédiatement.
Quelques minutes auparavant, le premier ministre sortant, Jacques Edouard Alexis, avait souhaité que le changement s’inscrive dans la continuité. Faisant remarquer que le pays vit des moments difficiles, M. Alexis a prôné la galvanisation de toutes les forces de la société pour sortir le pays du gouffre.
" J’apporterai ma pierre à la prise en charge de cette tache collective", a-t-il ajouté.
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Haïti-Politique
Le Premier ministre Michèle Duvivier Pierre Louis, « repêchée » par un second vote au Sénat, devient chef effectif du prochain gouvernement haïtien
L’initiative d’un second vote, peu coutumière dans les annales parlementaires haïtiennes, interpelle sans aucun doute les experts en la matière
vendredi 5 septembre 2008,
Radio Kiskeya
Après plus de six heures de débat, la déclaration de politique générale du Premier ministre Michèle Duvivier Pierre Louis a pu finalement bénéficier vendredi matin du vote favorable de 16 sénateurs de la République, nécessaire à son entrée en fonction et à celle de son équipe gouvernementale.
Tout n’a pas été cependant facile pour Mme Pierre Louis, un précédent vote lui ayant accordé 15 voix favorables et deux abstentions, dont celle, prévisible, de la sénatrice Edmonde Supplice Beauzile (Centre, Fusion), qui avait toujours évoqué sa foi chrétienne concernant la présumée homosexualité de Mme Pierre Louis. L’autre sénateur à s’être abstenu est celui des Nippes (Sud-Ouest), élu sous la bannière de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL), Joseph Pierre Louis.
Un second vote allait être organisé pour « sauver la situation », à l’instigation d’un autre sénateur issu de l’OPL, le vice-président du Sénat, le pasteur Andris Riché (Grande-Anse, Sud-Ouest), qui avait d’ailleurs toujours manifesté son soutien à Mme Pierre Louis depuis le début du processus de nomination du nouveau chef de gouvernement.
Après une heure environ de suspense, l’initiative de ce second vote, peu coutumière dans les annales parlementaires haïtiennes et qui interpelle sans aucun doute les experts en la matière, se solda par un vote de confiance à la déclaration de politique générale de Mme Pierre Louis, le sénateur Joseph Pierre Louis conditionnant alors son vote positif à l’obligation pour le nouveau chef de gouvernement de remplacer l’arrêté, illégal à son avis, de formation de son Cabinet ministériel. Le parlementaire a insisté sur le fait qu’il soit précisé dans le nouvel arrêté que le nouveau gouvernement entre en fonction après l’aval régulier des deux Chambres du Parlement.
La nouvelle équipe gouvernementale devrait entrer en fonction incessamment. Un nouvel arrêté de nomination du Cabinet ministériel devrait être adopté conformément aux recommandations du sénateur Joseph Pierre Louis. L’obligation d’adopter un nouvel arrêté s’impose aussi par le fait qu’un des membres de l’équipe gouvernementale mise en place, l’ingénieur Gérald Jean Baptiste (TPTC), devrait être écarté en raison de sa nationalité étrangère. [jmd/RK]
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Haïti-Gouvernement-Démission
Le nouveau ministre des travaux publics déjà vers la sortie
Sa présumée nationalité étrangère serait la cause du départ précipité de Gérald Jean-Baptiste
jeudi 4 septembre 2008,
Radio Kiskeya
L’ingénieur Gérald Jean-Baptiste, nommé au poste de ministre des travaux publics, transport et communication dans le cadre de la formation du gouvernement du nouveau Premier ministre, Michèle Pierre-Louis, ne devrait pas occuper cette fonction en raison de sa présumée nationalité étrangère, a appris Radio Kiskeya de sources proches de l’Exécutif.
M. Jean-Baptiste, qui devait succéder au ministre sortant, l’ingénieur Frantz Vérella, avait été nommé, tout comme les autres membres du prochain cabinet, par un arrêté présidentiel contesté en date du 25 août. Contresigné par Mme Pierre-Louis, l’arrêté avait été dénoncé comme une violation flagrante de la constitution par neuf Sénateurs qui exigeaient son retrait arguant que le Premier ministre ratifié n’était pas habilité à procéder à des nominations.
