Jamais président n'a été si froid, si passif et si lointain de la misère extrêmement atroce du peuple qu'il dirige. Les pauvres sont devenus plus pauvres, perdant ce qu'ils avaient de plus cher : leurs familles et leurs résidences. La classe moyenne a été, dans son ensemble, pulvérisée par le puissant tremblement de terre qui n'a pas pardonné même aux couches dominantes. Les Haïtiens n'en mouraient pas tous; mais tous étaient frappés, y compris ceux qui vivent à l'étranger.
Depuis le jour infâme du 12 Janvier 2010, les populations affectées sont littéralement livrées à elles-mêmes, dans des camps de fortune où leurs conditions de vie se détériorent de plus en plus. Au fond de leurs malheurs, plus de 70% des personnes sinistrées regardent impuissamment l'aide humanitaire passer sur leurs têtes sans pouvoir en bénéficier. N’était- ce pas la présence d'esprit des coopérants de l'ALBA, la situation des sinistrés de Carrefour, de Léogane et de Jacmel serait encore pis. La marée humaine des victimes, condamné es à passer le jour sous le soleil et à dormir à la belle étoile, n'a même pas eu le bonheur de recevoir la visite du Président de la République ou celle du Premier Ministre. Jamais le président n'a jugé bon d'adresser un message solennel à la nation face à la plus grande catastrophe qui ait jamais frappé le pays.
Ce n'est que le 8 Février, 26 jours après le séisme qui a directement affecté un tiers de la population générale que Mr René Préval s'est adressé, dans une bande magnétique, à la nation. La veille de son voyage en Equateur où les leaders de l'Amérique du Sud s'étaient donné rendez-vous pour examiner leur coopération avec Haïti, le chef de l'Etat a délivré un discours froid comme le marbre à la nation.
Pendant sept (7) minutes, il a parlé pour ne rien dire sinon pour renouveler ses condoléances aux familles éplorées et adresser ses remerciements à des personnalités pour les bonnes œuvres qu'elles avaient accomplies en ces circonstances exceptionnellement tragiques.
Lui, sa femme, ses conseillers et les flatteurs qui rôdent autour d'eux, nul n'a compris qu'il aurait fallu mettre l'emphase sur l'esprit de fraternité et de solidarité entre les Haïtiens qui ont remué les décombres avec leurs ongles pour secourir leurs compatriotes. Mr Préval n'a pas compris non plus que cet esprit de solidarité n'a jamais délaissé les personnes âgées, les enfants, les estropiés et ceux qui sont trop faibles pour affronter le désordre et le chaos caractérisant la distribution de l'aide humanitaire dans plusieurs points de la capitale. Et quoi dire de Léogane, de Grand-Goâve, de Petit-Goâve, de Jacmel et autres endroits affectés? Il faut le comprendre : Mr Préval est un président lointain qui a ressenti plutôt le besoin de remercier son entourage immédiat.
C'était un discours désuet qui n'apportait aucune réponse aux préoccupations urgentes du peuple qui a établi domicile dans les rues depuis environs un mois. On a le droit de savoir s'il y a quelque part un plan élaboré et méthodique pour loger près de 2 millions de sans-abris avec un minimum de décence. Le président n'a annoncé aucun programme, aucune mesure relative à l'emploi, à la reprise des classes ou à la normalisation de la situation dans le pays. En un mot, Mr René Préval qui a exhorté la nation au calme n'a rien dit ou fait pour calmer les esprits. Au contraire, son incapacité de s'élever à la hauteur des défis de l'heure aura pour conséquence directe et immédiate d'augmenter le niveau de frustration de la population qui doit confronter bientôt la saison des pluies.
