vendredi 18 juin 2010

Bulletin météo spécial # 1 du vendredi 18 juin 2010.

Bulletin spécial # 1 du vendredi 18 juin 2010


Vigilance jaune aux fortes pluies du Plan National de Gestion des Risques et des Désastres(PNGRD)


L'axe d'une puissante onde tropicale se retrouve sur les petites Antilles ce matin. Cette perturbation tropicale pourrait affecter les différents départements géographiques d'Haïti par de fortes pluies et des rafales de vent samedi soir et dimanche.


A cet effet, le SPGRD lance ce vendredi 18 juin 2010 à 10 h am le niveau de vigilance jaune (i.e. risque d'impact d'intensité faible à modérée) aux fortes pluies et annonce l'activation du Plan National de Gestion des Risques et des Désastres(PNGRD) face aux menaces de fortes pluies, des rafales de vent et des orages violents avec risques de crues de rivière, d'éboulements, de glissement de terrain et d'inondations d'intensité faible à modérée sur tous nos départements notamment l'ouest, le centre, le Nord-ouest, le Nord-est, l'Artibonite, le sud, le sud-est et des nippes.


Consignes


· Restez à l'écoute des messages météo et respecter les consignes des autorités.


· Surveillez la montée des eaux. Si votre habitation est menacée par des inondations et de glissement de terrain, préparez vous à évacuer.


· Ne pas traverser les rivières en crues sous aucun prétexte.


* En cas d'orages violents, ne vous abritez pas près des fenêtres et en zone boisée.

Jacquet Jackson, Prévisionniste au CNM


Ronald Semelfort: Directeur CNM


Prochain bulletin : Vendredi 18 juin 2010 à 6h pm.

jeudi 17 juin 2010

ADIEU MARCO





UNE PAGE D'HISTOIRE QUI SE TOURNE

Marc Bazin nous a quittés
par Gérard Bissainthe

Il s'appelait Marc Bazin.
Nous l'appelions tous Marco; il n'y en avait pas deux.

Nous, c'est ce que j'appelle le "groupe de Paris", comme j'aime à designer ces Haïtiens qui ont fait leurs études dans la Ville Lumière dans les années 1950-1960. Ils avaient en commun d'avoir été dans ce haut lieu de la pensée occidentale en ces temps de l'après-guerre pendant lesquels le monde se refaisait, repartait sur de nouvelles bases. Qui n'a pas connu Paris en ces temps-là n'a pas connu Paris. C'était le temps des Français qui avaient nom De Gaulle, Mitterrand, Sartre, Camus, Aron, Senghor, Césaire, Alioune Diop, Cheik Anta Diop, Mauriac, Mounier, les plus grands.

La crème de notre jeunesse y était alors: Jean Claude (de Jacmel), Gérard Gourgues, Leslie Manigat, Marc Bazin (Marco), Max Chancy, Pierre Riché, Edriss Saint-Amand, Jacques Stephen Alexis, René Depestre, Ernst Avin. Une deuxième vague de plus jeunes vint après: Gérard Latortue, ma cousine Micheline Dominique, la sœur de Jean Dominique, René Saint Louis, Marie-Thérèse Valès. J'en passe et des meilleurs.

Je terminais alors mes études de théologie au Grand Scolasticat des Pères du Saint-Esprit à Chevilly-Larue aux portes de Paris avec entre autres Ernst Verdieu, Roger Pereira, Jean-Paul Claude, Pierre Déjean. Je faisais fonction d'aumônier des étudiants haïtiens de France.

Max Chancy, brillant élève du Collège Saint-Martial, qui m'avait confié en 1947 que son rêve était d'être près de moi un grand militant catholique (c'était longtemps avant son engagement dans le communisme), me servait de lien avec la communauté des étudiants haïtiens de Paris. C'est par lui d'abord que je fis la connaissance de la première vague de ceux que j'ai cités plus haut. Ce groupe avait en quelque sorte deux vedettes: Leslie Manigat qui pour tout le monde était Leslie et Marc Bazin que tout le monde appelait Marco, deux hommes issus de deux grandes familles du Nord et qui en tireront toujours des motifs de fierté, même si eux-mêmes vinrent au monde hors du "Grand Nord". Deux hommes, deux profils: Leslie l'universitaire habile à disséquer des idées, Marco déjà le tribun qui aurait pu devenir un autre Emile Saint-Lot, s'il avait eu la veine populiste, mais il ne l'avait pas. Il était plutôt un aristocrate et un technocrate, indifférent aux idéologies, qui rêvait avant tout de gérer, de conduire une voiture politique, peu importe la marque, pourvu qu'il fût au volant.

A Paris je constatais que beaucoup pouvaient en vouloir à Marco pour une raison ou pour une autre; mais au fond tout le monde l'aimait pour sa vitalité, sa chaleur humaine, ce côté "Renaissance Man" qui le faisait aimer les joies de l'existence, son courage aussi: il se racontait qu'on l'avait vu sur le Boul' Mich' au cours d'une manifestation faire le coup de poing aux côtés des étudiants africains.

Après Paris où déjà il croisait le fer avec Leslie Manigat, je le perdis de vue pendant très longtemps. Je devais le retrouver des décennies plus tard, à New York où moi-même j'étais professeur à la City University of New York et lui Directeur dans cette ville du Bureau de la Banque Mondiale, un poste des plus prestigieux. Nous fîmes ensemble, pour ne pas changer, des plans pour "sauver Haïti".

"Sauver Haïti" c'était l'obsession de cette génération haïtienne de l'après-guerre qui restera certainement une des plus brillantes et des plus douées de notre histoire. Elle avait tout pour "sauver Haïti". Si elle n'a pu que poser les bases sans édifier les murs, il y a à cela des raisons complexes que j'analyse longuement ailleurs. Mais je peux porter ce témoignage que Marc Bazin, Marco, voulait sincèrement le salut d'Haïti, la preuve en est qu'il aurait pu, s'il l'avait voulu, réussir à merveille en dehors du pays, comme cela avait déjà été le cas. Mais retourné au pays après la chute de Jean-Claude Duvalier, il m'avait confié que, quoi qu'il arrive, il ne repartirait plus jamais à l'étranger et qu'il finirait ses jours en Haïti.