L’un des Sénateurs contestataires, Youri Latortue (LAA/Artibonite, nord), avait émis des doutes sur la nationalité haïtienne de certains des nouveaux ministres. Il s’était toutefois gardé de les identifier.
Un compromis intervenu mercredi lors d’un ultime round de discussions entre le Président René Préval et des membres du Groupe des 9 a porté l’Exécutif à surseoir à l’investiture du cabinet Pierre-Louis en échange de l’engagement proclamé des Sénateurs de ratifier sans conditions la déclaration de politique générale de l’intéressée.
Cependant, la tenue de cette séance, ultime étape du processus de ratification, restait jeudi après-midi suspendue à un problème de quorum au Sénat qui ne compte que 18 des 30 élus prévus par la constitution. jmd/spp/Radio Kiskeya
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Haïti-Politique
Le président René Préval renonce "momentanément" à faire installer le nouveau gouvernement sans l’aval du Sénat
Imminence d’un vote favorable à la politique générale de la première ministre Michèle Duvivier Pierre Louis au Sénat
jeudi 4 septembre 2008,
Radio Kiskeya
Après avoir solennellement ordonné mardi soir l’entrée en fonction des ministres du nouveau gouvernement de Mme Michèle Duvivier Pierre Louis sans que celle-ci se soit préalablement présentée par-devant le Sénat, le chef de l’Etat, René Préval, est revenu sur cette décision moins de 24 heures après, dans un communiqué laconique publié mercredi par le secrétariat de la présidence.
La raison avancée pour le retrait de la décision est l’esprit de compromis dont voudrait faire preuve le chef de l’Etat en acceptant que le nouveau Cabinet ministériel soit installé après le vote de la déclaration de politique générale du nouveau premier ministre par le Sénat où une séance à ce sujet est prévue ce jeudi.
René Préval avait justifié sa démarche par la nécessité d’apporter une assistance urgente aux populations durement frappées par la tempête tropicale Hanna. Des parlementaires et des dirigeants politiques avaient immédiatement qualifié une telle initiative de violation flagrante de la Constitution, la plaçant dans le cadre du projet avoué de M. Préval de mettre au rancart une charte fondamentale qu’il dit être la source de l’instabilité chronique sévissant en Haïti. D’autres avaient appuyé sans nuance une telle initiative, estimant qu’elle correspondait à l’urgence de la situation.
Un véritable bras de fer s’était engagé entre le président René Préval et 9 sénateurs sur les 18 que compte actuellement la Chambre haute, autour de la nomination par arrêté présidentiel, contresigné par Mme Pierre Louis, des membres du nouveau gouvernement. De l’avis des sénateurs concernés, une telle formalité devrait intervenir seulement après le vote favorable par les deux Chambres du parlement de l’énoncé de politique générale de Mme Pierre Louis. Or, pour l’instant, celle-ci n’a pu bénéficier que du feu vert de la Chambre basse.
Le retrait de la décision du chef de l’Etat d’installer le nouveau gouvernement fait suite à une rencontre au Palais national entre le chef de l’Etat et les sénateurs qui avaient réclamé le retrait pur et simple de l’arrêté. N’ayant pas souscrit à une telle exigence, la présidence a plutôt simplement accepté de différer l’entrée en fonction des nouveaux ministres.
Absent à la rencontre, le sénateur de l’Artibonite ,Youri Latortue, un des principaux contestataires de la démarche présidentielle, a exprimé des réserves sur la valeur du communiqué publié par le Palais national, estimant que, selon les normes, seul un arrêté remplace un arrêté.