La vérité est que cela va mal avec Préval. La communauté internationale et les couches dominantes le savent. Les masses le savent aussi. Les décideurs internationaux ne seront jamais les premiers à lever le petit doigt pour corriger cet état de situation. Les couches dominantes et leurs alliés étrangers adorent les solutions de pacotille qui masquent très mal la réalité. Seules les masses rurales et urbaines ont l'autorité, le pouvoir, les ressources et l'immunité nécessaires pour renverser le désordre organisé et créer des conditions favorables à la Révolution culturelle et politique, la seule solution pour Haïti.
Nous vous écrivons pour solliciter vos bons offices pour que le bon sens puisse régner dans le traitement du secours international qui commence à transiter par le Cap-Haitien.
Nous profitons pour remercier Réseau Citadelle de Cyrus Sibert pour la dépêche publiée plus bas sur le traitement de l'aide qui arrive au Cap.
Nous du Consortium For Haitian Empowerment avions communiqué a qui de droit qu'il était inacceptable que le port et l'aéroport du Cap soient tenus en dehors des filières de réception de matériels de secours a destination d'Haïti considérant l'état d'urgence qui y règne.
Port-au-Prince n'est pas capable de tout recevoir malgré l'appui de l'armée américaine.
Le Canada a réhabilité l'aéroport de Jacmel et l'aide Canadienne transite par Jacmel.
Au Cap-Haitien, notre aéroport et notre port grâce à Dieu sont en bon état de fonctionnement.
Maintenant que l'usage de ces infrastructures commencent timidement, voila que les agences d'aide se voient imposer des tarifs douaniers.
Mr le Délégué, le devoir primordial de tout gouvernement est de porter secours à sa population en danger. Si en fait les produits de secours, médicaments, eau, et nourriture destines aux victimes sont passibles de taxe parce qu'une quelconque franchise douanière doit être obtenue a Port au-Prince d'un Ministère des Finances tombé en ruines, quand ce même Ministère des Finances a un bureau au Cap, pourquoi donc ne pas dépêcher des responsables de ce bureau du Cap a l'aéroport et au port pour vérifier que les colis en question représentent des matériels des secours, ainsi après les avoir vises, les remettre immédiatement aux consignataires pour distribution a la population.
Mr Prophète, il faut une intervention rapide pour que cela cesse.
Quand nous avions demande que le port et aéroport du Cap soient mis en service, on ne s'attendait pas a ce que l'aide internationale allait être traitée de marchandise et que les responsables allaient imposer des tarifs douaniers a ces colis d'urgence destines a la population sinistrée.
Espérons que vous donnerez les suites nécessaires à cette requête car le moment est mal choisi pour frustrer ceux qui nous viennent en aide.
Depuis environ une semaine, les acteurs de l’humanitaire, présents en Haïti en vue de porter secours aux victimes du séisme qui a détruit la capitale n’arrivent pas à passer la douane de l’Aéroport du Cap-Haitien.
On leur demande de payer des droits de douane pour des médicaments et kits alimentaires destinés aux sinistrés.
Ces volontaires venus d’Amérique du nord - en majeure partie des Etats-Unis - ou de l’Europe comprennent mal que l’Etat haïtien, incapable d’aider sa population, soit aussi cupide.
Malgré les multiples annonces du ‘‘Conseil de Gestion de Crise Post Désastre dans le Nord’’ donnant la garantie de considérations spéciales pour les produits humanitaires, la douane persiste et signe : En absence de franchise qui est un papier d’exonération accordée par le Ministère des Finances actuellement sous les décombres, il faut verser des taxes sur les produits humanitaires. Tout, après la catastrophe devrait tomber dans la catégorie de produits humanitaires : du riz jusqu'à la pate dentifrice en un mot les produits comestibles et de soins médicaux. Au port, un container venu d’Hollande est dans l’impasse avec ces genres de produits.
Des volontaires internationaux n’arrivent pas à fournir le maximum d’aide, les produits et matériels nécessaires sont restés bloqués à la douane de l’aéroport du Cap-Haitien. Ce qui donne une idée de la morale de l’Etat qui nous dirige et qui se dit capable de diriger la reconstruction d’Haïti avec l’argent de la communauté internationale.