Il a été très controversé. Je l'ai moi-même parfois combattu sans ménagements; il en fit autant pour moi; car entre lui et moi il y avait le contentieux de la souveraineté nationale. Mais j'ai toujours reconnu sa valeur. Lorsque le Président Nérette insistait pour que j'accepte le poste de Premier Ministre, c'est moi-même qui lui recommandai de faire plutôt appel à Marc Bazin; ce qu'il fit. C'est moi qui annonçai la nouvelle de cette décision à Marco à cinq heures du matin, car il était très matinal comme moi.

J'avoue que je n'avais pas encore bien compris le mécanisme des engrenages de notre machine politique et l'enchevêtrement des pièces de notre puzzle. J'ai mis du temps à le comprendre. Pour moi ce que nous devions faire pour "sauver Haïti" c'est
-d'abord "bondir hors du cercle";
-puis "briser le compas".
Mon idée était d'envoyer Marco à l'attaque pour qu'il déblaie le terrain en "bondissant hors du cercle". Puis une autre équipe serait venue pour "briser le compas", autrement dit: détruire le système en mettant à la place un autre système.

Je ne crois pas que Marco ait agit comme notre soi-disant-Gauche de l'après 1986, dont le fer de lance était constitué de quelques très rares authentiques résistants et surtout d'anciens jean-claudistes, quelques uns sincères, d'autres prétendument repentis et qu'il se soit fait comme eux à l'idée de devenir une marionnette aux mains des "tuteurs de facto" de la communauté internationale. Il s'est passé, à mon avis, autre chose. Comme il avait travaillé dans les réseaux internationaux, qu'on y avait reconnu sa valeur, qu'il y avait occupé des postes clés, il était dans ces réseaux internationaux comme un poisson dans l'eau et il gérait Haïti non comme un indigène, mais comme un cadre étranger. Il se sentait lui-même avec "le Blanc" sur un pied d'égalité, parlait la même langue, avait les mêmes réflexes et finissait, sans le savoir, par défendre les mêmes causes. D'autres compatriotes sont tombés dans le même panneau. Marc Bazin pratiquait une "gestion externe" d'Haïti, celle qui nous avait jusqu'ici plongés dans tous nos marasmes, au lieu de pratiquer une "gestion interne", celle que je voulais et qui est la seule qui pourra nous sauver.

Je dois dire que longtemps auparavant, lorsque j'étais Ministre de la Culture et de l'Information, Frantz Merceron, ex-Ministre des Finances, avait fait le voyage de Paris à Miami pour venir me dire que c'est moi qui devrais accepter le poste de Premier Ministre et non pas Marc Bazin, car il avait entendu parler de mon projet de propulser Bazin à la Primature. Je crus comprendre qu'entre lui et Marco le torchon avait parfois brûlé. A son grand regret, il ne put me convaincre.

Je dois dire aussi qu'en 1986 revenu en Haïti, après n'avoir jamais trempé dans le duvaliérisme, même dans sa mouture jean-claudiste, sous quelque forme que ce soit, partisan comme je l'ai toujours été d'une solution "nationaliste- souverainiste", je ne voyais pas d'objection à travailler avec les anciens duvaliéristes, pourvu qu'ils fussent ouverts au changement. Je ne pouvais faire la fine bouche: des anciens duvaliéristes il y en avait partout et les pires étaient ceux d'entre eux qui jouaient les purs, après avoir rallié la résistance au petit matin du 7 février 1986. Si l'Ambassadeur de France, /Michel de la Fournière, me présentait au Ministre de la Coopération française, Michel Aurillac en visite en Haïti en 1986 comme un "héros de la résistance haïtienne", je lui faisais remarquer après que les vrais héros étaient morts, que je n'étais qu'un survivant.

Lorsque Marco devint Premier Ministre, la tutelle était déjà programmée. En fait elle l'a été depuis 1986 au moins. La mise sur pied de cette tutelle fut même la vraie mission de moult organisations politiques ou parapolitiques qui germèrent, comme des champignons, avec des fonds étrangers souvent des plus opaques, après le départ de Jean-Claude Duvalier, et qui constituèrent cette nébuleuse qu'on appelait tantôt la "Gauche" et tantôt "le Secteur Démocratique". Beaucoup de dirigeants de cette nébuleuse dont je connaissais tous les tenants et aboutissants, étaient comme les radis "rouges à l'extérieur, blancs à l'intérieur et toujours près de l'assiette au beurre". De ce temps date ma rupture avec bien des membres d'une Gauche chrétienne haïtienne que j'avais en quelque sorte portée sur les fonts baptismaux dans les années 1960 avec le mouvement personnaliste que j'avais lancé à la Bibliothèque des Jeunes et qu'on avait dévoyé pour en faire une soi-disant-Gauche de Grands-Guignols, celle qui écrivait que "le Père Lebrun est une exigence de justice stricte" (je n'invente rien). Cette soi-disant-Gauche détestait Marco, comme elle détestait aussi d'ailleurs Leslie Manigat. Pour cette soi-disant-Gauche avoir de l'esprit était et est toujours une forme de provocation.

La soi-disant-Gauche restera la peste et le choléra de l'après-Duvalier.

"Sé leu on couleuv mouri ou kon'n longeu'l" (c'est lorsqu'une couleuvrfe est morte, que l'on connaît sa longueur). Cela vaut pour Marc Bazin. Mais, il est encore trop tôt pour se mettre à le mesurer. On pourra difficilement le comprendre sans le mettre dans son contexte et sans connaître la nature du terrain sur lequel il évoluait. Lui-même le connaissait- il vraiment? J'en doute. Lorsque j'ai eu, moi, la révélation un jour qu'un des représentant en Haïti d'une grande agence de presse européenne avait émargé pendant tout le règne de Jean-Claude Duvalier et émargeait encore après 1986 au budget de notre Ministère de l'Intérieur, je me suis rendu compte que beaucoup d'éléments-clés de la nature du terrain m'échappaient.

Qu'est-ce qui faisait courir Marco ? Quels étaient ses objectifs ?