Se trouvant dans le département qu’il représente durement frappé par la tempête tropicale Hanna, le parlementaire a exprimé des doutes sur la possibilité qu’il puisse regagner Port-au-Prince rapidement pour prendre part à la séance prévue pour ce jeudi. Or, compte tenu de la faiblesse de l’effectif au Sénat (18 sénateurs sur les 30 que devait compter l’institution si les élections pour le renouvellement de son tiers s’étaient tenues dans le délai légal), le vote de chaque sénateur compte au plus haut point, Mme Pierre Louis ayant besoin de 16 votes favorables à sa déclaration de politique générale.[jmd/RK]
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Haïti-ONU-Rapport
Dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la MINUSTAH
Dans ce document destiné au Conseil de sécurité et publié mercredi à New York, Ban Ki-moon s’inquiète de la persistance de la crise politique et appelle à une aide économique immédiate en faveur d’Haïti
mercredi 3 septembre 2008,
Radio Kiskeya
I. Introduction
1. Dans sa résolution 1780 (2007), le Conseil de sécurité a prorogé le mandat de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) jusqu’au 15 octobre 2008 et m’a prié de faire rapport deux fois par an, et au plus tard 45 jours avant sa date d’expiration, sur son exécution. Le présent rapport porte sur les principaux faits nouveaux intervenus depuis mon rapport du 26 mars 2008 (S/2008/202) et les progrès réalisés dans la mise en œuvre du mandat de la Mission tel que défini dans les résolutions 1542 (2004), 1608 (2005), 1702 (2006), 1743 (2007) et 1780 (2007) du Conseil et fournit des éléments supplémentaires pour un plan de consolidation.
II. Évolution de la situation politique
2. Au cours de la période faisant l’objet du présent rapport, le fragile consensus politique haïtien a été mis à rude épreuve par la décision prise par le Sénat le 12 avril à l’issue d’un vote de censurer le gouvernement dirigé par le Premier Ministre Jacques-Édouard Alexis. Quatre mois de négociations ont été nécessaires pour que les législateurs approuvent son successeur, Michèle Duvivier Pierre-Louis, période pendant laquelle Haïti s’est retrouvé sans gouvernement véritablement opérationnel. Les efforts devront se poursuivre pour rétablir et renforcer la coopération entre les groupes politiques.
3. Le vote de censure du gouvernement Alexis a eu lieu à l’issue de six jours de manifestations toujours plus violentes entre le 3 et le 9 avril. Les protestations ont eu pour origine la frustration de la population face à l’augmentation rapide des prix mondiaux des produits de base, fardeau supplémentaire pour une population qui vivait déjà dans des conditions difficiles. Il semblait toutefois qu’ultérieurement, la violence des manifestations ait été délibérément exacerbée à diverses fins politiques, criminelles ou financières.
4. Les protestations ont grandement perdu de leur intensité après l’appel au calme lancé par le Président Préval le 9 avril. Trois jours plus tard, les sénateurs ont adopté une motion de censure indiquant que le Gouvernement n’avait pas pris les mesures adaptées pour contrôler le coût de la vie. Le même jour, le Président Préval a présenté un programme de subventions à court terme pour le riz importé et un plan à moyen terme pour relancer la production agricole nationale.
5. Comme le demande la Constitution, le Président s’est efforcé dans les mois qui ont suivi de faire en sorte que les législateurs approuvent le successeur du Premier Ministre Alexis, qui a continué d’exercer ses fonctions de façon intérimaire et d’expédier les affaires courantes. Les 12 mai et 12 juin respectivement, la Chambre des députés a rejeté pour des « raisons techniques », ses propositions de nommer au poste de premier ministre Éricq Pierre, haut responsable à la Banque interaméricaine de développement, et le Conseiller présidentiel Robert Manuel. Le troisième candidat présenté par le Président Préval, Michèle Duvivier Pierre-Louis, a, en fin de compte, été approuvé par la chambre basse le 17 juillet et le Sénat le 31 juillet. Au moment de la rédaction du présent rapport, le Président et le Premier Ministre menaient des consultations avec toute une série de partis politiques afin de former un nouveau gouvernement et de mobiliser le soutien nécessaire, au sein du Parlement, à une éventuelle déclaration de politique générale, qui, selon la Constitution, doit recueillir la majorité absolue des voix dans les deux chambres.