Beaucoup d’observateurs avisés s’interrogent sur le bien-fondé et les motifs des mesures d’urgence instaurées par le gouvernement en place.
Autant de confusion et d’ambigüité qui réduisent a néant la crédibilité des dirigeants et aggravent la situation des survivants.
RESEAU CITADELLE (Ré.Cit.), le 09 février 2010, 18 hres 33.
__________________
New York, le 11 février 2010
Cyrus et autres compatriotes,
Premièrement, adressez une lettre officielle au chef de la Minustah Edmond Mulet qui est un homme "fair" et qui répondra à votre appel.
Secondo, si d'ici quarante huit heures après la demande officielle, rien n'est fait, il faut passer cette vitesse supérieure que nous autres haïtiens refusons depuis après 1804 de passer. Que le ‘‘Conseil de Gestion de Crise Post Désastre dans le Nord’’ investisse "légalement" (en l'absence d'un gouvernement central fonctionnel) les locaux de la Douane qui est, au Cap-Haïtien, un organisme de répression qui ne fait rien d'autre qu'assurer la main mise des commerçants de tout acabit sur l'économie haïtienne, lesquels commerçants sont décidés à empêcher que la population vive décemment dans son pays.
OU EST CETTE FIERTÉ NORDISTE D'ANTAN!
NAN MAL, NAM MAL NÈT. A part la République de Port-au-Prince, tout le reste du pays est abandonné et destiné à périr. De plus, il est grand temps que la population du Nord cesse de se laisser terroriser par quelques chimères de la Fonction publique irresponsable haïtienne.
Faites ce que vous avez à faire. Grenadiers, à l'assaut! Sa qui mouri Nap Vanje yo!
Fraternellement, patriotiquement,
Serge
N.B. Assurez-vous que vos griefs sont justes!
HAITIAN INTERNATIONAL GROUP "UNE PUISSANCE ÉCONOMIQUE POUR UNE HAITI MODERNE, LIBRE ET PROSPÈRE"
(www.haitianinternationalgroup.com), au service des citoyennes et des citoyens Haïtiens concernés du globe.
Date: Wed, 10 Feb 2010 19:30:05 -0500
From: gerardjregulus@aol.com
Il faut interpeller le gouvernement et mettre le " Premier Ministre " en demeure de s'expliquer devant la Nation.Rappelez vous que le gouvernement par l'intermédiaire de Mr Préval avait fait choix des ports dominicains pour recevoir les batiments en provenance de l'étranger au mépris des ports haitiens.
Le Directeur de la douane du Cap Haitien doit aussi des explications à la population capoise. Lui aussi doit expliquer son comportement dans cette circonstance.
Voici pourquoi la demande du renvois de ce gouvernement est réclamé de plus en plus par la population.
Ces messieurs dorment bien, mangent bien, boivent bien et ne sont privés de rien sans parler du " Gouverneur/President " Préval qui se la coule douce à l'étranger avec le sourire sur les lèvres. Puisque les caisses de l'État sont censées être vides le tandem au pouvoir dixit, où le " Gouverneur/President " trouve-t-il autant d'argent pour aller se pavaner dans les capitales du monde soi-disant pour solliciter de l'aide pour les sinistrés du récent tremblement de terre, sinistrés qui, le plus souvent et en grande majorité se plaignent de n'avoir pas reçu grand chose jusqu'à présent .
Certains pensent qu'un changement de gouvernement dans les circonstances actuelles n'est pas souhaitable mais est-il souhaitable de continuer avec cette bande d'affreux? nan mal, nan mal nèt... Le peuple a besoin de responsables qui partagent ses peines, ses souffrances, ses privations et ses douleurs et pas d'une bande de jouisseurs qui se moquent de lui. Il faut changer la donne et avoir en place une équipe de citoyens responsables.