Les objectifs de la soi-disant-Gauche étaient et sont la tutelle étrangère, le retour à la colonisation. La Théologie de la Libération version haïtienne n'est pas devenue, comme je l'ai cru à un moment, Théologie de l'Occupation. Elle était dès le départ Théologie de l'Occupation. Sur ce point les objectifs de Marc Bazin ont toujours eu quelque chose d'un peu énigmatique pour moi. S'il avait voulu comme la soi-disant-Gauche créer ou renforcer la tutelle, ces messieurs et dames peu scrupuleux lui auraient offert de partager avec lui le gâteau, qu'il fût américain ou français, c'était si peu leur souci, au lieu de lui livrer une guerre à mort. Si la soi-disant-Gauche détestait aussi bien Bazin que Manigat, c'est que ces deux leaders avaient en commun quelque chose. Quoi? Voilà un beau sujet d'enquête. Peut-être Bazin était-il, Leslie est-il aussi allergiques aux thèses sidérantes pour retardés et débiles des pays du Nord comme des pays du Sud d'un Régis Debray, souverain pontife de cette soi-disant-Gauche. Quand on a été formé en France pendant les années fortes de l'après-guerre, on est vacciné contre les inepties pseudo-scientifique s.

J'ai eu à faire des pieds et des mains, depuis Paris car je suis têtu, pour rapprocher Marc Bazin et Leslie Manigat. Il me semblait qu'ils pouvaient et devaient se compléter. Ce fut toujours en vain. Marco y était ouvert. Leslie a toujours pensé que ce tandem ne marcherait pas.

Marco est et reste un grand de notre vie politique. Il n'a jamais renié Haïti. Résistant aux sirènes étrangères, il a consacré sa vie à cette Haïti qui a fait corps avec lui.

Quelques uns me diront peut-être que si aujourd'hui je semble "donner l'absolution" à Marc Bazin, c'est par une sorte de... déformation professionnelle. Ce qui est vrai c'est qu'aux pires moments de mes dissensions avec lui (et c'est arrivé aussi avec d'autres), je n'ai jamais pu m'empêcher d'éprouver le sentiment que j'avais… charge d'âme et que je devais tout tenter pour le "sauver". Il y a tout un clair-obscur de la politique haïtienne qui échappera toujours au grand public, celui, par exemple, où un Max Chancy, fier meneur du parti communiste haïtien, viendra me dire un jour en 1961 ses doutes ou même son désarroi. Je ne canoniserai pas Marc Bazin, comme je ne canoniserai personne, n'ayant d'ailleurs aucun pouvoir pour ce faire. Mais je lui rendrai la justice de reconnaitre ses qualités, il en eut de grandes, et ses mérites, il en eut de grands. Il est un des fils du pays dont le pays peut être fier.

La mort de Marco crée un grand vide, qu'apparemment rien ne vient combler. Je suis de ceux qui regrettent profondément que cet homme vivant, au verbe chaud, au rire parfois homérique, cultivé, blagueur, goguenard, aimant charnellement son pays, toujours optimiste ne soit plus avec nous.

Je présente à son épouse, à sa famille, à son mouvement le MIDH mes plus sincères condoléances.

Adieu, Marco.

Gérard Bissainthe
17 juin 2010

Le Comité de Rédaction et du Pilotage du PSSN salue la mémoire de Marc L. Bazin



Le Comité de Rédaction et du Pilotage du PSSN salue la mémoire de Marc L. Bazin


Marco,


Au moment où la nouvelle s'est répandue, il s'est passé au fond quelque chose d'étrange. Il y a eu comme un grand vide. Ce fut comme si chaque Haïtien découvrait brusquement à quel point votre présence lui était devenue familière. Avec votre disparition, Haïti ne perd pas seulement un homme politique, un économiste, ministre de l'Économie et des Finances, Premier ministre, ministre de la Planification et de la Coopération Externe, ministre sans portefeuille chargé de la négociation, chef de parti. Vous avez occupé des postes et des fonctions importants tant sur le plan international que national. Dans le silence de l'action, et avec l'expérience qui est la vôtre, vous avez magistralement contribué à la réussite du colloque de Santo Domingo qui allait donner naissance au Plan Stratégique de Sauvetage National (PSSN). Vous avez contribué par vos idées à la rédaction du PSSN en tant que conseiller. Beaucoup d'institutions prévues dans le PSSN n'auraient pas été insérées dans le document final sans le dialogue édifiant que vous avez engagé après le colloque de Santo Domingo. D'ailleurs, vous l'avez dit si la classe politique avait pu réussir à mettre tout le monde ensemble après le départ de Duvalier en 1986, au-delà des clans et des sensibilités idéologiques, on aurait évité au pays les occupations étrangères et la misère qui l'accompagne. Vous avez vu dans la rencontre patriotique pour le sauvetage national, un acte de rédemption nationale. Avec le temps, même les gens qui n'étaient pas de votre famille idéologique, nous dirions sociale-libérale, ont fini par vous appréciez.


Vous avez servi l'État, c'est parce qu'il était pour vous l'instrument de la justice, la protection des plus faibles, le garant de cette unité nationale que vous voyiez si fragile et qui était presque compromise. Mais cet État vous l'avez voulu impartial, au-dessus des partis, des factions, des clans, des intérêts. L'État, la Nation, la République, ce fut le cœur de votre engagement, nous disiez-vous le 31 aout 2009 à l'Hôtel Jaragua à Santo Domingo. Ces mots, vous ne les avez pas seulement réhabilités. Vous les avez incarnés. Vous leur avez donné votre visage, votre voix. Dans la façon dont vous les prononciez, il y avait une sincérité émouvante qui leur donnait une force particulière.


Des idées pour l'action, vous y aviez contribué. Le calme et la force de la persuasion vous en étaient inséparables. L'art oratoire a été pour vous un acquis de notoriété publique. Les questions de société et le débat national ne vous ont pas laissé indifférent. Vous avez alimenté le débat national en idées. Vous n'avez pas été seulement en un observateur de la scène nationale, vous avez été un acteur important. Vos idées sur le développement économique du pays vont marquer plusieurs générations.


En ce moment difficile, le Comité de Rédaction et de Pilotage du PSSN salue la mémoire de l'un de ses conseillers et se prosterne devant ce serviteur de nation qui a marqué son temps. Marco, vous avez voulu mettre l'économie au service de l'homme et non l'homme au service de l'économie. Cette idée marque tout le texte du Plan Stratégique de Sauvetage National.


Que la terre vous soit légère !


