Thèmes de l’Emission de la semaine
Orlando le 24 juin, 2011
Actualités Politiques : Grandes Lignes
La 48e Législature, au seuil de son entrée en scène en 2006, avait imposé au tandem Préval/Alexis le format de la coalition, la répartition des ministères aux différents blocs parlementaires. Mis à part l’empiétement manifeste d’un pouvoir sur la sphère d’autorité d’un autre, ignorant la notion d’indépendance des pouvoirs. Deux points fondamentaux ont contribué à la paralysie totale du gouvernement Préval/Alexis. D’une part, la loyauté des ministres a été plutôt à leurs partis d’origine qu’au pouvoir Exécutif en tant qu’institution. Ceci a automatiquement fissuré, puis fragmenté le cabinet ministériel. Et a de plus graduellement développé et établi, au sein de l’Exécutif, une certaine autonomie ministérielle. Cette autonomie a converti chacun des ministères en vache à lait au service exclusif des partis d’origine de leur titulaire. D’autre part, le gouvernement Préval/Alexis n’ayant pas de programme de gouvernement comme axe politique central à la gestion et au maintien de la cohésion et de la cohérence de l’équipe ministérielle, il n’a pas pu développer la synergie nécessaire et indispensable autour du premier ministre et du chef d’état. Le corollaire a été irréfutablement l’ingouvernabilité, qui graduellement a sombré de l’ankylose à la paralysie totale du gouvernement. Entre nous, ceci ne peut en aucun cas servir de prétexte, pour justifier, la corruption, l’incompétence, l’incapacité et l’inaptitude manifeste du tandem Préval/Alexis.
De plus, on aurait cru que la 48e législature, pour ce qu’elle a offert comme spectacle dans les différents domaines de la corruption, de l’immoralité et de toutes sortes de vilenies, elle aurait atteint le paroxysme des annales de la République. La 49e vient malheureusement de prouver dans les faits, le contraire le 13 mai 2011, à l’occasion de la promulgation et de la publication de la constitution amendée. Elle a surenchéri avec brio en commettant le crime de lèse-constitution, au seuil de son entrée en scène. L’incommensurabilité de cette surenchère, vient de prouver dans les faits, qu’il n’y a pas de limite pour nos législateurs dans ces domaines. Ils sont indubitablement ouverts, au plus offrant et dernier enchérisseur !
La 49e Législative se prépare à répéter maintenant, ce qu’a fait la 48e en 2006, l’exploitation du format de coalition, la répartition des ministères aux différents blocs parlementaires. Ce que nous, nous appelons « marronnage » qui n’est de fait que l’opposition par l’inertie, est la stratégie que la 49e Législature est forcé d’utiliser pour imposer la répartition des ministères. Ne vous trompez pas, les intérêts sont multiples, la crainte de représailles aussi. C’est précisément la crainte des représailles, qui est la raison fondamentale du choix de cette stratégie totalement différente de celle de la 48e Législature qui avait prôné haut et fort la répartition des ministères, comme un droit qui lui était acquis. La 49e veut en faire une jurisprudence, qu’il clamait haut et fort, comme un cri de guerre, au commencement, par le truchement des sénateurs Moïse Jean-Charles, Wencesclas Lambert et de certains autres parlementaires. Depuis quelques temps, on remarque, qu’ils ont rabattu le caquet. Ils se sont tus. Craignant les représailles, ils ont opté pour le « marronnage ». Attention, c’est pour forcer le marchandage, sans l’initier eux-mêmes. Ils veulent, sachant qu’ils ont le pouvoir de décision dans le processus de ratification, utiliser la force d’inertie, pour que l’on se sente obliger de leur faire une offre. Et c’est à partir de cette offre, que le dialogue du marchandage et du chantage doit commencer. C’est absolument clair que le renvoi brusque de la session de la chambre des députés du lundi après-midi, soit directement lié au voyage inattendu de Martelly à destination de Miami le jour même.
Dans cette conjoncture de jeu de dupe et de bras de fer inutile, il faut avoir assez de patience et beaucoup d’intelligence pour exploiter adroitement et à bon escient, ce que la force de tutelle n’offre exclusivement qu’au pouvoir Exécutif. La cohésion, la cohérence et la loyauté collective de l’équipe ministérielle, voilà l’argument et l’enjeu que doit prôner fermement le pouvoir Exécutif ! Dans cette conjoncture, le temps n’est pas vraiment en la faveur des parlementaires, comme ils tendent à le croire et à le faire croire ! Erronément, c’est la combinaison du temps et de l’anxiété que les parlementaires veulent exploiter ! Certes, ce que la 48e Législature a pu obtenir sous l’égide de l’hégémonie méridionale à ces balbutiements en 2006, la 49e Législature ne pourra pas l’obtenir avec autant d’aisance de l’hégémonie septentrionale, plus calée et plus expérimentée dans ses rapports. Cependant, il faut, de la part de l’Exécutif, une attitude plus ferme pour défendre un argument plus valable, vital à son fonctionnement.
Motif d’opportunité pour les blocs parlementaires. Mais motif d’inquiétude pour l’Exécutif. Utiliser indirectement la caisse publique pour financer des candidatures aux élections de la fin d’année, par le biais des ministères, voilà dans l’immédiat, l’intérêt fondamental de la répartition des ministères pour les blocs parlementaires. Les mandats des collectivités territoriales ou autorités locales sont entrés en caducité en même temps que ceux de la 48e Législative. Martelly peut-il constater et déclarer cette caducité (Article 68 et 72 de la constitution) ? Préval les a maintenus pour servir ses intérêts, contrôler les élections de 2010 et de 2011. Martelly a-t-il intérêt à garder des autorités locales qui ne lui sont pas loyales et plus proches du camp adverse ? Comment expliquez-vous la réapparition soudaine, calme et sereine de Dorsinvil en ses bureaux ? Les fraudes électorales sont commises, exécutées par la machine électorale que contrôlent les autorités locales. Le CEP, en amont selon l’organigramme, ne fait qu’entériner et consacrer ces fraudes. Les plus de 50,000 employés de la machine électorale, sont choisis et nommés que par les autorités locales, pas par le CEP.
Vous comprenez j’espère, l’importance des élections des autorités locales ou des collectivités territoriales, pour les partis politiques. Cela va de soi, que le leader du parti lavalas qui a été exclu à plusieurs reprises des dernières élections et qui veut à tous prix récupérer sa pertinence politique, est obligé de miser fortement aux prochaines élections. Sa victoire à ces élections sera proportionnelle à sa capacité de récupération de sa pertinence politique. Un parti exclu des élections, tandis que le leader du parti est en exil, est un moindre mal. Perdre aux prochaines élections, avec le leader du parti présent sur le terrain, peut être fatal. Ce sera la consécration dans les faits de l’insignifiance de son parti et aussi de celle de sa pertinence politique ! Martelly et Aristide, ne sont-ils pas en train de faire face à une situation binaire ?