Et pendant que nous y sommes, il faut se demander aussi pourquoi " L'International " s'accroche t-elle tellement à cette parodie de " Président ".... POURQUOI? POURQUOI? POURQUOI?
vilement assassiné, quelques heures avant le séisme
Nous sommes tous des rescapés du 12 janvier 2010. Trente trois secondes de ce tremblement de terre d’une magnitude de 7 degré sur l’échelle de Richter accuse un bilan catastrophique : 200 000 morts, 250,000 blessés, les plus de 4 000 mutilés physiques, des millions de traumatisés psychologiques, 1,5 million de nouveaux sans logis, plus de 500 000 de déplacés, des pertes matérielles et des drames à dimension individuelle, familiale, organisationnelle et nationale.
Un tremblement de terre bouleversant
Chaque haïtien de la zone métropolitaine et des communes avoisinantes a gravé dans sa mémoire ce moment, de l’espace d’un cillement qui lui a laissé des traces indélébiles. On se rappelle dans les moindres détails les faits et les sensations de ce moment…. On réfléchit encore surcette minute, sur cette décision, sur ce geste qui a été fait ou qui n’a pas été fait et qui a scellé la différence entre la vie et la mort…Nous poursuivent avec ténacité, les appels sans écho dans la recherche d’un être cher, l’espoir même devant l’évidence, l’angoisse de ne pouvoir sortir vivant ceux qui communiquent encore sous les décombres, l’effondrement de maisons, d’édifices, de maisonnettes, fruit de tant de sacrifices, qui ont emporté sans appel, les souvenirs de toute une vie, le regard hagard des survivants exprimant leur désarroi et leurs interrogations … Les pertes immatérielles encore impossibles à évaluer, approfondit encore davantage le vide que nous ressentons tous.. La découverte de l’horreur, qui avec pudeur ou comme effet de théâtre, s’est révélée et se révèle encore a nous, peu a peu, dans toute sa dimension…Et la vie doit continuer malgré les frustrations, les peines, les carences de toute sorteset surtout le gouffre de l’absence d’êtres chers, avec ces blessures vives ou cette tristesse ténue qui nous enveloppe.
Chapeau a la solidarité inter haïtienne! Si malgré l’absence du gouvernement, de la MINUSTAH, de la police nationale, des pompiers, de l’aide internationale, le pays a pu survivre du chaos des quatre longs…longs, premiers jours; si le feu et violence ne se sont pas immédiatement donnés rendez-vous lors cette catastrophe naturelle; si, malgré tout, la vie a continué et s’est organisée, c’est grâce a cette solidarité et même à l’héroïsme d’un grand nombre d’Haïtiens, de tous âges etde toutes les catégories sociales. En dehors de toute organisation, avec littéralement les mains nues, des brigades decitoyens et de secouriste bénévoles se sont constituées pour le sauvetage des survivants sous les décombres ou pour assister les blessés avec peu de moyens et beaucoup d’ingéniosité. Des draps blancs, surgis on ne sait d’où, ont vainement essayé de donner une certaine dignité à ces milliers de cadavres de parents, d’amis ou simplement d’inconnus.
Au milieu de cet effondrement apocalyptique de la ville et des symboles de l’Etat, beaucoup, peut-être avec naïveté et même ingénuité,nous nous sommes mis a rêver de voir au petit matin du 13 janvier,le Président, debout devant le palais national fortement ébréché, accompagné du gouvernement et de tous les anciens présidents de la république qui ont vécu dans leur chair les affres de ces secondes. Nous désirions tellement, dans cette nouvelle épreuve entendre une adresse à la nation,appelant à resserrer les rangs, à mobiliser toutes les forces pour sauver la patrie en danger, annoncer immédiatement certaines mesures d’appui avec nos faibles moyens,rappeler que nous formons une seule nation et un seul pays, et affirmer avec conviction que dans cette nouvelle étape de notre vie de peuple rien ne saurait continuer comme avant le 12 janvier…Dommage!