Fait ce jeudi 17 juin 2010


Rudolph H. Boulos


Coordonnateur de la Rencontre de Santo Domingo et du Comite de Pilotage du PSSN


Guichard Doré


Conseiller Technique au Comité de Pilotage du PSSN

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Pour vos activités Import-Export :
TOTAL SHIPPING & TRANSPORT, Ltd.,
57, Rue 14 I-J Cap-Haitien, Haiti, Tél: (509) 3740-4040, ralphdgeorges@gmail.com


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Lionel Jospin plaide pr le respect de la souverainete d'Haïti.

Haïti - Politique : Des étrangers planifient la gouvernance en Haïti
14/06/2010 08:11:03

Le Club de Madrid, un cercle exclusif comprenant d'anciens chefs d'État et de gouvernement du monde entier, a proposé un plan pour la gouvernance démocratique en Haïti et espère que la communauté internationale respectera la souveraineté et la légitimité des autorités haïtiennes pendant le processus de reconstruction, à déclaré Lionel Jospin, leader du Parti Socialiste français et ex-premier ministre sous le gouvernement Chirac.

Jospin a refusé d'élaborer sur le contenu de cette proposition visant à assurer une bonne gouvernance en Haïti, proposition qui aurait été remise au Premier ministre Jean-Max Bellerive, à la mi-Mai au cours du sommet de Madrid.

« Nous attendons que les autorités haïtiennes donnent leur réponse à cette proposition parce que la mise en œuvre doit être définie avec les autorités haïtiennes » a ajouté M. Jospin, soulignant que l'important est maintenant que l'aide internationale promise commence à arriver rapidement.

« Si la proposition est acceptée, je serai personnellement impliqué dans la mise en œuvre», a précisé Lionel Jospin [...] nous espérons qu'Haïti puisse trouver dans cette reconstruction, un nouvel équilibre et l'espoir de son peuple » a déclaré l'ancien Premier ministre français.

Il se passe décidément beaucoup de choses importantes en coulisses et peu d'informations filtrent [mais beaucoup de désinformations], sans doute une redéfinition du terme «transparence» par la communauté internationale...

Le Club de Madrid « espère que la communauté internationale respectera la souveraineté et la légitimité des autorités haïtiennes » l'utilisation du mot «espoir» laisse planer chez ces ex-dirigeants un doute sans équivoque.

S/ HaïtiLibre

mercredi 16 juin 2010

Update: The Abuse Victims in Haiti will be provided shoes and tuition payments....

June 16, 2010

Cyrus Sibert

Reseau Citadelle

Cap Haitian, Haiti


Cyrus,

During the past few days, I have been speaking with mental health care professionals here in Maine who are experienced in working with victims of child sex abuse from other countries and cultures.

What I have learned most is that traditional psychotherapy won't work for children and adults until certain basic needs are met.

As one clinical social worker told me, "A psychotherapist who travels to a place like Haiti and thinks that all he or she is going to need to do is meet with clients in a private office is mistaken. First, the children who were abused are going to need structure in their lives. They will need food. They will need a safe place to live. They will need to be enrolled in school. The social worker's first job will be to work towards providing the boys with these basic needs."

In a real sense, the "therapy" will have already begun. The boys will quickly recognize that they are being cared for. Actually, it may be a while before the victims are prepared to talk about the actual abuse.

Other professionals told me that the same toxic feelings of shame, guilt, self loathing, remorse, etc. are evident in all children who have been sexually abused, no matter what culture or country they come from.

Thanks to Ruth Moore's collection efforts from survivors and supporters in New England , the 20 or more boys who have reported that they were abused will be provided with a pair of shoes and tuition payments for next year's school term.

Regards,

Paul

http://www.theglobeandmail.com/news/opinions/grief-industry-to-the-rescue/article1433336/ (scroll down)

http://agehl.wordpress.com/2010/01/17/psychologists-in-haiti/

cc: Mike Mayko, Connecticut Post

Joseph Berardino, Trustee, Fairfield University

David Clohessy, Executive Director, Survivors Network of those Abused by Priests

Carolyn Disco, Survivor Support, VOTF NH

Anne Doyle, BishopAccountability.org

Thomas Doyle, O.P., J.C.D.

John Lee Marshall, VOTF Bridgeport

Terry McKiernan, BishopAccountability.org

Ruth Moore, STTOP

Paul Kellen, People of Conscience

Harvey Paul, Director, Maine SNAP

Steve Sheehan, NSACoalition

Michael Sweatt, NSACoalition

Jeffrey von Arx, S.J., President, Fairfield University

Kristine Ward, NSACoalition

Ex-Haiti prime minister, presidential candidate Mar Bazin dies

jcharles@MiamiHerald.com

Marc Bazin, former World Bank economist, one-time Haitian prime minister and unsuccessful presidential candidate, has died, family members confirmed.
Bazin, 78, died early Wednesday after a lengthy illness.

``He was smart, had a great sense of humor and was one of the most undervalued citizens of Haiti,'' said Jocelyn McCalla, a former head of the National Coalition for Haitian Rights in New York who knew Bazin personally.

Bazin ran a distant second to former Haitian President Jean-Bertrand Aristide in the December 1990 presidential election. He's a mentor and longtime friend of current Haitian Prime Minister Jean-Max Bellerive, who most recently visited Bazin with President René Préval at his home above the mountains of Petionville.

Bellerive is scheduled to meet with The Miami Herald's Editorial Board from 3:30 - 4:40 p.m. Wednesday. The gathering will be streamed live on MiamiHerald. com/Haiti.

Bazin, a moderate, was among dozens of candidates who lost to Préval in the 2006 Haitian presidential elections.

Even in failing health he worried about the future of the country, rebuilding education, the neglect of the middle class, the 1.5 million living in tent cities and the opposition's ongoing push to remove Préval from office.

``All of the guys have one preoccupation, how to get to power without an election,'' he told a Miami Herald reporter in one of his last interviews.

Most recently, he was among several former prime ministers who came together to reflect and advise on the reconstruction of the country.

``What the country needs now is for us to go forward. Let's sit together; let's see what we can do,'' he said.

Bazin first made a reputation for himself during a brief stint in the early 1980s as finance minister under Jean-Claude Duvalier. His attempts to crack down on corruption earned him the nickname ``Mr. Clean,'' but also got him dismissed after six months in office.