6. La dynamique parlementaire est demeurée fluide au cours de la période faisant l’objet du présent rapport. Pendant une bonne partie de cette période, l’activité de la Chambre des députés s’est trouvée compliquée par de vifs débats concernant des allégations de corruption et de mauvaise gestion qui se sont soldés par des coups de feu le 1er avril. La Concertation des parlementaires progressistes (CPP) est toutefois apparue au cours des derniers mois comme un mécanisme relativement cohérent et a joué un rôle important dans l’approbation par la Chambre de la candidature de Pierre-Louis. Au Sénat, 16 sénateurs ont regroupé leurs efforts pour voter contre le Premier Ministre Alexis, mais un certain nombre de ses membres ont quitté la chambre haute le 8 mai lorsque leur mandat a expiré. Le Sénat, qui a 30 sièges, fonctionne actuellement avec seulement 18 membres dont 16 doivent être présents pour former le quorum requis par la Constitution. À ce jour, aucune date n’a été fixée pour les élections sénatoriales qui auraient dû avoir lieu en novembre 2007.
7. La crise d’avril s’est notamment traduite par le report d’une conférence de donateurs de haut niveau organisée pour le lancement du Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) qui avait été prévue pour les 24 et 25 avril à Port-au-Prince mais a été annulée à la suite du vote du Sénat concernant le gouvernement. La période d’incertitude politique qui a suivi a aussi entravé les progrès accomplis s’agissant d’un certain nombre d’autres projets de développement et de réforme de la fonction publique. Dans l’intervalle, le processus législatif a été grandement entravé du fait que le Gouvernement, étant censé « expédier les affaires courantes » seulement, n’a pu soumettre aucun projet de loi, y compris des textes essentiels tels que le projet de budget révisé pour 2008. La formation d’un nouveau gouvernement fournira peut-être l’occasion de remettre ces projets sur leurs rails et d’aborder d’autres problèmes de longue date. Les parties ont mis au point un pacte de gouvernabilité, pour examen par l’exécutif, qui définit une formule susceptible de renforcer la collaboration nécessaire entre les pouvoirs publics et les partis politiques et dresse la liste d’un certain nombre d’objectifs auxquels il serait possible de parvenir grâce à une action commune. Au nombre de ces objectifs, figure la proposition visant à chercher un consensus en vue de la modification de plusieurs dispositions de la Constitution de 1987 qui, pour certains, posent problème.
Élections
8. Plusieurs événements électoraux sont prévus au cours des trois prochaines années, conformément au calendrier établi par la Constitution. Outre les élections reportées concernant un tiers des sénateurs, un vote devrait avoir lieu en novembre 2009 pour renouveler les membres de la Chambre des députés et un autre tiers des sénateurs et choisir des responsables municipaux et locaux ; les élections présidentielles sont, quant à elles, prévues pour novembre 2010.
9. La nouvelle loi électorale, rédigée par le Conseil électoral provisoire (CEP) a été présentée par le Gouvernement au Parlement en février, adoptée par celui-ci le 9 juillet et publiée le 25 juillet. Elle prévoit un certain nombre de changements importants, notamment un accroissement du nombre de bureaux de vote, une augmentation éventuelle du nombre de députés de 99 à 142, l’inclusion des votes blancs dans les résultats des élections, et des mesures visant à améliorer la transparence du processus électoral et le respect de la Constitution haïtienne. Dans l’intervalle, la mise à jour des listes électorales par l’Office haïtien de l’identification nationale, en collaboration avec l’Organisation des États américains, a déjà permis l’enregistrement de plus de 570 000 nouveaux électeurs sur un total de nouveaux électeurs potentiels estimé à près de 700 000.
10. Le CEP a entamé une étude globale de structures et ressources dont il disposait, au niveau tant central que local, afin de tenir compte des dispositions de la nouvelle loi. La clause selon laquelle au moins deux bureaux de vote doivent être établis dans chaque section communale nécessitera la création de plus de 540 nouveaux bureaux de vote sur l’ensemble du territoire, venant s’ajouter aux 821 existant déjà. Dans les limites de ses capacités et de son mandat, la MINUSTAH fournit un appui technique et logistique, ainsi qu’un soutien en matière de sécurité, pour faciliter la mise en place de ces bureaux et est disposée à fournir au CEP toute l’aide supplémentaire dont il aura besoin.
Source : Conseil de sécurité de l’ONU