Nous nous découvrons devant le représentant spécial des NNUU, Heidi Annabi, les environ 200 professionnels chevronnés ou jeunes,civils ou militaires provenant de 25 pays,fauchés dans le cadre de leur mission internationale. La clameur de la solidarité des gouvernements et des peuples s’est élevée de façon extraordinaire. La chaleur des amis de l’extérieur nous a communiqué à tout moment beaucoup de force. Les voix de la voisine République Dominicaine, de Cuba, de l’Amérique du Nord, du Canada, de l’Amérique Latine, de l’Europe et des quatre coins du monde ont communié intensément avec Haïti dans sa douleur, et se sont mis immédiatement à la recherche d’une expression active d’appui à ce pays frère.
La toute première phase du post séisme, le sauvetage des survivants sous les décombres, est dépassée. Même s’il y a eu desfaits incroyables comme celui d’un bébé sorti vivant après 10 jours des entrailles d’un édifice écroulé ou de survivants rescapés après 14 jours, à l’heure actuelle, on peut affirmer qu’il n’y a plus de vie sous les décombres. Alors, commence la longue route d’une nouvelle étape de l’urgence, de la réhabilitation et de la reconstruction immédiate, à court et moyen terme
Les destructions matérielles ont atteint des niveaux insoupçonnés. La remise en état des édifices publics, (entre autres les palais présidentiel, législatif et de justice, les ministères etc.) des écoles, des églises, maisons de commerce, usines, des maisons privées tant dans les bidonvilles que dans les quartiers de la classe moyenne ou de la bourgeoisie, des infrastructures détruits, et j’en passe, réclameront d’immenses moyens financiers.Les pertes en vie humaine représentent le plus lourd bilan car, chaque vie est irremplaçable. Cependant, on ne saurait ne pas soulignerla disparition des centaines de cadres expérimentés ou de fonctionnaires entrainés de la structure permanente de la fonction publique. En outre, l’immédiat exode massif a drainé vers l’extérieur, peut-être de manière définitive, des milliers de professionnels, de jeunes universitaires, étudiants et écoliers. Le manque de ressources humaines dont souffre Haïti, accéléré à partir du 12 janvier, aura un fort impact sur le futur de la nation.
Un million et demi de sans logis; des sources de travail dans les secteursformels et informels volatilisées. Les retombées du séisme, loin de se circonscrire à la zone métropolitaine, ont profondément atteint tout le pays.En effet, la macrocéphalie de Port-au-Prince, avec sa population impossible à gérer, a déversé spontanément d’abord, puis encouragé par le gouvernement près de 500 000 de réfugiés sur les provinces. Ainsi aété mise à nu l’absence de logements, d’infrastructures, de services et les grandes limitations administratives, financières de nos villes. Pointent déjà virtuellement, des problèmes encore plus grands, inhérents à cette nouvelle situation, si dès maintenant les dispositions adéquates pour les éviter ne sont immédiatement prises et appliquées. Spontanément la décentralisation s’impose. Mais comment la gérer?
Tout change pour les acteurs
Cette catastrophe dépassant en magnitude tout ce que l’on pourrait imaginer a été révélateur des défaillances politiques et sociales. Car, depuis déjà longtemps les mises en garde répétées des spécialistes et non spécialistes laissaient présager le piresi aucune mesure n’était adoptée. Laconstruction sauvage des riches villas et des misérables maisonnettes flanqués sur les flancs des montagnes ou la multiplication des villes misères couchées dans le lit des nombreuses ravines, défiant toutes les règles de construction et d’urbanisme; l’insalubrité, la déforestation, l’exploitation effrénée des carrières de sables du morne Hôpital, formaient l’ensemble de conditions d’une mort annoncée de la zone métropolitaine.