In 1992, he was installed as defacto prime minister by the 7,000-strong military that forced Aristide into exile. He resigned in June 1993 after the military failed to support his attempt to fire four Cabinet ministers.

Read more: http://www.miamiherald.com/2010/06/16/1683623/ex-haiti-prime-minister-presidential.html#ixzz0r3uFbq2m

Pour mémoire: Quand Marc Bazin répond à Daly Valet !

Il est parti, Marco ! Il a demeuré élégant et brillant jusqu'à ses dernières heures avec et parmi nous. Un astre. C'était un Grand qu'on voulait voir petit parmi les petits. Ses dernières prises de parole publiques m'ont permis enfin de saisir la cohérence de ses incohérences. Il avait ses raisons, le Monsieur ! Ses voies ont été pour longtemps impénétrables bien que d'une voix limpide et pénétrante. Il nous a fourni, après tout, les clés. Les clés qui mènent à lui. A ce qu'il est. Une façon bien à lui d'être Haïtien et d'être en politique. Une vision sacerdotale du service public.


Il mérite un grand coup de chapeau ! Je lui dis, personnellement, Respect !


Surveillez surtout le prochain numéro du Matin Hebdo.


Entre-temps, vous trouverez ci-après un aperçu de mes échanges publics avec lui sur son bilan ! Vous jugerez de sa finesse d'esprit.


kenbe la !


dalyvalet


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Quand Marc Bazin répond à Daly Valet !

Thursday, March 19, 2009, 8:26 PM



Par sa réponse à mes questions sur la déroute de nos élites intellectuelles et sur son échec personnel en politique, Mr Marc Bazin vient de nous confirmer qu'il est un Grand ! Un grand esprit. Un fin intellectuel. On peut ne pas être d'accord sur tout sans être désagréable envers l'un et l'autre. Le dialogue social passera par là nécessairement. Du respect, de la sympathie et de l'élégance dans la divergence. Pourtant, je n'ai pas toujours été tendre envers lui. Encore Chapeau à cette lumière qui n'a pas toujours su comment briller! Peut-être que l'histoire l'absoudra. Je ne sais.


En attendant, ma génération exige des comptes sur le crash haïtien. Et nous tenons à les avoir. Puissent ceux-là qui ont été de près ou de loin associés à la gestion du pouvoir politique en Haïti depuis 1986 se montrer suffisamment patriotes pour se conformer à ce devoir d'inventaire. S'ils n'ont pu délivrer l'Haïti promise, qu'ils nous fassent au moins un témoignage sur les raisons de leur échec. L'heure du bilan a sonné.



Je me propose de rencontrer une à une ces grandes figures une fois de retour au pays pour recueillir leurs témoignages. Ces comptes rendus d'acteurs et de témoins seront ensuite consignés dans un ouvrage pour les besoins référentiels des générations futures.



Merci mille fois, Mr Bazin!



kenbe la!


dalyvalet


washington, DC


19 mars, 09



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Chers amis,


Dégustez cet excellent article de Marc Bazin. C'est dommage que ce monsieur n'eût pu se faire mieux comprendre au pays. Peut-être lui était-il impossible de s'y consentir parce que trop rempli de lui-même. Son obsession du pouvoir a dû être si pesante que son jugement ne pouvait que perdre de l'allure. Qui sait ! Il y a, cependant, quelque chose de dramatique dans le parcours de cet homme. L'échec d'un brillant brouille les pistes, et perturbe les données comme la chute d'un ange. Cela me peine de voir qu'en Marc Bazin se répète dans une continuité exaspérante l'éclipse ou la débandade de nos lumières dans la gestion de la Res publica. Quand elles s'en mêlent à la faveur de quelque combine politicarde dont elles seules détiennent le secret, la déconvenue nous attend au bout de leurs péripéties. Du 19e siècle à nos jours, l'histoire haïtienne est scandée par de grandes et de petites histoires d'espérances déçues, d'illusions perdues, d'attentes bafouées, ou de confiances mal placées. Le tragique dans tout cela, c'est que des figures d'élite comme Marc Bazin ont toujours été tantôt au cœur, tantôt à la marge de ces déconvenues. Je ne sais si les méandres caverneuses et diaboliques du contexte socioculturel haïtien ne peuvent que servir de tombeau aux plus capables d'entre nous, ou si ce sont plutôt nos plus capables qui par bêtise ont choisi d'en faire leur tombeau spirituel et éthique. Sans vouloir anthropomorphiser les choses et chosifier les humains, ou encore moins sombrer dans le primordialisme essentialiste, il y a un débat à engager sur les raisons de l'échec de ces parangons de connaissances. De Demesvar Delorme, Louis Joseph Janvier, Anténor Firmin, Rosalvo Bobo, à Marc Bazin, Leslie Manigat, Hubert de Ronceray, et autres, j'attends qu'on m'explique le naufrage de nos titanics humains. Un devoir d'inventaire s'impose aux générations montantes.



Comme je le dis souvent, Marc Bazin compte parmi nos plus beaux esprits. Il est l'unique économiste haïtien connu à pouvoir poser les problèmes économiques d'Haïti avec la hauteur et la vision globale d'un homme d'état. A ce titre, je lui tire mon chapeau en dépit de ses mille et une erreurs politiques. Il est dans mon habitude de toujours saluer nos valeurs quand je crois les repérer quelque part. Et ce, quelle que soit leur affiliation idéologico-partisane. Si le politique qui est en lui n'a pas su faire notre bonheur de citoyen, il nous reste au moins l'intellectuel dont le pays devrait être fier. A remarquer qu'il se fait de plus en plus libéral dans l'acception américaine du concept. Les néolibéraux classiques doivent s'en mordre les pouces. Où est passé notre Marco ? doivent-ils se demander, confus. De l'orthodoxie néolibérale à l'hétérodoxie keynésienne, Marc Bazin peut évidemment à son âge se permettre quelques tours de tango.