La solution des problèmes, il est vrai, en revient à tous les citoyens maiselle incombe en premier lieu aux pouvoirs publics. Au moment du séisme, si bien même, nous acceptons d’accorder au président et à ses ministres le bénéfice de la stupeur paralysante du premier moment – incontestablement inacceptable pour des dirigeants- il est grand temps de sentir la prise en mains de la situation par l’État et l’adoption de mesures exigées par la nouvelle situation. L’incapacité de nos dirigeants dans la prévision et la gestion de catastrophe ainsi que leur complète dépendance de l’aide attendue de l’étranger ont été claires. Aucune orientation pour la gestion de l’aide humanitaire, aucun plan d’urgence ….Si depuis le 16 janvier, certaines mesures peu à peu sont adoptées, il n’en reste pas moins vrai que le plan stratégique gouvernemental cohérent pour lancer le pays sur la voie de la reconstruction et surtout l’appel à toutes les forces vives de la nation, rejetant toute position de clans et d’intérêts de groupes n’ont pas encore été lancé jusqu'à date.
Nous avons élu un président pour cinq ans et son mandat se termine le 7 février 2011, soit trois cent soixante quatorze jours après ce 12 janvier! Un ressaisissementréel du président et du gouvernement s’impose, sinon, l’aiguillon des pressions de la population devra les obliger à prendre les mesures indispensables, dont quelques-unes peuvent être impopulaires. A la hauteur de ce tournant historique le président devra définir son rôle, manifester son leadership et assurer la conduite du pays.S’impose pour lui, la nécessité de ressouder la nation, d’orienter la vision de la construction et reconstruction de nos infrastructures et structures et de projeter l’avenir. Il doit assumer, le cas échéant, le remaniement du gouvernement actuel, et prendre l’initiative de soumettreformellement une proposition aux partis politiques, aux divers secteurs de la société civile et à la population en général.
Peut-être n’est-il pas faux d’affirmer que le plus difficile nous attend et que la reconstruction et construction, greffées sur notre longue crise structurelle, seront longues…Les partis politiques et la société civile organisée, qui malgré vents et marées, incompréhensions, avances et reculs ont réalisé la lourde tache de leur structuration,doivent aborder, de façon consensuelle avec le gouvernement, cette conjoncture qui exige beaucoup de vision, de sacrifices, de dépassement de soi .
La faiblesse des partis politiques est patente. Le mouvement de regroupements initié (enfin!) depuis quelques temps, a trouvé un catalyseur pour arriver à offrir, malgré les intérêts différents, une alternative à la nation. Absents durant l’immédiat post cataclysme, ils doivent se construire dans un « macornage » avec la population, particulièrement en ce moment d’extrême souffrance, faire connaître leur programme et leur projet de société dans un langage accessible à tous les secteurs, car dans le monde contemporain, la communication demeure un instrument primordial. Convertis en interlocuteurs obligés de l’exécutif et de l’international, leurs propositions (par exemple les 16 points présentés par l’Alternative) et leur mise en garde constructive devront orienter, toujours dans l’intérêt de la nation, l’adoption de mesures et contribuer a la solution des problèmes cruciauxdu pays.
La société civile organisée a été aussi absente et elle est aussi faible. Ce post séisme lui offre l’occasion de se dynamiser, de s’organiser en secteurspour offrir des propositions de solutions, capables d’assurer la bonne marche de la reconstruction dans ses différents aspects. La synergie constructive avec les partis politiques ouvrira la voie à des discussions fructueuses, des orientations judicieuses, et la pleine participation à cette entreprise qui, au-delà de ses contours matériels comporte l’accouchement d’une nouvelle société. Car, ici, nul ne doit se tromper. Rien ne pourra être comme avant le l2 janvier. Pour sortir de cette crise multiforme qui affecte depuis si longtempsla société haïtienne, les ruptures plus que jamais sont obligatoires. Au long de ce parcours se construira le leadership individuel et collectifindispensable qui nous fait tellement défaut.