Je rédigerai bientôt quelque chose de plus substantiel sur le parcours exceptionnel et controversé de cette belle figure de l'intelligentsia haïtienne. J'entends être part de cette œuvre d'inventaire et de déchiffrement de la boite noire du crash collectif haïtien.



kenbe la !


dalyvalet


Washington, DC


17 Mars, 09


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Cher Dany Valet,



"D'accord sur le débat" est le second d'une série de cinq articles que j'ai entrepris d'écrire à la suite d'un texte de Claude Roumain de Décembre 2008 dans lequel, en quelque sorte, Roumain "interpellait" la classe politique à propos de l'économie. Mon troisième article a été envoyé au Nouvelliste le 17 mars et devrait paraître bientôt. Que vous ayez pris le temps de réagir et d'en recommander la lecture à vos nombreux amis m'a fait plaisir et je vous en remercie très sincèrement.



Journaliste au talent reconnu, apprécié pour sa capacité d'analyse et son indépendance d'esprit, votre bilan du parcours de certains acteurs politiques de renom – auxquels vous m'avez fait la bonne grâce de m'associer – donne à réfléchir. Chacun de ces acteurs, bien entendu, a eu sa motivation propre. Ma motivation à moi, tout simplement, c'était – et c'est – de servir ce peuple et ce pays, en tous lieux et en toutes circonstances, tous les moments sont bons. L'essentiel, quand on a décidé de servir, est de ne jamais voler un seul centime de l'argent public, de ne pas avoir sur les mains la moindre goutte de sang et de donner toujours l'exemple du courage, de la bonne foi et de la détermination.



A ce titre, j'ai dénoncé et combattu la corruption en un temps où d'autres avaient peur. J'ai limité les dégâts des embargos injustes et dévastateurs imposés à notre pays au nom de la Démocratie. J'ai activement contribué à porter la pauvreté et l'inégalité au premier plan de l'agenda national, non seulement comme facteurs de réparation de la fracture sociale mais également – et ceci est nouveau – comme des instruments incontournables de la croissance de l'économie. Je ne pense pas qu'il existe une fatalité de l'échec pour une certaine catégorie d'acteurs. Je crois que les grandes fortunes politiques sont le produit des circonstances: les macoutes pour Aristide, la crise financière pour Obama en sont deux des exemples les plus récents.



Votre projet de "rédiger quelque chose de plus substantiel" sur mon parcours m'intéresse et je me tiens prêt, dans le plus strict respect de vos opinions, à cheminer avec vous à travers les étapes, à l'étranger et en Haïti, sous la forme - interviews, textes, notes inédites – que vous jugerez la plus appropriée.



Avec, cher Dany Valet, mes compliments pour ce travail d'éclairage et de vérité que vous poursuivez depuis si longtemps, avec foi, efficacité et sans souci des risques, je vous prie de croire à l'assurance de mes sentiments les plus distingués et très dévoués.



Marc L. Bazin


Président, MIDH


marclouisbazin@hotmail.com



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ECONOMIE


16 Mars 2009






D'accord pour le débat


II) L'effort d'ajustement poursuivi par Haïti entre les années 80 et les débuts du gouvernement de transition s'est globalement soldé par un échec franc et massif. De ce fait, la pauvreté s'est aggravée et les conditions de vie de la population se sont détériorées.

A la base de l'idée et du concept même de l'ajustement, il y a un postulat fondamental : toute bonne politique économique devrait se fixer pour objectifs la croissance, un bas niveau d'inflation, une balance des paiements viable et c'est en fonction de ces objectifs que sont choisis les instruments de politique économique par lesquels atteindre lesdits objectifs. Nous avons, dans notre dernier article, énuméré les instruments en question. Passons maintenant en revue les performances et voyons en ensuite les conséquences sur la pauvreté.

A. Performances

i) Déficits budgétaires

Les déficits budgétaires sont unanimement reconnus comme le premier fait générateur de dislocations macroéconomiques, soit sous forme d'inflation, soit de déséquilibre de la balance des paiements ou de fuite des capitaux. Tout budget en déficit par rapport au revenu national est considéré comme un signe de mauvaise politique.

Pendant toute la période 1980-2004, il n'y a pas eu un seul budget en excédent. Si à cela on ajoute que généralement la plus grande part de ces déficits a été financée soit par tirages - purs et simples - sur la banque centrale, soit par des accumulations d'arriérés, on imagine sans mal l'influence néfaste qu'ils ont exercée sur la hausse des prix puisque toutes émissions de monnaie artificielle ne correspondant pas à une augmentation de la production font monter les prix. Pendant toute la période sous rubrique, jamais le taux d'inflation, sauf en 1987, ne s'est approché sensiblement du taux de 4-4,5 % considéré comme défendable, la moyenne annuelle ayant été de 14,7 %. Quant aux comptes extérieurs, en 1993, la différence entre nos exportations par rapport à nos importations était de 229 millions de dollars ; en 2003, elle était de 940 millions de dollars. Sans les transferts de la diaspora, c'est à 95 % que ces déficits n'auraient pas été couverts. De 610 millions de dollars qu'elle était en 1983, la dette extérieure était, en 2002, passée à 1,2 milliard de dollars.

ii. Réforme fiscale

Si on veut réduire le déficit, il faut soit augmenter les ressources, soit réduire les dépenses, soit faire les deux à la fois. Ce qui est généralement considéré comme souhaitable est de construire un système fiscal qui soit à assiette large et dans lequel les taux marginaux seraient modérés.

Les ressources collectées par le système fiscal haïtien sont trop faibles. Elles ne correspondent qu'à 10 % du PIB. Dans tout antre pays aussi pauvre que le nôtre, les ressources fiscales correspondent à 20 % du PIB. En outre, sur les 10 % collectés chez nous, 9 % vont aux dépenses courantes. Les dépenses d'investissement financées par nous-mêmes ne représentent que 1% du PIB. Pratiquement, toutes les dépenses en capital - 4,4 % du PIB - sont financées de source extérieure. Les dépenses programmées pour les investissements en capital du DRSP sont d'environ 5 à 7 milliards de dollars. Or, il a été calculé que tout investissement dans les secteurs des transports, de l'énergie, de la santé et de l'éducation nécessitera des dépenses d'entretien de l'ordre de 5 à 33% de l'investissement initial. D'où il suit que pour financer toute dépense de fonctionnement supplémentaire et réduire notre dépendance par rapport à l'aide étrangère, il nous faut augmenter substantiellement l'effort de mobilisation des ressources. Idéalement, les ressources fiscales devraient être portées rapidement à un niveau proche de 12 à 15% du PIB, ce qui demanderait aussi bien une réforme en profondeur de l'administration fiscale qu'un relèvement de l'assiette. Beaucoup de projets de réforme sont en cours aussi bien à la DGI qu'à l'AGD. En attendant, c'est toujours la TCA, introduite le 19 septembre 1982 et amendée en juin 1996, impôt régressif payé en majorité par les pauvres, qui assume le 1/3 du revenu fiscal global.