Il faut le répéter, Haïti ne peut faire face efficacement ni à l’urgence de la catastrophe ni à la reconstruction sans l’aide de l’internationale qui s’est d’ailleurs manifestée de façon multiforme et a été extraordinaire et émouvante …. Il s’est même crée des situations inédites comme le cas de Cuba qui a ouvert son espace aérien aux avions militaires américains…. La militarisation de l’aide humanitaire, et l’arrivée dominante–exagérée et irritante même- des 16 000 marines américains pour accompagner l’aide humanitaire fait réfléchir et soulève bien des soupçons, ce qui, cependant, ne nous autorise pas à partager l’opinion de ceux qui parlent d’occupation, à moins qu’il y aitdes données encore inconnues des haïtiens en général. Il y a eu certes des dérapages dès les premiers jours en ce qui a trait à la gestion de l’aéroport et les protestations en particulier de la France, Cuba et Brésil, ou au sujet des modalités de distribution de l’aide. Malgré les voix qui réclament le protectorat ou l’occupation d’Haïti, on pourrait penser que le nouvel ordre mondial ne se prête pas à un tel comportement en Amérique Latine.
Cependant, une réalité saute aux yeux. Le vide provoqué par l’absence de l’Etat et du gouvernement a alimenté la tutelle larvée que vit Haïti. Omniprésente et omnipuissante, la communauté internationale dans ses diverses composantes, (ambassades, institutions internationales civiles ou militaires, ONG étrangères), très souvent se trouvent désarmée face à ce vide. Mais malheureusement. Plusieurs d’entre eux, en profitent pour agir comme bon leur semble. Encore une fois, l’après 12 janvier offre l’occasion de rectifier le tir. En coordination avec les partis politiques et la société civile, le pouvoir haïtien peut devenir un interlocuteur valide, avec un plan stratégique pour orienter comme il se doit une coopération normale. Seulement ainsi nous pourrons éviter l’aggravation de la situation de dépendance et donner son vrai sens à la coopération internationale.
Il est bon de signaler qu’Haïti pour des raisons historiques ou autres, joue un rôle particulier dans la politique interne de trois pays. La politique américaine, traditionnellement hétérogène, pourrait y opposer la vision du Pentagone et celle de l’Exécutif. Le succès ou l’échec de cette sortie post séisme aurait des retombées sur les choix du président Obama. D’autre part, le président Leonel Fernandez enRépublique Dominicaine, en adoptant avec célérité et promptitude dans la circonstance une politique qui cherche à ouvrir une nouvelle page dans les relations hatiano-dominicaines,semble avoir pris de court les « nationalistes » dominicains. Il faudra suivre avec attention cette nouvelle configuration qui se dessine. . Enfin, le Brésil du résident IgnacioLula, dans l’affirmation de sa politique internationale, a misé sur Haïti avec en plus le renforcement fraternel des liens culturels et afro américains qui unissent les deux pays. .
Il faut rebattre les cartes
Les grands désastres peuvent provoquer de grandes secousses politiques et sociales et ils représentent souvent, un tournant dans la vie des peuples. Le séisme de 1972 de Managua (Nicaragua) avec un lourd bilan de destruction de la ville et environ6000 morts et 20 000 blessés, a provoqué un vrai tremblement de terre politique pour le régime somoziste qui n’a pas été à la hauteur de la situation. Ainsi, la crise nationale s’est aiguisée et a contribué à renforcer le mouvement sandiniste qui s’engageasur la route du triomphe dejuillet l979. De même,La gestion inadéquate duviolent tremblement de terre qui a détruit en septembre l985, le centre ville de Mexico, a marqué aussi le début de la perte d’hégémonie du PRI qui, sanctionnéau cours des élections de l988, connut son premier échec électoral en 2000 avec la perte du pouvoir après un « règne» de plus de 71 ans. On pourrait aussi citer l’évolution de la situation suite au tremblement de terre au Guatemala en septembre 1976 ; l’avalanche de boue du volcan du Nevado de Ruiz en Colombie en novembre1985 ; le séisme du Salvador en janvier 2001 ; et enfin, l’ouragan Katerina en New Orléans, en août 2005, a eu une forte répercussion sur le gouvernement de Bush et leparti républicain aux Etats Unis. En Haiti, dans la gestion de l’urgence du post tremblement de terre, si les 6oo camps de refugies levés spontanément dans la zone métropolitaine etles problèmes des refugiés en province ne sont attendus avec efficacité, les explosions sociales, rapidement converties en émeutes politiques, peuvent être à craindre.