iii. Ouverture sur le commerce international

La globalisation du commerce mondial est un fait. Tout pays qui veut se développer doit s'intégrer au commerce mondial et produire pour le marché mondial, c'est-à-dire non plus seulement des matières premières et des biens alimentaires mais des produits manufacturés et des services. Pour ce faire, de tels pays doivent être compétitifs c'est-à-dire pratiquer une politique de libéralisation des importations par laquelle les importations de bien intermédiaires se font à des prix relativement modérés de manière à favoriser les exportations et doivent faire cesser les pratiques discriminatoires destinées à protéger les industries locales non rentables contre les importations. Dès 1986, Haïti s'est engagée dans une politique de régime commercial ouvert, démantelant les protections, éliminant les barrières non tarifaires, y compris l'obligation des licences d'importation et d'exportation, abaissant les tarifs douaniers. Puis vint la période 1994-1995 où on enregistre une nouvelle vague de libéralisations, comprenant l'élimination du reliquat de contraintes à l'importation de certains produits agricoles, la réduction des tarifs douaniers d'un maximum de 50 % à une moyenne de 8 %. Tel était notre bas niveau de tarif que, en 1999, quand nous avons rejoint le CARICOM, nous avons dû leur demander de nous dispenser de mettre nos tarifs au même niveau que les leurs. Haïti est, avec le Chili et Panama, le pays le plus libéral d'Amérique latine.

Malheureusement, ces libéralisations ont été faites pour le principe, sans lien réel avec la structure de notre économie et sans actions d'accompagnement. Ainsi les tarifs sur produits alimentaires passaient, en février 1995 de 40-50 % à 0,5 %, les droits sur le riz de 50 % à 3 %. Très rapidement, les importations de riz sont passées de zéro en 1988 à 115.000 tonnes en 1998 et la production nationale passait pendant la même période de 180.000 tonnes à 105.000 tonnes. Nous avions libéralisé à outrance mais nous n'avions ni routes de commercialisation, ni électricité à bon marché, ni politique d'incitation au secteur privé, ni souci de protection sociale pour les petits producteurs.

iv. Le taux de change

Un des tests-clés de l'ouverture au commerce international est le taux de change. Il doit être déterminé par le marché, et non par l'État. Dès 1991, nous avons libéré le taux de change, supprimant la parité fixe de 5 gourdes pour 1 dollar et laissant le marché déterminer au jour le jour la valeur de la gourde par rapport au dollar. Ce qui est recherché ici, c'est que le taux de change soit compétitif, c'est-à-dire suffisamment bas pour favoriser l'augmentation des exportations (en théorie plus l'exportateur reçoit de gourdes pour son café ou son assemblage, plus il prospère et crée des emplois) d'où il suit que les investisseurs sont encouragés à prendre des risques et à s'engager vers l'exportation, ce qui suppose, comme pour l'ouverture en général, un climat favorable et des mesures adéquates d'incitation. En partie grâce à la libéralisation du taux de change, Haïti a effectivement, sauf bien entendu pendant les embargos, augmenté ses exportations, de 145 millions de dollars en 1991 à 437 millions de dollars en 2002. Dans le même temps, notamment, suite aux libéralisations intempestives, les importations également ont augmenté, passant de 251 millions de dollars à 881 millions de dollars.

v. Libéralisation financière

Les taux d'intérêts ne doivent pas être fixés par le gouvernement mais par les forces du marché, en fonction de la loi de l'offre et de la demande, l'objectif étant d'éviter que des taux d'intérêt fixés entièrement sur la base de critères administratifs ne détournent l'épargne vers des activités spéculatives plutôt que vers la production. Mais en même temps, les taux d'intérêts doivent être positifs, c'est-à-dire supérieurs au taux d'inflation de manière à décourager la fuite des capitaux. La libéralisation des taux d'intérêts est donc au coeur de la réforme du système bancaire. En décembre 1989, tous les plafonds aux taux d'intérêts que les banques commerciales ne pouvaient payer sur les dépôts ou charger sur les prêts étaient éliminés et, en mai 1995, tous les plafonds statutaires sur les taux d'intérêts des banques commerciales étaient éliminés. L'un des bienfaits attendus de cette libéralisation était que, une fois libérés les taux d'intérêts, les banques se livreraient entre elles à une forte compétition qui les amènerait à rechercher de nouveaux clients, notamment parmi les petites et moyennes entreprises. Mais, comme on le sait, c'est la banque centrale qui a remplacé les PME dans le portefeuille des banques, et c'est la concentration du capital entre un petit nombre de banques qui a remplacé la compétition.

vi. Privatisation

Le credo ici est que les entreprises privées, ne serait-ce que par peur de la faillite, sont mieux gérées que les entreprises publiques, toujours en attente de subventions. De plus, la privatisation, domaine dans lequel nous ne nous sommes pas signalés par un excès de zèle, rapporte des impôts et soulage les finances de l'État.

B. La pauvreté aggravée

Ainsi donc, entre septembre 1983 et août 2002, Haïti aura passé avec le Fonds monétaire international un total d'environ 8 accords de stabilisation pour un montant total d'environ 133 millions de DTS, auxquels il convient d'ajouter trois accords passés entre 1997 et 2002, lesquels n'engageaient pas le Fonds à nous transférer des ressources mais plutôt à nous mettre sous résidence surveillée. Du tableau qui suit, il faut retenir la colonne « Utilisés ». Elle signifie que aucune de ces opérations ne s'est terminée avec succès et que, chaque fois, le FMI a dû arrêter les déboursements. Même chose pour les opérations de résidence surveillée. Aucune n'a abouti. C'est bien ce que, au début de ce texte, nous avions qualifié « d'échec franc et massif ».