Il est vrai que, dans ce tournant, les mesures de redressement sont plus difficiles. Avec la perte, en grande partie, du peu que nous avions, le pays se retrouve sinistré. Des couches encore plus nombreuses de la population seront dans le dénuement le plus complet, et,les disparités sociales se creuseront davantage. Mais aussi s’offre à nous une opportunité. Nous souhaitons ardemment, que ce 12 janvier marque le moment d’un nouveau départ pour notre nation. Cependant, nous ne devons pas cacher queles opportunités n’accouchent pastoujours d’une vie nouvelle. Dans notre histoire récente,les conjonctures porteuses d’espoirs de l986, 1991 et 2004 ont été des rendez-vous manqués qui ont marqués les vicissitudes et la prolongation de la crise de la transition haïtienne des 24 dernières années. Les opportunités n’arriveront pas à se concrétiser spontanément, pour se transformer en réalité, elles exigent des conditions et des actions.
La route sera longue et peut être très difficile avec les caractéristiques de notre évolution récente : le laissez Grenen, l’absence d’Etat, l’auto satisfecit, le chire pits, la corruption, l’incapacité d’une concertation, l’exclusion sociale et le calice bu jusqu'à la lie d’être toujours cité comme le pays le plus pauvre, le plus corrompu, le plus dépendant, le plus incapable etc. La continuité nous conduira à l’abîme. Plusieurs citoyens, en considérant le comportement actuel de certains acteurs clés du moment s’interrogent, avec angoisse et doutent du rêve d’une reconstruction grandiose, profitant de l’opportunité pour une entrée d’Haïti dans le XXI siècle avec une population debout et unie impliquant de l’État haïtien aux gouvernements étrangers, du secteur privé à la diaspora haïtienne, des ONGaux secteurs populaires et de la classe moyenne. Ou, au contraire allons-nous nous installer dans une anormalité convertie en normalité,comme dans les cas de Gonaïves ou de Fonds Verrettes?
Une fois partis les journalistes des grandes chaines internationaleset éteintes les lumières des camerassur Haïti, d’autres évènements attireront l’attention du monde et occuperont l’actualité internationale. Le momentum Haïti s’évanouira petit à petit. Mais la coopération internationale et la solidarité des amis d’Haïti resteront fermes. Cependant, les meilleures initiatives, qui sans nul doute peuvent être bonnes en soi- nomination de Bill Clinton envoyé spécial des Nations Unis en Haïti et chef de la reconstruction; diverses conférences des bailleurs de fonds à l’extérieur; les consortiums des pays amis; les milliards de dollars recueillis pour la reconstruction, la constitution de fonds pour le développement de l’éducation, la santé etc-,faute d’un interlocuteur valable se réaliseront sans l’acteur haïtien et ne pourront donner ni son vrai sens ni sa profondeur à cette reconstruction. En effet, si des changements de conception, comportement et mentalités ne se réalisent, la reconstruction physique du pays, dans le meilleur des cas, sera l’œuvre, PEUT-ÊTRE de l’internationale qui se substituera à l’Etat haïtien.
A 206 années de la conquête de l’indépendance, il incombe aux haïtiens de faire face à cette lourde responsabilité historique de convertir une opportunité en réalité : la refondation d’une nation qui avec dignité reprendra sa place dans le concert des nations et réalisera le rêve bicentenaire qui a traversé toute notre histoire de peuple, la pleine citoyennetépour tous les haïtiens.