Accords avec le FMI entre 1983 et 2002
(DTS millions)
Année Alloués Utilisés
1986 30,87 08,82
1989 21,00 15,00
1995 20,00 16,40
1996 91,05 15,18

Pour ce qui est de la Banque mondiale, en 2002, elle dressait le bilan de sa coopération avec Haïti. Le montant total de ses crédits à Haïti était, en 1996, évalué à 293,6 millions de dollars. De 1996 à 2002, plus aucun crédit ne nous avait été alloué. La Banque concluait: « L'impact de l'assistance de la Banque à Haïti n'a pas été significatif et la stratégie a été peu satisfaisante. Dans un pays comme Haïti, à faible capacité institutionnelle et gouvernance économique désastreuse, le financement traditionnel de programmes de développement n'a qu'un effet limité sur la réduction de la pauvreté ». Ce que la Banque aurait pu dire c'est que les programmes d'ajustement tels que nous les avions appliqués, en zigzag, de bric et de broc et pour parler créole, de manière « tchakée » ont aggravé la pauvreté et davantage détérioré les conditions de vie du peuple haïtien.

Nous, Haïtiens, devrions toujours garder à l'esprit que, avec sa faible base en ressources humaines, son infrastructure délabrée, une structure économique non diversifiée, sur un fonds chronique d'instabilité politique, notre pays présente des obstacles structurels à tout programme de réformes, fut-il bien conçu et bien exécuté. A fortiori quand de tels programmes sont exécutés par petits bouts et de mauvaise foi. Les mesures de recours aux mécanismes du marché ne peuvent produire leur plein effet que si sont levés tous les obstacles à l'accumulation du capital, aussi bien les obstacles institutionnels (inefficacité de la bureaucratie, corruption, peu de respect pour l'état de droit et les droits de propriété, instabilité politique, populisme) que l'inadéquation du secteur financier et le manque d'infrastructure. Les programmes d'ajustement forment un tout. Les faire par petits bouts ne rapporte rien. À chaque faux pas, le FMI interrompt le programme et il faut recommencer. Les demi-réformes ne rapportent pas des demi-bénéfices. Mais elles peuvent, au contraire aggraver la situation. Les libéralisations ont ouvert les portes mais nous ne nous sommes pas donné les moyens d'en bénéficier pleinement. Ce qui s'est passé pour le riz est significatif. Libéraliser le commerce du riz en persistant avec les déficits budgétaires, tout en privant l'économie d'électricité, d'énergie et de services portuaires à bon marché, dans une atmosphère générale de « caponnage » du secteur privé, a pénalisé la production agricole, n'a pas mobilisé les investissements ni fait baisser la pression extérieure en faveur de l'ajustement.

Il nous faut donc renoncer au populisme et nous armer du courage politique nécessaire pour en finir, globalement et une fois pour toutes, avec ce «pongongon» des réformes. Autrement, nous renforçons notre malheureuse réputation de «pays paria» et de «pays en décomposition». Mais il y a plus grave. Faute notamment d'un effort d'ajustement complet, réussi et bouclé, les conditions de vie du peuple haïtien se détériorent considérablement. Nous sommes toujours dans la crise. Entre 1980 et 2002, le revenu national n'a pas augmenté pendant que la population augmentait de 2 % par an. Entre 1981 et 1990, notre revenu par tête avait baissé de 2,3 % par an. Entre 1990 et 2000, notre revenu par tête avait à nouveau baissé de 2,3 % par an. En 1960 nous avions à peu près le même revenu par tête que la République Dominicaine. En 2002, le revenu dominicain était de 2.500 dollars, le nôtre de 460 dollars.

Un revenu global qui baisse pendant que la population augmente, et que les prix montent est un signe clair d'augmentation de la pauvreté. Cela déjà devrait suffire à nous faire réfléchir. À ce constat, en soi dévastateur, il faut ajouter que tout programme d'ajustement est un programme de contraction des dépenses. Toute contraction de dépenses affecte négativement la condition des pauvres. Un programme de contraction de dépenses comprend aussi bien des réductions dans les dépenses du gouvernement, des augmentations de l'effort fiscal, des réductions du salaire réel et des restrictions dans l'allocation du crédit. De telles mesures mordent dans le revenu réel puisqu'elles affectent l'offre et l'emploi, réduisent les salaires réels de ceux qui ont un emploi, augmentent les prix des biens de consommation à mesure que les taxes et impôts indirects augmentent et les prix se libéralisent.

Dans l'ajustement, tous les groupes sociaux subissent une perte de pouvoir d'achat par suite des augmentations répétées des tarifs d'électricité, des transports publics, des produits pétroliers et des prix de produits importés. D'autres groupes affectés sont les employés du secteur public dont les salaires sont gelés et le nombre réduit par des renvois massifs. Du coup, la demande d'emplois dans le secteur informel s'accroît et l'informalisation généralisée du marché du travail déprime le marché informel, et le revenu par tête dans le secteur décline par suite de la compétition introduite par les nouveaux venus.

Également, toute mesure qui comprime les salaires pendant que les prix sont libres de monter réduit la capacité de consommation des plus pauvres. Dans le même temps, la réduction dans l'allocation du crédit, les taux d'intérêts élevés consécutifs aux libéralités de la Banque centrale vis-à-vis du niveau des taux sur les bons BRH contrarient les investissements, dépriment l'emploi et aggravent le chômage.

Bien entendu, la pauvreté généralisée en milieu urbain, via la baisse des transferts de l'étranger, la migration et le jeu des marchés, s'étend également au monde rural d'autant que ce dernier, consommateur net de tous produits affectés par les augmentations de prix, n'a pas effectivement bénéficié chez nous des avantages de la dévaluation du taux de change, laquelle était censée rétablir à son profit les termes de l'échange de l'agriculture vis-à-vis de l'industrie et du monde urbain.

Prétendre que l'on ajuste l'économie alors que, en réalité, on joue à cache-cache avec tout l'arsenal de mesures qui contribueraient à parachever l'entreprise et à lui donner un sens est une attitude coupable. Elle a privé d'efficacité les maigres efforts qui ont été tentés, ont aggravé la pauvreté, contribué à la désorganisation de la société et envenimé inutilement nos rapports avec la communauté des donateurs. Plus que jamais, un consensus minimum entre Haïtiens apparaît, dans ce domaine, comme tant d'autres, indispensable.

Marc L. Bazin
Président (MIDH)
e-mail :
marclouisbazin@hotmail.com